Une bonne version, un formidable quatrième acte et de beaux passages |
Note globale |
Techniquement un peu défraîchi, quelques manques et longueurs dans l'histoire et les personnages |
Editeur
: Del Prado
|
Durée
totale : 2 h 32
|
Image PAL |
Paroles sous-titrées fr it uk es (et pas en Allemand, les sous-titres n'existent pas et de toutes façons impossible de valider le choix sur l'écran ! C'est rigolo d'ailleurs. Sauf si vous êtes Allemand.) |
De la vidéo de 1978, avec un premier quart-d'heure très mal fichu. Heureusement, dans le quatrième acte, le montage se fait plus nerveux et certains points de vue sont même assez étonnants d'efficacité et de recherche visuelle. | ||
Le début fait peur mais au final c'est une relativement bonne restauration. Pas la panacée du genre mais c'est plutôt brillant. | ||
Une histoire plus profonde qu'il n'y parait, hélas, car cette profondeur aurait pu être plus qu'effleurée et prendre le pas sur des états d'âme de personnages qui ont beaucoup de caractère mais pas assez de raisons. Tout s'accélère dans un final réussi. | ||
Un livret intéressant avec une révision complète de l'oeuvre, et surtout les sous-titres intégraux, y compris les résumés en français dans une écriture bien dans le ton. |
Si on en croit la légende, Norma avait été rejeté par le public avant d'acquérir le statut qu'on lui connait, ce qui est un peu le lot de presque tous les grands opéras chroniqués ici et ailleurs. Trop long, trop fort, trop pathétique, là où les gens avaient juste envie de s'amuser et se distraire. Le temps a permis à l'avant-dernière oeuvre du jeune prodige Bellini de retrouver la place qui est sienne, et c'est vrai que question gaudriole il faudra mieux aller chercher du côté d'Orphée ou d'une flute enchantée (non, c'est pas cochon !). Pourtant, lorsqu'on a passé la mise en place, un peu lourde et non exempte de défauts, on peut trouver matière à sourire et retrouver des racines communes à un film qui a plu à tout le monde : hommes, femmes, jeunes, vieux, et tout un chacun ayant connu une belle amitié. Je parle de Thelma & Louise. | |
L'histoire
de Norma prend ses racines dans celle de deux peuples qui se sont combattus,
qui se sont haïs, qui se sont entretués, et qui avaient deux
religions extrêmement différentes, mais ladite religion n'était
aucunement l'objet de leur ire (suivez mon regard). Et donc chrétiens,
païens et romains se tournent autour dans une histoire de trio amoureux.
Norma aime Pollione qui aime Adalgise qui voue un culte à Norma.
Plus délicat : Pollione et Norma sont mariés, deux enfants.
Encore plus délicat, et là arrive le principal défaut
de cet opéra : l'amour et la descendance de l'oracle Gauloise et
du centurion Romain sont non seulement interdits, mais plus ou moins cachés
aux yeux des autres membres du village - le côté illégal
et secret de l'union n'est pas clair pour le spectateur, et que le propre
père de Norma ne sache rien est franchement incrédible.
Mais bon, l'histoire d'amour est là et bien là, et l'homme
réfléchissant avec sa trompe depuis la nuit des temps, le
bô gaillard centurion va lamentablement se planter sur les deux
tableaux, et nos deux femmes de devenir le temps d'un tout petit mais
jouissif troisième acte deux amies unies contre le machisme et
la stupidité des mecs.
|
|
Cet opéra oscille entre le brillant et le bancal, comme vous pourrez vous en apercevoir dès le premier acte. Musicalement, c'est plutôt riche. L'utilisation de mélodies à la flûte aussi ravissantes que recherchées, ainsi que l'utilisation au début de choeurs fantastiques et d'un certain vrombissement inquiétant dans l'ouverture, plus sombre et riche que d'habitude, tout celà donne envie de continuer. Malgré la longueur de ce premier acte (plus de 45 minutes) qui met trop de temps à décrire une situation qui n'est pas assez claire au final. Malin, Bellini en profite pour placer "le single" : le très connu et assez brillant Casta Diva, avec sa ligne vocale pure comme de l'eau de roche. Les actes second et troisième sont plus concis et scellent l'amitié donc presque moderne entre les deux femmes. Mais ce qu'on n'attendait pas, c'est la force du quatrième acte, qui pose des questions plus qu'elle n'apporte de réponses (tant mieux) et révèle une cadence pied au plancher et un pathos très bienvenu. Pas de happy end, utilisation plus massive des choeurs qui nous avaient déjà émoustillé au départ : bref, du bon. De quoi faire pardonner le cafouillis du long début puisque de toutes façons, au vu du résultat final... | |
La
version présentée ici a quelques mérites intéressants,
le premier étant le choix de Joan Sutherland en Norma (qui d'ailleurs
peut presque faire penser à Susan Sarandon dans... Thelma &
Louise.). Ayant presque débuté sa carrière dans ce
rôle, elle arrive ici à un âge absolument parfait pour
l'interpréter : encore belle mais peut-être trop vieille
pour Pollione, lequel avec sa fougue de jeune soldat préfère
désormais se taper une jeunette, vierge qui plus est. Ce qui est
très important car le principal défaut de ce spectacle,
c'est qu'à aucun moment on ne connaît les raisons profondes
qui motivent les choix des personnages. Hélas, Adalgise, bien que
plus jeune, n'est pas non plus une pure éphèbe de seize
ans qui se lave les cheveux à l'Aquarel, ce qui en prime semble
être un choix presque inchangé au cours des différentes
représentations. Vocalement, de belles prouesses surtout de la
part de Sutherland qui doit chanter pendant presque tous les tableaux,
et vers la fin se tape un suraïgu bien méchant sans ciller.
|
|
Musicalement, l'enregistrement date de 1978 et, bien que restauré en 91, subit quelques outrages du temps, laissant échapper notamment pendant le premier quart-d'heure des grésillements et saturations mal venues. Pour les voix, par moments là aussi la bande passante rend les armes, mais elle se fond plutôt bien dans la musique sans heurts ni secousses. L'image suit le mouvement général : c'est de la vidéo de 78, et restaurée elle garde un certain éclat même si comme pour le son, le premier quart-d'heure semble être un échauffement (montage raté et caméras mal positionnées). On se prend quand même au jeu et au final, c'est un document relativement bien conservé. Et puis il est fort bien aidé, il faut l'avouer, par les décors. Là, ils ne se sont pas foutus de nous, les Australiens : le décor de la fôret druidique est extrêmement beau, pour l'époque, on y trouve même du gui et un soleil couchant, les pierres font vrai et pas toc, et les costumes sont presque au niveau. On s'attendait à un Vercingétorix avec Totophe Lambert, on a une production digne de ce nom. Si techniquement on pouvait espérer mieux, il est vrai que ce condensé de nombreux détails réussis de cette version '78 de Norma était une bonne idée pour une sortie DVD, et si les défauts originaux sont toujours là, on ne peut nier d'évidentes valeurs ajoutées. Et n'oubliez pas la moralité de cette histoire de femelles manipulatrices : méfiez-vous des femmes qui donnent la Gaule. |
1 aout 1978 - Sydney Opera House (Sydney, Australie) |
01.
Ite sul colle, o Druidi |
Clifford
Grant - Oroveso
|
Ronald Stevens - Pollione |
Trevor
Brown - Flavio
|
Joan Sutherland - Norma |
Margreta
Elkins - Adalgisa
|
Etela Piha - Clotilde |
Gregory
Howarth-Matthew Smith - Fanciulli
|
Peter Seymour - Directeur de choeurs |
Richard
Bonynge - Direction d'orchestre
|
Le choeur d'Opera Australien - Choeurs |
L'orchestre
Elisabethien de Sydney - Orchestre
|