Digital Memories
- The best of Commodore 64 vol.1
Idée géniale, techniquement bluffant (comment ils ont fait ?), on sent l'amour de la machine et de l'époque |
Note globale
|
Certaines démos en-deçà des autres, un DVD un poil élitiste |
Editeur
: CSW & C64 Audio
|
Durée
totale : 3 h 00
(+ musiques de jeux... et + des heures devant Turrican 3) |
(MPEG 1) Image PAL |
4
jeux pour émulateur C64 : Turrican 3, Crush, Metal Warrior
4 et It's Magic ! |
Les possesseurs de vraies télés n'auront aucun problème : on retrouve le cachet "vieillot" du C64, mais sans les couleurs baveuses. La définition est parfaite. Ceux qui en revanche regarderont ce DVD sur écran plat ou portable en seront pour leurs frais. | ||
Le son est parfaitement fidèle à l'original. Du moins à l'original branché dans une bonne chaîne stéréo, ce qui à l'époque était franchement rare. Petit bémol : quitte à travestir un minimum les démos, quelques fade-out auraient évité des transitions moches. | ||
Je ne sais sincèrement pas si ce sont les meilleures démos sur C64, toujours est-il que certaines sont un peu anecdotiques, et d'autres purement fascinantes. Globalement, de belles scènes, certaines pouvant être même appréciées des néophytes. | ||
Outre quelques vieilles démos marrantes, et des menus cachés très Simpsonnesques, vous avez un petit (oh, tout petit !) aperçu des meilleures musiques ayant égayé les centaines d'heures passées devant cette bécane. |
La technologie avance-t-elle vraiment ? Vous allez répondre oui sans même vous poser véritablement la question. Après tout, les fans de ce site sont habitués à des DVD (des objets qui voici vingt ans appartenaient à la science-fiction pure et dure) en 16/9, son DTS en 5.1, voire 7.1 EX (là aussi, voici quinze ans c'était réservé aux plus fortunées des salles de cinéma), avec sous-titres et bla bla bla. Par extension on en oublie souvent le côté artistique de la chose. Ainsi, j'ai beau me pâmer devant l'absolue perfection technique d'un DVD comme Matrix, à aucun moment ça ne m'éloigne de la vacuité totale du projet. De même, c'est bien gentil de faire des remixes en 5.1, mais de la daube en 5.1, ça reste de la daube. Juste plus envahissante. Mais ce qui restera le plus incroyable, c'est l'extension fantastique, pratiquement incroyable, de la mémoire disponible pour assouvir nos électriques passions. L'exemple le plus éloquent se trouve dans ce premier volume d'une série de DVDs qu'on aimerait longue et fructueuse : songez qu'une seconde d'un DVD (image et son) prend à peu près 650 kilo-octets. Une misérable petite seconde, et je parle d'une vidéo toute bête, sans sous-titres, sans DTS, sans multi-langues, bref le niveau LaserDisc. 650 Ko. Vous n'y connaissez rien ? Pas la peine d'y comprendre quoi que ce soit pour admettre que l'avancée technologique a ses limites : ce DVD utilise 650 Ko par SECONDE pour rendre sur écran des démos qui, sur le matériel de base (qui n'est plus fabriqué depuis 1988, et date de 1982, excusez du peu), prenait 178 Ko (360 au maximum) pour jusqu'à 19 MINUTES de show. Et ce sans un atome de compression puisque c'est le "master". Oui, vu comme ça, la technologie vient de se prendre un bon coup dans les dents, et ceux d'entre vous qui étaient encore debout n'ont plus, avec le coup de boule qu'ils se sont pris, qu'à regarder ce DVD sur une chaise. A matter assis. Je l'ai déjà sortie, oui, mais je me répète, je me répète, je me répète, je... j'ai buggé. | |
Donc,
qu'est exactement ce DVD ? Simplement une compilation de quelques-unes
des meilleures démos existant sur le Commodore 64, cet ordinateur
mythique qui a fait fureur en Allemagne et continue d'ailleurs d'être
un objet de culte. 1982, c'est loin, et donc cet ordi dans sa version
de base était limité, tant graphiquement que soniquement.
Enfin, déjà concernant la seconde moitié, il faut
avouer que le C64 n'était pas le plus mauvais dans ce domaine.
C'était même LE ordinateur de référence pour
la musique (de jeux, pas la Musique Assistée par Ordinateur). Et
graphiquement, si les couleurs bavaient pas mal, il tenait aussi la dragée
haute aux Spectrum et autres Amstrad qui avaient chacun des défauts
(pas de sprites pour le second, et carrément pas de gestion graphique
digne de ce nom pour le premier).
|
|
Ces démos ont une histoire qui mérite d'être contée. Surtout sur un site consacré aux DVD musicaux. A l'époque (ça a commencé en 1983), le piratage était très en vogue. Plus maintenant, puisque, vous le savez tous bien sûr, le piratage n'existe plus du tout. Et ce depuis les protections anti-copies et les clips de pub anti-piratage au début de chaque film qui ont eu un impact éblouissant sur les pirates. On avait bien raison d'accepter sans broncher toutes les lois anti-copie qui avaient un but philanthropique et ont permis l'éradication complète du piratage, tout en mettant en avant la conscience professionnelle de tous les éditeurs. Sic(k). Bref, en ces temps immémoriaux, le piratage battait son plein. Et chaque fois qu'un jeu était "cracké", le pirate responsable signait son méfait, simple histoire de fierté. Sont apparus alors les écrans de présentation, qui ont remis les choses à plat : certes les crackers détruisaient d'un côté, mais ils construisaient de l'autre, en rajoutant des écrans de plus en plus léchés. La compétition s'est alors engagée et le but de chaque jeu piraté était moins de distribuer illicitement ledit jeu, que de présenter son savoir-faire en matière de code. Et rapidement, l'évidence se fit jour : au niveau des qualités graphiques et musicales, la compétence des hackers surpassait souvent, et de très loin, celle des programmeurs professionnels. | |
Pour
le néophyte, la vision de ces trois heures de démos risque
d'être périlleuse, autant le dire tout de suite. La jaquette
proclame, pour faire vendre un peu plus, qu'il s'agit là ni plus
ni moins que de clips musicaux, sauf que les acteurs sont remplacés
par des pixels. Comme dirait Perceval, c'est pas faux. D'ailleurs, de
nos jours, le principe est un peu le même : dans l'éblouissant
chef-d'oeuvre post-Welles Matrix Reloaded, Keanu Reeves, le Sacha Guitry
moderne, n'est-il pas le plus souvent constitué de pixels ? Et
la musique ne provient-elle pas de synthétiseurs, ces machines
électroniques programmables comme un lave-linge ? Hein ? Ca c'est
ben vrai ça ! Donc même technologie, même but, seule
la puissance change. Ainsi que le talent de ceux qui opèrent. Mais
le résultat final, qu'en sera-t-il pour celui qui désire
uniquement passer du bon temps devant sa télé ? Il faut
être honnête et lucide : ça risque d'être dur.
La plupart des démos n'ont pas d'histoire, pas de cohérence,
c'est uniquement de la prouesse technique, et si on rajoute que la musique
est tout de même réservée à une élite
(si si, pas de fausse modestie, pas d'angélisme non plus, on n'est
pas là pour ça), on trouvera difficile d'apprécier
à leur juste valeur ces bouts de codes. A titre d'exemple, Dutch
Breeze, qui est la démo la plus longue (dix-neuf minutes tout de
même !), sera peut-être aussi la plus fastidieuse tant il
ne se passe pas grand-chose de foncièrement spectaculaire.
|
|
Mais les autres ? Ils risquent bien de baver plus que leur pauvre petite bouche ne peut contenir. Avant la beauté, car certains dessins à la main sont véritablement bluffants, c'est surtout la fluidité qui risque de vous en boucher un coin. Il n'y a qu'à voir la section finale de Tales of Mystery : ça ne paie pas de mine, mais quand vous pensez que c'est de la 3D calculée en temps réel, ça force le respect. Pensez que nous sommes en 1982 !!! Certes la démo date de 1993, onze ans plus tard, mais la machine (et donc sa puissance) est la même ! De nos jours, on augmente la puissance sans se soucier de ce qu'on pourrait tirer des anciens modèles : n'est-ce pas là une magnifique parabole sur le temps qui passe et nous fuit ? Oui je sais, je suis très poète, j'adore Plus Belle La Vie. | |
D'autres
morceaux de démos attirent invariablement le regard, que ce soit
pour leurs qualités techniques ou pour leur identité. Seal
of Focalor, avec son générique cyrillique et ses samples
de Metallica criants de vérité, est un petit bijou utilisant
un maximum de styles pour créer un semblant de narration. Boogie
Factor, qui clôt la suite de démos, ne cherche pas du tout
l'effet spécial qui tue, mais surfe sur la vague du revival disco
avec une fraîcheur bienvenue. Triage III fait encore mieux : à
force d'hypnotiser le spectateur après deux heures de démos
non stop, j'ai cru à un moment halluciner et voir un vrai bout
de film ! Sacré morceau de code... Et la véritable surprise
viendra de The Last Reactor : le hacking étant une pratique mondiale,
les jeunes codeurs fous des pays de l'Est avaient souvent une vision plus
politique de ces concours de création numérique, l'ordinateur
étant leur unique moyen de communication avec les jeunes capitalistes
que nous sommes. Un ersatz de preuve avec donc cette démo de 11
minutes dénonçant les dommages collatéraux des essais
nucléaires, une démo sans concessions, utilisant la synchro
image/son d'une manière radicalement différente des autres,
et dont le potentiel n'explose vraiment qu'une fois regardée sur
grand écran. Qui aurait cru qu'un jour on puisse dire ça
du Commodore 64 ? Le mettre sur écran géant pour mieux savourer
ses qualités ?
|
|
En plus d'être totalement original, ce DVD a été fait par des amoureux du genre. Condition sine qua non pour que l'entreprise soit réussie. Vous avez donc quelques bonus cachés, avec notamment des vieilles démos qui pour l'époque avaient fait sensation, mais vous y trouverez aussi deux bonus qui à eux seuls valent l'achat. D'abord, une galerie photo de 14 minutes qui montre qu'avec un peu de patience et beaucoup de talent, on pouvait faire sur le C64 des fonds d'écran fantastiques. Songez que la plupart des dessins qui s'y trouvent ont été faits "à main levée" ! Le tout sur fond sonore signé Marcel Coenen, énorme fan de Jarre et Vangelis et qui ne se prive pas pour le montrer. Et puis un autre bonus, celui-là totalement inespéré : un best-of des vieilles musiques de jeux vidéos sur cette fabuleuse machine. Euh... ah pardon, veuillez m'excuser, je me suis mal exprimé : un best-of des fabuleuses musiques sur cette vieille machine. Car si vous connaissez un minimum ce microcosme, un oeil à la tracklist ci-dessous suffira à vous donner la bave aux lèvres. Ace II, Warhawk, Cybernoid II, Commando, autant d'hymnes mélodiques, ici dans leur version "brute de fonderie", qui a bercé des centaines d'heures de joueurs le regard hagard et le poignet poignant. | |
Clips,
galerie photos, super juke-box, prix ridicule, que pouvait-on demander
de plus ? Oh, y'a toujours quelque chose à réclamer ! Déjà,
nous avons beaucoup parlé du produit "brut", celui qu'on
avait à l'époque sur nos téléviseurs pourraves
réglés sur le canal 37, mais quid du DVD, histoire de boucler
la boucle et revenir au fameux pas en avant de la technologie ? Eh bien
c'est un disque techniquement aussi dérangeant et sujet à
polémique que son contenu. D'abord le son : il est en MPEG I. Autrement
dit la préhistoire type brachiosaure du DVD. Mais soyons logique
: avait-on besoin d'un DTS plein débit pour retranscrire les mélodies
d'un pauvre chip vieux de 25 ans ? Evidemment que non, et ce format audio
très rarement utilisé permet de gagner un max de place tout
en étant des plus fidèles au niveau audio. Les puristes
me rétorqueront que non, mais iceux n'ont de toutes façons
pas besoin de ce DVD, ils ont l'original !
|
|
De même pour l'image, ce DVD est la preuve irréfutable du fossé qui sépare les téléviseurs et les autres formes d'écrans (LCD, plasma, moniteur VGA, écran de portable et vidéoprojecteur) : sur une télé normale, les couleurs sont bien plus belles que le vrai C64, la définition est parfaite, la compression pratiquement invisible, et à part quelques clignotements c'est divin. Sur tout autre type d'écran, c'est affreux : d'énormes carrés aux couleurs merdiques se baladent partout et la fluidité est plombée par des réminiscences ignobles. Si vous pouvez, faites le test, et dites-vous bien que cet écart phénoménal est valable pour TOUS vos DVD. Et n'allez pas me parler de définition, évidemment moins précise sur un C64 que sur un master HD de Star Wars, car c'est bien la seule chose qui justement ne change pas trop. C'est la victoire absolue du cathodique flou sur le pixel net. | |
Et histoire de décidément être généreux, vous trouverez une partie DVD-ROM avec... 4 jeux ! Ce n'est rien du tout comparé aux milliers que l'on peut trouver en fouillant, mais là au moins c'est légal (niark niark !). Et ça vous permettra de passer quelques minutes, voire quelques heures de plus si vous trouvez l'émulateur correspondant (allez sur www.zophar.net pour vous renseigner). Un regret ? Oui, un seul, mais compréhensible : quitte à donner des fichiers de jeux, les concepteurs auraient dû également nous donner les fichiers des disquettes originales afin de revivre ces démos sur émulateur ou, mieux, sur un vrai C64. L'autre regret qu'on pourrait avoir, c'est ce léger manque de cohérence et de consistance d'une démo à l'autre. Mais celà pourra être corrigé lors d'un second volet, prévu pour dans quelque temps. Il y a même un troisième DVD en chantier, mais celui-là sera encore plus intriguant, je vous laisse la surprise. En attendant, si les profanes ont évidemment plus urgent à acheter, tous ceux qui ont la nostalgie des vieux ordinateurs se doivent d'acquérir ce DVD à bas prix et à haut contenu. Pas cher et plein de possibilités : quand est-ce que le PC s'y met, lui aussi ?
|
1987 / 2005 |
Clips Crest 17.
Triad - Bonus caché Musiques (pas de vidéo) 01.
Ace II |