Album sympa comme tout, live superbe, orchestre jeune et enthousiaste, ambiance extraordinaire, le tout pour presque rien

Note globale


La voix de Peavey qui lâche, et puis qu'est-ce qu'il vous a fait, ce pauvre album Ghosts, un gosse dans le dos ou quoi ?

Editeur : Nuclear Blast
Durée totale : 1 h 14

(PCM)

Image        PAL

La beauté de la lumière, les couleurs, les nombreux angles, le cachet 16/9, la définition, tout est nickel. Tout ? Non. La compression n'est largement pas à la hauteur. A quand une sortie Blu-Ray ? ...Comment ça, "pas digne" ?
Live (64 min)
Clips de Open my Grave et Lord of the Flies (10 min)
Une stéréo brute, dont ils se vantent dans le livret : "pas de retouche, pas de triche". Non seulement on les croit, mais le résultat est parfaitement à la hauteur de l'évènement. Pas parfait, mais chaud et humain comme on aime.
Oh certes, nous eûmes préféré bien plus. Mais que cette petite heure est formidable ! Il règne une vraie bonne ambiance, une bonne volonté partagée qui fait chaud au coeur. Une leçon de metal symphonique.
Vous souvenez-vous lorsque Coluche avait déclaré qu'il n'avait pas 500 signatures pour être candidat aux Présidentielles ? Mais qu'il en avait en fait... plus de 600 ? C'était du gros bluff, mais peu importait : l'espace de trente secondes, on avait l'impression qu'il était déjà président. De même lorsque Stephen King avait laissé tomber La Tour Sombre et qu'il s'est pris une camionnette de plein fouet ? (vu la taille du bestiau, c'est la camionnette qui a rendu l'âme). D'un seul coup, 4 volumes sortirent, et pas des moindres. Et quand vous rêviez de ce vélo rouge vif avec deux bandes jaunes que votre père refusait catégoriquement de vous acheter... puisqu'il vous attendait déjà au grenier pour votre anniversaire ? C'est un fait établi : ce que l'on ne peut pas avoir semble toujours plus beau quand on finit par l'acquérir, bien plus que ce qui était à portée de main. Mais au départ de l'équation, il y a frustration. Et c'est frustrés donc que nous avions laissé Rage, le célèbre trio de heavy mélodique allemand, après un insignifiant Full Moon in St Petersburg. On savait pourtant qu'ils avaient en 2007 redonné un vrai concert symphonique, et on était prêts à le payer 10, 15, 20 voire 30 euros. Mais comme on ne peut pas acheter ce qui n'est pas à vendre (n'est-ce pas mesdames les "enseignes culturelles" ?), on avait laissé tomber.
Arrive Carved in Stone. Changement de batteur (l'incroyable Mike Terrana étant devenu à leurs dires insupportable), et changement de cap : fini le retour au symphonique (pas toujours heureux) de Speak of the Dead, re-re-retour au heavy entraînant, super-mélodique et super-fédérateur. Rock. Simple. Sans fioritures. Décevant ? Non. Pour 15 euros, vous aurez avec ce Carved in Stone dix chansons qui n'apportent strictement rien de plus à la carrière du groupe, mais qui vont furieusement vous décrasser les oreilles. Les refrains sont tous (tous !) imparables, le son gros et chaleureux, certains couplets rentrent dans le crâne (avec une grosse citation de Wash My Sins Away), le dernier titre est un curieux mélange de minimalisme mélodique, d'envolées gothiques et de semi-progressif charmant, et pour couronner le tout, si vous regrettez Victor Smolski le compositeur classique, vous apprécierez Victor Smolski le guitariste, puisqu'il s'amuse sur chaque morceau à balancer des plans et des sons extra-terrestres à faire passer Steve Vai pour Keith Richards. Donc, l'affaire était classée : pour 15 euros, un adorable petit album. Et pour même pas trois euros de plus, un DVD bonus. Valût-ce le coup ?
Punaise oui. On y trouve deux clips. Bon. Rage a toujours été excellent dans ce domaine. Pas là. Surtout Lord of the Flies, le machin bizarre sus-cité, beaucoup trop long pour un clip et mélangeant belles images et grosses portions de kitsch imbuvable (ah, Totor, sa permanente Franck Provost, sa chemise à motifs ES et son Yamaha assorti !). Et puis surtout, on trouve un live de 60 minutes à Wacken. Quasi-gratuit. Et le voilà, notre live symphonique, celui qui doit succéder au sublime mais immonde (mais sublime) When Metal Meets Classic. Ne perdons pas de temps (NDKaworu : Meuh c'est évident, d'ailleurs on n'en est qu'au troisième paragraphe...), c'est génial. Génial pour des tonnes de raisons.
D'abord, et avant tout, parce que c'est culotté. Si vous êtes venu sur cette page plus pour le côté classique, vous ne connaissez peut-être pas le festival de Wacken. C'est simplement LE festival de l'été réunissant généralement tout ce qui se fait de plus bourrin en matière de hard rock et de heavy metal. Pas forcément spécialisé dans les musiques violentes ou anarchistes, mais faisant globalement appel à de l'artillerie lourde, des batteries dédoublées, des hymnes bêtes à deux guitares, des refrains à hurler une bière à la main, bref du Helloween, du Amon Amarth, du costaud, du brut. Donc dans le contexte, qu'un groupe se pointe en compagnie d'un orchestre symhonique au grand complet est une sacrée provocation. D'ailleurs le public mettra quelques minutes à accepter le paradigme. C'est génial aussi parce que ça marche. Dès les premières minutes il est évident que la symbiose entre le trio de boeufs et l'orchestre est tangible, que les parties orchestrales ne sont pas là pour faire du gimmick liquoreux, ou pour remplacer un synthé bas de gamme. Tous les groupes du même genre ne peuvent pas en dire autant (Rhapsodo, Manowax, Ayabaillé, morituri te salutant).
C'est également génial car les chansons jouées ne font pas dans la promotion de la semaine. On regrettera qu'il y ait si peu d'extraits de XIII, et surtout qu'il n'y ait encore une fois aucun titre extrait de Ghosts - oui, je vous les brise encore avec cet album ; je vous les briserai jusqu'à ce qu'ils se décident enfin à arrêter de le bouder. Par contre on retrouve le Lingua Mortis Medley avec ce coup-ci un bon son ; et surtout, la fameuse Suite Lingua Mortis, gros pavé égocentrique de Speak of the Dead, est bien meilleure ici. Elle est toujours aussi bancale, et sa fin fait toujours symphonie-vachement-inachevée, mais il y a beaucoup plus de peps, de rythme et un orchestre qui semble plus concerné. Tout cela enfin est génial simplement pour le bon temps qu'y prennent les musiciens. Si le groupe est déjà fier de son coup d'éclat, les musiciens classiques, eux, sont carrément aux anges. Applaudis par une foule plus nombreuse qu'ils ne connaîtront jamais dans toute leur carrière réunie, baignés par un beau soleil qui éclaire l'océan de visages à perte de vue, complètement pris par l'enjeu, headbangant sur certaines parties (et pas du headbang de Nagui), voire chantant des choeurs hélas inaudibles, ils ont tous le sourire éclatant et la joie de vivre en bandoulière. Même le chef d'orchestre, visiblement content de son travail et qui prouve que le metal n'a pas d'âge. Pas une ombre à ce tableau, pas un musicien qui s'ennuie, pas de mauvaise volonté, et surtout pas de lecture de merde à mouche en mode 'vol aux instruments' : la récompense, une hola de cent mille âmes dont ils se souviendront toute leur vie.

On en oublierait presque les défauts. Lesquels ? Outre une durée d'une heure alors qu'on en aurait bien repris la même portion, il reste le petit problème Peavy. Notre pauvre Wagner (pas Richard, l'autre), semble-t-il malade, souffre beaucoup et arrive à être faux pendant une bonne partie du concert - ce qui ne lui arrive jamais en live depuis dix ans. On sent bien qu'il voudrait, mais que la gorge fait grève. Il compense tous ces couacs par un enthousiasme délirant, un positivisme qui rejaillit sur le spectateur et sur nos jeunes violonistes. Sinon ? Sinon c'est tout, côté défauts. Ca fait peu. Le son ? Il est en simple stéréo. Et il n'est pas parfait, mais remettez les choses en ordre : c'est un live en plein air, devant 100.000 braillards des falaises, avec un orchestre symphonique au complet. Et au vu de ces conditions, le résultat est stupéfiant de précision et de chaleur. L'image ? Ne vous laissez pas rebuter par la première minute dont la compression a été foirée façon Wolfenstein ("Ach ! Sapotache ! Alarm !"), le rendu global est très beau, dans un 16/9ème bienvenu, avec une définition tout à fait honorable et de très belles couleurs naturelles. Et le tout est quasi-gratuit. Pour un prix global au final tout à fait correct, pour ne pas dire plus, vous avez donc un excellent petit album pour siffloter sous la douche, un clip pour rire, et un mini-live qui est parmi les meilleurs d'un genre désormais sclérosé, mais dont le premier rejeton a été, ne l'oublions pas, ce même groupe allemand qu'est Rage, dix ans plus tôt ! Le roi est remonté sur son trône. Et ce coup-ci, pour le putsch, pas de quartier : la prochaine fois qu'un groupe s'attaquera à un live symphonique, c'est lui qui devra donner de l'argent à l'auditeur pour acheter sa clémence. Sacré foutu live. Sacré foutu groupe. Et un orchestre ne sera décidément jamais aussi bon que quand il joue du Wagner.


24-04-2009

4 aout 2007 - Wacken Festival (Allemagne)


01. Overture / From the cradle to the grave
02. Alive but dead
03. Lingua Mortis medley (Winter / Black / Firestorm / Devil / Ice)
04. Turn the page
05. Suite Lingua Mortis
06. Higher than the sky


Peavy Wagner - Chant, basse   
   Victor Smolski - Guitare
André Hilgers - Batterie   
   Mikhail Kazinets- Direction d'orchestre
Lingua Mortis Orchestra - Cordes, cuivres