Des instrumentaux fabuleux, belle revisite de Gershwin, maîtrise technique hors du commun

Note globale


Manque de chaleur humaine, image inconsistante et Blu-Ray très en-dessous des attentes, coffret un peu gavé aux hormones

Editeur : Lazy Tormato Entertainment
Durée totale : 5 h 09
(mais je compte pas l'audio qui vaut son pesant d'or)

(5.1) - (2.0)

Image   MPEG4 / 1080i

Alors attention, parce que faut suivre :
Livret marrant
4 CD lives de New-York et de L.A.
2 DVDs de New-York et de L.A.
1 Blu-Ray de L.A.
1 CD d'improvisations live de toute la tournée
1 CD live à Chicago : "When the Keyboard Breaks" (oui, le même que celui mis en vente à part trois mois plus tôt)
...et "Goodbye Blue Beard" (4 min, attention certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes téléspectateurs)

Le live à NY n'est pas si mauvais pour un bootleg, même officiel. Oh il y a beaucoup de petits problèmes, mais bon... Le live à LA en revanche n'est pas beaucoup mieux. La définition et les couleurs augmentent drastiquement avec le Blu-Ray mais rien n'améliorera une réalisation d'une platitude effarante.
Les deux stéréo sont assez différentes, surtout au casque où elles sont très complémentaires. Aucune des deux n'est "parfaite" mais les instruments sonnent bien, et avec panache. Le 5.1, lui, ne méritait absolument pas un passage au Blu-Ray. Oh que non.
Il faut avouer que la succession de grands titres est fantastique. Les impros cassent un peu le rythme, et il y a à redire de ci de là, mais presque tous les meilleurs titres de LTE sont là, joués avec une précision d'orfèvre.
On passera outre le prix et oui, il y a beaucoup de bonus ; pas niveau DVD cependant puisqu'il manque une bonne interview comme on les aime. Les fans seront aux anges pour cette magnifique complétion de collection ; les autres trouveront les CD redondants.

Cliquez sur les captures d'écran pour un aperçu du Blu-Ray en taille réelle

L e marketing est paraît-il une science ; c'est bien possible mais dans toute science il y a des cobayes, et ce n'est jamais très agréable de se réveiller un matin avec la sensation de tourner dans une cage en se grattant le museau. Et comment aide-t-on les cobayes à collaborer ? En les gavant. Malin comme un singe, Mike Portnoy l'a bien compris. Et en a profité pour carrément se lâcher sur la bête, lorsqu'il s'occupa de la sortie de LTE en live. Stooooop ! C'est bien une science, on n'a rien capté. Qu'est-ce que LTE ? Pour ceux qui l'ignoreraient, LTE (ou Liquid Tension... Experiment, j'vous l'avais dit) est la réunion de quatre musiciens d'exception : Mike Portnoy à la batterie, John Petrucci à la guitare, Tony Levin à la basse et Jordan Rudess aux claviers. Soit les 3/5ème de Dream Theater, et ce avant que Rudess ne rejoigne le groupe de ses deux compères. Le principe du groupe est simple : des instrumentaux époustouflants de virtuosité, aux frontières du jazz fusion, avec des cascades de notes jusqu'à l'asphyxie, mais toujours avec un sens incroyable de la mélodie. Groupe éphémère, n'ayant pas donné de concert à l'époque, et qui dix ans plus tard se retrouve sur la même scène le temps d'un gig destiné à combler les fans. Ah oui, et à sortir un DVD. C'est là que l'expérience commence, et que le bec bunsen commence à vous chauffer la raie. Du crâne, voyous.
Deux concerts forment le noyau du coffret : l'un à Los Angeles, l'autre à New York. Après tout pourquoi pas ? Et le concert de L.A. fut tourné en haute définition pour en sortir un Blu-Ray. Autre proposition valide, sensée. Naturellement, les choses n'allaient pas se passer aussi facilement. Le Blu-Ray de Los Angeles ne serait disponible que dans un coffret limité, celui-là même que dont au sujet duquel que. Attention, plus vicieux : le concert a été mixé en 5.1, mais ledit 5.1 ne serait disponible que dans le Blu-Ray - il n'y avait certainement plus la place dans le DVD, c'est ça ? Là où le marketing fait fort, c'est que je n'ai encore jamais vu la queue d'une édition non limitée. Ajoutons le prix salé de 80 euros et des bananes, et l'expérience a réussi : les souris de laboratoire se sont transformées en pigeons. Passons donc sur cette pratique douteuse pour nous concentrer sur l'essentiel : le contenu. Ou les contenus, puisque s'il y a deux concerts, ce n'est sûrement pas pour remplir inutilement un coffret onéreux. Hein ? Oui Sheldon : sarcasm.
La principale différence entre les deux concerts est le public, nous dit Maître Portnoy, le fromage dans le bec. Celui de L.A. était "plus studieux" tandis que N.Y. était "de folie, mais avec des moyens limités". On voit donc à quoi s'attendre, surtout que les setlists étant exactement identiques, seules les quelques improvisations et le rendu du public allaient faire la différence. Passons rapidement sur les musiciens en eux-mêmes : comme prévu, ils sont écoeurants de perfection, Portnoy a rarement été aussi en forme, Rudess déploie toute la grande artillerie. Leur mise en place est à 95% du temps parfaite, et la rendition par rapport aux versions studio extrêmement fidèle, nonobstant quelques extensions, et la sale manie qu'a Rudess de flanquer partout des queues de renard de synthés pouilleux. 95% ? Oui. Dans les deux concerts, il y a une chanson qui ne passe pas, c'est la si belle et si émouvante State of Grace (hommage au magnifique film de Phil Joanou ?), sur laquelle le pianiste et le guitariste sont incapables de se caler. Totalement incapables. Et non, ça ne "rajoute pas l'émotion pure du partage de deux âmes au travers des hésitations humaines", ça gêne plutot qu'autre chose de voir deux musiciens si fabuleux ne pas être foutus d'insuffler de la cohérence à une mélodie de niveau 1 an de piano. Heureusement qu'ils n'ont pas massacré Hourglass... Mais une chanson ratée (deux fois) ne fait pas un DVD.
Ce fâcheux incident mis à part, et passant également les jams qui dans les deux cas se traînent un peu en longueur bruitiste sans apporter les frissons tant espérés (les 4 jams de bonus sont assurément meilleures), on peut dire que les gigs se passent bien, et que les passages les plus atroces à jouer sont exécutés les doigts dans le nez. De ce côté, pas de craintes à avoir. C'est le petit plus, le facteur humain, qui manque à ce coffret. Si on débute (logiquement) par le concert de L.A., "plus pro", on se rend vite compte que l'ambiance est bizarre. Sur une scène affligeante de laideur, à 34 kilomètres les uns des autres, nos 4 Daltons ont du mal à communiquer, semblant complètement figés - rien à voir avec la concentration - avec mention spéciale à Rudess qui en tournant autour de son stand ne fait que renforcer le manque de spectacle. La faute à une musique austère ? Non, à des détails. Comme ce public très sage, minable même, et en prime tellement sous-mixé qu'on a l'impression qu'il disparait dès la première note jouée. Ou comme la réalisation du concert, d'une inimaginable platitude, les cadrages et le montage léthargiques, les gros plans ratés et forcés, avec au milieu de la scène un vide intersidéral.
Le concert de New-York n'a dans ces conditions aucun mal à faire mieux. Le public est enjoué, piailleur, plus metal il fat l'avouer, mais le fait que le groupe joue dans 4 m² y fait aussi beaucoup. Quel plaisir de voir Tony Levin sourire à Rudess les yeux dans les yeux, au lieu de chercher sur la scène si son portable capte bien la 3G. Sur ce concert, il reste un petit côté hermétique, peu de spectacle, et l'impression curieuse que le groupe fait parfaitement son travail mais sans en éprouver de plaisir - sans aucun doute le plus gênant dans cette affaire ; mais le gig est bien meilleur qu'à L.A, bien mieux filmé aussi (eh si), et on en vient à se poser la question fatale : pourquoi avoir sorti L.A. qui devient inutile ? Ah ouais, pour le 5.1 et le Blu-Ray. Mon portefeuille et moi-même avions oublié. Bazinga.

Parce qu'une fois le tout ingurgité, avec les deux CD bonus (dont un ahurissant où la marqué de synthés Roland se fait tailler un costard maousse, le clavier de Rudess ayant connu un bug qui tient du pur burlesque), on se rend compte que le coffret ne tient pas toutes ses promesses. Que vaut le Blu-Ray de L.A. (ça rime, si vous n'avez pas un accent Montpelliérain) ? Disons que le DVD est du niveau d'un bon bootleg, et que le Blu-Ray est de la qualité... d'un bon DVD. Ou d'un Blu-Ray de toute première génération. Le 5.1 ne spatialise qu'une petite réverb naturelle sans grand intérêt, et un public du niveau fusionnel d'un seau de pisse d'âne collé sous une fuite de gouttière. Et si un simple DVD avait dû sortir ? Le choix de L.A. aurait été fatal. Si on compte bien, sur neuf disques, trois seulement auraient suffi : live de New-York en vidéo, CD de la liaison Chicago / Kyoto, et CD de jams pour les puristes. Cela ne retire en rien les énormes qualités (prouesses musicales, respect absolu des excellentes mélodies) mais ce LTE , pour un premier Blu-Ray de la galaxie Dream Theater, n'a pas le niveau d'excellence auquel nos New-Yorkais nous avaient habitué. Une ressortie de Score en HD aurait une toute autre gueule. Knock knock knock Portnoy ? Knock knock knock Portnoy ? Knock knock Portnoy ?

, mage d'Etherahyil niveau 37
09-11-2010

27 juin 2008 - Downey Theatre (Downey, Californie, U.S.A)
23 juin 2008 - BB King's (New-York, U.S.A)


   Live in New York
01. Acid rain
02. Kindred spirits
03. Biaxident
04. Freedom of speech
05. Improv jam #1
06. Another dimension
07. State of grace
08. Universal mind
09. When the water breaks
10. Improv jam #2
11. Rhapsody in blue
12. Osmosis
13. Paradigm shift

   Live in Los Angeles
14. Acid rain
15. Kindred spirits
16. Biaxident
17. Freedom of speech
18. Improv jam #1
19. Another dimension
20. State of grace
21. Universal mind part 1
22. Keyboard solo (NDBaker : Oh man, fuck me with a spoon...)
23. Universal mind part 2
24. When the water breaks
25. Improv jam #2
26. Rhapsody in blue
27. Osmosis
28. Paradigm shift

29. NYC Improv Jam 1 - Bonus
30. NYC Improv Jam 2 - Bonus
31. LA Improv Jam 1 - Bonus
32. LA Improv Jam 2 - Bonus


John Petrucci - Guitare   
   Mike Portnoy - Batterie
Jordan Rudess - Claviers   
   Tony Levin - Basse, Chapman Stick