Excellente idée de départ, setlist fabuleuse, CD avec quelques bons moments, résultat final qui vous garantira de bons gros fous-rires |
Note globale |
Pour un hommage aux films d'épouvante, vous risquez de mourir de rire ! |
Editeur
: Deep Red
(Ils auraient quand même pu s'appeler Profondo Rosso !) |
Durée
totale : 1 h 42
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- Image PAL |
Clips
de Profondo Rosso (2 versions), Opera, Suspiria et Zaratozom
(28 min, 5.1) |
Il faut vraiment le voir pour le croire : c'est ahurissant de médiocrité. Et en même temps, c'est à se pisser dessus de rire. Le pire dans tout ça, c'est qu'on voit les musiciens jouer, mieux que dans certaines grosses productions ! | ||
Le son est globalement correct. les synthés étant quand même beaucoup plus propres que les "vrais" instruments, un peu caverneux. Le 5.1 s'amuse à dédoubler certains synthés, les grandes orgues en particulier. Hélas, on ne pardonnera pas ces espèces de coupes en mono sifflant qui massacrent chaque interlude. | ||
Non, franchement, si on ne note que la setlist en elle-même, regardez-moi cette sélection c'est du bonheur ! Tous les grands classiques sont là. Simonetti n'est pas chien, il joue même la partoche de Gaslini ! Sur le papier, impeccable. | ||
Cinq ? La moyenne ? Oui. Pour deux raisons. Un : le CD plaira aux fans de Goblin. Deux : le clip de Suspiria vaut l'achat à lui seul. Fuck yeah, metaaaaaaaal ! |
Tant de grands films. Suspiria. Opéra. Ténèbres. Zombie, dans sa conception. Les Frissons de l'Angoisse. Inferno. Le Fantôme de l'Opera. Non, pas celui-là. Mais pour les autres, vous aurez reconnu l'empreinte de Dario Argento. Mondialement reconnu pour ses films d'épouvante, mais aussi pour les musiques qui les accompagnent. Vous rendez-vous compte que l'une de ses bandes originales s'est vendue à 1 million et demi d'exemplaires, juste en Italie ? C'est faramineux ! La raison ? Goblin. Un groupe mythique, qui accompagnait les images du Maître avec un rock progressif bien typé 70's, ténébreux et poussiéreux, comme les Italiens en raffolent. Goblin, c'est plus qu'un groupe connu, c'est une fierté nationale. Alors quand Claudio Simonetti, l'ancien leader du groupe, se met à parler, on se tait et on écoute. Même si c'est des bêtises. | |
En
1999, Simonetti a créé le groupe Daemonia, afin de "donner
une relecture des classiques de Goblin". En clair, et sans décodeur,
ça veut dire surfer sur la vague du prog metal pour mélanger
ses compos au son typique de Dream Theater. Oui oui, pas de doutes là-dessus,
il l'a fait en 1999 quand on ne pouvait plus sortir dans les rues d'Italie
sans marcher sur des exemplaires de SFAM. Il dénicha donc trois
jeunes musiciens italiens, dont un guitariste manifestement influencé
par John Petrucci, et tenta de se refaire une seconde jeunesse, le nom
de Goblin ne lui appartenant mystérieusement plus (non, ce n'est
pas l'avocat de David Gilmour qui l'a entubé. Quoique, allez savoir
!). Le résultat de quelques années de Daemoneries se trouve
dans notre coffret ci-présent, un coffret rare, cher, plein de
promesses à l'extérieur. On y trouve un DVD live de 2002
et un CD. Et pour comprendre le style Daemonia, débuter par le
CD est très parlant, puisqu'il comprend le réenregistrement
intégral d'un des grands albums de Goblin, à savoir Zombie.
Un CD qu'on qualifiera de sympathétique tant il mélange
quelques interprétations plus musclées de classiques, avec
un son bien années 2000, et de grands moments de solitude qui font
plus honte que rire. La réinterprétation de Bach par Claudio
est par ailleurs d'un kitsch immonde qui rappelle que le gars est un fan
de Keith Emerson à la base ; et le spectateur de se demander comment
tout ça va se mélanger en live. Et là, l'horreur
commence. La vraie.
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Devant un public assez restreint, visiblement partagé entre vieux connaisseurs et novices totaux, Claudio Simonetti s'avance, accueilli par un triple rack de synthés. Le groupe le rejoint, et c'est parti, les premiers frissons de l'angoisse nous prennent. Simonetti, la quarantecinquaine typée Hervé Vilard, l'angliche Turilli, la coupe de cheveux Dick Rivers, la veste en cuir, fait immanquablement penser à un certain Charlie Dominici. Encore un Italien et encore Dream Theater dans les parages ! Le concert démarre sur Dawn of the Dead, et on sait immédiatement à quoi on a affaire : un groupe un peu hésitant, plein de bonne volonté, en vrai live. Vu comme ça, pourquoi pas ? Les fautes de placement, pas grave, les hésitations, ça rend plus humain, Simonetti n'a pas l'air d'avoir perdu côté virtuosité, et la setlist est absolument canon. De quoi pourrait-on se plaindre ? | |
De
tout ou presque. La première faute de goût, la moins grave
(c'est dire), c'est une utilisation assez massive de bandes. Elles ne
jettent pas le doute sur l'authenticité de la prestation des musiciens,
qui sont bien en live et sans playback, overdubs et autres ; mais leur
grandiloquence et leurs apparitions disparates se marient très
mal à cette salle intimiste, à ce groupe jouant sur 5 m²,
à cette volonté surtout de réinterpréter le
répertoire Goblin. D'autant que les rajouts douteux ont été
conservés, comme ce De-De-Demon de mauvais souvenir. Côté
musiciens, les trois jeunots s'en sortent bien (malgré le batteur
qui a quelques soucis de son, cf le solo un peu bancal), mais côté
claviers, Simonetti fait parfois tâche, surtout par-dessus des bandes
orchestrales. Franchement, ce son lead pour Halloween, fallait oser (jouer
l'intro de Jump, faut être suicidaire). C'est là que l'influence
de Keith Emerson est la plus flagrante : sur les sons pourris. Bienheureusement
sur le piano solo aussi, le style Emerson déteignant très
fortement. Emerson à qui Simonetti fait plus que rendre hommage
puisqu'il inclut la musique d'Inferno au milieu du set, déclarant
que c'est "une très belle musique". Bizarre, en 1988
il disait ne pas l'aimer car elle faisait "vieillotte". M'enfin.
Il a 45 ans ! (NDBaker : Private joke
très private, laissez tomber !)
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Il n'y aurait que le son, ça pourrait passer. Nonobstant quelques transitions entre les morceaux où ledit son devient épouvantable. WTF XXL, pourquoi le son serait-il nul à ce moment-là alors qu'il est très bon dès les intros de morceaux ? Mystère. Heureusement le 5.1 n'est pas si mauvais, factice mais enveloppant. Non, tout ça a un côté sympathique, un peu amateur, un peu kitsch parfois, un peu çi, un peu do, on s'en contenterait. Et puis vient l'image. Foutrediantre qu'elle est mauvaise ! Mais comment un hommage à Dario Argento peut-il être aussi épouvantablement laid ? Ce n'est pas que la définition tremblante, les couleurs baveuses, la lumière hideuse - mais tout le reste, repoussant, affligeant. |
Tremblez, mortels !... Non, putain, faisez un effort, tremblez mieux que ça... |
Il
y a trois pauvres caméramen qui se battent en duel pour cadrer
parfois n'importe comment, il y a le monteur qui laisse passer d'énormes
erreurs dignes des pires films de vacances (qui ne sont pas montés,
eux), il y a des incrustations des films recadrées, il y a des
images de répétitions (ben voyons !), il y a des conneries
(la parodie de Queen, ça aide bien à se mettre dans l'ambiance
d'un giallo), il y a des cuites dans le tour-bus, il y a des jolis
culs filmés à la sauvette, et pire que tout, il y a le Festival
International Peter et Steven, avec toute la panoplie d'effets pourraves,
en très grosse quantité, partout, tout le temps. Sur Suspiria
ils se lâchent carrément, c'est l'Adobe Premiere surprise-party.
De quelque angle qu'on la prenne, technique, artistique, montage, fluidité,
pertinence, bon goût, l'image est archi-calamiteuse, et si le groupe
sonnait déjà semi-pro, les regarder (enfin, tenter de les
regarder) jouer sur ce DVD les ramène au niveau des pires groupes
de collège. C'est ça, un hommage à Dario Argento
? Avec les tsointsoin Roland de base et les effets Scoubidou à
l'image, on dirait plus une parodie. Mais le dernier frisson d'épouvante
vous prend à la gorge quand vous réalisez que l'auteur de
ce montage à mettre dans les annales de l'histoire du DVD, n'est
autre que Claudio Simonetti en personne. Et pour oser mettre son nom sur
ça, il faut avoir une solide paire de couilles.
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Les bonus seront là pour enfoncer le clou, car oui, à part le CD, il y a aussi des bonus : 5 clips, dont un en doublon (ou presque), en 5.1 (plus réussi que le concert). 5 clips tous plus ridicules les uns que les autres, avec en point d'orgue Suspiria. Regardez ! On est quatre jeunes (si si !), on est fringués tout en cuir noir, on a du maquillage blanc limite Dimmu Borgir, on fait la gueule, on joue dans des caves moisies avec des pentacles et des bougies, regardez donc, on est metaaaaaaaaaaaaaal ! Absolument pathétique. Flagrante tentative de récupération de public à l'arrache, qui fait bien plus rire encore en réécoutant le même auteur 15 ans plus tôt chanter l'immortel tube de génie, "I love the piano". En toute connaissance de cause, vouloir dépoussiérer la musique de Goblin en version metal instrumental n'était pas une mauvaise idée en soi, la rejouer en live encore mieux, mais malgré tout l'amour que l'on peut porter aux compositions originales, ce Daemonia est une puissante déception qui a totalement décridibilisé son géniteur. Du coup, il ne reste plus qu'à attendre de Goblin, le "vrai" groupe, un autre DVD plus classique pour contrecarrer cette mauvaise farce. N'oubliez jamais : une bonne idée ne l'est que si on peut la réaliser jusqu'au bout. Sinon on appelle ça une mauvaise initiative personnelle. Faites le test au bureau, vous verrez : ça marche à tous les coups.
PS : Désolé pour la qualité somme toute médiocre de cette chronique, mais je n'ai pas su par où commencer tellement la déception tourne la tête ! |
9 novembre 2002 - Progwest Festival (Seeley Mudd Theater, School of Theology, Claremont, U.S.A.) |
01.
L'alba dei morti viventi |
Claudio
Simonetti - Claviers, chant
|
Bruno Previtali - Guitare |
Federico
Amorosi - Basse
|
Titta Tani - Batterie |