Belle image, XXL qui défourraille, magnifique instrumental, encore beaucoup de travail abattu

Note globale


Concert au rythme bizarre qui détruit un peu le mythe que l'artiste avait bâti

Editeur : Universal
Durée totale : 3 h 52

(5.1 & 2.0)

Image   MPEG4 / 1080i

Très beau packaging avec livret photos
Les costumes (11 min 1080i)
Le fitness (4 min 1080i)
Lumières (10 min 1080i)
Mise en scène (14 min 1080i)
Chorégraphies (24 min 1080i)
Sonorisation et arrangements (19 min 1080i)
Backstage (12 min 1080i)

Blancs brûlés, public parfois presque flou et montage un peu trop dynamique sont les points négatifs d'une image par ailleurs très bonne et méritant bien le HD. Ca claque et c'est très propre. Bon point : on voit très bien ses magnifiques cuisses qui deviennent de plus en plus son fonds de commerce principal sur scène.
Hm, c'est toujours difficile de noter un Mylène Farmer car le 5.1 n'est jamais qu'un 3.0. Un concert en stade aussi car la définition du public est forcément biaisée. Donc le son n'est pas parfait, mais il n'y a pas de quoi rougir non plus, seul vrai défaut, le côté hard rock a été semble-t-il raboté.
Trop de titres déjà entendus mille fois, des nouvelles chansons qui pasent bien une fois sur deux, et un agencement de setist catastrophique. Heureusement, il y a une bonne ambiance, et quelques titres aux versions toujours plus rentre-dedans.
Beaucoup de modules, des choses intéressantes, presque tous les aspects du concert mis en valeur, mais curieusement rien de génial non plus, des bonus plus informels que véritablement passionnants.

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S i le mieux est l'ennemi du bien, le gigantisme peut être le tueur du grand spectacle. A force de voir trop grand, et dieu sait qu'en ce début de siècle ça devient une habitude, on oublie qu'aucune grandiloquence n'a de sens si elle n'est pas accompagnée d'échelles humaines. Mais il en est ainsi, dans tous les domaines, on ne cherche plus qu'à aller plus vite, plus loin, plus fort, à "améliorer" encore et encore, "parce que c'est la mondialisation qui veut ça", sans se préoccuper une seule seconde de construire d'abord une base solide. Alors on fuit en avant, comme des zombies sous acides, à essayer de faire plus de productivité, de bénéfices, de je-ne-sais-quoi, en espérant simplement que "ça" tiendra encore. Triste constat des réalités. Plus le temps de souffler, plus le temps de se poser la question de notre identité, de nos identités, et un beau jour bam ! on propose à Mylène Farmer de passer à la vitesse supérieure et de faire le Stade de France. Parce qu'elle a toujours beaucoup vendu et qu'elle vendra ainsi encore plus. Sans se demander, non pas si Mylène peut faire un concert en stade, mais si elle le doit. Vendre des billets, tout le monde peut le faire ; mais restituer l'ambiance d'un concert de Mylène, c'est mi-coton.
Car là où malgré sa passion pour le spectacle très haut de gamme, Farmer proposait toujours ses fééries en salle, nous avons ici affaire à du plein air, avec 4 fois plus de spectateurs qu'auparavant. Pas folle, Mylène sait qu'elle ne peut pas se permettre de faire du Simon & Garfunkel dans des conditions pareilles. Donc, on se retape la cohorte habituelle : rétroprojections (fantastiquement calées, et parfois très belles comme sur Libertine), danseurs et danseuses, décors gotho-macabres, lasers, costumes (dont le premier d'un mauvais goût totalement abominable) et bien sûr un groupe qui déchire tout. Groupe bien différent du Farmer Band habituel, à part la présence du toujours excellent Yvan Cassar. Mais groupe qui déchire tout quand même, autant dans le rock que dans les passages, nombreux, bien plus qu'avant, empruntant à la techno. D'ailleurs la déchirure sus-citée ne tarde pas à faire son effet, sur le premier titre qui fait très Indochine, calibré pour faire hurler un public qui pour une fois a raison d'être trépignant. Un bon début. Puis de bonnes suites. De bonnes idées, de bonnes chansons, de bonnes versions (XXL n'a peut-être jamais été aussi percutante). Très bien, vraiment. Peut-être trop.
Car à force de vouloir trop bien faire, l'on ne remarque plus que les craquelures dans le crépi. Avant tout, malgré quelques effets spectaculaires (les statues), et une grande débauche de lasers et écrans, il est curieux de constater qu'il y ait si peu de... spectacle ! En salles, Farmer avait l'habitude de plus utiliser l'espace. Ensuite, il y a sa voix. Un concert de Mylène n'en est pas un si elle n'a pas son quart-d'heure d'aphonie, or sur ce Blu-Ray elle est en voix ; vraiment très en voix. C'en est presque louche. On avait l'habitude d'écouter Kevin Moore, on se retrouve avec Sharon Den Adel ! Elle se fait soigner par les médecins du Calcio ? Du coup sa prestation est trop parfaite, ça peut paraître curieux mais cela retire un peu de l'humanisme de ses autres DVD, au profit d'un spectacle certes très efficace, mais un peu mécanique. La set-list elle aussi ne va pas piocher aussi loin que d'habitude, et en prime pour la première fois de sa carrière la version DVD est différente de la version CD. Ce qui est particulièrement décevant quand on sait qu'on aurait pu échanger un Fuck 'em all devenu poussif par une magnifique version de Si j'avais au moins... avec un solo enfin digne de ce nom. Autre défaut, et non des moindres, les chansons inutilement rallongées avec refrains répétés jusqu'à la lie. Une fois c'est un passage obligé ; quatre ou cinq fois c'est de l'auto-onanisme.
Mais tous ces problèmes auraient été effacés par l'excellence des musiciens, une chanteuse jolie et très exubérante, un public assez sympa, de beaux décors et tout le reste si l'essence même de ce spectacle n'avait pas osé un sacrilège : mettre à mal la richesse de l'univers Farmer. Tous ses bons sentiments n'y pourront rien, la conception du concert rend ce dernier bancal, loin des larmes sucrées-salées que l'artiste aimait tant distiller. Vous avez donc un premier tiers rock et techno optimiste, sans beaucoup d'émotion, puis un second tiers acoustique qui plombe complètement le tout, où chanson triste sur chanson triste se donnent le mot pour arracher les larmes tant à la chanteuse qu'à son public, de force, quitte à faire des dégâts. Comme Rêver qui, même si elle reste une des plus belles chansons du monde, fait office d'affreux ventre mou. Même les pleurs de la diva sonnent curieusement, trop attendus qu'ils sont. A la rigueur on sera bien plus touchés par le menton tremblant d'Yvan Cassar sur Ainsi soit-je. Cette baisse de régime arrive même à limiter la première sortie de scène qui est pourtant un des plus grands moments de la carrière de MF (...et Cassar y est pour quelque chose !)
Cette dualité chansons sex / chansons tristes bien ancrée dans le Stade de France est sans conteste la raison principale pour laquelle le spectacle se laisse regarder sans émerveiller comme on pouvait s'y attendre. Du reste, la troisième partie ressemble énormément à la première dans son uniformité, la qualité en moins (on se serait volontiers passé de Dégénération). Pour finir sur Désenchantée qui, transposée et technoïsée, est désenchantante. Et l'on peut comprendre facilement pourquoi un tel choix d'agencement : maitriser la "vibe" collective de 80.000 personnes est autrement plus difficile que 16.000, les changements d'humeur ont donc été réduits à leur plus simple expression. Le spectacle est trop formaté, trop attendu, et si on ne peut mettre en doute les qualités de tous les participants, on ne peut que regretter le temps d'un Mylénium Tour autrement plus vivant, pas que dans sa mise en scène mais aussi dans son existence même.
Ce Blu-Ray était attendu au tournant pour une autre raison : la technique. En effet, Farmer avait déjà sorti un premier Blu (ou plutôt sa maison de disques s'est permise de le faire) : un Avant que l'Ombre Live dont la réputation est purement catastrophique. Les fans de la gothique dépressive préférée des Français seront rassurés : bien qu'encore perfectible, l'image de ce disque regorge de beaux moments et le passage en haute-définition est globalement réussi. Stade oblige (encore), la réalisation a cette fois pris un coup de sang, ce qui est plutôt raccord avec les versions djeunizées de quelques standards. Nivellement par le bas, quoi. Et un mauvais point pour n'avoir jamais filmé Jeff Berger (à une pauvre exception près). Pour le son en revanche, ce n'est pas encore aujourd'hui que les fantasmes de la jolie rouquine bénéfiçieront de l'apport HD. Un son très correct, pêchu, mais qui semble toujours sur la défensive. Stade oblige, le coup de la défensive ?

Enfin, on ne pourra pas paser sous silence les bonus, nombreux, pas mauvais, mais qui n'arrivent pas à captiver. Trop lisses eux aussi ? En tous cas pas assez mordants. Même Yvan Cassar, bien qu'intéressant, ne délivre pas le discours qu'on peut attendre d'un garçon d'un tel talent. Cette succession de cadors dans leur domaine se donnant le mot pour louer la gloire d'une génie dont, je rappelle, le boulot sur scène est uniquement de chanter et faire quelques pas de danse, donne une impression de spectacle TF1 bien propret, une émission de Noël format géant, plus qu'un spectacle-communion. Bonus qui auraient pû être pires mais ne soulèvent pas l'enthousiasme, à l'image du prix de ce Blu-Ray, pas scandaleux, mais pas très sympathique non plus. Tout ça dans un boitier classe, avec une belle présentation (ah ça, les menus sont plus en 5.1 que le concert ! les bonus aussi d'ailleurs), mais renfermant non pas du vide, ce serait gratuit et faux de l'affirmer, mais plutôt une version alternative et dégradée de la Mylène Farmer que l'on aime. Heureusement qu'elle n'a pas joué A quoi je sers ?, car sinon cet article aurait été beaucoup plus court : "ben voilà, elle a tout résumé". Un Blu-Ray mitigé donc, pas entièrement raté, loin de là, mais qui pose une question cruciale et assez embarrassante : ...et maintenant ?


17-01-2011

11 & 12 septembre 2009 - Stade de France (Saint-Denis, France)


01. D'entre les morts
02. Paradis inanimé
03. L'âme-stram-gram
04. Je m'ennuie
05. Appelle mon numéro
06. XXL
07. California
08. Pourvu qu'elles soient douces
09. Point de suture
10. Nous souviendrons-nous
11. Rêver
12. Laisse le vent emporter tout
13. Ainsi soit-je...
14. Libertine
15. Sans contrefaçon
16. L'instant X
17. Fuck them all
18. Dégénération
19. C'est dans l'air
20. Désenchantée


Mylène Farmer - Chant   
   Yvan Cassar, Jean-François Berger - Claviers
Greg Suran, Dave Levita - Guitare   
   Paul Bushnell - Basse
Charlie Paxson - Batterie   
   Nicolas Montazaud - Percussions
Estha Divine, Johanna Manchec, Aline Bosuma, Alexia Waku - Choeurs