Un groupe écoeurant techniquement, un DVD Metal Mind avec tout ce que ça comporte, un mixage très réussi |
Note globale
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Groupe et concert un petit poil glaciaux, image pas à la hauteur des ambitions, bonus redondants |
Editeur
: Metal Mind
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Durée
totale : 3 h 41
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- Image NTSC |
Biographie
du groupe et des membres |
Techniquement, ç'aurait dû être parfait. La compression est un peu trop visible, et surtout les caméras font du bon boulot moins de la moitié du temps. C'est flamboyant, ls lumières et couleurs rendent très bien, mais ce n'est pas au niveau d'exigence que le label Metal Mind nous a habitués. | ||
Je ne peux pas donner moins, la stéréo est terrible et le 5.1 laisse très souvent les synthétiseurs dégueuler sur les arrières. Le public est largement trop absent '(ou trop tétanisé) mais ce DVD est soniquement digne d'éloges. | ||
Niveau intérêt pur ça ne mérite "que" 8, mais la volonté de parfaitement répartir les trois albums est extrêmement louable. Le style est quelque peu redondant mais Andromeda possède une identité qui ne pourra que vous interpeller. | ||
A force de vouloir trop en faire, on finit par déborder. Ce n'est pas tant le manque de consistance dans les bonus qui nous gêne ici, que le fait qu'ils phagocytent la place réservée à l'image du concert. Mais ne soyons pas chafouins : c'est généreux avant d'être mauvais. |
Peut-on se lasser des belles choses ? La qualité est-elle redondante ? Rappelons-nous la surprise de voir le premier concert filmé dans le Wyspianski Theater de Katowice (de mémoire c'était le Smoke & Mirrors d'Arena). C'était beau, grandiose, enfin un écrin à la hauteur d'un genre qui aurait pourtant pu sombrer dans la gaudriole psyché-vômi, le rock progressif. Ce premier DVD live du groupe suédois Andromeda fait donc partie des nombreux concerts qui y ont été filmés depuis, et croyez-moi, ce ne sera pas le dernier. Un gage de qualité ? Plutôt une prison dorée. La première chose qui frappe dans ce DVD, c'est que la splendeur du décor et de la réalisation font déjà vu. Et c'est terriblement malheureux, parce que c'est bien. C'est même très beau. Votre femme a deux magnifiques épaules, les embrasser tous les jours les rend-elles d'un seul coup banales ? Banaux ? Banus ? Banania ? Bref : un léger coup de gueule, très léger, limite diaphane, contre le choix de ce magnifique théâtre que l'on semble voir un peu trop dans l'année, au mouvement de grue près. Et la musique dans tout ça ? N'aurait-on pas là aussi une impression de déjà vu ? | |
Là
se joue la partie (tin-tin-tintinnnn begaie Pascal Sevran). Andromeda
se promène dans l'arène, petite mais ô combien vindicative
(le court Suzanne Lenglen), du prog metal. Qui dit prog metal dit Dream
Theater, et justement, Andromeda fait partie des plus sérieux prétendants
au détrônage des bovins du New Jersey. On le sait, et on
leur a dit depuis leur toute première démo. Or, Andromeda,
ça les vexe. Et du reste, on n'a jamais (à l'époque
: 1999, sortie de Scenes from a Memory et gavage des oies limite ras-le-bol
du genre) vu un groupe aussi digne de succéder à DT que
ce Andromeda dont le premier album reste une espèce de baffe dans
la gueule portative, activable sur commande et garantie 5 ans pièces
et main (sic) d'oeuvre. Pourtant, à part le "genre" (mélange
de grosses guitares et de synthétiseurs sur fond de chansons complexes),
la seule chose qu'Andromeda ait en commun avec DT, c'est le talent. Pour
tout le reste, le quintet suédois propose une musique assez différente,
beaucoup plus froide, plus technique, en tous cas moins groovy, où
les ambiances qu'elles soient heavy ou atmosphériques ont toujours
en commun un côté robotique, qui n'est pas une tare mais
au contraire confère au groupe une puissance presque dangereuse.
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Qu'offre alors Andromeda lors de son passage en live ? Avant tout, une extension de sa technique glaciale. Le mode Picard est même transcendé par un public particulièrement timide. Limite nul, car il y a une différence entre respecter les morceaux et oublier de les vivre. Il n'y a donc que peu de déconne pendant les morceaux, mais 5 bêtes de course délivrant des parties surhumaines. A ce stade de précision, le guitariste fascine plus qu'il ne fait headbanguer. Ses solos ont du Steve Vai en eux, et rythmiquement c'est un monstre au son tellurique (j'espère que c'est Miles Harding qui a conçu les plans du Wyspianski Theater). Plus incroyable encore est le clavier. Il ne bouge pas d'un centimètre au cours de tout le concert, mais c'est un as du synthétiseur, adorant les doublettes de clavier, et pour une très rare fois dans un DVD on nous fait profiter de la science synthésiste en tripotant tous les boutons lors d'une intro... glaciale (le patch s'intitulerait Glacier que j'en serais pas surpris). En plus d'être un petit génie des potards, il délivre des choeurs impeccables de bout en bout, rattrapant même le coup lorsque le chanteur s'envole un peu hors des frontières. Et comme ce brave pianiste (Martin de son prénom) est aussi responsable de l'excellent mixage, il va sans dire qu'il réussit sur ce disque à voler la vedette à Reinholdz, ce qui n'est pas un mince compliment. | |
Le
groupe revient donc sur ses trois premiers albums, de façon totalement
équitable ce qui est à souligner, avec la précision
d'un chirurgien du cerveau (NDBaker : J'espère que c'est pas Matthew
Harger qui... hein ? c'est pas le moment ?). La maîtrise instrumentale
est parfaite de A à Y, le Z étant curieusement la reprise
vers le premier refrain du dernier titre : tellement simple par rapport
au reste qu'ils l'ont un peu cafouillée. Marrant et pas vraiment
dérangeant ! D'autant qu'on a déjà pris notre fessée
avec Chameleon Carnival, instrumental totalement cinglé sur disque
et qu'ils arrivent à retranscrire presque à 100% en direct
devant nos yeux incrédules. Mais comment font-ils ? C'est simplement
bluffant de cohésion, et il y a de quoi se faire suicider la moitié
des pianistes de la planète. D'ailleurs le côté froid
vient peut-être aussi de cette propension à coller au maximum
aux arrangements des disques, parfois avec grand brio, parfois en oubliant
l'humanité.
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Ce sera le cas avec In The End, que certains trouveront admirable, et d'autres épouvantablement trop longue et banale (dans exactement le même moule on aurait préféré Extension of the Wish, tout aussi longuette mais plus mystérieuse). Curieusement, le seul élément "humain" du groupe est celui qui vient enfoncer le clou de la déshumanisation : le chanteur David Fremberg. On ne dira jamais assez de bien de sa voix chaleureuse, de sa maîtrise, de son capital sympathie, et il est certain qu'il donne un concert excellent où ses couacs sont parfaitement compréhensibles. J'aurais juste tendance à abuser de mon statut de rédak'chef pour rappeler que le premier album d'Andromeda était sorti avec un autre chanteur, assez limité, qui avait tout chanté une octave en-dessous... ce qui était original et incroyablement hypnotisant, et rajoutait une véritable identité au groupe. Fremberg chante souvent dans les aigüs comme tous les autres chanteurs lambda de prog metal, et hélas les titres du premier album en perdent de leur valeur. Cela ne retire pas assez d'éléments pour plomber un concert globalement excellent. | |
Passons
maintenant à la technique (ne vous inquiétez pas si vous
trouvez cette chronique poussive : elle l'est). Le décor est planté
et archi-connu, le résultat serait donc conforme aux attentes ?
Pas vraiment. D'abord, les cadrages et le montage ne sont pas à
la hauteur des moyens techniques. Les caméramen se sont clairement
trop amusés sur le plateau, et le pauvre monteur n'a pas toujours
le matériel adéquat pour faire son job comme il le voudrait.
Il y a forcément des plans drôles et inédits, mais
c'est l'ensemble qui décçoit. Ensuite la compression a beaucoup
de mal à tenir le choc devant les nombreuses lumières et
couleurs ; et pour une fois qu'un concert non spectaculaire bénéficie
quand même d'un rendu luminique agréable, il est pouillé
par cette pauvre compression. Le son s'en sort beaucoup mieux, avec une
stéréo très précise et un 5.1 où le
mixeur n'a pas hésité à spatialiser pas mal d'éléments,
et tout particulièrement les synthés. Ce qui n'est pas étonnant,
c'est le pianiste qui s'est auto-mixé. Vous en feriez autant, non
?
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Mais pourquoi diantre la compression aurait-elle montré son museau ? Simplement parce que, Metal Mind oblige, ce DVD est bourré à craquer. D'interviews d'abord, non sous-titrées hélas. Si la seconde a ses bons moments, la première oblige le spectateur à se farcir 25 minutes de Jonas Reinholdz qui n'est pas exactement un orateur né. On trouve aussi trois titres live du premier album : idée ô combien louable, mais la qualité est réellement trop mauvaise pour apprécier pleinement ces petits bijoux de metal technique. Vous trouverez évidemment les gadgets Metal Mind hebdomadaires : d'excellentes biographies, des galeries photos à foison, dont une signée par un certain Ze Dan (tiens donc ! je suis Enchanté de le revoir ici !). Et puis, vous avez les camescoperies. La voilà, la source de notre compression : une heure de bitures, de balbutiements et de vômissures en tous genres, totalement à l'opposé des grands gaillards concentrés sur scène. Une heure qui est moins pénible que pas mal d'autres exercices du même genre, mais qui aurait pu, en gardant les souvenirs vraiment marrants, durer 5 minutes chrono. C'est peut-être là le défaut d'Andromeda : avoir voulu être trop généreux, faire trop bien, trop propre. Ce disque est bourré de qualités, et propose une musique à la fois originale (elle aurait pu l'être encore plus) et maîtrisée, mais il manque juste ce petit grain de folie, ou au contraire de puissance messianique. Des petits détails que l'on souhaite au groupe de trouver pour asseoir définitivement leur réputation. Après tout, ce serait dommage qu'Andromeda finisse en étoile filante. Oui, la conclusion est poussive aussi. Comme quoi fatalement on peut se lasser des belles choses !
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31 octobre 2006 - Stanislawa Wyspianskiego (Katowice, Pologne) |
01.
Periscope |
Johan
Reinholdz - Guitare
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David Fremberg - Chant |
Martin
Hedin - Claviers,
choeurs
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Thomas Lejon - Batterie |
Fabian
Gustavsson - Basse
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