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Blancs
brûlés, public parfois presque flou et montage un peu trop
dynamique sont les points négatifs d'une image par ailleurs très
bonne et méritant bien le HD. Ca claque et c'est très propre.
Bon point : on voit très bien ses magnifiques cuisses qui deviennent
de plus en plus son fonds de commerce principal sur scène. |
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Hm,
c'est toujours difficile de noter un Mylène Farmer car le 5.1 n'est
jamais qu'un 3.0. Un concert en stade aussi car la définition du
public est forcément biaisée. Donc le son n'est pas parfait,
mais il n'y a pas de quoi rougir non plus, seul vrai défaut, le côté
hard rock a été semble-t-il raboté. |
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Trop
de titres déjà entendus mille fois, des nouvelles chansons
qui pasent bien une fois sur deux, et un agencement de setist catastrophique.
Heureusement, il y a une bonne ambiance, et quelques titres aux versions
toujours plus rentre-dedans. |
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Beaucoup
de modules, des choses intéressantes, presque tous les aspects du
concert mis en valeur, mais curieusement rien de génial non plus,
des bonus plus informels que véritablement passionnants. |
S
i le mieux est l'ennemi du bien, le gigantisme peut être le tueur
du grand spectacle. A force de voir trop grand, et dieu sait qu'en ce début
de siècle ça devient une habitude, on oublie qu'aucune grandiloquence
n'a de sens si elle n'est pas accompagnée d'échelles humaines.
Mais il en est ainsi, dans tous les domaines, on ne cherche plus qu'à
aller plus vite, plus loin, plus fort, à "améliorer"
encore et encore, "parce que c'est la mondialisation qui veut ça",
sans se préoccuper une seule seconde de construire d'abord une base
solide. Alors on fuit en avant, comme des zombies sous acides, à
essayer de faire plus de productivité, de bénéfices,
de je-ne-sais-quoi, en espérant simplement que "ça"
tiendra encore. Triste constat des réalités. Plus le temps
de souffler, plus le temps de se poser la question de notre identité,
de nos identités, et un beau jour bam ! on propose à
Mylène Farmer de passer à la vitesse supérieure et
de faire le Stade de France. Parce qu'elle a toujours beaucoup vendu et
qu'elle vendra ainsi encore plus. Sans se demander, non pas si Mylène
peut faire un concert en stade, mais si elle le doit. Vendre
des billets, tout le monde peut le faire ; mais restituer l'ambiance d'un
concert de Mylène, c'est mi-coton. |
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Car
là où malgré sa passion pour le spectacle très
haut de gamme, Farmer proposait toujours ses fééries en
salle, nous avons ici affaire à du plein air, avec 4 fois plus
de spectateurs qu'auparavant. Pas folle, Mylène sait qu'elle ne
peut pas se permettre de faire du Simon & Garfunkel dans des conditions
pareilles. Donc, on se retape la cohorte habituelle : rétroprojections
(fantastiquement calées, et parfois très belles comme sur
Libertine), danseurs et danseuses, décors gotho-macabres,
lasers, costumes (dont le premier d'un mauvais goût totalement abominable)
et bien sûr un groupe qui déchire tout. Groupe bien différent
du Farmer Band habituel, à part la présence du toujours
excellent Yvan Cassar. Mais groupe qui déchire tout quand même,
autant dans le rock que dans les passages, nombreux, bien plus qu'avant,
empruntant à la techno. D'ailleurs la déchirure sus-citée
ne tarde pas à faire son effet, sur le premier titre qui fait très
Indochine, calibré pour faire hurler un public qui pour une fois
a raison d'être trépignant. Un bon début. Puis de
bonnes suites. De bonnes idées, de bonnes chansons, de bonnes versions
(XXL n'a peut-être jamais été aussi percutante).
Très bien, vraiment. Peut-être trop.
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Car
à force de vouloir trop bien faire, l'on ne remarque plus que les
craquelures dans le crépi. Avant tout, malgré quelques effets
spectaculaires (les statues), et une grande débauche de lasers et
écrans, il est curieux de constater qu'il y ait si peu de... spectacle
! En salles, Farmer avait l'habitude de plus utiliser l'espace. Ensuite,
il y a sa voix. Un concert de Mylène n'en est pas un si elle n'a
pas son quart-d'heure d'aphonie, or sur ce Blu-Ray elle est en voix ; vraiment
très en voix. C'en est presque louche. On avait l'habitude
d'écouter Kevin Moore, on se retrouve avec Sharon Den Adel ! Elle
se fait soigner par les médecins du Calcio ? Du coup sa prestation
est trop parfaite, ça peut paraître curieux mais cela retire
un peu de l'humanisme de ses autres DVD, au profit d'un spectacle certes
très efficace, mais un peu mécanique. La set-list elle aussi
ne va pas piocher aussi loin que d'habitude, et en prime pour la première
fois de sa carrière la version DVD est différente de la version
CD. Ce qui est particulièrement décevant quand on sait qu'on
aurait pu échanger un Fuck 'em all devenu poussif par une
magnifique version de Si j'avais au moins... avec un solo enfin digne
de ce nom. Autre défaut, et non des moindres, les chansons inutilement
rallongées avec refrains répétés jusqu'à
la lie. Une fois c'est un passage obligé ; quatre ou cinq fois c'est
de l'auto-onanisme. |
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Mais
tous ces problèmes auraient été effacés par
l'excellence des musiciens, une chanteuse jolie et très exubérante,
un public assez sympa, de beaux décors et tout le reste si l'essence
même de ce spectacle n'avait pas osé un sacrilège
: mettre à mal la richesse de l'univers Farmer. Tous ses bons sentiments
n'y pourront rien, la conception du concert rend ce dernier bancal, loin
des larmes sucrées-salées que l'artiste aimait tant distiller.
Vous avez donc un premier tiers rock et techno optimiste, sans beaucoup
d'émotion, puis un second tiers acoustique qui plombe complètement
le tout, où chanson triste sur chanson triste se donnent le mot
pour arracher les larmes tant à la chanteuse qu'à son public,
de force, quitte à faire des dégâts. Comme Rêver
qui, même si elle reste une des plus belles chansons du monde, fait
office d'affreux ventre mou. Même les pleurs de la diva sonnent
curieusement, trop attendus qu'ils sont. A la rigueur on sera bien plus
touchés par le menton tremblant d'Yvan Cassar sur Ainsi soit-je.
Cette baisse de régime arrive même à limiter la première
sortie de scène qui est pourtant un des plus grands moments de
la carrière de MF (...et Cassar y est pour quelque chose !)
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Cette
dualité chansons sex / chansons tristes bien ancrée dans le
Stade de France est sans conteste la raison principale pour laquelle le
spectacle se laisse regarder sans émerveiller comme on pouvait s'y
attendre. Du reste, la troisième partie ressemble énormément
à la première dans son uniformité, la qualité
en moins (on se serait volontiers passé de Dégénération).
Pour finir sur Désenchantée qui, transposée
et technoïsée, est désenchantante. Et l'on peut comprendre
facilement pourquoi un tel choix d'agencement : maitriser la "vibe"
collective de 80.000 personnes est autrement plus difficile que 16.000,
les changements d'humeur ont donc été réduits à
leur plus simple expression. Le spectacle est trop formaté, trop
attendu, et si on ne peut mettre en doute les qualités de tous les
participants, on ne peut que regretter le temps d'un Mylénium
Tour autrement plus vivant, pas que dans sa mise en scène mais
aussi dans son existence même. |
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Ce
Blu-Ray était attendu au tournant pour une autre raison : la technique.
En effet, Farmer avait déjà sorti un premier Blu (ou plutôt
sa maison de disques s'est permise de le faire) : un Avant que l'Ombre
Live dont la réputation est purement catastrophique. Les fans
de la gothique dépressive préférée des Français
seront rassurés : bien qu'encore perfectible, l'image de ce disque
regorge de beaux moments et le passage en haute-définition est
globalement réussi. Stade oblige (encore), la réalisation
a cette fois pris un coup de sang, ce qui est plutôt raccord avec
les versions djeunizées de quelques standards. Nivellement par
le bas, quoi. Et un mauvais point pour n'avoir jamais filmé
Jeff Berger (à une pauvre exception près). Pour le son en
revanche, ce n'est pas encore aujourd'hui que les fantasmes de la jolie
rouquine bénéfiçieront de l'apport HD. Un son très
correct, pêchu, mais qui semble toujours sur la défensive.
Stade oblige, le coup de la défensive ?
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Enfin,
on ne pourra pas paser sous silence les bonus, nombreux, pas mauvais,
mais qui n'arrivent pas à captiver. Trop lisses eux aussi ? En
tous cas pas assez mordants. Même Yvan Cassar, bien qu'intéressant,
ne délivre pas le discours qu'on peut attendre d'un garçon
d'un tel talent. Cette succession de cadors dans leur domaine se donnant
le mot pour louer la gloire d'une génie dont, je rappelle, le boulot
sur scène est uniquement de chanter et faire quelques pas de danse,
donne une impression de spectacle TF1 bien propret, une émission
de Noël format géant, plus qu'un spectacle-communion. Bonus
qui auraient pû être pires mais ne soulèvent pas l'enthousiasme,
à l'image du prix de ce Blu-Ray, pas scandaleux, mais pas très
sympathique non plus. Tout ça dans un boitier classe, avec une
belle présentation (ah ça, les menus sont plus en 5.1 que
le concert ! les bonus aussi d'ailleurs), mais renfermant non pas du vide,
ce serait gratuit et faux de l'affirmer, mais plutôt une version
alternative et dégradée de la Mylène Farmer que l'on
aime. Heureusement qu'elle n'a pas joué A quoi je sers ?,
car sinon cet article aurait été beaucoup plus court : "ben
voilà, elle a tout résumé". Un Blu-Ray mitigé
donc, pas entièrement raté, loin de là, mais qui
pose une question cruciale et assez embarrassante : ...et maintenant
?
17-01-2011
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