Le documentaire, bien que non sous-titré, réserve de bonnes choses

Note globale


(en bonus gratuit... 3/10 en MVI !)


Le son 5.1 est presque risible, la façon de vendre ce bout de plastique aussi

Editeur : Atlantic / Warner
Durée totale : 1 h 44

- (PCM)

Image        NTSC

C'est une note vraiment globale car si le documentaire est bon sans tomber par terre, le reste du "concept" (menus, photos, extras) est très beau et respire le soin et l'amour du travail bien fait.
DVD-ROM : fonds d'écrans, sonneries de portable, album en MP3, GIF animés, texte de Neil Peart... et interface atrocément buggée
Album en 5.1 (62 min)
Making-of : The game of Snakes & Arrows (41 min non st)
Paroles (à part)
Galerie de photos (5 !)
La haute résolution stéréo donne un poil plus de brillance que le CD, mais le 5.1 fracasse tout par terre. Honteux, d'autant plus que c'est un "nouveau format génial"..
L'album en lui-même est gentil mais loin de Bruce Lee (il casse pas des briques... (c) SLR), le documentaire est intéressant comme 95% de ce qui se rapporte à Rush, et bon... la partie DVD-ROM... c'est sympa mais...
Voilà ce qu'on appelle se tirer une balle dans le pied. Quelques mois en arrière (ce n'est pourtant pas si lointain), Warner avait déclaré vouloir révolutionner le monde du disque (mourant paraît-il) avec un "tout nouveau format" : le MVI. Musique Video Interactif. En termes plus clair, il s'agit d'un vulgaire DVD-Video où se trouve l'album en plusieurs formats sonores, un reportage sur l'album, le même album en MP3 pour l'écouter dans le tramway qui bouchonne la porte d'Orléans, et des tas de petits cadeaux pour votre PC ou Mac. Sur le principe, rien à redire, sauf que l'achat du MVI se fait en principe EN PLUS du CD. Ils voudraient tuer le CD qu'ils s'y prendraient pas autrement, ce qui leur permet en même temps de chouiner parce qu'ils en vendent moins... Bref, admettons que chez vous il n'y ait que du DVD partout (voiture comprise), l'idée était alléchante.
Sauf que Warner s'y sont pris comme des manches de pioches. Pour lancer ce format, ils ont misé sur un catalogue au nombre hallucinant de DEUX sorties ! Le premier, soit le dernier album de Linkin Park, a été fêté à la rédaction comme le plus beau poisson d'avril de l'année : pour vingt-cinq euros et un tout nouveau format que wouaouh, l'album n'était pas présenté en 5.1. Et le second ? Le dernier album de Rush, cinq ans après un Vapor Trails acclamé mais soniquement difficile à supporter. Deuxième chance pour le MVI, deuxième plantade : rien de moins que deux mois de retard sur la date prévue (une paille, pour lancer un nouveau format), et au final un résultat que vous allez découvrir ci-dessous. Résultat si probant, si parfait, que pour lancer leur nouveau format, Warner a finalement décidé de DONNER ce DVD avec la réedition prochaine de Snakes and Arrows. Les cons sommateurs qui ont lâché vingt-cinq boules pour ce disque seront donc heureux de savoir qu'il est désormais donné comme on te donne un sous-bock avec ta bière. Quelle belle façon de lancer un nouveau format ! Oui, je sais, j'ai beaucoup répété "lancer un nouveau format". Mais c'est pour faire le distinguo avec Warner qui, en entendant le verbe "lancer" ont dû traduire "jeter par la fenêtre".
Revenons quelques instants sur l'album "proprement" dit (vachement important, le propre). On sait que Rush ne fait plus de rock progressif depuis 1989 selon la police, 1980 selon les manifestants. Le petit nouveau ne déroge pas à la règle, et fait même plus penser à Test for Echo qu'à Vapor Trails. Il n'y a toujours pas de synthétiseurs (à peine un mellotron), et surtout on ne retrouve pas l'envie d'en découdre qui caractérisait Vapor Trails, et même Feedback, leur album de reprises qui semble les avoir inspiré aussi pour ce Snakes and Arrows. On trouvera de tout dans ce disque, et certainement son compte sur plusieurs morceaux (Far Cry est un morceau d'ouverture imparable doublé d'un single evident), mais avec ce Snakes, Rush semble rentrer dans la catégorie des U2, Deep Purple ou Madonna : ces artistes ultra-célèbres dont on achète machinalement les derniers albums, histoire d'y trouver deux/trois pépites à son goût, mais sans plus jamais espérer retrouver des Joshua Tree, Machine Head ou True Blue dont la face A est devenue lisse à force de l'écouter. L'énergie est toujours là (ce Neil, quel bœuf parfois !) mais c'est clairement le début de la fin.
Passés donc des Spindrift ou des Malignant Narcissism (merci Driven) de bonne facture, et d'autres chansons plus oubliables (aucune n'étant mauvaise, comme il se doit), notre petite et attendue déception nous pousse donc à explorer le contenu du fameux MVI. Déjà, le contenu du DVD-ROM est un joyeux bordel et il vous faudra aller dans le répertoire "assets" pour trouver votre bonheur. Au programme : des gifs animés pour utiliser en avatar sur les forums (vous savez, cet endroit où vous engueulez tout le monde pour des conneries quand dans la vie vous n'avez pas le courage d'engueuler des vrais gens pour des sujets importants), des fonds d'écrans absolument sublimes, le livret en format PDF tout aussi sublime (ces couleurs !), l'album en excellents MP3 (aussi excellents que possible vu qu'encore une fois le disque a été mixé bien trop fort), des liner notes signées Neil, et un logiciel de sonneries de téléphone pour faire le kéké avec une sonnerie Rush. Bref, de ce côté, que du bon (manque juste un screen saver), mais c'est du bonus vraiment négligeable.
Seconde partie : un making-of de 40 minutes. Evidemment non sous-titré (à ce prix-là faut pas exagérer... Ah pardon, vous l'aurez gratuit, vous), il est cependant très compréhensible et montre les séances de travail avec le trio et son producteur. Un making-of bien fichu, revenant sur chaque titre avec à chaque fois une anecdote reprise à l'écran. Strictement indispensable aux amoureux transis de Rush, il pourra aussi intéresser les autres, puisqu'on aborde aussi les paroles, des sujets comme l'amitié ou la croyance, et que les garçons sont toujours aussi sympathiques (Alex est toujours un boute-en-train même s'il s'est un peu calmé). Côté documentaire, là non plus rien à redire. Allez, on revient à la musique : outre une stereo haute resolution, nous avons aussi droit à une piste 5.1. O joie ô bonheur.
Mais jamais à court de brillantes idées, Warner a voulu faire d'une pierre deux coups : quitte à essayer de tuer le CD, et si on essayait de tuer le son surround en même temps ? Le mixage 5.1 est donc proposé via une unique piste Dolby Digital basse résolution qui est un épouvantable capharnaüm de fréquences. Le son est extrêmement cacophonique, brouillon et inutilement agressif, les cymbales (omniprésentes sur l'album) font schzzz-schzzz tout du long, bref les petits malins qui pensent que le MP3 n'a pas de différences avec un CD auront ici une "belle" preuve de ce phénomène, ici amplifié (car oui, les MP3 originaux du disque sont de meilleure qualité !). Le son est donc mauvais, fatiguant, quant à la spatialisation, soit il s'agit d'une simple ouverture sur l'arrière, rafraîchissante mais peu efficace (schzz-schzz powâââ), ou bien de vraies guitares sur l'arrière, complètement sabotées.

Il est d'autant plus incroyable que Rush aient foiré leur tout premier mixage surround, que leurs collègues Dream Theater ont réussi le leur (avec l'aide de Paul Northfield, l'ancien... producteur de Rush !). Bref une déception technique largement plus virulente que la musicale, avec cet indéfinissable petit arrière-goût d' "impardonnable" qui donne envie de distribuer des baffes un peu partout, voire de multiplier les pains. Mais si. La Berezina commerciale récente pourrait même lancer quelques vocations chez les serial killers, mais à défaut d'en pleurer, nous préfèrerons en rire. La prochaine fois qu'une maison de disques nous annoncera une révolution dans le monde de la musique, au lieu de sortir les sous, on se mettra dans le fauteuil, du pop-corn à la main. Et désormais, chaque fois que quelqu'un se plaindra des ventes de disques en chute libre, souvenez-vous de ce que disait Coluche : il suffit que les gens n'achètent plus pour que ça se vende pas...


22-08-2007


Stop petit homme !
Nous sommes les prêtres du Temple de Sirynx !
Réfléchis à deux fois avant d'ouvrir ton lardfeuille !