Chouettes effets, rétrospective presque géniale, quelques chansons sauvées, l'Autruche (miam) |
Note globale |
Un spectacle très bancal, manque cruel du public, et des revisites de classiques parfois très malheureuses |
Editeur
: Universal
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Durée
totale : 2 h 48
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- Image PAL |
Préparation
du spectacle (37 min 16/9) |
Définition pas trop mal, couleurs sympas, la réalisation n'est pas éblouissante mais on a droit à peu d'effets vidéos indésirables, là où on s'attendait à bien pire. | ||
Stereo jolie mais qui parfois abuse du volume, et 5.1 presqu'inutile puisque complètement vide sur les arrières, à part la réverb naturelle de la salle... vide !. | ||
Par rapport à l'original, des changements vraiment ratés, par rapport aux autres spectacles enfantins, une bancalité malvenue. Dans tous les cas, on pouvait rêver bien mieux. | ||
Plus d'une heure de bonus strictement réservés aux adultes mais ô combien passionnants. Manquait juste des sous-titres, totalement indispensables pour n'importe quelle comédie musicale et encore plus pour les enfants, et c'était le 10/10 assuré. |
La comédie musicale pour enfants a ceci de compliqué qu'elle doit être magique, féérique, et compréhensible pour les enfants, tout en étant intéressante pour les parents qui peuvent soit y "confier" leur progéniture sans risques de traumatismes ou déceptions marquantes, soit y trouver un second degré bienvenu qui s'adresse aussi à leur cortex d'adulte. Pour Emilie Jolie, qui est à la comédie musicale enfantine ce que Les Misérables est à la comédie musicale pour adultes, à savoir une grosse baffe qui a marqué l'année 1980 et remis la France dans la course, le défi était de taille : adapter pour la scène ce qui est probablement la plus grande réussite du genre pour un disque qui, au départ, était certes écrit comme un conte pour enfants, mais s'est vite transformé en who's who de la chanson française, mélangeant Salvador, Mitchell, Brassens, Souchon / Voulzy, Clerc et autres pontes pour une grosse bouffonade qui a eu le mérite de faire rire les parents. Comment se débrouille Philippe Chatel pour cette revisite de son oeuvre fétiche ? | |
Eh
bien pour être franc, plutôt mal. Je n'ai nulle envie de taper
sur ce spectacle, car on sent que du travail et du talent y ont été
mis à dure contribution. Mais il n'y aura que trois catégories
de gens qui verront ce disque : les enfants, les adultes fans du disque
original, et les adultes passés au travers du filet (comment ont-ils
fait jusqu'à présent ?) et découvrant l'histoire
et les personnages. Pour cette dernière catégorie, vous
trouverez certainement beaucoup mieux comme comédie musicale à
faire écouter à vos enfants (Le
Petit Prince pour citer le meilleur exemple). Si vous l'avez acheté
pour vos enfants, j'espère qu'ils seront très très
très réceptifs, car justement le problème principal
de cette transposition, c'est que la double "vie" du spectacle
(enfants / parents) ne fonctionne pas. L'histoire est contée de
façon trop infantile pour les vieux, et les jeunes ne comprendront
pas grand chose à ce qui ressemble plus à un livre de Lewis
Carroll (lapins included) qu'à une vraie histoire pour les petits
nenfants.
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Si l'on prend l'histoire de base, elle est bien maigre, mais surtout elle se finit d'une façon si nette que personne ne comprendra, ni les gamins frustrés, ni les parents interloqués. On me répondra que c'était l'un des éléments drôles et percutants du disque d'origine, c'est sans oublier que ledit disque n'avait pas pour prétention de raconter une histoire, plutôt de dresser des saynettes propres à faire rire plus qu'à passionner ("on s'en fouuuuuut !" "on s'en fout toujours un petit peu, c'est vrai !"). Scéniquement, le DVD présenté ici manque cruellement d'un élément pourtant indispensable : le public. Pas un applaudissement, pas un rire, pas un cri d'enfant. C'est pourtant ce qui aurait insufflé la vie, la passion à ce programme. Musicalement, vous avez un énorme point fort, quelque chose qu'on ne peut pas passer sous silence : outre quelques petites bandes, vous avez également dans le fond de la salle un vrai groupe qui joue en live, tous les soirs. Ca, c'est du jamais vu et c'est d'autant plus gratifiant que par moments le gratteux s'amuse à venir sur scène faire des interventions. D'ailleurs musicalement c'est assez réussi au niveau technique. Technique seulement. | |
Passons
à ce qui va fâcher. Les adaptations. Avant tout, laissez-moi
vous dire que si des erreurs de casting peuvent parfois être commises,
vous en avez ici un petit florilège. Ce n'est pas que les comédiens
soient mauvais. Certainement pas. Seulement, ils ne sont pas à
leur place. Déjà, le conteur : il a bien du mal à
marcher dans les pas de l'immense Henri Salvador, et le faire devenir
Prince Charmant est non seulement peu crédible aux yeux des gosses,
mais carrément douteux niveau morale (il était moche et
idiot, il se coiffe sur le côté et s'habille en blanc et
paf ! devient un prince charmant !). On peut même aller plus loin
: la sorcière (antillaise aux cheveux crêpés qui parle)
devient princesse par le truchement d'une autre actrice (blonde aux yeux
bleus qui se tait), ce qui est tout aussi discutable quand on y repense.
Ensuite, Emilie. Je comprends que travailler avec des enfants soit pénible,
mais là, NON ! Désolé, Emilie Jolie c'est une gamine
insupportable, haute comme trois pommes, un peu en chair et qui a 5 ans
maximum. Ce n'est PAS ce qu'on nous montre ici : une adorable demoiselle
d'un mètre soixante (!), adolescente en pleine maturation, avec
un visage d'ange et une voix qui vire parfois vers le r'n'b ! Et encore
vous avez échappé à l'actrice "de remplacement"
: un pur top model de 17 ans avec la voix de Barry White ! (bon, j'exagère
un peu...). Ne me dites pas que c'est imagé : c'est un conte pour
enfants, et les enfants ne verront jamais une Emilie Jolie dans ce spectacle,
mais bel et bien une ado super-belle à qui ils aimeraient ressembler
plus tard, bien plus tard, très largement après le spectacle
(sept ans environ). Il est compréhensible que prendre de vraies
gamines pour le rôle aurait été sacrément plus
compliqué à gérer, mais c'aurait apporté une
touche de vérité dramatique qui est ici totalement absente
puisque vous allez passer le spectacle à vous demander : "elle
est belle, elle chante bien... mais qu'est-ce qu'elle fait dans la peau
de ce personnage ?".
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Et maintenant, ratatatam, passons à la sorcière, LA pire idée. L'actrice correspondante a du peps, du métier, mais c'est son choix de jeu (ou le choix qu'on lui a imposé) qui la décrédibilise totalement : sorte de Dominique Besnehard au féminin, elle chuinte de toutes parts, ultra-méga-surjoue, on ne comprend pas un traitre mot de ce qu'elle raconte, elle finit par chanter faux à force de pousser de toutes parts, et en prime elle est là tout le long du spectacle, répétant à l'envie "j'veux qu'on m'aime mais chuis méchante". Quand on sait que l'originale était Françoise Hardy juste avant qu'elle prenne des rides, ça fait mal, quoi. Elle est le pire point de comparaison avec l'original, parmi d'autres dont l'inévitable chanson de l'oiseau donnant le ton : le costume est superbe, le chanteur s'envole, mais les ajouts plombent tout : le gars se la pète vocalement façon Daniel Levy, il manque le contre-chant, et le final metal est super-gras, bien trop pour les pauvres gosses ! Quant au loup, heure de gloire d'Eddy Mitchell, il est remplacé par une parodie des Forbans musicalement hideuse (même si le solo de gratte fûme bien). Seule lumière dans cette ombre : l'autruche. Non seulement la chanson garde toute sa saveur, son piquant, mais l'interprète... Bon, je crois qu'une photo vaut mieux qu'un long discours, quand on sait qu'elle chante bien, danse divinement et a l'air sympa et intelligente en diable, eh bien malgré mes goûts que vous connaissez déjà, je pense prochainement arrêter les gitanes et me mettre aux blondes. | |
Fort
heureusement, si vous êtes nostalgique de ce merveilleux opera pop,
l'achat de ce DVD reste malgré tout une idée fort concevable,
grâce aux deux documentaires. Si le premier est un making-of intéressant
car bien fait et surtout permettant de comprendre les choix ayant conduit
à ce nouveau spectacle (ça ne rend pas les mauvaises idées
meilleures, mais ça rend l'ensemble plus cohérent), le second
est une rétrospective sur les trois vies d'Emilie Jolie (le disque,
la version 98, le spectacle), avec, ô stupéfaction, de très
rares et précieuses images d'archives ! Notamment la version en
playback pour Noel avec les effets spéciaux invraisemblables (dans
TOUS les sens du terme) de Jean-Christophe Averty (l'ami des claviers
français). Tout celà est passionnant, très bien fait,
trop court tant on apprend des choses, à un hic (sic) près
: Chatel lui-même. Il donne une interview intéressante, mais
a l'air complètement ailleurs, balbutiant, le regard perdu. Il
donne l'impression d'avoir trop bu juste avant de parler de cette oeuvre,
comme s'il voulait l'enterrer ou trouver le courage d'en parler encore
une fois. Syndrome de l' "oeuvre unique" aux yeux du grand public
? En prime il donne à la fin du reportage une leçon sur
le fingerpicking qui n'a strictement rien à faire à aucun
endroit de ce DVD, et particulièrement à celui-ci.
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Trucages sympas, jolis costumes, groupe live (pour adultes), canons de douze à trente ans (pour adultes), rétrospective géniale (pour adultes), que manque-t-il à ce DVD ? Une âme. Enfin, il n'en manque pas. Mais une autre âme. Le travail a été dur et long, rien à redire là dessus, mais il a été mené vers une direction moins enthousiasmante que prévu. Rien que pour voir Voulzy raconter comment il a initié Brassens au hard-rock, ça vaut le coup, mais si vous êtes un parent en quête d'un spectacle pour vos blondes têtes, sachez que si E.J. n'est ni le pire ni le moins "développeur", il sera forcément en-dessous de vos attentes. Sur ce, vous laissant, je vais me retaper une séance de vinyl avec la voix magique d'Henri Salvador tout en mettant la scène de l'autruche sur la télé. Le meilleur des deux mondes, là où certaines comédies musicales mal jouées et mal chantées n'arrivent même pas à sauver le moins pire des deux immondes. |
Décembre 2002 - Théâtre Mogador (Paris) |
01.
Introduction |
Alice
Herbillon - Emilie
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Emilie Benoît - La sorcière |
Judy
Cehmm (NDBaker : Moi aussi je tehmm...) -
L'autruche
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Andy Coq - A440, le loup |
Hubert
Forest - Le conteur, le Prince charmant
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Julie Herbillon - La fleur, le facteur |
Salvatore
Ingoglia - Le chef Lapin, le hérisson
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Nathanaël Marie-Angélique - Le caillou, la grand-mère |
Lucienne
Troka - L'horloge
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Jean-Paul Batailley - Batterie, choeurs |
Jimi
Drouillard - Guitare, choeurs
|
Philippe Gouadin - Claviers, choeurs |
Gilles
Michel - Basse, choeurs
|
Franck Monbaylet - Claviers, violon, melodica, choeurs |