Toujours cette guitare rythmique infernale, ces refrains déments, ces solos classiques, et un excellent public |
Note globale |
Un concert qui curieusement n'est "que" bien, son 5.1 ultra-décevant, manque de puissance, de paillettes, de flamboyance |
Editeur
: Frontiers Records
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Durée
totale : 2 h 03
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- Image NTSC |
DVD
non timecodé, je pensais pas qu'en avril 2010 on pouvait encore
se permettre ce genre de fantaisie cheap... |
Pas grand-chose à redire techniquement, c'est fluide, l'image en général a une très belle définition, mais il faut avouer qu'on ne voit les musiciens que la moitié du temps. C'aurait presque mérité 7, mais non, pas possible, les rouflaquettes de Kevin ça ne passe pas. | ||
Là aussi, il n'y a rien de honteux mais ce n'est pas super-brillant. La gratte de Bettencourt garde cependant ce mordant grassouillet du studio, ce groove à tomber à genoux. Bon son alors ? Plutôt. Tant qu'on oublie un 5.1 catastrophique. | ||
Dans setlist, il y a le choix des morceaux, et il y a l'ordre. Ici les deux n'arrivent pas à travailler main dans la main et zigounette dans le pilou-pilou. Il y a des choix très agréables, voire des surprises, mais Extreme peut encore mieux faire. Oui, j'aime un peu trop ce groupe et je châtie bien. | ||
4 clips, et pas toujours fantastiques. Là aussi, on sent qu'un groupe plus frais et avec moins de pression et plus de mégalomanie aurait eu les reins plus solides. |
Il en est des coïncidences comme des Parques ou des poivres dans la sauce : elles vont par trois. Il y a l'Amusante, la Troublante, et la Fâcheuse. Ici, l'Amusante est qu'on tient enfin le premier live officiel d'Extreme. Mon premier groupe fétiche. Mon premier concert. Et le premier disque en public d'un groupe qui pourtant faisait du live leur point fort. La Troublante est que le premier live de mon premier groupe préféré soit aussi la dernière chronique de ce site avant un hiatus qui sera plus ou moins long, voire définitif - seul l'avenir nous le dira. Mais surtout, la Fâcheuse est que pour un tel live d'un tel groupe et sur la dernière page d'un site aussi bavard, il y ait si peu à dire. | |
Récupérés
par Frontiers Records, le petit label italien qui monte (et qui fout partout
des autocollants hideux et indécollables), Extreme nous avait quittés
en 1995 après un quatrième album qui, extrêmement
(arf) loin des trois précédents, avait
totalement divisé les fans. Leur cinquième opus débarquant
dans les bacs ne fût pas beaucoup plus fédérateur,
mais au moins le groupe, s'il ne revenait pas vraiment au son des débuts,
allait encore plus loin dans les expérimentations, balayant le
monolithisme pesant de l'album-clash. Enregistré un peu à
la va-vite, peu hétérogène soniquement, avec quelques
titres anecdotiques et un Gary Cherone constamment à la limite
de la justesse, Saudades de Rock n'était qu'un pur prétexte
à remonter sur les planches. C'était sa raison de l'acheter,
c'était sa raison d'être, et l'album accomplit sa destinée
: Extreme, en live, "chez eux". En 16/9ème, 5.1 et concert
complet.
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Et pourtant... Gary chante bien (même s'il est parfois rattrapé), Pat est vraiment devenu le Michael Anthony du groupe à cent pour cent, Kevin, le nouveau batteur, balance des plans sympas, et bien sûr, Nuno est resté un guitar hero extraordinaire, le groove dans la peau, le son gras, les solos fûmants, la gratte faite homme. Et pourtant... Le public, partagé entre les jeunes filles venues pour le petit cul de Nuno et les trente-cinquenaires ventrus venus pour sa Washburn N4, est sensationnel (sur les vieilles chansons, limite respectueux sur les nouvelles), connait par coeur TOUTES les paroles, rigole, se croit chez lui, bref fait le show. Et pourtant... La setlist est bourrée de bonnes choses : Cupid's Dead, Rest in Peace, quelques bonnes chansons du dernier album dont un excellent Ghost, le "rare" (lol) Am I Ever Gonna Change... | |
...Et
pourtant... pourtant... on ne peut s'empêcher de trouver à
ce DVD quelque chose d'inachevé, comme un plat alléchant
sur la photo mais cuisiné sans saveur. Le groupe a beau être
toujours uni et puissant, il reste fatigué - le concert est le
dernier de la tournée et pour une fois, on le sent. L'humour décalé
de Nuno ne passe pas toujours : He-Man Woman Hater est coupé, mais
pour quelle raison ? Le synthé planqué entre trois planches
de bois pour faire piano droit du XIIIème
siècle, c'est de l'auto-dérision ? Faire chanter More than
Words au public à 75%, c'est un auto-hommage, ou bien un moyen
de planquer un emmerdement de puissance tellurique ? La setlist pêche
aussi par les transitions qui manquent de peps (pas d'intelligence), et
par ce milieu acoustique qui met à mal ce qui faisait la force
d'Extreme : leur versatilité. Le concert en entier passe relativement
bien, n'est pas mou, ou inintéressant, ni même aussi mal
agencé que ça ; simplement il manque l'étincelle,
le feu sacré qui rendait la paire Cherone / Bettencourt si unique.
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Le grand gagnant dans cette histoire, c'est Pat Badger. L'ex-blond (disque de) platine montre qu'il n'est pas un bassiste à prendre à la légère, et le meilleur exemple en est ce Get The Funk Out au groove énorme. A côté de cette intro mythique ici sublimée, d'autres moments n'ont pas à rougir, et presque tous les refrains sont repris avec une bonne humeur qui fait plaisir à voir. Si le groupe manque de jus, le public fait le plein. En prime Kevin Figueiredo est tout de même un peu supérieur au batteur historique Paul Geary (euphémisme) et presque rien ne manque... sauf donc ce petit ingrédient insaisissable que l'on attendait d'un quartet aussi chaud. Pour un retour, on reste soulagés, mais un peu sur notre faim. | |
La
technique ne fera rien pour donner le coup de pouce salvateur. L'image
est très bien définie.. quand il y a de l'image. La scène
est plongée dans le noir les 3/4 du temps et même si un minimum
de moyens ont été mis en oeuvre, le rendu sur téléviseur
fait un peu pauvre, c'est professionnel mais ça manque là
aussi de cojones, par moments c'est le public qui est le mieux éclairé
! Le son est correct en stéréo : un peu étouffé,
mais avec de belles basses, une balance nickel et une authenticité
indéniable (malgré les rares bandes studio qui, pour être
franc, font plus tâche qu'autre chose). Là où on peut
gueuler en toute légitimité, c'est sur le 5.1 : moins étouffé,
donc "plus clair", il est à part ce détail monstrueusement
raté. La compression est mauvaise, la dynamique mise à mal,
les basses rabotées, et il n'y a quasiment aucune spatialisation
(sauf lesdites bandes studio, beurk), ni réverb derrière,
NI public ! Rater le surround du public avec une foule pareille
et en 2009, c'est impardonnable.
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Les bonus ne viendront pas panser les plaies. On s'attendait à des interviews, un roadmovie, des répétitions, on aura droit à quatre clips. Trois très moyens, et un (Interface) qui aurait dû être excellent : bien fait, intelligent, sobre, fin, et en prime assez universel... Jusqu'à la fin facepalmesque totalement clichée et gratuite, tout juste bonne à choquer les mères de familles et faire bander leurs ados en ébullition. A la rigueur ils auraient fait le même clip avec un couple homo et un baiser hétéro à la fin, c'était tout aussi touchant, tout aussi universel (si), et sans que le spectateur se sente obligé de se cacher sous le canapé. C'est d'ailleurs un bon résumé de tout le disque : si la musique reste excellente (et Interface est un bijou), on sent que cette collection de tubes n'a pas été ébavurée, et le groupe y laisse quelques miettes. On pourra toujours se dire que le live est comme l'album : un coup d'essai histoire de se remettre à niveau... mais justement, le chronomètre tourne et il faudra bien un jour se décider à concrétiser. Extreme est sur la bonne voie, et vous déconseiller ce live serait une grossière erreur. Il faut juste vous rappeler que votre médaille de bronze, si vous ne l'avez pas assez astiquée, risque le vert-de-gris. C'est moins joli. Mais ça reste du bronze. Heureusement que les riffs de Nuno sont en or 24 carats...
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8 aout 2009 - House of Blues (Boston, U.S.A.) |
01.
Decadence dance |
Gary
Cherone - Chant,
choeurs
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Nuno Bettencourt - Guitare, claviers, chant, choeurs |
Pat
Badger - Basse,
choeurs
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Kevin Figueiredo - Batterie, choeurs |