Technique parfaitement à l'aise, quelques bons gags, un bonus inattendu |
Note globale
|
Musicalement un néant extrême d'une fadeur qui confine à l'intoxication autonauséeuse... |
Editeur
: BMG
|
Durée
totale : 2 h 24
|
- - (PCM) Image PAL |
Clips
de Y'a une Fille qu'habite chez Moi, Je suis de celles et Dis-lui
oui (10 min format respecté) |
Ca va être difficile de faire la fine bouche : 16/9 pro, très beaux noirs, montage fluide, et même quelques gros plans sur des musiciens. Curieusement on ne voit pas assez le public, mais dans l'ensemble rien à dire. Ne vous fiez pas au grain vidéo sur les photos. | ||
La voix est à la limite de la saturation quand Benabar se lâche ("vas-y, putaiiiin !") mais sinon tout est propre. De la fanfare municipale mais avec les moyens de Karajan, quoi. Le DTS apporte une présence naturelle indéniable, pas assez de spatialisation mais qui s'en plaindra ? | ||
Ouais, non mais... faites pas attention à cette note. C'est trop dur de noter ça. Il faut avouer que Benabar a pioché un peu partout dans sa jeune carrière, que les transitions ne puent pas du bec, donc... Maintenant, c'est si cadavérique sur a longueur... | ||
La moyenne, simplement pour la présence d'un court-métrage, genre terriblement sous-développé en DVD, pour ne pas dire inexistant. Côté musique, trois clips magnifiques avec des chansons bof, pour ne pas dire inexistantes. Quant aux reportages sur les musiciens, c'est inexistant, pour ne pas dire... |
Je hais Bénabar. Voilà, comme ça c'est dit, c'est fait, c'est lâché, pas de quiproquo, pas de demi-mesure, on entre dans la chronique la plus antiprofessionnellement subjective qui soit, mais au moins ça remet le papier-peint dans les coins. Je hais Bénabar, de tout mon coeur, de toute mon âme. Oh, pas humainement. Le garçon semble même avoir des côtés bien sympathiques. Mais sa musique, doux Jésus, sa musique, je l'exècre. Et puis tout, hein : son chant, ses paroles, ses hem... mélodies, ses arrangements, le style global, l'instrumentation, les thèmes abordés, son succès médiatique, jusqu'à son public-type, je hais tout, de A à Z en passant par Epsilon, Gamma et toute la clique. Un de ces jours, quand j'aurai le temps, je vous raconterai comment sa chanson de merde, "A la campagne", m'a littéralement poursuivi dans tout le Virgin des Champs-Elysées, la chanson passant dans tous les recoins du magasin sans répit pour bien me briser les gonades jusqu'au dernier couplet. Ouais, le jour venu, je vous raconterai ça. En attendant, flegme du critique posé ou pas, volonté d'informer les lecteurs ou pas, me reste sur les bras ce live au Grand Rex, deux heures de "spectacle" d'un type que je ne peux pas supporter. Mais pourquoi l'avoir pris alors ? Pourquoi ce brave homme ne nous parle-t-il pas plutôt d'amour ou de death progressif comme il sait si bien le faire ? Parce que tout le monde s'entêtait à hurler à la lune : "mais si tu verras, Bénabar en live c'est trop mortel, c'est pas comme ses disques, ça tue trop sa race !". En fait j'aurais pas dû me défoncer les tympans au tisonnier après le live, mais carrément avant de parler avec ce qui sont désormais d'ex-amis. Humanité je te hais. | |
C'est
donc couillon comme Gaston que je me préparai à entrer dans
le monde fantasque et burlesque de Bénabar, poète urbain
de la société française de notre génération.
Ou chanteur bobo, c'est plus rapide. Bobo étant une expression
aussi floue que "pouet-pouet" ou "Nouvelle Droite/Gauche/Centre",
on pourrait se dire que ça inclut une forme de bourgeoisie inassumée
que notre prodige du verbe, à grands coups de banalités
écologistes, s'amuse à pourfendre. C'est le voir en concert
qui illumine la sournoiserie de cette bête à deux faces :
comme pratiquement tous ses collègues de la Nouvelle Scène
Française dont il est le porte-drapeau, il tape gentiment sur les
sujets d'actualité, en une grande messe où tout un chacun
peut communier en choeur : "oui, c'est nul ça, mais je ne
me sens pas concerné, moi je suis une exception, la preuve, je
suis ici en train d'écouter Bénabar, chanteur impertinent".
Il se moque des polleurs en 4x4 (qui en ont certainement besoin pour monter
la côte de Savigny-sur-Orge ou le ralentisseur de la Rue de Rivoli)
: peu leur chaut, ils ne sont pas concernés, puisqu'ils écoutent
Bénabar, il parle des autres oui, mais pas d'eux. Il se moque des
politiques, des patrons voyous ? Ouf, ça concerne les cons, là,
dehors, heureusement nous on ne tombe pas dans ces pièges de deshumanisation,
la preuve on écoute Bénabar. Il parle de la grand-mère
qui fait chier son monde, de Nathalie ou Sophie ou Karine qui est une
pétasse depuis qu'elle l'a largué, du parano qui bloque
la caisse du Monoprix, arf ! tu penses bien, ce genre d'abruti n'irait
jamais jusqu'à écouter du Bénabar !
|
|
Et puis, évidemment, il parle de la vie de tous les jours. Ah pour ça, il est fort. La vie de tous les jours. Il en parle si bien qu'il suffit d'aller dehors pour avoir la même chose, mais avec les odeurs, les couleurs, le mouvement, et - avec un peu de chances et si on se balade pas au Virgin - sans sa musique. Gratuitement en plus. Poésie ? Tendresse ? Lucidité ? Tendresse oui, un peu, il faut quand même lui donner ce crédit. Pour tout le reste, Bénabar, musicalement, c'est rien. Pas nul, pas ennuyeux, non, rien. Du vrai pur rien. Comme la vie, justement : ça n'est pas tangible. Alors que donne du rien en live ? D'abord, des musiciens. Ils sont quasiment tous très bons, y compris Bénabar lui-même avec son jeu de piano de bon aloi. Ils sont en place, il n'y a pas de couacs, les cuivres ont des partitions pas toujours évidentes, les harmonies sont même par moments étonnantes... ce qui n'enlève rien au côté tiède à en crever de la musique. Ils ont beau être doués et le montrer, nos pauvres musiciens, une fois tous ensemble, n'arrivent pas à créer quelque chose. Le style se rapproche de la musique de cirque : tout le monde sait qu'il ne faut pas être manchot ni pour en écrire ni pour en jouer. Et la musique de cirque est un art en soi, demandez à Nino Rota ou Danny Elfman. Mais combien de fois par décennie écoutez-vous de la musique de cirque, cher lecteur de D.D.S. ? Hein ? Allez, coup de grâce : combien de fois par décennie achetez-vous un disque de musique de cirque ? On se comprend. Maintenant, rappelez-vous que certains médias ont placé Bénabar dans la catégorie, je cite, "rock français". C'est vrai que question cirque... | |
Les
deux heures passent donc sans vrai ennui, puisque c'est de la vie. Mais
le tout est aussi passionnant que de découvrir un chewing-gum sous
sa semelle. On est par moments désespérés d'entendre
quelques balivernes applaudies par le public (un public fade, passif,
qui de temps en temps se met debout et danse parce qu'il se croit au bal
du 14 juillet... la vie, j'vous dis). On est circonspects à l'égard
de Delpech et le déjà plus très frais Salvador qui
semblent venir ici autant pour rendre hommage à leur "successeur"
(oh la vache) que pour rappeler aux trentenaires parisiens qu'ils ne sont
pas encore morts (fallait se dépêcher pour Henri). On est
entraînés par une mélodie qui devient saoûlante
au bout du second couplet, et de se rendre compte que ça dure,
ça dure... comme la vie parfois. On est aussi, et plus souvent
qu'à notre tour, ébahis devant la sidérante médiocrité
de certains textes, où rythme, rimes et ton sont foulés
aux pieds. Irrévérence, licence poétique et style
anticonformiste ? Non, désolé, ça ressemble plus
à du jeanfoutisme de haut niveau. Et quand on pense que ce live
date d'avant la petite horreur qu'est "Le dîner"... chanson
de l'année (mais... mais... c'est pas une chanson !!!) et
encore plus avant "A la campagne de merde" (un hommage au PS
?), on se pose la question. La réponse vient directement. Oui,
Bénabar, c'est ça, il le revendique, il persiste
dans ce "style" qui n'en a pas, il se pose en héritier
de Brassens et Salvador, avec tout ce qu'on peut détester chez
ces deux zozos, mais sans le "génie" (oui, " ").
Et d'accord, faut pas dire "on" dans une critique, parce que
"on" c'est des cons. J'assume. Après tout, n'étant
pas dans la salle ce soir-là, je faisais partie de "ceux de
dehors".
|
|
Tout aurait pu en faire un grand DVD, pourtant. Et d'ailleurs, les amateurs du jeune garçon venus pleurer de rage sur cette page peuvent se rassurer : pour eux, ce DVD, c'est pain béni. L'image est excellente, la réalisation tout à fait correcte, le son stéréo sympathique et le DTS laisse une très belle réverb naturelle envahir votre salon. Vous trouvez aussi trois clips, très bien réalisés et bien vus. La musique est à se taper la tête et le tout dégage le charisme d'un parpaing, mais ils sont très bons en tant que clips. Vous trouvez aussi un tout petit backstage dont on aurait vraiment pu se passer, surtout quand il présente la préparation d'un gag qui sur le live est drôle comme un contrôle fiscal. Et on rajoute en prime un court-métrage réalisé par le gars Bénabar. Que vaut-il ? Euh... c'est un court-métrage. Pour être honnête, vu le style, le sujet, le scénario, j'aurais tout à fait pu le réaliser aussi, ça ressemble beaucoup à mon univers. Ca ne veut pas dire que c'est bon. Ni mauvais. C'est un court-métrage, quoi. | |
Rien à sauver ? Rien du tout ? Si, la technique donc. Mais ça, c'est secondaire devant le succès démesuré que rencontre ce concentré de vide. Pendant deux heures, vous allez assister à du bonheur factice, à de la danse sur commande, à de la bonne humeur surgelée et de l' "auto-dérision poétique" périmée. Cette fameuse "valeur ajoutée du live" que tout le monde m'a louangé ? Mon cul sur la bécane à Gilles, oui : les musiciens sont plus vivants, mais les arrangements se ressemblant plus, ça s'annule, et zéro annulé, c'est peu. Rien à sauver donc ? Si. Quand Bénabar la ferme. Ou plutôt, quand il la ferme musicalement. En effet, chaque transition est l'occasion pour lui de faire le fanfaron. Avec une lourdeur, une vulgarité assez jouissives. Il va jusqu'à totalement pirater certaines de ses chansons, à tel point qu'il fait basculer carrément son style musical dans la catégorie "Humour" (où ce DVD a bien failli atterrir). Certes, ce n'est pas parfait, et puis le coup du "je vais gerber", une fois c'est extrêmement drôle, mais la seconde ça retombe derechef. Il n'empêche : à priori, ces pauses Jean-Marie Bigard sont la seule chose que ses fans ont l'air de regretter, voire d'avoir honte pour certains, et c'est la seule chose qui empêche ce DVD de couler dans les abîmes de notre classement. Mais ici, on est surtout spécialisés DVD musicaux. Donc DVD avec de la musique. La prochaine fois que je devrais parler de Bénabar, peut-être un DVD vierge fera-t-il l'affaire ?
|
12 & 13 février 2004 - Grand Rex (Paris) |
01.
Paresseuse |
Bénabar
- Chant, piano
|
Bertrand Belin - Guitare, banjo |
Paul
Jothy - Batterie
|
Florent Silve - Basse |
Olivier
Daviaud - Clavier, violoncelle
|
Denis Grare - Saxophone, accordéon |
Martin
Saccardy - Trompette,
bugle
|
Matthias Mahler - Trombone |
Henri
Salvador, Michel Delpech - Chant
|