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Il
y a le côté technique : couleurs passées, grain énorme,
gros halos de lumière qui bavent. Et il y a aussi le côté
artistique : lumières laides, jeu de scène Shadowesque, montage
faiblard, rythme global plan-plan. Ne restent que les doigts de Knopfler
et son jeu inimitable, souvent bien capté. |
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Dans
les notes son, il y a ce qu'on pouvait attendre et ce qui existe déjà.
Eh bien on attendait mieux puisque la spatialisation ne gagne que les claviers,
mais il ya surtout un remaster qui décrasse bien dans tous les coins
tout en restant très fidèle à l'ambiance d'origine. |
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Même
coupé, le live reste un moment de communion assez transcendant. Knopfler
ne se contente pas de jouer les tubes, il réinvente sa musique, l'étire
dans tous les sens, fait du concert une aventure commune. |
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Laid
et vieillot, le bonus principal est pourtant fabuleux. Humainement ET musicalement.
En revanche, avoir mis l'album en MP3 c'est très bien ; 'appeler
ça "module de téléchargement", c'est petit
petit. |
A
force de crier au loup... C'est le fil rouge de ce site, l'Arlésienne
moquée, le running gag de circonstance, la chimère apprivoisée.
Qui aurait crû qu'en 2010, Alchemy, le live mythique des non moins
mythiques Dire Straits, sortirait en DVD officiel tout beau tout neuf ?
Pire ! "Adding insult to injury", comme on dit au Pays de Galles
(ou en Pays de Galle, on peut dire les deux), Alchemy sortirait... en Blu-Ray
! Quand on sait que la nouvelle est tombée aux alentours du 1er avril,
il y avait franchement de quoi rire. C'est donc tout un pan de l'histoire
de D.D.S. qui vient de tomber, une ère qui s'achève : Alchemy
acheté en magasin, officiel et tout le bastringue. Qu'est-ce qui
va bien pouvoir le remplacer dans nos coeurs ? Les lives de Yes en 91 et
94 ? Le live complet d'Extreme à Wembley ? Le O² Reunion de
Led Zep ? Le Bad Tour de Michael Jackson non coupé ? Voire... Pulse
en Blu-Ray ? |
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Ne
revenons pas trop longtemps sur le live lui-même, la plupart de
nos lecteurs le connaissent déjà. Si ce n'est pas le cas,
sachez qu'Alchemy est, du moins dans sa version disque, ce qu'on appelle
un grand live. Qu'est-ce qu'un grand live ? Soit un concert très
fort en émotions, où chaque musicien s'est senti transporté
; soit une tournée où les chansons ont été
remaniées, trasformées, pour en faire une vraie expérience
et pas juste du copier/coller. Pour la seconde option, Mark Knopfler a
fait très fort. Si l'on excepte les deux pavés de l'album
Love over Gold, joués à la note près, tous les autres
titres ont été fortement remaniés, certains ont doublé
de durée, avec de nouveaux arrangements exceptionnellement efficaces
et dramatiques, un petit côté rock progressif assumé,
et un écrin merveilleux pour les solos dudit Knopfler.
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Comment
en effet ne pas succomber à cette intro démente qu'est Once
Upon A Time... qui ne cesse de relancer la machine ? A ce Sultans of Swing
qui laisse les espaces se développer avant de repartir de plus belle
? A ce Tunnel of Love dôté d'une nouvelle première partie
sensuelle ? Même les rocks plus simples, Expresso Love et Solid Rock,
se voient sublimés. La seule raison de ne pas aimer ces nouvelles
versions serait de rester collé au principe de folk-rock et de country-blues
strict des premiers albums, car là effectivement on en est loin,
et l'essence du groupe a quelque peu disparu. Au profit d'une autre formation
qui elle aussi a bien du mérite. Certes Terry Williams en fait parfois
un peu trop (quel bourrin !), certes le show a été coupé
(et l'amputation de Love Over Gold est absolument hideuse, physiquement
comme moralement), mais Alchemy est une brillante démonstration de
métamorphose de chansons, une leçon de revisite de catalogue.
Leçon goûlument assimilée par le public de la salle,
fou-dingue, et par les millions d'acheteurs en vinyl, en cassette, en VHS,
en laser-disc, et 25 ans plus tard... en Blu-Ray. Fini de rire. |
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1983
est en effet très loin. Preuve en sont les affiches que l'on aperçoit
sur les murs de l'Hammersmith Odeon pendant le film : deux de mes chouchous
qui y passaient en tête d'affiche, et pas des moindres. Saga ! Et
Chaz Jankel, bordel ! En affiche sur les murs de la capitale ! Vous vous
rendez compte à quel point ça remonte ? En ce temps-là,
d'ailleurs, les vidéos musicales commençaient à peine
à émerger, il était donc impressionnant de voir des
caméras 35mm venues immortaliser la prestation des Raides Fauchés
pour en tirer une VHS. En 2010, ce film ressort ainsi en DVD mais également
en Blu-Ray, soit en haute définition. Il fallait donc que le son
le mérite, tant que l'image. Pour le son, pas de risques inutiles
: Knopfler a fait appel à Chuck Ainlay, l'ingé son de ses
SACD solo ainsi que de l'exceptionnel Brothers in Arms. Ne vous attendez
pas à un tel niveau : l'utilisation des surrounds n'est là
que pour la réverb énorme (un peu trop d'ailleurs), le public
superchaud (qui piaille sans cesse) et les claviers, ce qui renforce la
théâtralité de la performance. Un son qui reste fidèle
à l'original, tracas techniques inclus, et qui a été
un minimum nettoyé pusqu'on peut même entendre les interventions
de Mark, autrefois ensevelies. Mais un Blu-Ray, c'est aussi de l'image.
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Soyons
francs : Alchemy n'a jamais été beau. Tourné sur pellicule
35mm, dans une salle sombre, sa qualité d'image a toujours plus ou
moins ressemblé au live de Springsteen tourné dans les mêmes
conditions mais 10 ans plus tôt. Restauration et remaster en haute-définition
ne suffiront pas à sauver l'ensemble : Alchemy est laid. Les couleurs
bavent beaucoup et sont affreuses, les jets de lumière aveuglent,
le grain est omniprésent mais jamais volontaire
la totale.
Qu'apporte la HD à ce film ? Le grain est plus prononcé, mais
aussi plus fin, donnant un peu plus de vie et un cachet plus cinéma,
tout en restant relativement affreux. Passer au Blu-Ray n'apporte donc pas
grand-chose, et s'il n'y avait pas une piste en DTS HD, le DVD suffirait
amplement. Mais il y a bien pire. Alchemy n'est pas que laid. Il est et
reste également d'un inintéret visuel parfois hors du commun.
Trois genres de plans composent ce concert : les gros plans sur les doigts
de Knopfler, de loin les plus intéressants ; ceux du reste du groupe,
qui permettent d'admirer la dextérité du génial Alan
Clark mais aussi le bourrinage de Williams et la relative transparence des
autres ; et les plans d'ambiance, qui eux ne font rien ressortir, à
part des crachats de lumière baveux ou des jeux de couleurs qui,
déjà à l'époque, donnaient dans le bling-bling
que Knopfler abhorre. Le tout manque de vie, de caractère, et le
concert ne ressort pas grandi de l'ajout d'image, ce bien que le groupe
donne de sa personne et montre une réelle implication. On sait ce
qu'il en est advenu lors des tournées suivantes : regardez bien Mark
sourire, c'est la dernière fois avant très longtemps... |
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Le
disque ressortant en remaster CD, certains pourraient se dire que finalement,
Alchemy ne mérite pas un achat en DVD, et encore moins en BD, malgré
nos supplications incessantes. Ce serait une grave erreur. Universal a
choyé cette sortie et, ne pouvant faire aucun miracle côté
image, en a fait pour les bonus. D'abord deux titres tirés du Old
Grey Whistle Test, et notamment un très beau et très personnel
Tunnel of Love, avec l'image hyper-rare de Knopfler aux claviers. Mais
surtout, un documentaire d'une heure tourné en 1980 et qui est,
je pèse mes mots, totalement indipsensable à tout fan de
Dire Staits (NDKaworu : Et les fautes
de frappe, tu les pèses aussi ?). Il mélange
des extraits de live d'époque, ce qui permet d'apprécier
pour la première fois en vidéo Pick Withers (batteur immense)
et surtout David Knopfler. Entre autres choses, vous aurez un rare Where
Do You Think... enflammé et, plus rare encore, Les Boys - et en
entier s'il vous plait. Mais il les mélange à quoi, se dit
le brave lecteur qui maudit le crétinisme patenté (pas tentant
non plus) du rédacteur ?
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A
un making-of de l'album Making Movies... juste avant l'éviction
de David. D'où gêne palpable, aveux à demi-mots, et
séances d'enregistrement totalement inédites avec une version
de travail de Twisting by the Pool jamais entendue, une ébauche
de Skateaway qui n'a rien de commun avec le produit final, des riffs inédits,
des mises en place, des boeufs, sans compter le fait qu'une fois de plus
la France réussisse à passer pour une conne en matière
de musique (merci Europe 1)... Le tout sous-titré en français
et anglais, et... intéressant ? Non : bien plus, c'est une mine
d'or qu'Universal a exhumé ici. Alchemy était un de nos
plus grands regrets ; on savait déjà que sa sortie ne serait
pas suivie d'un miracle, et on avait tort. C'est juste que le miracle
a cassé un carreau pour rentrer. Alchimie de l'image et du son
? Pas vraiment. Et pour notre première chronique de Blu-Ray, c'est
justement bien d'avoir débuté par un contre-exemple. Mais
que vous le vouliez ou non, Alchemy est indispensable dans toute discothèque
que ce soit ; alors si vous ne l'avez pas encore, offrez-le vous en DTS
HD. Ca vaut le coup, parfois, d'attendre 25 ans.
03-06-2010
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