Image à la hauteur, quelques bonus vraiment sympas, multi-instrumentiste qui fait le show à lui tout seul, l'artiste qui pointe sous ses apparats banlieusards

Note globale


Clichés djeunz et énorme manque d'intérêt musical (mais pas tout le temps)

Editeur : Capitol
Durée totale : 4 h 49
(pour une fois, la jaquette est parfaitement honnête !)

 - (PCM, bonus compris)

Image        PAL

Menu avec un titre DVD différent de celui de la jaquette, c'est normal chef ?
Menus en audiovision
Road-movie : "Mon été 2006" (30 min 16/9)
Road-movie : "12 mois hors de ma bulle" (48 min, 16/9 et supers effets !)
Making-of : "Autour de mon Zénith" (18 min 16/9)
Galerie photos (6 min 16/9)
Clips de La Boulette, Jeune Demoiselle, Confessions Nocturnes et Ma France à Moi (18 min format respecté)
Making-of des 4 clips (17 min)

La très grosse surprise ! De belles couleurs vivaces, une réalisation très pro, et aucun effet jeuniste, jamais. Certains trouveront ça plan-plan et sans couilles. D'autres signaleront que rendre le spectateur aveugle ou épileptique n'est PAS dans le coup. Très agréable à suivre, et tout à fait spectaculaire, comme l'artiste le souhaitait.
Musicalement comme presque tout est factice, c'est froid mais très propre. Les parties live sont parfaitement bien intégrées, et le DTS magnifie un public d'enfer. Une jolie prouesse technique, même si les adorateurs de beaux instruments spatialisés en seront pour leurs frais.
Des extraits d'un peu de tout, des featurings, des parties solo, des parties live, donc du bon, mais aussi un terrible flottement de rythme. Je vais répéter la chronique, mais c'est vraiment ça : une fois le concert terminé, on a l'impression qu'il n'avait pas commencé. A vous de voir selon votre âge et votre attention quand vous regardez la télé...
Même s'il y a de gros couacs (l'été 2006, aussi long que le vrai été 2008 fût court), il faut dire bravo pour la générosité, pour l'excellente de certains montages, et pour le relatif manque de prétention qui se dégage du DVD bonus. Et puis l'audiovision, voilà une magnifique idée.

C'est l'histoire d'une adolescente de 15 ans, dans une cité dortoir de l'Essonne, qui ne se sent pas bien dans ses baskets, qui découvre le rap et qui va tout faire pour s'en sortir. Mais c'est aussi, aujourd'hui, l'histoire d'un chroniqueur qui ne se sent pas très bien non plus, qui n'aime pas le rap et ne l'a jamais aimé, et qui se voit forcé, suite à un pari stupide (un pari est toujours stupide), de chroniquer ce disque. Et qui ne sait pas comment s'en sortir lui non plus.
Car le rap, qu'on le veuille ou non, est un sujet sensible en France, voire un sujet tabou. Dites que vous n'aimez pas le classique, on vous traitera d'inculte (surtout de la part de gens qui pensent que Mozart et Chopin "c'est la même chose"). Dites que vous n'écoutez jamais de jazz, on vous rétorquera "nous non plus". Le rock, on vous prouvera par A+B que vous avez raison et que rien ne vaut un bon Mike Brant. Le metal, on vous applaudira. Mais osez dire que vous n'aimez pas le rap, et les regards sur vous vont changer. Le non-amateur de rap français se voit très vite catalogué, examiné comme une bête curieuse, et quelque peu malmené. Ne pas aimer le rap, en France ? Impossible ! Ce serait comme... ne pas aimer le foot ! Dans les deux cas, le simple fait de ne pas pouvoir donner d'explication rationnelle (comme si l'amour était rationnel) conduit souvent vos interlocuteurs à vous coller une étiquette, et même s'ils ne prononcent jamais le mot, ils n'en pensent pas moins : raciste. Anti-jeunes. Anti-banlieues. Régressiste, facho, coincé, confit dans des préjugés séculaires. Et de ne pas comprendre qu'on puisse détester ce genre musical si important... Oh oui, si important, si profondément ancré dans le paysage de ces vingt dernières années, que tous les partis politiques ont tenté de le récupérer. Rien que ça, devrait mettre la puce à l'oreille. En tant que fervent défenseur du metal et du progressif, s'il y a une race animale dont il faut protéger ces deux styles à tout prix, c'est bien l'homme (ou la femme) politique.
Il avait donc été promis que je devais encore deux chroniques de rap avant de passer le flambeau - un flambeau qui risque de ne jamais venir - malgré mon non-intéressement au(x) genre(s) et la fragilité de la corde sur laquelle jouer les funambules. Et effectivement, ce n'est pas ce live (très attendu) de Diam's qui fera basculer votre chroniqueur favori (ou pas) vers le côté rap de la Force. Le premier contact est même foutrement repoussant. Car en mettant de côté Diam's en tant qu'artiste, et en prenant ce genre musical comme on essaie de nous le vendre depuis vingt ans - une musique intègre, indépendante, intelligente et pluriculturelle - , que trouve-t-on dans ce concert ? Une entrée en scène avec grand show... tout comme Mylène Farmer ! Presque toujours le même rythme et les mêmes sons... tout comme AC/DC ! Des textes qui racontent la vie de tous les jours... tout comme Vincent Delerm ! Un discours laudatif limite putassier envers le public... tout comme Céline Dion ! Des refrains latino avec de la libido plein la culotte... tout comme Enrique Iglesias ! De la chialerie sur fond de piano minimaliste... tout comme Jacques Brel ! (on y reviendra heureusement). Bien trop peu d'instruments et que du chant... tout comme chez Pascal Sevran ! Des duos par-dessus des bandes... tout comme chez Barbara Streisand ! Du "j'kiffe grave mon mec" et du "big up"... tout comme dans Lorie ! L'ordre de faire du bruit quand ça fait boum (non mais WTF quoi ?! faut prévenir le public quand l'ambiance est bonne, maintenant ?)... tout comme chez Chantal Goya ! Bref, tous les ingrédients de ce que le rap comporte comme "ennemis". Sans compter le plus triste, le plus inquiétant : de l'écho factice (tice... tice... tice...) sur tous les mots importants... tout comme dans les meetings politiques (ensemble, tout est possible... sible... cible...).
Au-delà même de Diam's, bien d'autres tares font tiquer l'anti-rapisme primaire. Et avant tout une démagogie très dérangeante. Parce que c'est bien beau de faire fustiger un parti politique par 6000 personnes, quand ledit parti ne peut pas se défendre avec les mêmes armes, quelqu'il soit (même nul). C'est bien gentil de vouloir changer le monde parce que "tous les politiques sont pourris", en demandant à son public de... voter. Effectivement, c'est bien urbain d'inviter des gens portant un t-shirt "noir et fier" pour lutter contre le racisme... mais baladez-vous dans la rue avec un T-shirt "blanc et fier", vous m'en direz des nouvelles. Ca paraît Jack Langesque de prôner l'ouverture et de fustiger le communautarisme... mais pas en ne parlant que du FN, de foot, de banlieue et de rap ! C'est du niveau De Villepin à l'ONU de répéter à satiété que chaque jeune doit exprimer sa vraie personnalité. Enfin... sauf quand il n'en a pas. Et ça fait carrément Prix Nobel de demander à tout bout de champ du "respect". Sauf que le respect, ça se mérite. Et autrement qu'en bougeant les mains devant l'omniprésente caméra, en jonglant avec une baballe et en regardant Scarface (qui, je le rappelle à l'intention des racailles en devenir, est l'histoire d'un dérangé mental qui se comporte comme un dictateur et est craint par ses sujets, mais aucunement respecté). Si les paroles des rappeurs français sont à prendre au premier degré, que se passera-t-il lorsque l'ensemble de la population écoutera du rap, que Zidane sera président, que la drogue aura totalement disparu de leurs quartiers et que 65 millions de chômeurs, ayant tous fermé leurs entreprises, les repecteront ? On dérape sec, là, avec la statue de Godwin qui attend le pare-chocs au milieu des graviers, mais si les paroles sont aussi importantes, phagocytant la musique, alors on ne pourra que se mettre d'accord : dire des banalités sans talent musical ? Alors contentez-vous d'écrire des poèmes ! Tout comme... Benab... Ah non, pas encore hélas. Et puis... quelle est cette idée de balancer son propre nom tout le temps ? Peur de l'oublier ? Ego démesuré façon Pinochet way-of-worship ? Franchement, imaginez-vous en plein concert de Journey entendre le chanteur hurler "Steve Perry ! Steve Perry, yo !" ? Imaginez-vous, en plein solo délicat, une délicieuse demoiselle blonde hurler "Diana Krall, fuck yeah !" ? Imaginez-vous Yngwie Malms... Ouaip, non, oubliez.
Clichés ? Que oui. Et puis on va rajouter dans le tas une pauvreté musicale affligeante... tout comme Mickey 3D, et une propension à sans arrêt piquer des chansons partout... euh, tout comme Dream Theater ? Bref, clichés, clichés, clichés. Il faut dire aussi que Diam's passe à la télé, beaucoup, et à la radio, beaucoup, et qu'ainsi elle est la représentation "officielle" de beaucoup de le rap français. Tous les artistes tentant d'effectuer un travail intéressant dans ce domaine se retrouvent forcément derrière l'ombre des grosses machines, ce n'est ni une surprise ni propre au rap. Le nivellement par le bas étant toujours le sport numéro un dans notre pays, tout ce qui aurait pu attirer mon oreille a été soigneusement pourri par ce rap plan-plan qui passe sur les ondes et dans la rue à longueur de temps, et à force de tourner autour du pot, me reste sur les bras Diam's. Ou Mélanie. Et derrière tous les clichés de l'une, de temps en temps au milieu de ce Zénith surpeuplé, ressurgit la sensibilité de l'autre. Le concert est conçu comme un spectacle pour jeunes tendance hit-machine : pas de musiciens sur scène, sauf un DJ et un multi-instrumentiste (extrêmement doué), de l'enchaînement de moitiés de chansons qui reviennent plusieurs fois, du lightshow, des duos, et sur 2 heures 15 de concert une bonne demi-heure de mode "ch'uis contente et j'vous l'dis". Avec évidemment un peu d'émotion derrière tout ça, voire beaucoup puisque la demoiselle à un moment laisse couler quelques larmes sur le plancher du Zénith (tout comme... Lara Fabian ! ^^). Vous subirez donc des bribes de "wesh gros mortel la life" avec rythmes primaires, sonorités bien trouvées mais vite lassantes, tubes parfois risibles (ah ! cette conversation avec un top model qui manque de peu de nous chantonner la recette du mou pour chatte ou la dernière quittance de gaz) et trop peu, beaucoup trop peu d'emprunts au funk. Seul intérêt de ces passages : le public, chaud chaud chauuuuud, qui connaît par coeur toutes les paroles, au hoquètement près. Impressionnant. Ah ça, pour retenir du Baudelaire il y a moins de monde, mais c'est universel : le fan de Sardou non plus, le fan de Manowar non plus. Le fan de Misanthrope, à la rigueur.
Beaucoup de hauts et de bas, donc. Mais curieusement, le concert n'est pas si laborieux que ça. Grâce au public, grâce à l'énergie, mais surtout grâce à ces moments où, seule au micro voire au piano (très bon point), la petite oublie un peu son accent banlieue, les poncifs éculés, le stress de l'enjeu (Zénith quoi !), et se rapproche plus de Ferré ou de Nougaro. On avait évoqué Brel plus haut, mais elle apporte plus de chaleur, plus d'émotion, et moins de théâtre grandguignolesque que son wallon aîné. Les chansons courtes, les répétitions, le côté formaté, tout ça est balayé par ces (trop) rares instants où Diam's fait... de la musique. Le reste n'est finalement que dansantes broutilles. On a même l'impression bizarre, une fois le concert fini, qu'il n'avait en fait jamais commencé. Mais au moins, les baîllements se font moins larges qu'on l'avait craint.
Le disque de bonus avait tout autant de quoi faire attendre le pire. Deux heures trente en compagnie d'une rappeuse ? Eh bien là aussi, le bilan n'est pas si catastrophique, et là encore, grâce à MélaDiam's. Passons vite sur les clips : léchés comme tous les clips de rap, un peu moins bling-bling et racoleurs que la moyenne, accompagnés de making-of gentils, ils se laissent regarder. Juste un bémol sur le clip de Ma France à Moi où le pauvre Pascal Greggory est littéralement poursuivi par le rap, "jusqu'à ce qu'il le respecte" : très bonne idée (c'est du Burgaud) mais qui laisse un sentiment de malaise... peut-être parce que le rap est déjà partout en France et que l'ombre de Josef plâne trop bas... Passons aussi sur 40 minutes de "road movie" axé uniquement sur le foot et le kiffage de life en règle : c'est nul, mais pas plus que chez Hammerfall. Non, vous trouverez aussi, et c'était inattendu, des bonus vraiment bons. Une galerie photo avec un instru symphonique de toute beauté. Diam's qui revient sur sa tournée et son Zénith pendant presque une heure, avec beaucoup de lucidité, d'humilité, d'humour pas forcément gras, et sans aucun ennui. Et trois titres en plus : un joli hommage à Nougaro, un Ma France à Moi joué par de vrais musiciens et bien meilleur (...pourtant c'est du Yann Tiersen, surprenamment rock !). Et un duo M / Diam's où rien à faire, si musicalement c'est impeccable, vocalement je préfère encore Diam's à M. Beaucoup de bonus donc, inégaux, mais contenant du bon.

Beaucoup de soin aussi, côté DVD. Ma France à Moi, celle de D.D.S., c'est celle des images léchées, du son pur, des beaux boîtiers, et Diam's ne déçoit pas. La réalisation est excellente et sans aucun artifice djeunz débile (à ce stade c'est un miracle), les couleurs chaudes, la compression souffre un peu mais dans l'ensemble le DVD est au niveau espéré. Le son ne met pas la musique en valeur, normal puisqu'il y en a si peu, mais le public est omniprésent, et en DTS bénéficie d'une précision superbe. Mieux, et ça vaut le point supplémentaire qui hisse le disque à la moyenne, on trouve une navigation pour malvoyants. Toutes ces petites choses accumulées rendent ce disque, au départ Nemesis de votre serviteur, finalement moins rébarbatif que prévu ; mieux : parfois agréable. Las ! Le simple fait de lui avoir trouvé des qualités, ces qualités, ne fait que confirmer ce qui était dit plus haut : je n'aime définitivement pas le rap, dans sa globalité. Il ne me restera donc plus que le live de Iam pour ses 20 ans (déjà !!!) de carrière, et j'aurai purgé ma peine. Et, contre vents et marées, d'espérer que la petite Mélanie continuera de faire des démos au piano, d'en jouer sur scène, de s'ouvrir, de s'épanouir, de laisser les rythmes primaires et pré-mâchés derrière elle pour nous offrir un peu plus de ce qu'elle avait déjà en réserve en ce soir d'octobre : émotion et authenticité.

Tout comme une vraie artiste.


24-02-2009

15 & 16 novembre 2006 - Le Zénith (Paris)


01. La boulette (part 1)
02. Dans ma bulle
03. Femme blanche
04. Température
05. DJ / Les mains en l'air / Show DJ / Big up
06. T.S.
07. La gamberge
08. Car tu portes mon nom
09. Mon répertoire (medley)
10. Le clash
11. Par amour
12. Confessions nocturnes
13. Ma France à moi
14. Cause à effet
15. Marine
16. La boulette (part 2)
17. Jeune demoiselle
18. Ladie's night
19. Me revoilà
20. Le même sang
21. Suzy
22. Jerk it out / Around the world
23. Petite banlieusarde

24. Ma France à moi en duo avec Yann Tiersen - Bonus
25. Machistador en duo avec M - Bonus
26. Rimes - Bonus


Diam's - Chant, piano   
   DJ Dimé - DJing
Marc Chouarain - Claviers, gutare, basse, saxophone   
   Maeva Heitz, Maité Barragan, Séverine Mayima - Chant, choeurs
Vitaa, Sinik - Chant