Tiens ? Mais que fout-il ici, l'animal ?

D'habitude, les chroniques express, c'est l'apanage de Chris ! Pourquoi Baker viendrait-il marcher sur ses plates-bandes (en plus avec son poids, je te dis pas la gueule des fleurs) ?

Parce que depuis janvier, grâce à Capitaine N'Eric, le Baker s'est mis au Blu-Ray. Seulement, le Blu-Ray, il peut pas en tester le son en 5.1, il peut pas en faire des captures d'écran, et en prime, il n'a pas les moyens de se payer à chaque fois le DVD ET le Blu-Ray pour vous faire de belles chroniques bien détaillées comme vous les aimez, bande de gourmands.

J'utiliserai donc cette tribune de la Chro Express pour donner mes avis à chaud sur des Blu-Ray que notre staff n'a pas encore acheté en DVD. De belles chros rapidement torchées, bien bâclées comme il faut, et avec une très sérieuse dose de subjectivité. Si vous pensiez que les articles de DvDreamScape étaient déjà trop personnels à votre goût, faites-vous plaisir, quittez cette page. Parce que de la subjectivité, il va y en avoir, prévenez les hémophiles ça va saigner. On s'lâche. Fini de rire. Bas le masque, il n'y a plus d'agent 007, il n'y a plus de Commissaire Moulin, c'est d'homme à homme. Cette fois it's personal. Non, calmez-vous, ju déconne, ça ne va pas être un défouloir absolu. C'est juste que pour une première chro express à haute teneur en mauvaise foi, c'est une coincidence mais ça tombe mal. Ca tombe sur un sujet tabou. Ultra-tabou, sacré même.

Hendrix.

Je n'aime pas trop Hendrix. Mais une partie de sa discographie m'a toujours attiré, et mon désir soudain de le redécouvrir s'est calé pile-poil avec la sortie en Blu-Ray de ce Live au festival pop de Monterey, premier vrai festival de rock digne de ce nom. Couillon de la lune patenté, je fus berné par les "restauré en haute définition d'une qualité exceptionnelle que tes oeils ils le croiveront pas" prenant plus de place sur la jaquette que la tête à Jimi. Et puis c'était l'occasion de tester mon lecteur tout nouveau tout beau avec autre chose qu'un film. En prime, "ce fût l'évènement le plus important de la carrière de Jimi" (phrase copiée-collée sur tous les live, albums, DVDs, EPs, remixes, compiles d'Hendrix depuis 1971).

Alors au final que vaut la découverte de ce super-concert-que-méga-wouahou-of-la-mort dans le transfert le plus pur et le plus cristallin de la perfection digitale de la nouvelle génération de le futur ? Déjà, deux minutes de chargement. Welcome back to ZX Spectrum. Puis le logo Universal en HD... qui lagge ! No comment. Pour patienter, un petit livret (très, très très rare dans le monde actuellement bien fade du Blu-Ray) bien fichu, et qui nous dit que Jimi ouaip c'était trop de la balle. Curieux, je m'attendais plutôt à des "Jimi était surestimé" et autres "Beaucoup de guitaristes en ont fait autant que lui à la même période", voire des "Jimi a salement vieilli"... Pour finir, ouf ! le film. Enfin, la demi-heure de film prise en sandwich entre deux rétrospectives où des cinquantenaires nous annoncent que Jimi la vache c'était le meilleur et qu'on n'a jamais fait mieux depuis. Puis arrive le film "proprement" dit, et

AAAAAARGGGHHHH !

Putain, je me suis pris des années 60 en plein dans la gueule ! C'est que ça fait mal quand on s'y attend pas ! Entendons-nous bien (en hurlant on a plus de chances) : j'admets que cette décennie fût une des plus importantes pour le progrès de l'humanité, je ne vais pas faire mon Bob Roberts. Mais il est quand même étrange que de toutes les idoles musicales, celles que je ne supporte pas (ou avec grande modération) soient : les Stones, les Beatles, les Doors, le Velvet, Nirvana et Jimi Hendrix. Ami lecteur, quel est le point commun entre toutes ces formations ? Quoi, Nirvana c'était pas les sixties ? Pourtant, trois accords, son pourri, guitare pas accordée, de la drogue, on sait pas chanter mais on mise tout sur l'attitude... Bon okay, j'arrête. Donc dès les premières images, les années 60 envahissent votre salon, et je ne parle pas que des jeunes filles en fleurs, des chemises Roine Stolt, des coupes de cheveux "Ultra-Gras de Douxrnier" ou de ce que je ne supporte pour le coup vraiment pas, la dope omniprésente... Le reportage de départ nous dit que le festival était fantastique car il n'y avait "pas de drogue". Puis qu'il n'y avait pas de mauvaise drogue. Puis un intervenant nous lâche que tous les musiciens étaient camés. Puis on se rend compte que toute la foule l'était. Et on finit par une pub officielle sur le site du festival pour le L.S.D. A part ça tout va bien...

Non, techniquement aussi ce sont les 60s, Blu-Ray double couche de 50 gigas ou pas. Le son est nasillard et crachotant comme d'habitude, la batterie sonnant vraiment d'époque. Mais surtout l'image, urgh, quelle laideur ! Ah c'est sûr, le sticker ne nous a pas menti : c'est bien de la haute-définition. Disons que le grain affreux, les couleurs minables, la définition tremblotante et tout ce qui s'en suit est bel et bien en HD : avec le Blu-Ray, la hideur entre dans une nouvelle dimension. La réalisation, confiée à D.A. Pennebaker (aucun lien de parenté et pourtant j'aime les pâtes), est d'une molesse jamais atteinte dans l'histoire du DVD musical. En fait, regarder ce film est une purge, qu'on aime Hendrix ou pas. Les angles choisis sont au mieux corrects, le montage est totalement inexistant, au milieu du film une lumière s'éteint rendant le tout noir charbon, et quand elle revient, nous avons de magnifiques caméras floues - pas trois secondes le temps de faire le point, non, du vrai beau flou bien dégueulasse. Oui, je sais, c'est un document d'époque. Mais le sticker "image sublime et définition qui déchire ton slip" l'est tout autant, pas vrai ? On rajoutera des problèmes de synchro, parfois si gênants qu'on a l'impression d'entendre des overdubs, et la crédibilité du Jimi en prend un sérieux coup.

Et d'ailleurs, le Jimi, comment il est ? Eh bien je suis très partagé, vraiment. Côté rythmique, il assure grave. On ne peut pas lui retirer cela : beaucoup de guitaristes lui doivent tout (Stevie Ray, si tu nous lis...), et s'il n'est pas autant précurseur du hard rock tel qu'on l'entend, il est évident que son sang coule dans les veines de Slash et autres Nuno Bettencourt. Sans compter que sans lui, Lenny Kravitz n'aurait pas effleuré le paradis. Mais pour le reste, je suis dubitatif. Jouer avec les dents, la gratte dans le dos, en levant la jambe, en passant sa main par-dessus le manche, tout ça c'est joli. C'est "phénoménal", "innovant", "épatant"... et quand Steve Vai ou Yngwie Malmsteen font la même chose, c'est "poseur", "prétentieux", "inutile". Rigolo non ? A ce stade, Jimi jouait sur une guitare 6 cordes : quand Vai délaisse sa 7-cordes pour revenir à la 6 c'est un putain de plagieur. Jimi chantait avec une voix de bluesman : vite, foutez Jonny Lang en prison ! ("notre" Johnny aussi tant qu'on y est, immunité présidentielle ou pas). Jimi a participé à un festival : hop, Nine Inch Nails au gniouf ! Et Jimi jouait en pentatonique, alors là je vous dis pas, même ce gros bâtard de Bach va y passer.

En solo, innovateur ? Oui. Brouillon aussi. Hendrix a toujours été pour le commun des mortels "le" génie des solos de guitare électrique, perso il ne me semble jamais aussi bon qu'en son semi-clair sur des rythmiques blues-rock. En chant, sublime et profond ? Oui, la preuve : sur la reprise de Dylan, il arrive à chanter aussi faux que le Maître. Sur scène, bête de sexe qui magnétisait les foules ? Peut-être, après tout ses discours entre les chansons sont un pur charabia de banalités, mais comme l'assistance toute entière a ingurgité plus de champignons en une soirée qu'une usine William Saurin ou un tapin du 18ème, à un moment ça doit se recouper... Provocateur, enfin ? Oui. Oui, môssieur, comme ses copains des Who juste avant, détruira sa guitare, l'immolera par le feu, et tout le monde de faire "ooooohhhhh ! quelle idée géniale, quel culot, quel geste !". Détruire délibérément un instrument à 3000 boules... qui est son unique raison de pouvoir monter sur scène... et pour au final le casser... Beaucoup de groupes l'ont fait, et je continue de trouver cela d'un crétinisme total (hem... Nirvana l'a bien fait... okay). Adulé donc, le Jimi. Pas possible de trouver quelque part une seule personne osant dire que, peut-être, il n'était pas tout à fait aussi éblouissamment génialissime que cela. Ultra-tabou, avait-on dit ? Sacré, même. Ca me gonfle, le sacré. Ca m'fout les glandes. En petites pièces que je l'éparpille, façon puzzle.

La haine gratuite - et même sur les bords de mauvaise foi - enfin vômie, reste un point crucial. Non, deux. Un : le fan d'Hendrix doit-il acquérir ce disque, et deux : le Blu-Ray vaut-il l'achat en tant que haute-def ? A la question un, même pas la peine de daigner apporter une réponse : le fan d'Hendrix, de toutes façons, a déjà quitté cette page et son écran depuis longtemps, soit pour aller acheter ce bijou, soit pour venir me casser les genoux. Mais est-ce vraiment un concert important ? Je ne peux honnêtement pas répondre : le regarder m'a gentiment amusé, sous couvert d'un léger ennui, rien ne m'a transcendé, et si l'importance vient des acrobaties ou du sacrifice de gratte, alors oui, bien sûr, offrez-vous-le. Si c'est pour découvrir Hendrix, je ne pense pas prendre de risques en disant qu'il y a bien plus important à acheter - ne serait-ce que ses trois albums studio.

Quant au Blu-Ray, outre le fait que le 5.1 parait-il très fort, non mieux que ça, surpuissant, n'ait pas pu être testé par mes chastes oreilles, on ne peut pas dire que la haute définition apporte quoi que ce soit. Comme on l'a vu plus haut, les seules choses qui bénéficient d'un rendu de détail accru, ce sont les défauts de pellicule. Même les bonus, qui pour une fois sont tous en HD, n'offrent pas une clarté d'image très différente du DVD. Avantage : tout est sous-titré (y compris les "errrr..." de langage) ou presque. Pour le reste, le passage en Blu-Ray n'est franchement pas indispensable. Le bonus du tout premier concert sera toujours aussi atroce niveau son, l'image aura toujours ses flous, son montage inexistant et son inintérêt partiel, et comble du comble, le B-R nous offre un multi-angles sur presque tout le concert... ou le bonus le moins bandant du monde. Seule consolation : il permet de mieux se focaliser sur Mitch Mitchell, qui était un batteur d'une fougue phénoménale, pas toujours en place mais furieux dans son jeu, et à la rigueur plus phénomène de son époque qu'Hendrix sur certains points.

Que ce soit en DVD ou en un Blu-Ray dont les promesses sont très loin d'être tenues, ce live fera donc le bonheur de Philippe Manoeuvre, des ex-hippies, des historiens du rock, et des fans de Hendrix à travers le monde - et ils sont nombreux. Quant à moi, je préfère écouter ses fidèles suivants, ses disciples, sa génération spontanée : Stevie Ray, Gary Moore, Tangerine Dream (eh si), Popa Chubby, Nono... Autant de gens qui ont ingurgité son legs, lui doivent tout, mais inexplicablement offrent ce petit "truc" en plus, ou en moins d'ailleurs. Si la légende est plus belle que la vérité, imprimons la légende, disait le poète. Hendrix a très vite tourné à court d'encre, mais sa légende continue de perdurer grâce aux centaines de pointures, de grands guitaristes, de bons guitaristes, de guitaristes (et de Malmsteen ^^) qu'il a influencés, alors oubliez les paroles sarcastiques du vieux con de DvDreamScape, et découvrez son univers. Mais pas forcément en raie bleue, la différence de prix risquant de faire changer la vôtre de couleur. Tiens, poètes again....

 


11-04-2008

 

Les titres :

Killing floor
Foxey lady
Like a rolling stone
Rock me baby
Hey Joe
The wind cries Mary
Purple haze
WIld thing

Les musiciens :

Jimi Hendrix - Guitare, chant
Noel Redding - Basse, choeurs
Mitch Mitchell - Batterie

Bonus :

- Sous-titres français et anglais PRESQUE partout
- Documentaire rétrospectif American Landing (st fr uk, HD) incorporé au live
- Interview de Lou Adler (st fr uk, HD)
- Deux live de Stone Free et Like a Rolling Stone incorporés à un documentaire sur la mode ("HD", NON st)
- Multi-angles (de 1 (sic) à 3) sur la plupart des chansons