Les bonus sont simplement géniaux |
Note globale
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Zone 1 uniquement, pas de sous-titres, et image recadrée ce qui rend l'achat pour le film caduque |
Editeur
: Artisan
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Durée
totale : 2 h 07
(+ 5 heures de commentaires !) |
(UK) Image NTSC (recadré) |
Commentaire
audio de Tim Robbins seul (non st) |
Le film est recadré pour les télés 4/3 : rien que ça mérite moins que la moyenne. En prime ça manque un peu d'éclat et de définition, rien de catastrophique mais inférieur au zone 2. | ||
Pas de surprises, c'est exactement le même son que le Z2, avec les mêmes défauts. | ||
Toujours aussi génial. | ||
22 minutes de scènes coupées délicieuses et trois commentaires audio passionnants. Pas de sous-titres mais dans l'optique d'un zone 1 US, c'est moins grave. |
Une crétinerie peut en cacher une autre. Alors que nous avions regretté que le DVD de Bob Roberts, sorti un peu partout en Europe sauf en France, ne comporte aucun bonus, nous avons par la suite appris que le DVD américain en était truffé. Mais réservé au seul territoire amerloque. Ce qui est d'autant plus drôle que dans ce film, et particulièrement dans les bonus, ledit continent s'en prend plein la figure. Masochisme ? Ou volonté de ne pas écorner son image auprès de la vieille Europe ? En tous cas, cette politique (sic) de sortie est franchement stupide. Mais en tant que fan, impossible d'ignorer cette seconde version d'un des meilleurs films des années 90. Un film qui a été un peu boudé par le public en son temps, comme nous rappelle un Tim Robbins trop heureux que le DVD lui redonne, en 1999, un second souffle bien mérité. | |
Que
contient ce DVD signé Artisan ? (A noter que comme dans pas mal
de cas, ce n'est pas la maison-mère Paramount qui a sorti cette
édition spéciale, laissant à une boîte externe
le soin de confectionner les bonus... ce qui en dit long sur l'importance
qu'a le film au sein de la firme à la montagne). Eh bien ce DVD
contient des tas de choses que le zone 2 aurait dû contenir même
si c'était une édition simple, à savoir la bande-annonce
officielle, deux spots télé et une galerie de photos. Mais,
"speciale édition" oblige (les choses changent rarement
dans le monde merveilleux du deuveudeu), vous avez également des
bijoux que sont les scènes coupées et pas moins de TROIS
commentaires audio. Avouez qu'il y a de quoi regretter l'achat du Z2.
Attendez un peu cependant, les conclusions hâtives sont rarement
les meilleures.
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Avant tout, il faut préciser que ce DVD est donc en zone 1 uniquement, mais surtout qu'il n'a aucun sous-titre. Aucun. A part le système Close Caption qui ne marche pas sur les télés françaises, donc vous êtes bien avancés : ce disque est intégralement réservé aux personnes parlant anglais couramment. Son achat est INUTILE dans le cas contraire. Bien, imaginons maintenant que vous causiez angliche et penchons-nous sur le premier bonus : les scènes coupées. Vous en avez 22 minutes, dans l'ordre chronologique du film, et dans l'état "brut" (à savoir son en prise directe, et image entre mauvaise et carrément inutilisable). Et elles sont fantastiques ! Leurs coupes étaient réellement nécessaires pour donner au film fini le rythme génial (et essentiel) qui est le sien, mais les regarder à part permet d'approfondir certains personnages de façon exceptionnelle. | |
Par
exemple, on savait que les parents de Bob Roberts n'avaient pas tout à
fait le même caractère, mais on ignorait qu'ils étaient
divorcés : élément qui ne nuit pas à la cohésion
du film, mais qui apporte un élément essentiel au puzzle
qu'est le psyché de Roberts. La décontraction de Ray Wise
est encore plus poussée à l'extrême, ainsi que son
côté "censeur en amont" du droit à l'image
de Bob, mais la palme revient encore une fois à Alan Rickman :
il est über-parfait et la séquence "de la caméra",
qui ne dure pourtant que quelques secondes, est un summum d'humour tout
en glaçant le sang : ou comment cristalliser l'essence d'un personnage
ambivalent en un seul geste. Les fans ne seront pas déçus
par ces scènes toutes fascinantes et quasiment au même niveau
de perfection que leurs homologues non coupées.
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Le gros morceau maintenant : les commentaires audios. Le premier est signé par Tim Robbins, et il n'est pas daté, mais je le situe vers 1996/97. Le ton n'est pas toujours aisé, il laisse quelques gros blancs, mais nous apprend pas mal de choses sur la conception des plans-séquences (nombreux et impressionnants), sur le choix de montage (il cite comme référence Spinal Tap), et sur quelques vérités politiques brèves mais intenses. Il s'attarde particulièrement sur le clan républicain qui a pris son film avec d'énormes pincettes (des pinces de tourteau géant oui !), ainsi que sur Pat Buchanan qui, en créant la zizanie avec des points de vue légèrement racistes, leur a fait perdre les élections. Ca ne vous rappelle rien ? (On parlait de pinces plus haut... vous avez pensé à étendre votre linge ? ^^). Bref côté Robbins, un commentaire qui se laisse écouter, mais qui, soyons honnêtes, ne mériterait pas l'achat s'il avait été seul. | |
Le
second est déjà beaucoup plus enjoué et s'il possède
quelques doublons d'informations, il est d'un ton tout autre. Robbins
est visiblement fier de son film, heureux qu'il ressorte, et en profite
pour continuer son analyse politique en parlant notamment de l'affaire
Lewinski. Eh oui, ne pas oublier que si cette affaire a "choqué"
l'Amérique, le film de Robbins parlait déjà de scandale
sexuel, 4 ans avant ! Les choses ne changent jamais, dirait-on. Il est
"aidé" par des interventions de Gore Vidal qui, étant
légèrement moins impliqué dans le film, en donne
une interprétation plus féroce, plus sarcastique, lui qui
connait bien les arcanes du pouvoir et du journalisme politique. Il sort
notamment une phrase qui m'a personnellement pété de rire
: "La guerre du Golfe est le meilleur film de Ted Turner" !
Vlan, dans les dents. Il dissèque sur plus de cinq minutes le rôle
des médias dans ce conflit monté de toutes parts par des
barbouzes CIAesques, et ce qu'il laisse entendre n'est pas beau à
voir (sic). On est déjà surpris qu'un éditeur américain
ait pu laisser de tels propos en vente libre dans un film. C'est sans
compter sur le troisième et dernier commentaire, qui lui ne s'encombre
même plus de sous-entendus.
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Vous aimez le journalisme d'investigation ? Votre émission préférée, c'est plus "C dans l'air" que "Koh-Lanta" ? Et deux commentaires dont un politiquement incorrect ne vous ont pas rassasié ? Alors ouvrez grand vos oreilles : le dernier commentaire n'a rien à voir avec le film, mais s'attarde plus spécifiquement sur les "contragate", ce scandale prouvant que certaines administrations américaines n'hésitent pas à pactiser avec les trafiquants de drogue pour mettre en oeuvre des guerillas et faire travailler en sous-main les usines d'armement. Un scandale qui a mis plus de dix ans à éclater et sur lequel deux journalistes spécialisés reviennent chronologiquement, avec moults documents et analyses (des vraies, pas des nalyzes avec les noyaux qui piquent). Passionnant de bout en bout, coupé par les chansons du film histoire de souffler un peu, ce document audio fait à peu près 80 minutes et donc a le temps de bien s'attarder sur tous les protagonistes de cette affaire, de Gary Webb le journaliste sans peur et sans reproche, à un certain George Bush Sr. qui, en tant que backup de Ronald Reagan, s'était réservé une manipulation d'influences de derrière les fâgots à faire passer "JFK" pour "Les Bronzés 3". | |
On
en vient même à se demander ce qui se passerait si toutes
les entreprises terroristes, contre lesquelles la CIA est supposée
se battre, devenaient tout à coup pacifistes et stoppaient toute
activité meurtrière : le bordel que ça foutrait,
pour rester poli ! Imaginez : la plus grande organisation secrète
du monde totalement bloquée, incapable de survivre par elle-même,
et interdite de remonter à la surface pour cause de protection
du gouvernement ! Mais bon, là on navigue dans les eaux troubles
de l'utopie. Ne vous inquiétez pas, on ne risque pas de se noyer
: la fin du commentaire vous ramène sur la terre ferme à
grands coups de massue sur le crâne. Pour donner un parfait exemple
de connivence entre trafiquants, armée et CIA, les deux journalistes
prennent l'Afghanistan. Et de bien préciser que le nouveau pouvoir
en place, les Talibans, ne sont pas tout à fait le modèle
de démocratie que le gouvernement avait voulu vendre au public.
Précision importante : le commentaire date de 2000. Un an AVANT
que l'un des chefs de cette organisation, payé et formé
par la CIA, ne joue des sales tours. Les choses, décidément,
n'arrivent pas à changer.
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Maintenant, la question qui fâche : à qui s'adresse cette édition spéciale ? Aux anglophiles confirmés, c'est entendu. Mais quid de ceux qui n'ont pas encore acheté, voire VU ce film ? Eh bien je suis au regret de vous dire que cette édition ne leur suffira pas et qu'ils ont tout intérêt à commander les deux DVD simultanément. D'abord, il manque bien sûr la version française du film, excellente comme nous l'avions déjà vu, et comme il n'y a aucun sous-titre non plus, celà revient à vous réserver ce film pour vous tout seul, égoïstement, alors qu'il s'agit d'un des films qui méritent le plus d'être montrés à un large public d'amis et de famille. Mais en prime, l'image a été recadrée. Pas comme le zone 2 où quelques hauts de cheveux morflaient, non, là c'est pire : un vrai recadrage en 1.66 (?). Résultat : on gagne deux millimètres en haut et en bas, mais on perd cinq centimètres sur les côtés... et certains cadrages deviennent pitoyables. C'est une pratique encore courante aux States, et absolument scandaleuse, le verdict tombe donc sans appel et sans hésitation : ne comptez pas sur ce Z1 pour le voir dans des conditions acceptables. En prime l'image elle-même est un peu granuleuse et les couleurs paraissent déplacées pour un "documentaire". Cette chronique n'a donc de sens que si vous avez déjà, ou allez acheter le DVD européen. Réunissez les deux et vous avez un film génial dôté de bonus éblouissants : dommage que pour celà vous deviez dépenser deux fois le prix escompté. Mais si certains sont prêts à mourir pour la vérité, ça ne va quand même pas vous écorcher les pommettes de dépenser vingt dollars pour elle, si ? Des dollars américains, en plus. Souriez : vous êtes filmé.
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