Une pierre angulaire du rock américain, une ambiance de folie, des versions magnifiques, la technique suit, et le coffret Deluxe mérite vraiment son nom |
Note globale |
Pas de DTS, nouveau master et remix pas forcément essentiels |
Editeur
: Epic
|
Durée
totale : 0 h 36
|
- (PCM) |
Image PAL |
Pour de la télé de 1992, c'est sensationnel. Rien de spectaculaire, entendons-nous bien ; mais une définition nickel et une réalisation impeccable. |
Sur
le DVD ? Rien. Le coffret, en revanche...
|
||
Brillant, précis, vibrant comme la plupart des MTV Unplugged, avec le 5.1 très bien utilisé. Pas le meilleur du genre mais un très beau boulot. | |||
Oui, il manque des choses, même du premier album (Release, Once), mais c'est un grand moment de rock auquel vous allez assister. |
36 minutes. Ca fait peu. Une grosse demi-heure. Et pour ces 36 minutes, vous allez dépenser une trentaine d'euros. Certains d'entre vous iront même jusqu'à la centaine. Mais il y a mieux encore : 36 petites minutes... et tant de choses à dire ! Les intros ne manquaient pas à l'entâme de ce Unplugged de Pearl Jam ; de quoi allait-on bien pouvoir parler ? De ce coffret Ten Deluxe qui a lancé la mode 2009 des coffrets hors de prix ? Des différences avec le Unplugged de Nirvana ? Du grunge en général ? Du crédit qu'on pourrait donner à des "grungeux" jouant sur Takamine ? ...Et si le plus évident n'était pas de débuter par l'album ? | |
Ten
est un phénomène de société, et un phénomène
de ventes. Il s'est écoulé dix millions d'exemplaires de
cet album en à peine un an aux Etats-Unis. Pour tout dire, à
l'époque Ten s'était mieux vendu encore qu'un certain Nevermind
(c'était avant cette curieuse mode débile qui consiste à
n'acheter des disques que lorsque les gens sont morts). Et Ten est aussi
l'un des "albums phares d'une génération" : la
génération grunge. Ce qui est rigolo quand on regarde la
carrière de Pearl Jam : ils n'ont fait qu'un seul vrai album de
"grunge", et encore, c'était Vitalogy, en 1994. Les médias
ont bien réussi leur coup : ils ont les cheveux sales, ils sont
habillés comme des sacs, ils viennent de Seattle, alors hop ! ils
sont grunge. Comme Nirvana. Comme Soundgarden. Comme Alice in Chains (qui
n'était pas grunge). C'était la mode des trois accords,
de la liberté artistique, du fait maison, de l'amateurisme ; c'était
la mode de l'alternatif, et la preuve en est : les ventes à millions
d'exemplaires. Donc extrêmement alternatif.
|
|
Ce serait oublier qu'il n'y a pas que les médias dans la vie : nous disposons aussi de deux ravissantes petites oreilles qui par moments peuvent nous servir. Dans le cas de Ten, l'évidence saute aux yeux dès la première écoute : ce n'est pas un ratage de meugleries sur fond de crincrin saturé à la Cobain, mais une collection de chansons diablement efficaces, d'une pureté mélodique qu'ils n'égaleront plus jamais, d'une puissance émotionnelle phénoménale même sur ces fameux trois accords. La fluidité des riffs de Stone Gossard associée à la voix unique d'Eddie "Mr Seguin" Vedder ont fait de Ten un album qui, contrairement à toutes les prévisions, a parfaitement résisté au temps. L'écouter en 2009 ne donne pas l'impression d'avoir fait un sale bond en arrière, tout comme écouter des Who et autres Neil Young qui sont les principales influences du quintet de Seattle. Enfin, du quintet qui habite à Seattle puisque vous le savez déjà, ou n'allez pas tarder, Pearl Jam a autant d'éléments grunge qu'un autre habitant de Seattle, à savoir Queensrÿche. Euh minute, je retire ce que j'ai dit. Queensrÿche a fait DEUX albums grunge. | |
C'est
donc en coffret "pas cher" (?) ou "deluxe" que le
groupe a ressorti ce premier opus. Le DVD bonus qui accompagne les deux
éditions est strictement le même. Regardons donc en priorité
les à-côtés. Ten ressort donc en version remasterisée,
ET en verson remixée. Pour être franc, c'est là sujet
à caution. Le remaster dans sa version CD est bien dans les normes
habituelles depuis deux ans : plein la gueule. Ca sature dans tous les
sens et même la fin de Release écrète. On s'en doutait.
Le remixage est quant à lui assez spécial : ça se
sent que le son n'est pas le même, mais ce n'est pas flagrant, pas
du tout même selon les morceaux. La voix et la batterie ont plus
d'espace pour respirer, parfois au détriment des guitares qui sonnent
plus creuses, c'est vraiment du remix d'acarien, pour lequel même
des acharnés fous furieux du disque original (et j'en fais partie)
auront du mal à discerner toutes les subtilités. Et, parce
qu'il faut bien rigoler, ce "mix ultime" est évidemment
détruit par le mastering "Ivan Drago".
|
|
Pourquoi alors dépenser cent euros lorsque trente semblent déjà limites ? Contrairement à la plupart de ses petits camarades "collector extra deluxe limited expanded que tu craques ton slip", la version Deluxe de Ten vaut largement son exhorbitant prix. A tel point qu'on espère que les autres albums ne subiront pas le même traitement, auquel cas on peut dire adieu à notre Livret A. Jugez par vous-même : le coffret 2CD+DVD, le même que dans le commerce (donc sans perdre quoi que ce soit, n'est-ce pas Dream Theater ?), l'album original remasterisé mais en vinyl (et du coup plus de brickwall !), le remix 2008 également en vinyl (et du coup plus vivant), plus un mémorabilia de plein de photos et diapos assez extra, une reproduction du carnet de bord d'Eddie avec photos, textes (comme d'habitude tapés à la machine), graffitis et autres, plus un double vinyl contenant un live inédit (et carrément meilleur que le un peu surestimé Live in Atlanta de l'année suivante), et enfin, une reproduction de la CASSETTE (si) originale qu'avait envoyé Eddie à Stone pour intégrer le groupe. Vous ne rêvez pas : à part un mix 5.1, des partoches ou du karaoké façon Guitar Hero, il ne manque RIEN de ce dont les fans peuvent rêver. Si vous aimez Ten, si vous adorez Ten, voici un cadeau magnifique à faire ou à se faire. Et évidemment, vous avez le Unplugged. | |
36
minutes donc, mais d'une intensité rarement égalée.
Le groupe, extrêmement décontracté, entame l'inattendu
et magnifique Oceans et met tout le monde d'accord. La voix est superbe,
pleine de vie et de rage. La basse fretless de Jeff sonne merveilleusement.
Et c'est parti pour une poignée de titres déjà sompteux
à l'origine, et qui en passant à l'acoustique n'ont quasi-rien
perdu de leur force, grâce à un léger travail d'adaptation
(...je ne citerai personne). Souriant comme un gosse, Ed est clairement
heureux d'être là, de chanter, de vivre, de partager. Et
le public le lui rend bien, mettant le feu au studio en l'espace d'un
titre et demie : jamais entendu une ambiance pareille sur un MTV Unplugged
!!! Le groupe prend de la confiance, maitrise parfaitement (à part
Stone dont les accords sont parfois un peu voilés), et le morceau
Jeremy est insolent de perfection. Ce fuck, quel grand moment de télé
! Si on voulait vraiment comparer à Nirvana... non non non, vous
ne voulez pas comparer. Je vous jure. Disons pour faire court que Pearl
Jam les humilie. Le moindre mouvement du batteur (formidable à
tous points de vue) est une insulte à Dave Grohl (celui du unplugged,
pas celui des Foo !), Jeff Ament est un bassiste, Eddie chante et Mike
réussit un solo de plus de trois notes. Sans que l'émotion
ne soit ternie, jamais.
|
|
C'en est même à se demander pourquoi cet Unplugged était toujours inédit, tellement il est fascinant. Même techniquement, il enterre ses petits camarades : la vidéo a été magnifiquement conservée, le décor est sobre mais bien fait, et même la réalisation est supérieure à toutes les autres (ce travelling latéral pendant le génial Porch !). Le son est comme toujours magnifique, avec un 5.1 (pas de DTS hélas) qui laisse beaucoup plus respirer les instruments et permet de se délecter de la moindre réaction du public, et il y en a. Pas au niveau de perfection du Nirvana, mais presque. Certes, il n'y a rien d'autre. Pas de sous-titres, pas de making-of, pas d'interview, rien, juste 36 minutes brutes. Mais quelle ambiance, quel groupe ! Amateurs de rock'n'roll attitude, vous aurez même la provoc en direct avec un Vedder se réclamant pour le droit à l'avortement (ce qui revient à mettre sa tête à prix). Il ne manque rien à cet unplugged qui se hisse sans problèmes parmi les tous meilleurs jamais enregistrés. Ou plutôt si. On aurait aimé du Vs, du Yield, du Binaural, des reprises, Release, bref on aurait aimé que cela dure trois heures. Tant pis, ce qui reste est court mais si intense que vous ne regretterez probablement pas votre achat. Même à cent euros. C'est vous dire à quel point ce tout petit DVD n'a pas d'autre choix que de se voir attribuer la note de... Ten ! Eh ben je connais un basketteur qui a bien fait de ne pas prendre le numéro 2, dites-donc...
|
Mars 1992 - U.S.A. |
01.
Oceans |
Eddie
Vedder - Chant
|
Stone Gossard, Mike McCready - Guitare, choeurs |
Jeff
Ament - Basse,
choeurs
|
Dave Abbruzzeese - Batterie |