Toucher de guitare magique, réarrangements des chansons, son un peu boosté, bonus magnifique

Note globale


(7 pour l'intérêt en tant que DVD musical + 1 pour l'avoir enfin sorti, et bien)


Image souvent mauvaise et surtout très peu spectaculaire, concert coupé (mais il l'a toujours été)

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 42

(5.1) - (2.0)

Image   MPEG4 / 1080i

Livret (si rare dans les Blu !)
Album live "téléchargeable" en MP3 (en fait il est dans la partie DVD-ROM)
Documentaire : BBC Arena (58 min, PCM 2.0, 1080i, st fr uk)
Lives au Old Grey Whistle Test de Sultans of Swing (1978) et Tunnel of Love (14 min, PCM 2.0, 1080i)

Il y a le côté technique : couleurs passées, grain énorme, gros halos de lumière qui bavent. Et il y a aussi le côté artistique : lumières laides, jeu de scène Shadowesque, montage faiblard, rythme global plan-plan. Ne restent que les doigts de Knopfler et son jeu inimitable, souvent bien capté.
Dans les notes son, il y a ce qu'on pouvait attendre et ce qui existe déjà. Eh bien on attendait mieux puisque la spatialisation ne gagne que les claviers, mais il ya surtout un remaster qui décrasse bien dans tous les coins tout en restant très fidèle à l'ambiance d'origine.
Même coupé, le live reste un moment de communion assez transcendant. Knopfler ne se contente pas de jouer les tubes, il réinvente sa musique, l'étire dans tous les sens, fait du concert une aventure commune.
Laid et vieillot, le bonus principal est pourtant fabuleux. Humainement ET musicalement. En revanche, avoir mis l'album en MP3 c'est très bien ; 'appeler ça "module de téléchargement", c'est petit petit.

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A force de crier au loup... C'est le fil rouge de ce site, l'Arlésienne moquée, le running gag de circonstance, la chimère apprivoisée. Qui aurait crû qu'en 2010, Alchemy, le live mythique des non moins mythiques Dire Straits, sortirait en DVD officiel tout beau tout neuf ? Pire ! "Adding insult to injury", comme on dit au Pays de Galles (ou en Pays de Galle, on peut dire les deux), Alchemy sortirait... en Blu-Ray ! Quand on sait que la nouvelle est tombée aux alentours du 1er avril, il y avait franchement de quoi rire. C'est donc tout un pan de l'histoire de D.D.S. qui vient de tomber, une ère qui s'achève : Alchemy acheté en magasin, officiel et tout le bastringue. Qu'est-ce qui va bien pouvoir le remplacer dans nos coeurs ? Les lives de Yes en 91 et 94 ? Le live complet d'Extreme à Wembley ? Le O² Reunion de Led Zep ? Le Bad Tour de Michael Jackson non coupé ? Voire... Pulse en Blu-Ray ?
Ne revenons pas trop longtemps sur le live lui-même, la plupart de nos lecteurs le connaissent déjà. Si ce n'est pas le cas, sachez qu'Alchemy est, du moins dans sa version disque, ce qu'on appelle un grand live. Qu'est-ce qu'un grand live ? Soit un concert très fort en émotions, où chaque musicien s'est senti transporté ; soit une tournée où les chansons ont été remaniées, trasformées, pour en faire une vraie expérience et pas juste du copier/coller. Pour la seconde option, Mark Knopfler a fait très fort. Si l'on excepte les deux pavés de l'album Love over Gold, joués à la note près, tous les autres titres ont été fortement remaniés, certains ont doublé de durée, avec de nouveaux arrangements exceptionnellement efficaces et dramatiques, un petit côté rock progressif assumé, et un écrin merveilleux pour les solos dudit Knopfler.
Comment en effet ne pas succomber à cette intro démente qu'est Once Upon A Time... qui ne cesse de relancer la machine ? A ce Sultans of Swing qui laisse les espaces se développer avant de repartir de plus belle ? A ce Tunnel of Love dôté d'une nouvelle première partie sensuelle ? Même les rocks plus simples, Expresso Love et Solid Rock, se voient sublimés. La seule raison de ne pas aimer ces nouvelles versions serait de rester collé au principe de folk-rock et de country-blues strict des premiers albums, car là effectivement on en est loin, et l'essence du groupe a quelque peu disparu. Au profit d'une autre formation qui elle aussi a bien du mérite. Certes Terry Williams en fait parfois un peu trop (quel bourrin !), certes le show a été coupé (et l'amputation de Love Over Gold est absolument hideuse, physiquement comme moralement), mais Alchemy est une brillante démonstration de métamorphose de chansons, une leçon de revisite de catalogue. Leçon goûlument assimilée par le public de la salle, fou-dingue, et par les millions d'acheteurs en vinyl, en cassette, en VHS, en laser-disc, et 25 ans plus tard... en Blu-Ray. Fini de rire.
1983 est en effet très loin. Preuve en sont les affiches que l'on aperçoit sur les murs de l'Hammersmith Odeon pendant le film : deux de mes chouchous qui y passaient en tête d'affiche, et pas des moindres. Saga ! Et Chaz Jankel, bordel ! En affiche sur les murs de la capitale ! Vous vous rendez compte à quel point ça remonte ? En ce temps-là, d'ailleurs, les vidéos musicales commençaient à peine à émerger, il était donc impressionnant de voir des caméras 35mm venues immortaliser la prestation des Raides Fauchés pour en tirer une VHS. En 2010, ce film ressort ainsi en DVD mais également en Blu-Ray, soit en haute définition. Il fallait donc que le son le mérite, tant que l'image. Pour le son, pas de risques inutiles : Knopfler a fait appel à Chuck Ainlay, l'ingé son de ses SACD solo ainsi que de l'exceptionnel Brothers in Arms. Ne vous attendez pas à un tel niveau : l'utilisation des surrounds n'est là que pour la réverb énorme (un peu trop d'ailleurs), le public superchaud (qui piaille sans cesse) et les claviers, ce qui renforce la théâtralité de la performance. Un son qui reste fidèle à l'original, tracas techniques inclus, et qui a été un minimum nettoyé pusqu'on peut même entendre les interventions de Mark, autrefois ensevelies. Mais un Blu-Ray, c'est aussi de l'image.
Soyons francs : Alchemy n'a jamais été beau. Tourné sur pellicule 35mm, dans une salle sombre, sa qualité d'image a toujours plus ou moins ressemblé au live de Springsteen tourné dans les mêmes conditions mais 10 ans plus tôt. Restauration et remaster en haute-définition ne suffiront pas à sauver l'ensemble : Alchemy est laid. Les couleurs bavent beaucoup et sont affreuses, les jets de lumière aveuglent, le grain est omniprésent mais jamais volontaire… la totale. Qu'apporte la HD à ce film ? Le grain est plus prononcé, mais aussi plus fin, donnant un peu plus de vie et un cachet plus cinéma, tout en restant relativement affreux. Passer au Blu-Ray n'apporte donc pas grand-chose, et s'il n'y avait pas une piste en DTS HD, le DVD suffirait amplement. Mais il y a bien pire. Alchemy n'est pas que laid. Il est et reste également d'un inintéret visuel parfois hors du commun. Trois genres de plans composent ce concert : les gros plans sur les doigts de Knopfler, de loin les plus intéressants ; ceux du reste du groupe, qui permettent d'admirer la dextérité du génial Alan Clark mais aussi le bourrinage de Williams et la relative transparence des autres ; et les plans d'ambiance, qui eux ne font rien ressortir, à part des crachats de lumière baveux ou des jeux de couleurs qui, déjà à l'époque, donnaient dans le bling-bling que Knopfler abhorre. Le tout manque de vie, de caractère, et le concert ne ressort pas grandi de l'ajout d'image, ce bien que le groupe donne de sa personne et montre une réelle implication. On sait ce qu'il en est advenu lors des tournées suivantes : regardez bien Mark sourire, c'est la dernière fois avant très longtemps...
Le disque ressortant en remaster CD, certains pourraient se dire que finalement, Alchemy ne mérite pas un achat en DVD, et encore moins en BD, malgré nos supplications incessantes. Ce serait une grave erreur. Universal a choyé cette sortie et, ne pouvant faire aucun miracle côté image, en a fait pour les bonus. D'abord deux titres tirés du Old Grey Whistle Test, et notamment un très beau et très personnel Tunnel of Love, avec l'image hyper-rare de Knopfler aux claviers. Mais surtout, un documentaire d'une heure tourné en 1980 et qui est, je pèse mes mots, totalement indipsensable à tout fan de Dire Staits (NDKaworu : Et les fautes de frappe, tu les pèses aussi ?). Il mélange des extraits de live d'époque, ce qui permet d'apprécier pour la première fois en vidéo Pick Withers (batteur immense) et surtout David Knopfler. Entre autres choses, vous aurez un rare Where Do You Think... enflammé et, plus rare encore, Les Boys - et en entier s'il vous plait. Mais il les mélange à quoi, se dit le brave lecteur qui maudit le crétinisme patenté (pas tentant non plus) du rédacteur ?

A un making-of de l'album Making Movies... juste avant l'éviction de David. D'où gêne palpable, aveux à demi-mots, et séances d'enregistrement totalement inédites avec une version de travail de Twisting by the Pool jamais entendue, une ébauche de Skateaway qui n'a rien de commun avec le produit final, des riffs inédits, des mises en place, des boeufs, sans compter le fait qu'une fois de plus la France réussisse à passer pour une conne en matière de musique (merci Europe 1)... Le tout sous-titré en français et anglais, et... intéressant ? Non : bien plus, c'est une mine d'or qu'Universal a exhumé ici. Alchemy était un de nos plus grands regrets ; on savait déjà que sa sortie ne serait pas suivie d'un miracle, et on avait tort. C'est juste que le miracle a cassé un carreau pour rentrer. Alchimie de l'image et du son ? Pas vraiment. Et pour notre première chronique de Blu-Ray, c'est justement bien d'avoir débuté par un contre-exemple. Mais que vous le vouliez ou non, Alchemy est indispensable dans toute discothèque que ce soit ; alors si vous ne l'avez pas encore, offrez-le vous en DTS HD. Ca vaut le coup, parfois, d'attendre 25 ans.


03-06-2010

23 juillet 1983 - Hammersmith Odeon (Londres, Angleterre)


01. Once upon a time in the west
02. Expresso love
03. Romeo & Juliet
04. Private investigations
05. Sultans of swing
06. Two young lovers
07. Tunnel of love
08. Telegraph road
09. Solid rock
10. Going home


Mark Knopfler, - Guitare, chant   
   John Illsey - Basse, choeurs
Alan Clark, Tommy Mandel - Claviers   
   Hal Lindes - Guitare, choeurs
Terry Williams - Batterie   
   Mel Collins - Saxophone
Joop DeKorte - Percussions