Technique éblouissante, groupe solide, chansons magnifiques |
Note globale |
Jeu de scène d'Aviv (paillettes et mode Chippendale), linéarité musicale |
Editeur
: Snapper
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Durée
totale : 1 h 33
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- (PCM) Image NTSC |
Livret
avec photos très sympas |
Une très belle définition, une réalisation intelligente, un montage fluide, c'est beau et respectueux. Dommage que la scène ne soit parfois qu'un amas de bleus, en NTSC qui plus est, mais sinon franchement rien à redire. | ||
9/10 pour la spatialisation qui fait de belles choses avec un matériau de base plutôt sobre. Et le point supplémentaire pour la qualité globale, la stéréo parfaite, la pureté du son, l'effet de présence, bref le soin aux petits oignons. | ||
Difficile de juger. Pratiquement toutes les grandes chansons de Blackfield sont là, normal vu qu'il y en a assez peu. Et elles sont parfaitement jouées. Mais le tout manque d'un peu de variété et de surprise pour en faire un grand live. | ||
Un livret, trois clips dont deux bons, et c'est tout. C'est peu. En même temps, le DVD est déjà bien plein malgré la courte durée, preuve de qualité. |
Blackfield est né d'une rencontre improbable. D'un côté, Aviv Geffen, star de la pop-rock en Israël. De l'autre, Steven Wilson, leader du groupe de "prog" Porcupine Tree. Les deux avaient beaucoup à s'apporter, mais sur le papier nul n'aurait su dire ce qu'il en découlerait. Au final ce fut donc ce champ noir, avec deux albums présentant un style qu'on n'a pas eu souvent l'occasion d'aborder ces derniers temps : de la pop intelligente et racée. En studio, même si Wilson semblait tirer la couverture à lui, la réunion de ces deux jeunes loups de la scène des années 2000 se montrait sous de très bons auspices. L'annonce d'un live de cette formation éphémère était donc une des meilleures nouvelles de 2007, mais quelques craintes apparûrent vite. Comment la perfection presque clinique des titres studio allait-elle passer la scène ? Quels musiciens Wilson allait-il choisir ? Et surtout, allait-on supporter l'image qui fut confiée à... Lasse Hoile ? | |
Tous
les doutes ont été vite balayés dès les premières
minutes. D'abord, les chansons sont totalement magnifiques. Simples mais
d'une redoutable efficacité, très hautement mélodiques,
aux arrangements dépouillés mais pas minimalistes, elles
ravissent l'auditeur dès la première écoute. Instrumentalement,
elles ne perdent aucunement la richesse de leurs ainées vinylliques,
restent vibrantes mais écrites avec précision. Le tout grâce
à cinq musiciens parfaitement rôdés. Et surprise,
ce ne sont pas des pointures occidentales type Harrisson/Barbieri qui
viennent épauler Wilson, mais des zicos Israëliens. L'occasion
parfaite de voir que ce pays possède aussi son vivier de talents,
car il n'y a vraiment rien à redire, sinon chapeau. Notamment pour
le choix du batteur, sobre et plaisant : un certain Tomer Z. Vous vous
en doutez rien qu'au nom, il est le frère du plus célèbre
(pour l'instant) Nir Z, batteur intérimaire de Genesis en 1997.
Et si Tomer a le même talent que Nir, il est en prime bien aidé
car ledit frangin s'est quant à lui occupé de sa prise de
son. Et là, le chapeau doit tomber bien bas.
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Blackfield, c'est aussi l'occasion de découvrir la "bête" Aviv Geffen en live, le bonhomme étant tout de même largement inconnu dans notre territoire. Là, les avis seront partagés. Outrageusement plus rock'n'roll que le nerd Wilson, Aviv aime les paillettes, le eyeliner bleu turquoise au crayon Caran d'Ache, et finir ses concerts torse-nu. Un bon point pour certaines (et certains), un repoussoir pour d'autres, même si ce rejet s'explique certainement plus par le style musical proposé. Les Red Hot, Guns, d'accord, mais dans un groupe de pop dépressive , ça peut choquer. En tous cas, on ne pourra retirer à notre Israëlien un véritable talent : métronomique à la guitare, sensible au piano, il propose en prime une voix très différente, et complémentaire, de celle de Steeeeven. Il faudra cependant lui pardonner une tendance au chevrotement catégorie maquis corse. | |
Le
concert se montre donc, dès le premier titre, étonamment
convaincant. Aidé, il faut le dire, par une technique qu'on ne
peut prendre en défaut. Le son d'abord, assuré par Nir Z
et supervisé par Wilson (Steven, pas Ray), et on peut dire que
le niveau de qualité est bien celui auquel ce sympathique british
nous a habitués. La stéréo (haute définition)
est d'une précision et d'une chaleur totalement incroyables. On
a la même netteté, la même définition qu'en
studio, sans que la chaleur du live ne soit effacée. Le 5.1 rajoute
une très belle ambiance générale et les synthétiseurs
et toms se retrouvent souvent derrière vous, ce n'est pas très
spectaculaire mais parfaitement adapté à la musique. L'image,
que l'on attendait au tournant, se montre elle aussi magnifique. Lasse
Hoile a livré ici une réalisation impersonnelle, sans artifices,
sans réelle prise de parti... et que c'est tant mieux ! De très
beaux gros plans, un montage tout en finesse, la caméra toujours
où il faut et le respect total des couleurs naturelles : un bonheur
! Enfin nous pouvons voir les Wilsonneux jouer, et bien jouer.
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Le tableau serait-il donc idéal ? Pas tout à fait. Il s'en faut de peu, c'est vrai, pour que ce Blackfield Live soit un des meilleurs DVD de pop/rock existants, et d'ailleurs il s'en approche tant que son achat est plus que vivement conseillé. Le seul petit grain de sable est que le groupe est victime de son identité. Chaque chanson ou presque est un pur joyau, c'est vrai. Et une durée d'une heure vingt peut sembler courte devant tant de grâce. Mais justement, on découvre vite que Blackfield souffre d'une forme d'écriture et de spleen perpétuel qui le desservent. Au bout de quelques titres, une légère monotonie peut se faire ressentir, dûe principalement à un manque de variété dans les tempos et les ambiances. Pas rhédibitoire, cette sensation n'en est pas moins présente, surtout lorsque Wilson ressort "le son Porcupine-Sky Moves" à toutes les sauces, jusqu'à en devenir un peu cliché (de quoi monter un Photo Service). Ce concert aurait gagné à se voir garni d'un ou deux titres de Porcupine, ou mieux, d'Aviv Geffen solo, afin de varier les saveurs. Le syndrome du balbutiement trouvera ainsi son paroxysme lorsque le groupe décide de jouer deux fois le même titre (pour la raison fallacieuse, mais drôle il est vrai, de jouer "Once"... twice !). Un petit Piano Lessons ou un Halo (pas un Waiting) auraient parfaitement fait l'affaire. | |
Une prochaine fois ? Peut-être. Le carcan dans lequel le duo s'est enfermé pourrait très bien exploser un jour, et ils ont déjà prouvé ici leur capacité à écrire des bijoux. En attendant une hypothétique suite de carrière, Blackfield nous offre ce bon live, un DVD parfaitement à la hauteur et... peu de bonus. Trop peu. Une galerie de photos sympathique, et trois clips dont deux bons. Les afiçionados de Lasse Hoile seront aux anges, le style de leur mentor y explose : flous, grain, fausse poussière, sursaturation, tout y est. Pour une fois, on ne se plaindra pas, le style correspondant aux chansons. En revanche, le clip de Pain en mérite un. Et par la suite ? Une belle opportunité ratée : aucune interview ! C'était pourtant l'occasion idéale de laisser Aviv parler, de comprendre de l'intérieur une collaboration inédite, de découvrir la scène israëlienne, de... pléthore de choses qu'on regrettera tout en savourant un disque hautement recommandable à bien des niveaux. Maintenant, reste à savoir si le prochain live de Porcupine Tree (ou celui de No-Man) sera de taille à lutter.
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16 mars 2007 - Bowery Ballroom (New-York City) |
01.
Once |
Steven
Wilson - Chant,
guitare
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Aviv Geffen - Chant, guitare, claviers |
Eran
Mitelman - Claviers
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Seffy Efrati - Basse |
Tomer
Z - Batterie
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