Björk qui chante Hyper-Ballad, Beastie Boys en live, bonnes intentions au départ |
Note globale |
Technique foireuse de bout en bout, chansons massacrées artistiquement et techniquement, produit final insupportable |
Editeur
: IMD
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Durée
totale : 1 h 35
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- - Image PAL |
Sous-titres
français sur les interventions |
Une source granuleuse et mal définie, des caméras embarquées aux bouts de bras, du montage typé abeille rebelle, quelques séquences réalisées avec DEUX caméras (Björk), le tout est simplement laid. Et pire : frustrant. | ||
Oubliez les formats surround qui n'apportent absolument rien, concentrez-vous plutôt sur la stéréo. Et concentrez-vous bien car entre les sifflements, les passages en mono, les criarderies, la musique ultra-étouffée, c'est un film-catastrophe à elle toute seule, cette stéréo. Roland Emmerich au Tibet. | ||
Entre documentaire incomplet, making-of foireux et indolent, et "DVD musical" totalement aux fraises, ce Free Tibet ferait mieux de libérer le spectateur. Il y a des limites à l'empathie. | ||
Des sous-titres, deux modules, une chanson. Et attention, le montage de ladite chanson est un malus à lui tout seul. |
Ceux d'entre vous qui jouent, ou ont joué à Heroes of Might & Magic, ont appris la valeur du courage. Exemple concret avec le Badge of Courage, qui permettait d'augmenter la vaillance de votre armée. Ce qui permettait aux archers planqués derrière de shooter à distance avec plus de courage, donc, pendant que les épéistes allant droit à la filoche se faisaient toujours aussi joyeusement massacrer. Avec courage. C'est ainsi qu'une vingtaine d'artistes, et des dizaines de milliers d'Américains, purent crier leur haine du gouvernement chinois et défier leur oppression sur le brave peuple Tibetain, juste là, devant eux, à un peu moins de 10.000 kilomètres de Pékin. Mais ne billevesons point, nous ne sommes pas là pour parler politique, engagement personnel et géopolitique asiatique, mais musique. Gloups, mais où est ce foutu badge quand on en a besoin ? | |
Free
Tibet, derrière une jaquette qui promet monts et merveilles, c'est
une heure et demie chrono pour nous convaincre que la Chine est un pays
de sanguinaires malotrus qui tuent sans vergogne des innocents. Ce qui
est repris dans le premier quart-d'heure consacré à l'origine
de l'évènement (le concert, pas le génocide), et
tente de nous le montrer sous toutes les coutures (le génocide,
pas le concert). Images d'archives, commentaires divers, témoignages,
cette partie du DVD, à défaut d'être véritablement
passionnante et exhaustive (il est bon de laisser parler les victimes,
mais c'est toujours plus intéressant quand on a aussi l'avis des
bourreaux), pourra néanmoins vous apprendre des choses, et peut-être
éveiller votre conscience à ce sujet. Et vous comprendrez
mieux pourquoi des artistes ont donné de leur temps pour réunir
une jeunesse américaine ivre d'indépendance et de justice
(Indiens et esclaves Africains compris, n'est-il pas ?).
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Las ! Non, pas las !, c'est au-delà, c'est fichtre, diantre, maudits gredins, sacripans, vils chenapans ! Que le résultat est pénible ! Passé le quart-d'heure américain, il reste à nos braves réalisateurs 1h15 pour rendre compte d'un concert réunissant plus d'une quinzaine d'artistes. C'est donc un festival intercommunal du mauvais goût qui s'ouvre ainsi : non seulement 95% des chansons seront sabrées, mais en prime la technique va tout faire pour enterrer le projet. Ainsi, les caméras font leur boulot, c'est-à-dire filmer. Filmer quoi, alors ça... Les cadrages sont simplement affreux, sans queue ni tête, ne montrant que rarement des choses intéressantes, l'image en elle-même est très faible, et le montage, dans sa globalité autant que spécifiquement, est navrant. M'enfin, on ne coupe pas un solo de Buddy Guy, merde ! Une seule chanson est presque intégrale : celle des Beastie Boys. Le reste est sauvagement découpé façon Jésus de Lyon. Intégrité ? Des clous ! | |
Et
si encore les disons 50 minutes de musique disponibles étaient
fantastiques... mais il n'en est rien. Björk chante magnifiquement
une superbe chanson... sans ses musiciens (la classe). Foo Fighters était
dans sa pire période (la première) avec dave Faux (j'adore
dave Grohl. Mais Faux était le mot clef de cette journée).
John Lee Hooker a toujours la classe mais est filmé comme on filmerait
un vieux maquereau et ses filles dans un bar à tapins de la rue
Caulincourt. Artistes typiques 90s du rap racé, De La Soul et A
Tribe Called Quest n'ont droit qu'à deux-tiers de chansons avec
un son affreux. Et, parce que si on défend les Tibétains
il faut souffrir un peu avec eux, vous avez Pavement. Un abîme de
médiocrité. Si c'est ça faire du rock indépendant,
je préfère faire de la variétoche sur une major,
et avec fierté.
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Attendez, restez un peu, ce n'est pas tout ! On a oublié le son, et comment l'oublier celui-là ? Il est magnifique. Il est la preuve que même un sujet comme le Tibet ne fait pas l'unanimité. Car visiblement pro-Chinois, les ingénieurs du son se sont donnés le mot pour saborder leur travail. Outre les habituelles interviews inaudibles et criardes, le son des groupes est minuscule, étouffé, chuintant, sans l'ombre d'un degré de chaleur. Et c'est sans compter quelques passages en ... mono, survenant on ne sait ni pourquoi ni comment. La balance docu/musique est pour une fois relativement correcte, et pour cause : tout est pourri d'un bout à l'autre ! Pour résumer, la défense du peuple Tibétain passe, lors de l'achat de ce DVD, par un concert découpé en mille morceaux, poussif, avecc quelques groupes franchement mauvais (Pavement, qui ferait mieux d'aller y travailler) et d'autres trop courts (Björk, Smashing, Sonic Youth), avec image et son catastrophiques, et un intérêt général proche du néant. Ce ne sont pas deux documentaires angströmesques et une chanson bonus nulle à chier qui viendront sauver les meubles : après avoir subi en intégralité Free Tibet, franchement, on se s'occupe plus vraiment du sort de ces pauvres Tibétains. On se sent surtout soulagés d'avoir été libérés, nous ! Allez, tous ensemble : plus jamais ça.
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Juin 1996 - Golden Gate Park (San Francisco, USA) |
Beck |
J'ai bien content d'avoir viendu, ouam... |
Ah
non eh oh, j'ai assez souffert, un peu à vous maintenant...
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