La musique de Morricone est très belle, et le rat géant en plastique qui louche vous fera bien marrer |
Note globale |
Un ratage absolu de A à Z, une médiocrité sidérante quelque soit le sujet, l'angle de vue, la séquence |
Editeur
: SGGC
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Durée
totale : 1 h 37
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(UK) - (FR) Image PAL |
Bande-annonce,
infiniment supérieure au film (1 min fr) |
La définition est plutôt bonne, les contrastes trop sombres, la copie pas mauvaise... Mais c'est surtout niveau compression qu'ils ne se sont pas cassés la tête : ce n'est pas extrêmement fluide. Enfin pour le prix, on a déjà vu bien pire. | ||
Une stéréo qui ne vous épargnera pas des cris tout simplement insupportables, et un 5.1 qui privilégie la spatialisation musicale, au détriment des effets sonores. Franchement, c'est pas une grosse perte. | ||
Prenez tous les ingrédients intéressants, novateurs ou classiques, de quelque adaptation du roman qui soit. Alignez-les contre un mur. Ramenez la crosse vers le ventre, faites pivoter, enclenchez, visez, tirez. Et contemplez le mur vide et criblé de balles. | ||
La bande-annonce française qui pourrait faire croire à un film sombre et plutôt réussi. Pas de biographies comme annoncé. Celà dit, sans vouloir être méchant, la filmographie d'Asia Argento, je crois pouvoir survivre sans... |
C'est assez éprouvant de tirer sur une ambulance... et pourtant j'avais été prévenu. Mais que c'est dur de faire autrement quand chaque souvenir du visionnage d'un... d'un film, pour rester poli, vous titille entre larmes de rage et rire gras, franc et massif. Le sujet avait pourtant tout pour devenir un grand film, venant de la part de Dario Argento, le maître incontesté du giallo, l'esthète européen que même Hitchcock vénérait (c'était très réciproque), l'homme qui en 1989 avait déjà traité du sujet dans un film bien nommé "Opera", qui à son époque avait été critiqué comme un léger déclin du Maestro. Un film sympa, plein de bonnes choses, mais un léger recul. Las ! Si on avait su ! Dix ans plus tard, on a mal aux bras à force de revoir Opera à la hausse. Non pas qu'icelui soit mauvais (il sera d'ailleurs prochainement chroniqué ici). Mais en 1998, cette énième, et pourtant prometteuse, version du Fantôme de l'Opéra a été un peu partout perçue comme le dernier clou dans un cercueil qu'on n'avait pas vraiment vu venir en terre. Au départ, Dario Argento était supérieur à Mario Bava. Depuis, il est inférieur à Lamberto, le fiston tâcheron désormais célèbre pour ses téléfilms au rabais que M6 nous inflige à chaque jour férié. Pour résumer, ce film a été éreinté par la presse, par les spectateurs, pendant sa (très brève) sortie en salles, à chacune de ses sorties, et surtout pendant les "previews" auxquelles Il Dario n'a... simplement pas osé se montrer. Et on aura beau prendre le film sous les meilleurs auspices, être prêt à tout pardonner, tenter de déceler un message derrière chaque plan... rien n'y fait. Ce film est un sombre navet. Pour vous donner une idée du désastre, imaginez à quoi votre serviteur a pensé après à peine cinquante-cinq minutes de film, c'est dire : Le Fantôme version Argento, c'est Vidocq 2. |
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Alors
oui, c'est à ce point, en tous cas pendant deux minutes, la séquence
du "dératisateur géant" qui est aussi ridicule
que bouffonne (dans le bon sens du terme), et encore c'est un compliment
par rapport à certains passages. En fait, je vais vous avouer une
chose : pour une fois, je ne sais même pas par où commencer.
Et j'en suis au milieu du deuxième paragraphe, c'est dire le bazar.
Pour tenter de
renouveler le genre tout en s'appropriant l'histoire, Argento a fait appel
au scénariste Gérard Brach, grand collaborateur d'Annaud et amateur de
choses sombres et torturées. Ca partait donc bien. Sauf que dès la première
minute, notre Fantôme se transforme en Moïse du pauvre et est recueilli,
puis adopté et élevé, par de sales petits rats vivant dans les égoûts
de l'Opéra Garnier. Petits rats, opéra, vous saisissez ?!? Oui, tout
le reste du film est de ce niveau. D'ailleurs, ce sont certainement les
rats qui lui ont appris à parler anglais, à s'habiller classe et à jouer
de l'orgue. A se maquiller aussi car notre évanescent préféré n'est ici
ni masqué, ni défiguré, ni même moche, juste un peu con. Il est amoureux
de Christine, la belle cantatrice qui, elle, est amoureuse... de lui aussi.
Niveau intérêt scénaristique, c'est Super Mario au pays des Portnawaks.
Pour donner un peu d'entrain, la belle cantatrice décide d'un seul coup,
comme ça et hop !, qu'elle déteste le fantôme (dix minutes après
qu'il l'ait sodomisée, je n'invente rien) et se met à hurler et qu'il
périsse dans les flammes et qu'il aille manger ses morts et toute la poésie
du monde, quoi. C'est crédible comme un caprice de fillette devant une
Barbie qui fait caca toute seule.
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Pour pimenter encore le
tout, déjà bien salé, la belle cantatrice est accompagnée de plusieurs rôles
secondaires, mais hélas pas secondés : un dératisateur et son assistant
nain, qui sont comme on l'a vu dignes d'un film de Piteux (pardon, Pitof),
une meilleure-amie qui joue comme un pied et avec laquelle elle entretient
des rapports quasi-saphiques (pendant dix secondes de film, le reste du
temps leur relation est complètement différente, bonjour la
rigueur), deux propriétaires du théâtre pédophiles (inter-minable scène
de « viens ma petite fille » où même Gilbert Montagné et Jeanne
Moreau ont vu venir), plus l'éternelle Carlotta, ici caricaturale à en crever,
et poussant d'incessants cris de belette enragée tout bonnement insupportables
(la VF rajoutant de la saturation à et pour gogo). La moitié de ces
braves personnages, d'une fadeur et d'une inconsistance qu'on ne rencontre
plus guère que dans les meilleurs épisodes de Léa Parker,
seront décimés par le fantôme à grands coups d'effets gore totalement gratuits
(et jouissifs si vous aimez le genre, ce qui monte la note à 1 sur
10) qui tentent de se rapprocher de la version de Dwight Little de façon
bien navrante. Et notre belle cantatrice ? Non seulement elle n'est
pas belle, justement, mais en tant que cantatrice, actrice, personnage,
même en tant que substitut de coton-tige, elle est carrément détestable.
Elle évite le côté « bout de chou paumée limite légume » de pas mal
de versions, mais verse dans le dark side of pétasse attitude en piquant
des crises de nerfs inutiles et incompréhensibles, qui sont cependant, tenez-vous
bien, les SEULS pivots de l'histoire. Ah oui, j'oubliais Raoul. Il faut
dire qu'il est plus transparent qu'une nuisette. La seule chose qu'on peut
dire de ce... personnage, restons courtois, c'est qu'on dirait qu'il a été
parachuté là pour remplir les quotas d'acteurs gays tendance
arty-arte, et de costumes rétro-cheap de mauvais goût. |
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Le tout
cumule les tares : les acteurs sont soit mauvais et en font des tonnes,
soit complètement absents et aussi expressifs qu'un rateau Outils Wolf
(dont l'emblême a un regard vif, lui), les contresens de scénario
ébahissent, le manque d'explications, de mise en place, de motivation
des personnages est d'une ampleur incroyable, un vertigineux gouffre béant.
Plus grave, on rit parfois méchamment. Par exemple, l'animatronic, pardon, le
playmobil avec fourrure qui fait office de rat lors de la séquence d'ouverture :
d'habitude, on met du faux en plan large et du très réaliste en plan serré,
Argento a choisi le contraire. Félicitations, mon brave. De même, la scène
où Asia Argento (magnifiques nichons, tout le reste s'est vite fâné) chante
de l'opéra en playback puis s'évanouit, c'est si moche et stressant qu'on
a envie de modifier le script et accélérer la chute du lustre. Enfin,
puisqu'aucun crime ne nous sera épargné, la mort du fantôme rejoint les
plus grandioses moments de bravoure de Commissaire Moulin : mort
sur un adagio, au ralenti pourri, avec sa pouf qui hurle « noooooooon »
au ralenti aussi, et une ahurissante faute
de raccord pour complètement achever le massacre. On a à peine le temps
de comprendre l'immensité de la nullité définitive à laquelle on vient
d'assister, que le générique de fin défile déjà, donnant un second coup
derrière la nuque. Double casse, et transfert à la cellule « Navet
intersidéral, pompeux et à la médiocrité redéfinissant les mesures de
l'abyssalisme ».
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Heureusement, il reste la musique. Ca et la volonté de vous éviter 90 minutes de torture sont les deux seules raisons de la présence de ce bout de pellicule dans notre site. Pour rester en Italie et essayer de sublimer son film, Argento a fait appel à ni plus ni moins qu'Ennio Morricone. Et le gars est en pleine forme. La musique du Fantome... est une extraordinaire partition parmi les plus mélodiques et sentimentales du maestro. Elle est bien mise en valeur par le son 5.1 original qui d'ailleurs ne spatialise qu'elle et quelques rares échos. Le hic, c'est que contrairement aux autres adaptations de Gaston Leroux, et histoire de faire décidément de ce film un navet plombé à tous les étages, ici la musique en tant que telle n'a aucun impact sur l'histoire, Carlotta et Christine ne chantant que des airs d'opéra classiques et totalement transparents, et le Fantôme n'écrivant pas une note. Heureusement, vu comme il est falôt, il nous aurait pondu du Kyo. En bref, Morricone aura rarement été aussi inspiré, et il a dû puiser ses notes dans l'esprit qui habitait Argento avant la pré-production. Seulement, une fois le travail fini, il y a un tel fossé entre Ennio et le reste de la "troupe" qu'il vaut mieux acheter le CD de la bande originale et imaginer, voire rêver ce que le film aurait pu être s'il avait été bien écrit, bien joué, bien filmé, bien pensé. Moralité : ne jamais croire les gens qui disent du mal d'un film. Parce que des fois, ça peut être pire.
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