Superbe Pirates, enfin un live vidéo "complet" de ELP, extraits de Black Moon

Note globale


Technique relativement limitée même pour l'époque, comparaison défavorable face au CD, et puis j'avais mis "complet" entre guillemets, c'est pas pour rien

Editeur : Sanctuary
Durée totale : 1 h 28

Image        PAL

Rien

C'est marrant comme la taille compte (sic). Sur petit écran, ça parait joli et on dirait presque le Forever Live d'IQ. Une fois agrandi, oups, la bévue. C'est de la vidéo bien assumée, parfois jolie, souvent plate, et en prime la compression fait la hola. La réalisation est super-molle, mais pour un vieux groupe de prog en 1992, ç'aurait pu être pire. Regardable, pas indispensable.
Une stéréo toute petite. Mais vraiment. La voix de Greg est parfois couverte, le champ stéréo est minable, et il y a même des micro-coupures ! Pas totalement honteux, certes, mais quand on écoute le CD provenant des mêmes concerts, ça le devient...
Là aussi, difficile de juger : d'un côté c'est un vrai concert d'ELP et avec pas mal de grands classiques. Mais les coupes plus les manques par rapport au CD plus le groupe un peu pâteux, tout ceci est un peu décevant. Pas négligeable cependant pour découvrir leur musique.
Dead at the Royal Albert Hall.

On a tous déjà entendu au moins une fois l'une des phrases fétiches des journalistes rock : "le groupe de ska régressif Atak Froumiz revient sur le devant de la scène pour défendre son nouvel album, 'Ecolochie' ". Curieux ce terme, non ? "Défendre un album". Pourquoi capitaine, nous sommes attaqués ? Attaqués... mais par qui ? Le public viendrait-il aux concerts avec des barres de fer pour taper sur les zicos à la moindre mauvaise chanson ? Ca se saurait ! Et Enrique Iglesias ne sortirait jamais de chez lui ! Non, c'est une expression quelque peu galvaudée, et du coup elle perd de sa force lorsqu'elle a vraiment lieu d'être. Comme en 1992 lorsqu'Emerson, Lake et Palmer, les meilleurs amis du monde avec une carrière exemplaire et aucun problème d'égo, remontent sur les planches pour... défendre Black Moon. Un album toujours kitsch mais plus moderne que les autres, avec des chansons plus pop, moins de grandiloquence, deux excellents titres écrits par une tierce personne (le sympathique Mark Mancina)... Bref, le jouer au milieu des Tarkus et autres Fanfare, si c'est pas de la défense, ça ne peut être que de l'attaque.

Le concert, ayant lieu au splendide Royal Albert Hall, était déjà sorti en CD, coupé certes mais finalement à la qualité plus que correcte : le son y était massif mais un peu froid, et nos trois zoziaux semblaient plutôt à l'aise. Restait à savoir ce que vaudrait une éventuelle mise en images. C'est donc Sanctuary qui s'est chargé de rééditer la VHS de l'époque. Quand je parle de réédition, il faut bien le comprendre sous ce terme : c'est le concert, en stéréo, point barre. Même pas un remix en surround. (Une seconde rédition de ce concert possède parait-il une piste 5.1. Vu la source originelle, et l'éditeur, je parie qu'on ne loupe pas grand-chose). N'attendez pas d'interviews ou autres. Ceci étant, que vaut ce concert au niveau image, après tout on le connait déjà, non ?

Non.

Le CD avait été enregistré sur plusieurs jours, l'éditeur gardant les meilleurs moments - ce qui est naturel et invisible pour un CD. Pour un DVD, le problème est plus délicat : rappelez-vous du live de Van Halen où le chanteur changeait de pantalon en l'espace d'un trentième (NTSC) de seconde, devant son public hagard (NDKaworu : Tu sors). Ce live vidéo d'ELP a donc été capté lors d'une seule soirée, et la comparaison avec le CD est cruelle. Au niveau de la setlist déjà. Le DVD rajoute une version d'un quart-d'heure de Pictures at an Exhibition, au grand dam de Greg Lake qui a l'air passablement gonflé de la jouer (la lecture de l'autobiographie de Keith Emerson ne fait que confirmer). Une version "années 90" avec beaucoup d'emphase mais trop peu de cohérence, et l'abandon de The Sage ce qui relève du crime contre l'humanité.
De façon curieuse, mais il s'agissait peut-être d'un choix de Lake, la ballade acoustique Still... est remplacée par In The Beginning. Les deux sont de grande qualité, mais je trouve qu'on y perd un poil au change. Plus grave en revanche est la disparition de Black Moon ! Rajouter Pictures, oui, c'est gentil, mais couper une chanson, en prime une des meilleures du concert ? Je dirais bien bouuuuuh mais les génies bouillent rarement. Enfin, au rayon déceptions (l'allée principale du magasin), nous avons droit à un Tarkus ralenti, qui débute le concert de façon bien blobeuse. Les instrumentistes, eux, restent fidèles à eux-mêmes, à savoir effrayants de "sloppiness". Je ne trouve pas de terme adéquat en français, et c'est peut-être tant mieux.
Car oui, une fois de plus, il est impressionnant de voir à quel point trois musiciens considérés comme des génies du genre peuvent commettre autant de pains et être si peu en place. Greg Lake sourit au public, exclusivement (il se concentre sur sa voix qui commence à souffrir mais sur ce DVD reste de haut niveau). Carl Palmer est un technicien hallucinant mais ce n'est pas un batteur. Un percussionniste de génie, mais pas un batteur. Quant à notre Emerson, soyez honnête. Réécoutez ce disque. Il ne se passe pas trois phrases musicales sans qu'il fasse des couacs. C'est assez phénoménal de voir qu'une seule dose de Super-Emerson fasse tellement plus de pains qu'un baril de Rick Wakeman ordinaire. Et pourtant, malgré ce flottement général, restent quelques rares moments où l'authenticité est mise à mal : d'où viennent les choeurs sur Paper Blood ? Et les pizzaccati sur l'ultra-poussif Romeo & Juliet ?
Heureusement, il restera deux moments qui mettront tout le monde d'accord. Le final, avec ce Rondo où Emerson, casquette de caillera et perfecto de loulou, viole et étripe son orgue Hammond comme au bon vieux temps de The Nice. Quitte à détruire ses instruments, attitude déplorable, autant que ce soit avec panache et inventivité, et ce bon vieux Keith nous refait toutes les Belmonderies de son ancien temps. Et puis surtout, il y a Pirates. Magnifiquement chantée, jouée avec un peu plus de sérieux et de solidité que le reste, cette longue chanson ici un peu épurée (après tout il ne manque que 70 musiciens sur scène) est sans conteste possible le point d'orgue de la soirée, preuve en est les applaudissements à l'intro ET à la fin, alors que le public passe le reste de son temps à être mollement poli.

Le passage en DVD ne s'est donc pas fait sans heurts, mais la plus grande déception viendra de la technique qui ne rattrapera pas le reste. L'image est bien d'époque, et tant que les couleurs ne se décident pas à péter, vous ne verrez pas grand-chose. Surtout, la réalisation et le montage sont corrects mais eux aussi bien trop polis. Malgré quelques cadrages osés, malgré quelques contre-champs intéressants (un sourire de Greg Lake à Emerson, fallait pas le louper celui-là), le tout est poussif, pas excitant pour deux sous. Les pitreries Emersonesques ne sont pas particulièrement bien captées, et la scène a beau tourner dans tous les sens, elle est désespérément laide. Le son est pire : oubliez celui presque trop gros du CD, ici tout est raboté. On parlait de la voix de Lake, il faut comprendre les fois où vous l'entendrez. Aucune dynamique, peu de brillance : rien n'est fait pour mettre en valeur le trio. On rajoute aucun bonus et au final, ce DVD qui pouvait sur le papier être le live définitif d'ELP se montre à peine bon. Comment, dans ces conditions, voulez-vous le défendre?


02-04-2010

Octobre 1992 - Royal Albert Hall (Londres, Royaume-Uni)


01. Welcome back my friends (pt 2)
02. Tarkus (excerpt)
03. Knife edge
04. Paper blood
05. Creole dance
06. From the beginning...
07. Lucky man
08. Honky Tonk train blues
09. Romeo and Juliet (NDBaker : Depuis quand ça se blaire "Prokofiev" ça ?!?)
10. Pirates
11. Pictures at an exhibition (excerpts)
12. Medley (Fanfare / America / Rondo)


Greg Lake - Chant, basse, guitare   
   Keith Emerson - Claviers
Carl Palmer - Batterie, percussions