De l'idée au kilomètre, un vrai 5.1 encore une fois, un groupe insolemment doué |
Note globale |
Le mixage final perfectible, un côté brouillon qui peut rendre l'ensemble destabilisant |
Editeur
: Roadrunner Records
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Durée
totale : 2 h 03
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(mi-débit. D'habitude on le dit pas, mais là...) - |
Image NTSC |
Une petite déception par rapport aux magnifiques fonds d'écran de Ghost Reveries. Le reportage est pareil qu'avant, au grain près. Le faux sépia pourrait mal passer mais en fait le contraste avec les interviews plus le côté intimiste rend le tout pas inintéressant. |
Album
complet en 5.1 (54 min)
Making-of (52 min non st) Bonus tracks : Derelict Herds, Bridge of Sighs, Den Standiga Resan (16 min) |
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7 pour quelques spatialisations vraiment chouettes, 5 pour la qualité de son en-dessous des autres Opeth et de problèmes de mixage basiques. Dans l'ensemble un peu décevant, mais c'est une note punitive, car les fans y découvriront moults détails succulents. | |||
Un album jamais à court d'idées ni de couilles, mais qui pêche par manque de puissance émotionnelle, même si les passages les plus fantastiques sont déjà des classiques. Un making-of tout à fait sympathique, et des bonus tracks itou. |
On ne va pas réécrire l'histoire. Et encore moins une chronique. Mais à l'heure de la sortie de Watershed, 9ème album des suédois d'Opeth, accessoirement l'un des sinon LE plus grand groupe de death en activité, il serait bon de revenir un instant sur Ghost Reveries. Watershed a été présenté, unanimement (fans, presse, groupe lui-même), comme une "réponse à la déception de Ghost Reveries". Déception ? Mais on n'a toujours pas fini d'en faire le tour, de ce sacré album ! C'est le plus commercial, le plus accessible, le plus mélodique du groupe, et en même temps il reste du 100% pur jus d'Opeth avec la voix death la plus violente et sinistre de leur histoire, et des coupures d'ambiances plus franches qu'une baffe de rupture. Redite, recyclage, repompe d'anciens riffs ? Non. Parlons plutôt d'affinage. De savoir-faire. De quintessence d'un style. Et de plaisir, car Ghost en procure, et pas à petit feu, mais par pleines poignées, et quand ni le chant ni la guitare ni la rythmique ne vous plaisent, les claviers viennent à la rescousse. En cela, Watershed peut être considéré, lui, comme une déception. Opeth ? Déception ? Deux mots qui ne collent pas. Et pour cause, des déceptions comme ça, certains en voudraient tous les jours. | |
Avant
tout, on ne pourra pas dire que la bande à Akerfeldt se sera reposée.
Des nouveautés, des prises de risques, dans ce disque il n'y a
que ça : le chant dès la première seconde, un duo
avec voix féminine, la présence d'une clarinette basse et
d'un hautbois *, des influences asiatiques, des blastbeats avec chorus
en chant clair par-dessus (!), un duel clavinette / Rhodes funky à
en faire passer Trampled Underfoot pour une chialerie de Renan Luce, un
solo d'orgue complètement Deep Purple (feeling rythm'n'blues inclus),
deux guitares solo très Eagles (merci Kaworu) qui se répondent
au lieu de s'entremêler, une connerie amusante improvisée
en studio, un riff de speedmetal à la gratte utilisé comme
séquence de synthétiseur, un plan country blues (court mais
bon), une double citation de Tangerine Dream (Miracle Mile) et Mike Oldfield
(Hergest Ridge), et une vraie fin d'album, par un accord d'orgue, qui
plus est - suprême hérésie ! un accord majeur.
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On rajoute les acquis de l'album précédent (claviers partout, groove, churs angéliques...) et Watershed est très loin de l'image négative, simpliste, du groupe de death metal qui fait rheu pour effrayer les petites filles. Le groupe gagne ici ses lettres de noblesse, s'ouvrant à un public encore plus large sans renier ses racines. Et du reste, certains passages sont hallucinants, et l'auditeur de se dire : "ah ouais, j'adore ce passage ! Décidément c'est des putains de musiciens !". Là où en réécoutant Ghost Reveries, le discours sera biaisé : "ah ouais, j'adore ce passage ! Décidément c'est un putain d'album !". En plein dans le mille. Si un défaut qui revient souvent pour qualifier Ghost ne peut être répudié, c'est bien d'être un fourre-tout dont les transitions sont parfois faites à la hache. Nuisant à la cohésion des chansons, mais curieusement donnant un ciment à l'album. Que dire alors de Watershed, qui multiplie les cassures nettes, mais portant le degré de bordélitude à son zénith ? La cohérence émotionnelle des chansons (climax, reprises, citations entre autres) ne fonctionne pas toujours, plombée par deux détails : Burden, plus belle à chaque écoute mais qui coupe le disque en deux de façon destabilisante, et certains riffs qui sont d'une qualité tout simplement insuffisante pour un groupe de la trempe d'Opeth (notamment dans Porcelain Heart et Hessian Peel). Enfin n'oublions pas le line-up qui a beaucoup changé : si la guitare démange bien, le nouveau batteur n'a pas, de très loin, la subtilité magique de Martin Lopez, et la susdite Burden en souffre beaucoup (pan ! pan ! pan ! Ah pardon, c'est une ballade ? Alors paf ! paf ! paf !) | |
Néanmoins,
malgré son caractère foncièrement inégal,
Watershed réserve de biens beaux moments, et sa production luxuriante
se voit renforcée par un DVD bonus présentant un mixage
5.1. Et là aussi, il va falloir remettre sur le tapis le cas Ghost
Reveries. Il a été très critiqué lui aussi,
voire cité comme un contre-exemple, alors je l'ai réévalué,
retesté, et désolé mais je reste fermement campé
sur ma position : le surround de Ghost Reveries est excellent, pêchu,
les effets arrières pas si avares que ça, le son global
est très solide, et surtout, le mixage est très FIDELE à
tous les effets déjà présents en stéréo.
Pour Watershed, l'ouverture sur les arrières et la séparation
multicanal ont été améliorées, comme pour
Still Life un an plus tôt, mais de façon générale
le mixage déçoit un peu : l'ampleur dramatique des chansons
est soit atténuée soit pas particulièrement mise
en valeur, et la voix est catastrophiquement inaudible. Attention, globalement
le mixage instrumental n'est pas mauvais, il réussit même
à donner plus de cohérence au foutoir ambiant (en particulier
sur Lotus Eater). Mais ce n'est pas le mixage éblouissant tant
attendu, surtout que la qualité de la piste DTS est un peu chiche
(ne parlons pas du pauvre Dolby 5.1). Vu le prix d'un mixage 5.1, ne pas
mettre de DTS plein débit, c'est incongru.
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Edition "spéciale" oblige, on retrouve le sempiternel making-of. Il est sur la droite lancée de celui de Ghost : aussi pro, permettant d'entendre du live in the studio, mais manquant un peu de ciment et d'âme. Martin Mendez, ex-Cousin Machin qui s'est fait une nouvelle coupe de cheveux qui lui va vachement bien, a encore amélioré son accent anglais et son jeu, et Akerfeldt balance toujours des vannes qui donnent envie de lever la main ou de pointer la sortie. On regrettera encore une fois le manque de sous-titres, particulièrement pour le pauvre Martin Axenrot qui, totalement tétanisé par la caméra, be-b-balbutie p-pas mal, mais dans l'ensemble on comprend un certain nombre de sujets, et notamment que Watershed pourrait être considéré, comme ses écoutes répétées le suggèrent, comme un album de transition. Un documentaire pas exceptionnel, mais fort appréciable. | |
Watershed étant un album plus court que d'habitude, le groupe termine cette édition spéciale par trois cadeaux : trois inédits audio (et pas quatre ou cinq, Would ? d'Alice in Chains étant passé à la trappe et Mellotron Heart, un peu trop bancal, réservé à d'ultra-chanceux). Trois inédits donc, toujours bon à prendre de la part d'un tel groupe. Au programme : un inédit, Derelict Herds, très intéressant et qui effectivement n'aurait pas trouvé sa place dans l'album (la preuve qu'icelui a quand même un bon gros minimum de personnalité). Et deux reprises, de chansons que votre serviteur ne connaît pas du tout. Ben non. Me regardez pas comme ça ! L'important c'est que ça sonne bien, agréable, pro, que Mikael y reussit à changer encore sa voix claire, et que le tout fait un joli cadeau. En AC3. Hein ? En DOLBY DIGITAL ? Oui oui : pas de 5.1, pas de DTS, pas même une piste PCM alors qu'il y avait largement la place ! Juste une piste Dolby toute conne, du MP3 pour tout dire. Pour les deux reprises, c'est plus incongru, c'est deuxcongrus : ainsi une piste compressée sera l'UNIQUE moyen de les écouter ? Mais quelles foutaises ! Quant au Derelict Bidule, son écoute côte à côte DVD / 33 tours sera impitoyable : le microsillon lamine, pulvérise, pasteurise ce pauvre DVD "à la perfection numérique". Ce choix (totalement idiot) de la part de RoadRunner résume à lui seul cette édition double de Watershed : c'est beau, c'est bien fichu, mais on sent un manque dans les finitions. M'enfin, l'important dans tout ça, ce sont les acquis : Opeth continue de trouver des idées géniales et d'explorer, trouve encore du temps pour se filmer, se fait plaisir avec encore plus de reprises, et désormais prend pour acquis le fait que chaque disque doive sortir en vinyl ET en 5.1. En somme, que des bonnes nouvelles. Et malgré la légère déception, on ne peut s'empêcher de penser que, pour un groupe cultivant les ambiances morbides, miséreuses et pestillentielles, Opeth continue de nous donner le sourire jusqu'aux oreilles.
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2008 - Suède |
01.
Coil |
Mikael
Akerfeldt - Chant,
choeurs, guitare
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Frederik Akesson - Guitare |
Martin
Axenrot - Batterie
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Martin Mendez - Basse |
Per
Wiberg - Claviers
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