Le talent incroyable d'Eric Johnson, le duo Vai / Keneally, le son propre |
Note globale |
Satriani chiant comme la mort et un concert honteusement saboté |
Editeur
: Epic
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Durée
totale : 1 h 08
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- Image PAL |
Biographies succintes |
Une réalisation quelconque, pas toujours finaude, mais une définition agréable et des couleurs vives, bien que trop monochromatiques. Dans l'ensemble, plutôt bien. | ||
La stereo est la même que le CD, le 5.1 est un petit délice même s'il y a trop de réverb naturelle (c'est un comble mais ça apporte de la présence). Manque un petit poil de chaleur sur la partie Johnson par rapport à la stéréo, mais c'est vraiment agréable à écouter. | ||
Une première partie ultra-chiante, une seconde très largement trop courte, 68 minutes sur un concert qui a bien duré 2 h 45 : la honte ! Note punitive. | ||
Trois biographies assez succintes et moches à lire. |
Au départ, c'est un peu le cirque : tous dans le même métier, mais avec des habiletés différentes, réunis pour divertir le public, le faire rire, l'émouvoir, d'abord chacun son tour puis tous ensemble. Le G3 a clairement été conçu dans ce sens : que les amoureux de la guitare prennent un pied monstrueux, et que les autres écoutent de bonnes tranches de blues/rock bien graisseux, le tout arrosé de musiciens top classe. Et quel meilleur augure que deux des monstres sacrés du genre, à savoir le Maître Joe Satriani et l'Elève Steve Vai, enfin réunis pour assurer la garantie qualité ? Hélas ! Si cette réunion avait été fantasmée pendant une dizaine d'années, force est de constater que c'est plutôt le cauchemar qui en naît. Au départ choisi pour "3 Guitaristes", le patronyme G3 à mesure de la vision fait plutôt penser à Gillette. Car comme rasoir, Satriani s'est posé là. | |
Le
show débute par Joe. Débute ? Hum, celà ressemble
à une première partie. Voire un chauffage de salle. Tout
est mou. Ultra-mou dégarni, même. Satriani dans une configuration
trio + bande (ouhhhh !) tente de donner de la virtuosité mais à
aucun moment il n'a la flamme sacrée. C'en est même terrifiant
: en l'espace d'un an, l'homme est passé d'un somptueux album blues
à ce concert sans vie. Stu Hamm, toujours en bermuda, choucroute
sur la tête et lunettes de plage, est d'une classe que vous supposez,
le batteur tente de se caler sur ces foutues bandes sans vie, et Satch
d'abuser de ses tics techniques sans réussir à convaincre
: le premier titre est trop mou par rapport à l'original, les deux
autres, à défaut d'être fabuleux, sont Fabulon (plats
à en mourir). Quoi, trois titres ? Eh bien oui, Sony, dans sa grande
générosité, n'a inclus que trois titres de chaque
guitariste !
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A peine a-t-on fini avec Satriani (et que ces quinze minutes nous ont paru interminables !), que l'on passe à Eric Johnson. Et là, quelle différence ! Largement moins connu que le Joe, Johnson l'atomise sur tous les points. Jouant avec un vrai groupe plein de feeling (ce bassiste !), s'adonnant à un blues rock proche de Stevie Ray Vaughan (à qui il dédie d'ailleurs une chanson-hommage), Johnson est éblouissant et n'a aucun mal à ravir la vedette à son metalleux de précédesseur. A la frontière entre le jazz, le blues rock et quelques entournures hard-rock à la Gary Moore, c'est la véritable surprise. Là aussi, trois petites, toutes petites chansons et puis s'en vont... C'est presque à regret que l'on accueille alors Steve Vai, tant dans cette bataille metal / blues, le second s'est montré infiniment supérieur. | |
C'est
mal connaître Vai pour qui chaque show compte, chaque note jouée
doit être ultime. Accompagné de son fidèle Mike Keneally,
clown sidekick de Zappa fantasque, il sauve l'honneur des virtuoses en
offrant un spectacle impressionnant comme à son habitude. La version
de "For the love of God" délivrée ici est un summum
tant dans la technicité que dans la communion avec le public (très
froid, le public), et l'enchevêtrement de mélodies suivant
le groupe et de parties solos volontairement excentriques fonctionne très
bien. Vai a suffisamment réchauffé la salle pour que la
réunion des trois guitaristes puisse rencontrer le succès
escompté : trois reprises de grands classiques, ça fait
toujours son effet. Sauf que là aussi, Satriani sur Going Down
se montre dix crans en-dessous des deux autres. La preuve ? Dans votre
enceinte gauche vous entendrez une guitare bizarre, décalée
mais qui d'un seul coup donne sur un solo extraterrestre : c'est Vai !
Même quand il ne chante pas, il trouve le moyen de faire une rythmique
plus intéressante et mieux perçue que celle du Satch. Quant
aux deux reprises suivantes, Keneally et Vai s'éclatent complètement,
et Johnson clotûre le show avec un Red House aussi bien chanté
que joué finement. A noter que durant tout le show, le volume de
la gratte de Johnson est très en-dessous de celui de ses compères.
Pourtant ce sont ses notes à lui dont on se délecte. Dont
acte.
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Le plus inquiétant là-dedans est la façon dont Sony a vendu ce premier G3 : non mais vous vous rendez compte, trois titres par artiste !!! Il manque les deux tiers du concert, c'est ça le progrès ? Pire : déjà que la jaquette annonce 75 minutes bien chiches, on se retrouve avec 68 pauvres minutes, oui, une heure dix ! D'un autre côté, ça permet d'éviter de trop s'ennuyer (et encore, c'est un peu raté). Avec une telle place sur notre support favori, on pouvait légitimement s'attendre à une technique de grande classe. Là aussi c'est partagé : l'image, sans être mauvaise, est quelconque, on ne voit pas grand-chose et c'est réalisé assez mollement. Le son heureusement présente une piste PCM de grand qualité, et un 5.1 qui se rapproche beaucoup de celui de, tiens donc, Satriani : très très chaleureux. Un peu trop de réverb et quelques drops de dynamique, mais assez petits, pour le reste on est content d'écouter un tel son. Content et frustré, car aussi beau soit-il, le concert reste extrêmement mal équilibré et complètement massacré au montage (même pas de fade-out entre les artistes !). Un énorme gâchis, et il semblerait que les autres DVDs de la collection s'annoncent aussi mal : on parie combien que le DVD de référence sortira dans deux ans et sera un best-of ? S'ils rajoutent le génial Patrick Rondat, je suis prêt à fermer les yeux sur cette à peine moitié de disque. |
2 novembre 1996 - Northrop Auditorium (Minneapolis, U.S.A.) |
Joe
Satriani |
Joe
Satriani, Eric Johnson, Steve Vai - Ukulélectrique
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Stu Hamm, Roscoe Beck, Philip Bynoe - Basse |
Jeff
Campitelli, Brannen Temple, Mike Mangini
- Batteries
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Stephen Barber, Mike Keneally - Claviers |