Très bons musiciens, quelques arrangements savoureux, la voix n'a pas perdu

Note globale


Aucun sous-titre, beaucoup de chansons pas exceptionnelles, le coup du prompteur

Editeur : Verve
Durée totale : 2 h 41

- (PCM)

Image        NTSC

Lonely boy - Documentaire d'époque (26 min 16/9 non st)
Interview de Paul Anka (24 min non st)
Galerie photos (5 min)

La définition est magnifique et les couleurs sont suaves, NTSC oblige. Seul bémol : le choix des couleurs, justement, dans la salle, qui rendent le tout parfois tristounet.
Le PCM : parfait, rien à redire. Le 5.1 ? Très propre, très classe, mais pas une ombre de spatialisation sur les arrières côté musiciens : avec 18 gars sur scène, c'est un peu léger.
C'est soit du très gros standard mille fois entendu, pas sur DVD certes, mais pas toujours pris au sérieux, soit des reprises de chansons rock plus ou moins bonnes au départ et souvent quelques crans en-dessous à l'arrivée.
Docu d'époque, interviews, tout ça est très sympa, mais pourquoi aucun sous-titre alors que la France est le second pays de Paul Anka ?!

Vous aussi, un jour, ça vous arrivera. Vous vous lèverez, vous crapauterez mollassement vers le miroir, et vous vous prendrez la triste vérité dans la gueule : vous serez vieux. Finies les crèmes, terminé le brushing, adieu collagène, vous serez peut-être un vieux beau, mais vous serez vieux, et c'est très différent de ne plus être jeune. Paul Anka est donc vieux, et si la pochette absolument kitschissime n'aide pas, il faut avouer que la présence du bonus principal est le révélateur. Ce bonus, c'est une belle archive rare (sur laquelle les... vieux (!) fans se jetteront sans regrets), qui montre qu'il y a 45 ans, des chanteurs rendaient complètement dingues et hystériques des groupies hypnotisées qui s'évanouissaient à la simple vue de leur idole. Sur ce coup-là, le film Top Secret avec son faux Elvis de pacotille est pratiquement en-dessous de la vérité. Oui, en-dessous, Top Secret. C'est dire (ceux qui comme moi l'ont vu plus de cent fois en savent quelque chose). En tous cas, quand vous verrez ce documentaire, vous aurez du mal à croire que la momie embaumée qui chantonne sur scène a provoqué autant de ravages dans les coeurs et les culottes. Un indice cependant que la décrépitude n'est jamais assez loin : de toutes les nanas qui veulent l'approcher, lui invite sur scène... un sosie de Bernadette Chirac ! Peut-être le début de... ah, mais si... le truc là où on perd la euh... la machine... Ah c'est trop bête, je ne m'en euh... M'enfin, comme disait un copain, j'ai peut-être Alzheimer, mais moi au moins, je n'ai pas Alzheimer !

 

Manque de pot, on pourra se poser la même question concernant notre ami. Quand on fait l'erreur de regarder le reportage APRES le concert, les dizaines d'années qui les séparent ne rendent que plus cruels les défauts de ce live. Mais d'abord, de quel live s'agit-il ? Eh bien d'un concert donné au festival de jazz de Montréal ("le plus grand du monde" selon ses organisateurs, en tentant de faire oublier un certain Montreux), pour la promotion de son nouvel album "Rock swings". Mon Dieu, du rock qui swingue ? Serait-ce ce que l'on redoute (1) ? Oui, on est en plein dedans : des standards du rock passés à la moulinette crooner. On se souvient tous du résultat lorsque Pat Boone avait repris des classiques du metal, et le système est très loin d'être nouveau, mais comme c'est Paul Anka, on met bien en avant le côté novateur et culotté pour la meilleure promo possible. Et le Paulo, dans de très intéressantes interviews données (de façon facultative) entre les morceaux, de nous apprendre comment il a osé s'attaquer à Survivor, Soundgarden et, pire que tout, Nirvana. Comme il le braille de façon prétentieuse : "YES ! Nirvana !". Dont on ne reconnaîtra qu'un bref passage du refrain, et encore.

 

Le concert est donc un mélange de vieux standards (toujours les mêmes) et de reprises façon crooner de chansons qui, pour être honnête, ne s'y prêtent pas franchement. Pour un Everybody Hurts assez proche de l'original, on a un Eye of the Tiger totalement défiguré. Pour un gentil It's My Life (de loin la chanson qui lui convient le mieux), on se farde un Tears in Heaven déplacé - et qui plus est totalement sorti de son contexte émotionnel, puisque dédié aux victimes du 11 septembre de façon discutable. Il existe en prime deux énormes différences entre ces nouvelles-anciennes chansons et les gros tubes : la durée et l'interprétation. Côté secondes écoulées, Anka s'amuse visiblement pendant ses propres chansons, n'en chantant qu'un couplet/refrain en changeant totalement les paroles, déconnant sans arrêt entre les morceaux (jamais vu un cabot pareil !). Les morceaux de Rock Swings, eux, sont bien plus longs, et font l'objet d'une attention redoublée, rendant le concert déjà un peu court carrément bancal au niveau du rythme. Inutile de préciser que ce sont les disgressions et les mots d'esprit de Paul que l'on apprécie le plus ("non mais j'ai l'air d'un juke-box ?").

 

Et puis il y a le petit hic pendant les nouvelles chansons qui font qu'elles ne passent décidément pas, outre les arrangements qui se ressemblent tous et le choix pas très homogène des titres : les paroles. Le pauvre Paul n'a semble-t-il pas eu le temps de les apprendre, et passe l'intégralité de titres "rock" à lire son prompteur. Il est en bas à gauche de l'écran, ce fameux prompteur. Vous ne pouvez pas le louper. Et vous ne pouvez pas l'ignorer, impossible. C'en est à mourir de rire au second degré, mais ça finit de plomber l'ambiance, car ce disque possède un problème commun à tous les crooners, et ici démultiplié par cent, à savoir la futilité de leur musique. Ne me prêtez pas des intentions malveillantes : ce qu'ils font est parfois très bien (c.f. Aznavour), mais sur cette petite heure et demie, on a l'impression de voir sur scène Forrest Gump, ou le Truman Show : Anka vit dans une petite bulle, où seuls les crooners, les amis des crooners et les managers des crooners existent ; un petit monde où tout le monde vient pour l'admirer, lui, et sa voix, mais sûrement pas autre chose ; un petit monde où tout le monde est mort (Sinatra, Sammy Davis Jr, Al Capone..., des pointures à qui il n'arrête pas de rendre des tas d'hommages, comme s'il était persuadé d'être le prochain sur la liste). Bref, on est partagé entre rires et larmes, mais rarement en symbiose avec l'artiste.

 

Heureusement que ceux d'entre vous qui sont prêts à tout pardonner auront un DVD quand même bien fichu. L'image est excellente. Pas comme on l'aurait aimé, mais elle reste digne d'éloges, avec des noirs très profonds, une définition parfaite, une réalisation sobre privilégiant les gros plans (ce qui nous a permis ces magnifiques captures bien poilantes), le seul inconvénient est le ton trop jaune/ocre de certains angles, mais celà est dû aux lumières de la salle. Le son est bon mais décevant. Bon car il possède une immense chaleur, et la voix est parfaitement retranscrite, surtout en 5.1. Décevant car certes, l'ambiance naturelle est bien retranscrite, mais le big bang est un style musical qui réclame à corps et à cri une spatialisation des cuivres et de quelques violons, or ici tout est sur l'avant. Autre souci : aucun sous-titre, même sur le documentaire, alors que Anka est très apprécié dans notre contrée, c'est dommage. Surtout que le public auquel s'adresse ce DVD est d'un âge assez avancé pour ne pas être forcément anglophone. Pauvre public qui ne comprendra pas non plus les interviews de Paulo entre chaque chanson, où il parle notamment de My Way pendant plus de cinq minutes sans citer une seule fois ni Cloclo ni Revaux (un record du monde de mauvaise foi !), et où il avoue pourquoi il a choisi telle ou telle chanson : principalement parce qu'elles étaient numéro 1 en leur temps. Sans doute voulait-il que cette galette vidéo le devienne à son tour, mais malgré toute la sympathie qu'inspire ce concert, il y règne une certaine futilité qui ne pourra jamais le hisser à un tel rang. Croyez-le ou pas, mais l'humour ne fait plus vendre...


06-09-2006

(1) : définitivement rien à voir avec Montreux, eux c'est les 3 Suisses.

8 juillet 2005 - Festival de Jazz de Montréal (Québec)


01. Diana
02. For once in my life / Come rain or come shine
03. You are my destiny
04. Mack the knife
05. Everybody hurts
06. It's my life
07. Put your head on my shoulder
08. Lonely boy
09. Do I love you
10. Eye of the tiger (si... si...)
11. True
12. Smells like teen spirit (eh si si...)
13. I'm not anyone
14. Jubilation
15. Hello
16. Black hole sun (si, si si si...)
17. My way (rho non, non non non...)
18. Tears in heaven
19. It's my life - Bonus
20. Put your head on my shoulder - Bonus
21. True - Bonus
22. Tears in heaven - Bonus


Paul Anka - Chant   
   Jon Crosse, Daniel Jordan, Mark Vinci - Sax, flute, clarinette
John Bailey, Tom DeLibero - Trompette   
   Daniel Falcone, Roger Ingram - Trompette
Joseph Barati, Brian Drye - Trombone   
   Jacob Garchick, Craig Woods - Trombone
Michael Brignola - Sax baryton, clarinette basse   
   Michael Labrador (NDBaker : Ouaf. Ca, c'est fait) - Guitare
Graham Lear - Batterie   
   Daniel Hernan Willy Martinez - Percussions
Scott Morin - Saxophone   
   Enrique Toussaint - Basse
Hiroshi Upshur - Piano   
   Todd Carlon - Synthétiseurs