Album excellentissime, quelques parties du documentaire très sympas, son DTS tout à fait satisfaisant

Note globale


Clip pas à la hauteur, quelques passages du doc moins intéressants

Editeur : RoadRunner
Durée totale : 1 h 49

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Image        NTSC

Côté 5.1, des images fixes de bonne qualité et très évocatrices. Côté documentaire, pas mal de blancs brûlés mais globalement satisfaisant.
Album remixé en surround
Documentaire sur l'album (1.77 4/3, 38 min non st)
Clip uncut de The Grand Conjuration (5 min)
On peut difficilement faire mieux vu le type de musique : c'est bourrin quand il faut, et les claviers sont sur l'arrière. Les spatialisations sont trop peu nombreuses, et donc le 5.1 dans son ensemble peut décevoir, mais le son est très fidèle aux ambiances originales tout en rajoutant des basses qui poutrent.
L'album est fantastique, le documentaire inégal mais sympa, le clip limite inutile. Laissez le bon côté prendre le dessus.
Qu'elle semblait haute, la pente que devait regrimper Opeth après la double sortie de ses albums jumeaux, le noir Deliverance et le doux Damnation, sublimés dans un DVD live excellent et inattendu. Lessivé, le gang de Mickael Akerfeldt était à deux doigts de capituler. Une signature chez RoadRunner, une maison de disques disons "semi-major" qui n'a pas bonne réputation (on en a déjà parlé sur l'affaire Machine Head), des problèmes de santé récurrents chez le batteur Martin Lopez, autant dire que tout ça sentait mauvais. Et puis ils l'ont fait. Ils ont réussi à le pondre, ce huitième album, et quel sacré album. Plus jazz, plus gore, plus varié, plus étonnant, plus tout. Après quelques écoutes intenses, le couperet tombe (et c'est un avis que je partage volontiers avec mes collègues) : ce n'est même pas un album, mais pratiquement un best-of avant l'heure, une fusion entre la douceur de Damnation, le savoir-faire mélodique de Blackwater Park et les acquis épiques depuis Morningrise. Tout ce que Opeth sait faire de mieux, vous l'avez ici. Mickael n'a jamais aussi bien chanté, ses riffs sont assassins, Lopez délivre un chant du cygne toujours en finesse, la basse est volubile, la production énorme et renforcée par des claviers "vintage" signés Per Wiberg, et les chansons alternent entre rage et mélancolie comme si chiens et chats couchaient ensemble depuis toujours. Le riff principal du premier titre est tuant, laissant ensuite place à un refrain qui vous hantera longtemps ; quant au doux Hours of Wealth, il m'a carrément fait sursauter : putain, y'a Mark Knopfler dans le CD ! Pas mal comme influence. Mieux encore, sur les titres 3 et 4, vous trouvez deux riffs gais ! Oui, gais ! Enfin, disons plus entraînants et moins misérables que d'habitude. Ce n'est même pas l'influence de Steven Wilson puisqu'il ne fait plus partie de l'équipe : non non, y'a pas à tortiller du fion, Opeth sont des génies, point barre.
Mais RoadRunner ne sont pas stupides non plus. Pile poil après le temps de digestion du disque, voilà-t-y-pas qu'on nous annonce une ressortie en 5.1. Gling ! fait le tiroir caisse. Grrrrrrr font les fans (et Akerfeldt aussi, mais lui c'est son métier, de grogner). Une manière comme une autre d'en remettre un coup. Alors concrètement, que vaut cette rapide réédition ? Eh bien, elle est sympathique. Déjà, outre le digipack classieux, on se précipite sur le remix en DTS, sur lequel on pouvait légitimement émettre des doutes, le metal n'étant franchement pas le style se mariant le mieux au surround. Les craintes sont vites dissipées : si ce n'est pas le mix du siècle, et s'il n'a pas la furie viking du Megadeth, le Opeth en 5.1 se laisse fantastiquement bien écouter. Les guitares sont souvent en simple "double stéréo", créant un mur du son pratiquement pas virtuel (à très fort volume on pourrait presque taper dessus), mais laissant par moments une très belle place à l'arrière aux quelques effets, ainsi qu'aux claviers de Wiberg devenant encore plus importants et indispensables - par exemple ces quelques petites notes de piano sur le second titre deviennent encore plus menaçantes. En prime, le DTS possède une jolie chaleur, et le solo Knopflerien cité plus haut, par exemple, ne subit pas de compression horrible. Le 5.1 n'est pas en reste, résistant plutôt bien aux assauts soniques sans devenir le gloubiboulga qu'on aurait pu craindre. Ce n'est pas éblouissant, mais pouvait-on faire mieux ? Pas sûr. Et le gain par rapport à un passage en ProLogic ? Pas énorme. Mais assez pour acheter.

Opeth oblige, un making-of de l'album est également disponible. On avait tous en mémoire l'excellent reportage du DVD "Lamentations", ici c'est un peu du même acabit, mais un cran en-dessous. Déjà, vous n'avez toujours pas l'ombre d'un sous-titre, sauf quand nos Suédois retrouvent leur langue natale. Ensuite, Akferfeldt semble un peu mal à l'aise devant la caméra, lançant ses habituelles blagues parfois dignes d'un Baker bourré. Enfin, l'ambiance n'est pas au beau fixe puisque le génial mais malade batteur Martin Lopez est sur le point de quitter le navire (il sera remplacé par Martin Axenrot. Oui, c'est une tradition chez eux, les Martin). Côté humain, ce n'est donc pas extraordinaire. En revanche, si vous vous intéressez plus à la musique elle-même, vous aurez des fragments d'enregistrements où la fulgurante maîtrise instrumentale de nos chevelus est à en rester bouche bée (le riff ultra-rapide de Ghost of Perdition, le jeu jazz improbable de Lopez, les montées dans les aïgus de Mendez qui rappellent Pastorius, sans compter Peter Lindgren aussi taciturne pendant les sessions que sympathique et agréable à écouter en interview (et aidé par son chat !). De quoi vous persuader qu'Opeth n'est pas un groupe comme les autres. Enfin, vous aurez droit à la version "uncut" du clip de The Grand Conjuration, et ce n'est vraiment pas ce que vous trouverez de mieux sur support digital. Pour être franc, je n'y ai rien compris. Des serpents, du gothique, de la pouffe latexée, des flashs à la Fincher, du SM bon marché, un très léger de soupçon de lesbiannisme histoire de garder l'oeil du spectateur ouvert (le pire c'est que ça marche), ça ne donne pas un moment inoubliable. Mais que ça ne vous empêche pas d'acquérir ce bijou brut, surtout si vous ne l'avez pas déjà écouté : le charme va opérer plus vite que prévu, et ces rêveries fantômes, entre cauchemard et fantasme onirique, n'auront pas fini de hanter vos pensées.


07-01-2007