Document très intéressant et rare, tous les tubes, chanteur drôlatique, arrangements en live inattendus |
Note globale |
Technique de 1981, faces B ou chansons sombres de 1981, chant amateur de 1981 |
Editeur
: Virgin / EMI
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Durée
totale : 1 h 02
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(PCM) |
Image PAL |
On a fait ce qu'on a pu. On a chû. Définition, couleurs, grain vidéo, tout ça est terriblement moyen, et le montage est très paresseux (cela dit, pût-il faire mieux ?) |
Livret
très intéressant même si un poil heavy on the flagornerie
Live au Drury Lane (52 min) Joan of Arc live à Top of the Pops (3 min) Clips de Souvenir et Maid of Orleands (7 min) |
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Une stéréo assez incroyable dans sa façon de toute rendre très propre. Mais un mixage du public discutable, un côté un peu trop lisse, et régulièrement l'enceinte droite qui n'assure plus l'interconnexion entre La Défense et Nanterre Préfecture. | |||
Très jolie sélection des trois premiers albums, tous leurs tubes de l'époque (...je serais méchant, je dirais : "et même depuis"). Une énergie bizarre mais très drôle. Deux clips sympathiques pour l'époque, un live TV déjà moins... |
"L'architecture, pourquoi pas, c'est construire quelque chose, mais où est la moralité là-dedans ? On a passé trois ans à promouvoir le punk, puis le disco, puis le heavy metal, et voilà que déboule en Angleterre des tas d'acnéiques filiformes Baranés qui prétendent faire de la zique en poussant des boutons. Mais où va-t-on ma pauvre dame ? Les synthés vont sceller la mort de la musique, c'est moi qui vous l'dit ! Et en prime, toutes ces merdes, là , ça nous vient des rosbiiiiiifs !!!" Voilà ce qu'on pouvait entendre à l'orée des années 80, et voilà surtout ce qu'on pourrait continuer de dire si l'on se base uniquement sur Architecture & Morality d'Orchestral Philippe Manuvre in the Dark (orchestral et Philippe Manuvre étant généralement antinomiques). A&M d'OMD : un album super-vendu pour un groupe super-connu. Trois millions, qu'ils en ont lâché. Enorme, mais on peut toujours faire mieux : pas fou, Virgin a donc ressorti le disque avec des bonus et, ce qui nous intéresse plus ici, la réédition de la VHS live au Drury Lane Theatre. Oui, un groupe de new wave live en 1981 : vous avez toutes les raisons d'avoir peur. |
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Car
OMD, plus encore que Depeche Mode première période, et beaucoup
plus que les Human League et consorts, c'est vraiment l'archétype
du groupe qui joue du synthé à deux doigts sur des rythmes
à la con. C'est même le groupe le plus parodié dans
le genre (Stellla en sait quelque chose), et si Les Inconnus avaient moqué
Partenaire Particulier, c'est à l'origine OMD, les coupables. Du
reste, si c'est pour beaucoup un défaut rhédibitoire, voire
l'occasion idéale de rétablir l'écartèlement
public, être aussi engoncé dans un style prouve qu'icelui
existe bien, et de nous rendre compte qu'il n'y en a plus beaucoup, des
formations qui écrivent des chansons happy et minimalistes avec
deux synthés tsoin-tsoin et un studio de 4 mètres carrés.
Des chansons parfois stupides, parfois laides, parfois qui méritent
de toute justesse l'appellation de "chanson", et sur Architecture...
vous avez tous ces cas de figure. On se demande même par moments
d'où ils viennent, les trois millions d'exemplaires, tant l'album
est mouaif centriste-fashion. Mais il reste une dernière catégorie
: ces chansons peuvent également être irrésistibles.
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Les riffs de synthé à la noix, parfois c'est kitsch à un tel point qu'on baisse le volume quand on les écoute dans le métro. Et OMD a parsemé son album de sons et de mélodies qui feraient honte de nos jours. Mais une chanson comme She's Leaving est bonne, et le restera, quoi qu'on fasse, de même que Souvenir est une très franche réussite (souvenir de quoi, hein ? Du bon sens près de chez vous !). Voilà qui explique un tel engouement à l'époque. On pourra même trouver un p'tit côté expérimental avec la très évocatrice Sealand, ou la bébête chanson-titre, mais entre les rares plages du genre et les horreurs syntheuses, ce sont bien les tubes que les autochtones de Drury Lane sont venus écouter. L'occasion pour nous de passer au DVD, et donc de voir le groupe en chair et (un peu plus) en os. | |
Baffe
! L'image aussi, elle date de 1981. Et le groupe itou (pas U2 !). Coupes
de cheveux, chemises, tout ça à la rigueur on s'en fout,
mais leur dégaine respire Isabelle a les Yeux Bleus à cent
lieues ! D'abord, OMD est un groupe hydrocéphale à la manière
de Tears For Fears en 85 : c'est Paul Humphreys qui sait chanter, mais
c'est Andy MacCluskey le chanteur. Va comprendre Charles ! Ensuite, visez
le tableau : Humphreys et ses deux acolytes synthétiques sont droits
comme des piquets, faisant effectivement copie carbone d'Andrew Fletcher
à l'époque, suant à grosses gouttes au moindre changement
de son. A côté Tangerine Dream c'est Steve Vai au cirque
Bouglione. Et devant la scène, vous avez MacCluskey, si exubérant
qu'on en a un peu honte pour lui (NDKaworu
: Un peu ?!?). Incessamment pris d'une frénétique
danse entre Saint-Guy et celle des canards (vivants), il se désarticule
comme un Pinocchio de la pop, et entre deux déhanchements de pelvis,
il martyrise sa basse (le seul groove vraiment difficile n'étant
pas joué par lui, eh eh) et fracasse les chansons à grands
coups de fausses notes franches et assumées. Il chante comme une
patate, et même pas honte le gars. Ca c'est les eighties, coco !
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Doit-on alors laisser ce disque pourrir dans les tréfonds de nos souvenirs adolescents ? Que nenni ! Il constitue un témoignage hors du commun de son époque. Bien que risible si vous êtes habitués à Jordan Rudess ou Jan Hammer, il est fascinant de voir les arrangements minimalistes, presque amateurs, prendre vie au détour de deux doigts mollement enfoncés sur des touches précaires. Il est outrageusement sympathique de voir Andy tenter de recréer The New Stone Age avec une guitare plus épaisse que lui (et moins fausse que sur l'album). Il est nostalgique, voire frustrant, de mater Humphreys jouer Souvenir sur clavier d'origine : on n'a qu'une envie après ce concert, c'est s'offrir quelques synthés virtuels et faire mumuse avec les sons. Comme ils ont fait, sauf qu'eux en étaient déjà à... leur troisième album. | |
La technique ne fera aucun miracle : si le CD a une autre pêche que votre vinyl original, réhaussé de bonus parfois meilleurs que les faces A, le DVD est un transfert bourrin de la VHS. Le son est dans une stéréo très propre, voire étonnante, mais la balance connaît quelques drops et surtout le public disparaît complètement pendant les chansons. L'image, outre une réalisation qui sent le budget d'acarien, est de la bonne vieille vidéo granuleuse, baveuse et j'en passe, avec tous les défauts possibles du support (Bienvenue chez la ch'touille), mais au moins c'est regardable. Rien de transcendant donc, même côté album ; par contre si vous vouliez savoir à quoi ressemblait la musique quelques mois, quelques semaines, quelques jours avant qu'elle ne devienne l'industrielle charognarde que l'on connaît, voici un document non trafiqué d'intérêt public. Cerise (payante) : contre toute attente, le duo MacCluskey/Humphreys allait remettre le couvert 25 ans plus tard, en rejouant l'intégrale de cet album devant un public qui n'a jamais connu le monde sans synthés. Le résultat ? Vous ferez comme tout l'monde, z'attendrez ! 25 ans pour la prochaine chronique, eeeeeeh ouais ! 25 ans à poireauter, à se demander si tout ça n'aurait pas méchamment vieilli. Regardez-vous dans le miroir : il y a 25 piges, c'était mieux ? Ou pire ? Allez, un indice, chez vous : quoi que vous ayiez fait, en tous cas ce n'était pas pareil.
PS : On vous a épargné les bonus, parce qu'à un moment, de charité le pèlerin neutralité se gausse bien. Non sans rire, un live bien d'époque mais surtout deux clips plutôt bons... mais on espère un DVD de clips pour bientôt. On croise les doigts. Pour un groupe qui a fondé son succès sur Jeanne d'Arc, ça devrait bien marcher, les croisades. |
4 décembre 1981 - Drury Lane Theater (Royaume-Uni) |
01.
Almost |
(...Pas sûr
de moi puisque NON CREDITES !)
Andy
McCluskey - Chant,
claviers, basse, guitare
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Paul Humphreys - Claviers, chant, choeurs |
Malcolm
Holmes - Batterie
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Martin Cooper - Claviers, basse, saxophone |