Une artiste dans le sens noble du terme, un son digne de la demoiselle, un léger parfum de nouveauté et d'amour du travail bien fait |
Note globale |
L'image pas complètement à la hauteur d'un tel talent, le côté bidouillage électronique une fois de plus pas mal caché |
Editeur
: Universal
|
Durée
totale : 2 h 12
|
- - (PCM) Image PAL |
Clips
de Desert, Flowers et Fleur de Saison (9 min format respecté) |
L'image navigue sans cesse entre le bon (couleurs naturelles, gros plans bien définis) et les plans obscurs très mal définis et trop compressés. Mention quand même au montage un poil dynamique alors qu'il aurait pu vite virer au plan-plan. Et une autre pour les fleurs Tim Burtonesques de Sweet Blossom carrément géniales. | ||
Une stéréo qui n'a quasiment aucun défaut, et un DTS qui rajoute des grosses basses et quelques effets surround bien vus. Le Dolby augmente la spatialisation mais perd de la présence et de la définition, sans être ridicule pour autant. | ||
De l'anglais, des pingouins, du piano/voix, des reprises, ne manquait plus qu'un instrumental et la panoplie était complète. Un très solide best-of de la demoiselle. | ||
Les clips sont impressionnants et quelque peu dérangeants (l'ombre du Gab' est sur le mur !). Le "making-of" est plus une confession d'Emilie qui démontre par A + B qu'elle est une vraie musicienne et rien d'autre. |
Qui aurait cru que les contes de fées existaient ? Après tant d'années, on a enfin découvert l'existence de Belle. Vous savez, le joli petit lot que Disney va sortir ces prochains jours en Blu-Ray. Et ici, en France. Eh oui, Charles Perrrault était français, et son conte aussi ! Notre beau pays possède donc sa Belle : une vraie princesse, certifiée AOC et tout, d'une beauté irréelle, d'une grâce magique, la tête aussi bien faite que bien pleine, courageuse et entêtée, mais qui pendant tout ce temps était gardée prisonnière par une hideuse Bête : le mass média. Ce monstre, maudit dès son plus jeune âge, était voué à rester idiot, sans aucun goût, privé de tout sens critique, et non pas respecté mais simplement craint par ses sujets de par sa force surhumaine. La chute du dernier pétale d'une rose (hybride de thé), et la malédiction prenait forme : la Bête resterait seule, haïe mais omnipotente, et ses sujets de mourir de faim, persuadés que Kool Shen, Yannick Noah et Olivia Ruiz représentent l'apogée ultime de la musique en France. | |
Mais
voilà, des profondeurs ouatées de son petit home studio,
Belle surgit et, parce que il faut bien qu'une fois par an cette calamité
serve à quelque chose, les Victoires de la Musique lui décernèrent
une récompense. Puis ce fut La Marche de l'Empereur et son
colossal succès. On découvrit alors une artiste passionnante,
musicienne dans le vrai sens du terme, sorte de fusion thermonucléaire
entre le Jean-Michel Jarre de Métamorphoses, le Peter Gabriel
de Up et la Kate Bush de The Dreaming. Passionnée
par le son et son traitement (elle a été à bonne
école), Emilie n'a peur de rien ; même chanter en anglais
(avec un accent crédible) qui reste encore de nos jours l'outrage
ultime pour la Bête. Ses albums, un tantinet difficiles d'accès,
regorgent à chaque seconde d'effets musicaux et de samples divers
(elle a dû être nourrie au sein par Akai dans les années
90 !). Son adorable minois, sa petite voix mutine et zeu pinguins ont
réussi à la sortir du lot et la rendre populaire ; mais
l'adorable souris reste la Dora l'Exploratrice du sampling avant tout,
et un passage en live avait de quoi intriguer.
|
|
Et vous connaissez désormais le légendaire problème de l'électro sur scène : comment apporter une vraie fraîcheur humaine sans trop trahir l'esprit des productions studio ? Pas mal de gens s'y sont cassé les dents, à plus ou moins grande échelle. Eh oui, quand il s'agit de voir sur scène les tripatouillages inhérents à la Musique Assistée par Ordinateur, c'est un peu comme le far aux pruneaux : il y a pas mal de flan. Aussi n'allons pas par quatre chemins et abordons tout de suite le sujet qui fâche : oui, en live Emilie Simon est obligée de se servir de pas mal de bandes, impression renforcée par l'absence totale de vrais synthés sur scène, de bassiste (sauf pour quelques titres en lead) et même de batteur, s'adjoignant les faveurs d'un percussionniste dont le rôle rappelle par moments Iris Camaa (la flotte dans Swimming qui continue ?). Même la voix de la puce est très souvent doublée. Donc ne vous attendez pas à une recréation live complète, mais plutôt à une extension des titres studio, avec quelques passages qui font parfois penser à du... du... du vous savez quoi, d'un célèbre groupe allemand que je ne citerai pas. Surtout qu'avec Camaa on fera jamais le rapprochement. | |
Maintenant,
une fois ce postulat digéré, que reste-t-il ? Un très
bon moment à passer. Vraiment très bon. Si les débuts
du concert peuvent être difficiles, puisqu'il s'agit de rentrer
tout entier dans un univers et pas des moindres, on se surprend à
vite adhérer à ce mélange de mélodies pop,
de textes sucrés-salés et de recherches sonores inédites.
Sobre sur scène, mais jamais effacée, Emilie Jolie distille
ses perles en passant du piano à la guitare, réveilllant
ses musiciens ou les laissant plâner selon l'humeur, et montrant
au passage qu'elle possède un réel talent de composition
que les dérives expérimentales du studio avaient quelque
peu enterré. Car ce n'est pas la moindre des surprises : on pourra
trouver les versions live encore plus délicieuses et brillantes
que leurs jumelles enfantées derrière un Mac. Comme cet
Opium qui de ritournelle un poil agaçante trouve sa vraie
vitesse de croisière, et est désormais un vrai titre et
pas un caprice de damoiselle de studio. C'est là l'autre surprise
: l'univers coloré de Simon est certes tout ce qu'il y a de plus
féminin, mais au grand jamais la demoiselle n'en joue. Ouf.
|
|
Si les amateurs d'électro à la mode visuelle seront donc un peu déçus (mais pas tout à fait bafoués), ceux plus simplement de bonne musique risquent donc d'avoir un choc tant la très bonne tenue du concert est loin des préjugés bobo-Camillesques qu'on pouvait se faire de la miss, si l'on ne s'en tenait qu'au peu que la Bête avait daigné nous en montrer. Tout au plus regrettera-t-on la fin du concert : une reprise de Nirvana qui n'a pas la puissance paralysante de celles de Tori Amos, et qui est loin de la qualité de composition de tout le reste (paf). Et le spectateur de se surprendre à penser que ce live à l'Olympia, contre toutes attentes, est probablement un des meilleurs DVD français de sa riche année 2007. Mais une artiste si singulière méritait mieux qu'un simple et bête live, le DVD sera-t-il à la hauteur? Vous le saurez en lisant le prochain épisode. | |
Prochain épisode. Ah ah. Quel humour. C'est qu'il en faut lorsqu'on voit les premières minutes : image floue, bleu-craignos, arty en diable, ce qui n'aide pas à rentrer dans le spectacle. Heureusement, le reste du DVD est picturalement correct, la réalisation pas mauvaise du tout, mais on regrettera une pénombre omniprésente et donc ces bleus qui bavent pas mal, rendant notamment la définition bien moins piquante que la plupart des live français habituels. Côté son, ça s'améliore grandement, il aurait été étonnant que la princesse ne fourre pas son nez dedans, et le résultat est ce qu'il est : une stéréo hallucinante de précision (au casque c'est fantastique) et un DTS très fort en basses (jamais saoûlantes), avec peu de spatialisations d'instruments mais toujours un petit effet arrière pour relancer la machine. Bon travail, miss. |
|
Ne nous quittons pas si vite, on rajoutera quelques bonus : trois clips qui une fois de plus montrent qu'en France on a quand même quelques spécialités (le clip-prouesse en étant un), une camescoperie nipponne, et surtout un making-of où de sa petite voix mutine Emilie se permet d'être mille fois plus intéressante et professionnelle que 95% de ses consoeurs. en l'écoutant parler on se rend compte que plus que Jarre et Gabriel, c'est à feu Daniel Balavoine qu'elle fait le plus penser. Et c'est un sacré compliment. Sachant que ses albums deviennent de plus en plus organiques, sans perdre de leur recherche sonore, on peut rêver d'un futur live encore plus réussi... mais par pitié Emilie, pas tout de suite. Laisse mûrir les compos. Prends ton temps, tu en as tant devant toi. A 16 ans, on a tout le temps du monde devant soi. Hein ? Quoi cher ami lecteur ? Elle n'a pas seize ans ? Tu sors, cher ami lecteur. Tout gentleman devrait le savoir : on ne révèle jamais l'âge d'une princesse.
|
19 septembre 2006 - L'Olympia (Paris) |
01.
Introduction |
Emilie
Simon - Chant,
claviers, guitare, flutiau
|
Cyrille Brissot - Samples, électronique |
Steffen
Charron - Guitare,
choeurs
|
Arnaud Crozatier - Violoncelle, basse |
Catherine
Demonchy - Violon alto
|
Emilie Wallyn - Violoncelle |
Cyril
Hernandez - Percussions
|
Sara Chenal, Virginie Turban - Violon |