Opeth
- Still life
Album exceptionnel, soin apporté au packaging, détails ramenés à la vie avec le 5.1 |
Note globale
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Mixage multicanal assez éloigné de l'oeuvre originale, CD remasterisé de façon très discutable |
Editeur
: Peaceville
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Durée
totale : 1 h 11
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Image NTSC |
Des fonds d'écran reprenant les nouvelles illustrations du livret, c'est à dire d'une grande beauté. L'image du titre live est superbe mais mal compressée, mais on ne peut pas en tirer une généralité pour le live à venir. |
Album
complet en 5.1 (62 min)
Face of Melinda live (8 min, 16/9) |
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Le DTS fait la part belle à des guitares et voix spatialisées, mais souffre de défauts récurrents, surtout sur les premiers titres. Le pauvre Dolby 5.1 se prend des batteries de missiles dans la tête, et la stéréo souffre du même souci que le CD. Mais dans l'ensemble et vu l'âge du matériel, c'est un mixage très intéressant. | |||
Une magnifique plongée dans les ténèbres, une ambiance poisseuse, malsaine, parsemée de vrais moments de poésie. Un disque essentiel, mais très dur d'approche. | |||
Un livret magnifique. Et un extrait live qui intéressera fortement ceux qui aiment cet album mais ne souhaitent pas s'offrir dans quelques mois le live complet. Avouez que là, ça réduit le public à euh... trois personnes. Allez, cinq à cause de la baisse du pouvoir d'achat. |
Lentement, telle une brume diabolique, une étrange complainte mortuaire émerge du sol, drapée d'accords jazz complexes et s'accouplant contre nature. La mélopée est jouée et rejouée, sans cesse, hypnotique, gagnant en volume mais pas en puissance. Sa répétition, lassante à dessein, accentue son côté morbide, dérangeant. Puis vient un ensemble de guitares folk posant délicatement le thème principal, et c'est l'explosion, un riff de metal sanguinaire, tranchant, dont la répétition est balancée par la batterie changeant trois fois de rythme, sournoisement. Un break, et c'est le premier hurlement, doublé : un démon qui a cessé d'être intérieur, et un homme brisé. | |
Ce
n'est là que le début de The Moor, titre d'ouverture de
ce Still Life, le quatrième album des Suédois d'Opeth. Il
y a bien d'autres choses dans cette chanson de douze minutes, sûrement
l'une des cinquante plus belles jamais écrites. On y passe des
ténèbres aux aubes célestes, de la barbarie la plus
bestiale à la plus infinie délicatesse, de la rage du condamné
se sachant déjà mort au cocon anesthésiant que procure
la perte de l'être aimé, des rives d'un Styx bouillonnant
au carré de prairie où rien ne vient troubler le repos éternel
d'une unique tombe anonyme. Par la simple grâce de douze notes et
de quelques morceaux de bois amplifiés ou naturels, le groupe de
Mikael Akerfeldt se permet, avec une audace démesurée, de
mélanger le death metal le plus bruyant (grognements inclus) au
jazz acoustique, au folklore nordique et même aux comptines, conquérant
l'auditeur en le plongeant directement dans un magma d'émotions
privilégiant la rage, le désespoir, mais surtout le spleen.
La puissance de cette chanson a de quoi détruire une partie de
la vie de certains auditeurs (en ce qui me concerne il y a inscrit Sandrine
en lettres de feu sur chaque refrain), et si vous ne devez écouter
"du hard-rock" qu'une seule et unique fois dans toute votre
vie, allez-y franchement, plongez en bombardier la tête la première
dans ces 24 minutes. Deux fois douze. Car aucune oreille humaine ne peut
appréhender toute la magie de The Moor en une seule écoute.
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Devant un tel chef-d'oeuvre, on peut s'attendre à une suite moins florissante ; elle n'a pas à rougir puisqu'on trouve d'autres pépites, citons Godhead's Lament qui entre deux riffs super-metal dévoile un refrain qui tue, le délicat Face of Melinda à la première partie purement jazz old-school (on aimerait savoir ce qu'en aurait fait une Diana Krall ou Bessie Smith), ou encore le si poétique Benighted, archétype de la ballade folk capable de calmer un troupeau de bisons en chaleur. Seul White Cluster, dernier pilier de l'édifice, me semble moins percutant, mais j'ai toujours eu du mal avec les epics de clôture chez Opeth. Pour le reste, vous comprenez que Still Life est un immense disque, touché par la grâce. Il a d'ailleurs été le catapulteur du groupe, découvert ainsi par Steven Wilson qui deux ans plus tard les aiderait à franchir un palier décisif avec Blackwater Park. Moins connu, plus sombre et plus tortueux qu'icelui, Still Life méritait d'être redécouvert par toute une population, et quoi de mieux qu'en profiter pour le ressortir en 5.1 ? | |
C'est
donc Jens Bogren qui s'y est collé, lui déjà responsable
du 5.1 de Ghost Reveries (un mix controversé sur lequel nous allons
revenir). Et le bougre a fait un travail non sans talent... ni défauts.
Avant tout, précisons que le disque en tant qu'objet est tout à
fait somptueux : c'est un "hardbook" avec livret, reprenant
des liner notes très intéressantes, des photos inédites
(avec un Mikael glabre), et surtout des illustrations de Travis Smith
prolongeant son travail sur la pochette : magnifique. Le premier disque
est le CD. Normal me direz-vous, sauf qu'il s'agit d'un remaster, et c'est
le cur du problème. Un remaster comme les maisons de disques
les aiment en 2008 : tout pour ta gueule. Aucune nuance, de la saturation
partout, la batterie terriblement compressée, et au final un son
peu amène sur chaîne hi-fi, et à la limite du supportable
au casque (NDBaker : Pour l'anecdote,
mon-dit casque a pété pendant l'écoute).
Si vous avez le vinyl ou le CD original, ne vous en séparez pas.
Vient le DVD, comprenant le fameux remix en 5.1. La spatialisation, comme
on s'en doutait, est assez réussie. Les guitares et voix partent
d'un peu partout, la séparation des instruments est bien plus grande
que sur Ghost Reveries, qui était beaucoup plus compact, et a de
nombreuses reprises, on sent que c'est du vrai son surround bien détaillé,
comme on aime, malgré l'âge et le budget du disque, rendant
plus délicat le remixage en 5.1. Et on parle bien de remixage.
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C'est là le souci majeur que pose ce nouveau Still Life : non seulement le nouveau CD ne peut pas être considéré comme le "vrai" album, car trop bâclé, mais la version DVD ne peut l'être qu'encore moins ! Le surround ne fait pas que ramener à la vie des détails ; il le fait, de façon très (trop ?) spectaculaire - en particulier le "scrouich" des guitares acoustiques ici abominable, ou encore un solo très célèbre qui était joué sur deux guitares différentes sans qu'on le sache jusqu'à aujourd'hui. Mais surtout, ce fourmillement de détails dénature complètement le disque, et des passages complets ne ressemblent plus du tout à ce qu'on connaissait. Le son des guitares est complètement changé, des notes supplémentaires apparaissent, les fameux arpèges de guitare folk sont métamorphosés, leur tricotage est carrément inversé, et pire, la batterie et certaines voix ont un mixage bas et caverneux ne rendant pas justice au disque. | |
Seul Moonlapse Vertigo réunit un 5.1 puissant et un mixage proche de l'original, tandis que Face of Melinda change complètement mais en devient encore plus jazz. Bien des gens ont trouvé le mix de Ghost Reveries pas assez aventureux, mais lui proposait un surround ne trahissant pas le disque. Ici, c'est sûr que les fans connaissant par cur l'album vont être ravis de découvrir des trésors cachés, mais on n'a pas la réelle impression d'écouter Still Life, le vrai. Malgré la beauté de l'objet, on ne peut donc pas donner la note maximale à ce disque qui donne certes une nouvelle approche d'un grand classique, mais nécesssite l'achat complémentaire du produit brut. D'autant qu'il n'y a pas d'autre bonus. En fait, selon les critères de ce site, il y en a un mais qui ne compte pas : il s'agit d'un extrait du fameux live enregistré en 2006, devant sortir en 2007 et repoussé à septembre 2008. Deux ans d'écart, rien que ça. C'est donc une avant-première, de la pub quoi, et on ne devrait pas vous en parler. Sauf que l'image est très belle, le son impeccable, le groupe majestueux et le public volcanique. Le retard est d'autant plus inexplicable. M'enfin, avec le live, ce Still Life et le prochain Watershed, 2008 semble être l'année Opeth. Ca a beau être formellement interdit par le règlement de la SNCF, vous pouvez toujours prendre le train en marche.
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1999 - Suède |
01.
The moor |
Mikael
Akferfeldt -
Chant, choeurs, guitare
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Peter Lindgren - Guitare |
Martin
Lopez - Batterie
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Martin Mendez - Basse |
Isak
Edh - Ghost (...and Sandrine Rontey
- Spirit and soul inside the music. Still madly in love with you baby...)
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