Une anthologie superbe du blues dans tous ses états, un artiste très attachant, authentique, une suite de concerts extraordinairement sympathiques et le DTS rajoute la larmichette de vodka |
Note globale |
Le mixage inégal au niveau de la voix, la réalisation du live de 2001 |
Editeur
: Eagle Vision
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Durée
totale : 4 h 22
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- - Image PAL (le 1997 est en et ) |
L'habituel petit livret sympathique et qui passe sur la période 1997 aussi vite qu'un Gilette Power Pro Mach 13 sur un cil de frêle naïade nubile |
Différentes vidéos qui sont relativement proches les unes des autres, des réalisations souvent très agréables (Gavin Taylor inside), de très gros plans sur la pauvre Gibson massacrée lors de feedbacks monstrueux, et même un cinquième de DVD super-classe et publicité pour la HD. Dans l'ensemble, très suffisant pour passer un bon moment. | ||
Un son entre propre (bien mixé) et sale (blues), qui sur certains live pêche par un mixage de la voix catastrophique. Mais les possesseurs de DTS s'en foutront, de ça, des voisins, des flics, de tout, vu que ledit DTS pète tout. | ||
Non mais vous avez vu le nombre hallucinant de titres, de tubes, de standards du blues ? Et au cas où vous n'aimeriez pas, vous avez même un document sur le Gary anti-blues pris de remords (vite épongé). Du bonheur à l'état brut, épuré des longueurs pour ne garder que quatre heures de plaisir intense. | ||
Un point pour le livret. Parce que l'intégrale de la collection Montreux en a un, et il a beau souvent être lèche-burnes, c'est toujours intéressant, instructif... et ça donne une vraie valeur ajoutée. Pour le reste, y'a que dalle, c'est dommage mais ça ne mérite pas boycott. Sûrement pas. |
Le blues, c'est comme l'amour ou le racisme. Il peut prendre de multiples formes, mais on finit toujours par le reconnaître. Après avoir fait le kéké chez Thin Lizzy puis Colosseum II (un groupe de rock progressif dont tout le monde a déjà entendu parler mais dont personne n'a jamais écouté un seul morceau), puis avoir fait un éphémère duo avec Greg Lake, en profitant pour fustiger sa période ELP, la jugeant trop commerciale (alors que l'album Lake & Moore est un ramassis de clichés pop FM 80 au dernier degré), l'Irlandais Gary Moore s'est tourné vers une carrière solo de pur heavy metal mélodique parfumé aux ballades qui tuent. Carrière sympathique, lucrative (des Victims of the Future ou Corridors of Power l'ont rendu riche), mais pas vraiment essentielle. Il manquait toujours ce petit quelque chose... Et ce n'était pas le gros son puisque Moore l'a toujours eu, gras comme un sac de cacahouètes. Non, Moore avvait beau être une star du heavy mélodique, il était malheureux, mal à l'aise, et ça se sentait. | |
Et
en 1990, le garçon, têtu comme pas deux (je rappelle qu'il
est Irlandais), tenta le coup de bluff et se tourna vers le blues. Récuperation
commerciale ? Sûrement pas : non seulement le virage lui fût
salutaire, mais en prime la musique du Diable y gagna un nouveau maître.
Le paroxysme fût atteint avec son légendaire album live Blues
Alive, sur lequel j'espère bien m'étendre beaucoup plus
prochainement. Bref, déjà qu'il était reconnu comme
une fine gâchette du colt (six cordes dans le barillet, même
que John Petrucci en a une de plus dans la chambre), Moore et son renouveau
blues était la proie ideale pour Claude Nobs, cherchant toujours
plus de talents à inviter au festival de jazz de Montreux (le seul
festival "de jazz" ayant invité Korn et Motörhead).
Le blues étant une des grandes spécialités favorites
de ce festival, Moore y trouva évidemment sa place. Et pas qu'un
peu : 5 fois. Le double DVD présenté par Eagle Vision, rempli
à ras-bord, nous présente de larges extraits des cinq concerts.
Pourquoi pas les gigs entiers ? Simplement pour en tirer une sorte de
super-best-of, avec aucun doublon, et proposer le concert de blues ultime
: long, dense, et par essence diversifié puisqu'il est Légion.
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Le trip débute en 1990, au tout début de sa reconversion. Et revoir ce live de nos jours est fort intéressant. Gary y a encore les cheveux longs, possède encore un son très métallique, dopé à l'overdrive pur, et il ne s'est pas encore débarassé de certains tics heavy. Le regard hagard, l'attitude parfois hésitante, suant à grosses gouttes (il le fait toujours mais cette fois c'est également une métaphore), il donne tout ce qu'il peut, tente d'exorciser quelques vils démons au passage, met tout son cur à prouver qu'il a les douze mesures plus dans le sang que dans le lardfeuille, et... le bougre se montre déjà doué ! Ses solos mélangent férocité, technique pure et feeling pour un ensemble cohérent. Le public ne s'y trompe pas et lui fait une ovation. Pour laisser définitivement de côté la musique de gros bufs houblonisés, il s'est entouré de musiciens purement blues, y compris une section de cuivres rigolarde, et le résultat n'en est que plus probant. Il y a toujours des petits hics, comme le riff de Texas Strut qui avec un tel son fait horriblement Spinal Tap (la faute en partie à Don 'Deep Purple' Airey), ou encore l'excellent Albert Collins qui ce soir-là était moins en forme qu'à l'accoutumée, mais au final, quel concert ! | |
1995,
son fameux live est passé par là. Toutes ses craintes se
sont envolées. Il n'est plus un guitar-hero, mais un bluesman,
un vrai, certifié. C'est donc confiant, le sourire aux lèvres,
qu'il envahit Montreux pour la seconde fois. Son jeu est plus posé,
sa guitare plus sèche, moins grassouillette, et il a la démarche
artistique d'un véritable historien des douze mesures. Porté
par le public, il délivre un set sans surprises, mais c'est pourtant
un véritable régal de savoir-faire et de bonne humeur. Peut-être
le meilleur des cinq concerts, Montreux 1995 ravira les fans du genre,
et propose en point d'orgue un The Sky Is Crying mythique.
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La suite deviendrait un peu ennuyeuse, et cette chronique aussi, si un élément perturbateur ne venait pas tout chambouler dans le paysage : une dépression post-natale ! Nous retrouvons Gary en 1997, venu défendre un album pas spécialement typé Robert Johnson, et la métamorphose est spectaculaire. Rien qu'au niveau de l'image : c'est le seul filmé en haute-définition, et il est dommage que le seul concert à l'image réellement bonne soit aussi le moins bon. Moins bon, mais bigrement intéressant pour les fans qui suivent Gary depuis plus longtemps que sa traversée des Crossroads. Avec un look très Patrick Rondat, Gary Husband débauché de Level 42 à la batterie, et un son de guitare franchement heavy, Gary donne un concert-abnégation où il tente par tous les moyens de s'éloigner du blues. Retour au metal, utilisation des machines, chansons plus longues, plus complexes, tout est réuni pour faire oublier les Claptoneries. C'en est même gênant car cela paraît forcé, impression aggravée par les coupes dans le concert. On ne sait même pas si ce soir-là Moore avait taquiné la blouse, mais le résultat, moins heureux que les précédents, n'en reste pas moins un sacré morceau d'archive, intéressant à plus d'un titre, et à propos de titre, l'avant-dernier avec son solo mélodique sublime montre bien que notre Irlandais favori n'avait pas épuisé ses dernières munitions dans son domaine antérieur. | |
Deux
ans se sont écoulés, Gary a pris du poids, perdu des cheveux
(ce qui est extrêmement original pour un homme), et revient pour
la quatrième fois dans la station balnéaire suisse. Et avec
un désir de revanche. Le millésime 97 l'aurait-t-il déçu
? En tous cas, si le garçon s'était éloigné
du blues, il y revient ici, les deux pieds dans le plat, en délivrant
une sorte de remake de Blues Alive, version "back to basics".
Les titres sont presque les mêmes, mais Moore a choisi la formule
quatuor : guitare (plus acérée que grasse), basse, batterie
et synthé. Et un ingrédient supplémentaire pour pimenter
le tout : la classe ! Moore & more amusent et s'amusent, les chansons
coulent de source avec une énergie et une bonne humeur incroyables.
Le manque de cuivres oblige les musiciens à donner plus, et ils
le font de bonne grâce. Ce mini-show se finit par l'imparable Parisienne
Walkways : moins percutante qu'en 1993 (la faute à un son de synthé
un peu cheap), cette version n'en est pas moins dantesque, s'étendant
sur douze minutes de larsens et de lutte fratricide entre dix doigts et
six cordes, procurant un plaisir indissimulable.
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Le dernier show sera aussi le moins percutant, puisqu'il est la suite logique du précédent : même formation (mais zicos différents), même tonalité crue de la guitare (encore plus ici), mêmes standards du blues, mais ici inédits. Pas de surprise donc, mais ça shuffle à mort. Il est étonnant de voir à quel point Moore continue de donner sur scène toutes ses tripes, même au cinquième passage. Preuve en est ce dernier titre, parfait pour terminer un concert et à plus forte raison un tel coffret. Hic, et seul véritable changement : l'image. Elle est la plus mauvaise alors que le concert est le plus récent ! Non seulement la définition est à peine meilleure qu'en 90, mais en prime le monteur a eu recours à quelques ralentis bien pourris (problème technique ?). Pas de quoi pourrir l'ambiance, cependant. | |
Pas
de quoi du tout, même, car après s'être avalé
quatre solides heures, loin d'être gavés, on se rend compte
de la solidité de ce coffret. Son défaut principal est de
ne pas avoir un seul bonus, pas même une discographie détaillée
dont le néophyte aurait bien eu besoin. C'est petit, comme défaut
! L'image est une vidéo correcte, rien de transcendant mais même
celle de 1990 n'est pas véritablement honteuse (disons qu'on a
vu pire). A part évidemment la partie 1997 de toute beauté,
y compris de belles couleurs bien chaudes. Le son est plus délicat
à évaluer. La stéréo est de bonne facture,
avec une belle dynamique de la guitare et de la batterie, un son assez
chaud pour convenir à tout un chacun. A l'exception notable des
1997 et 2001 où la voix de Gary est franchement très mal
mixée. Détail amusant : dès que ce n'est plus Yves
Jaget au mixage, c'est la cata. (Tout comme le 2001 n'est pas réalisé
par Gavin Taylor... moralité : faut laisser faire les pros ^^).
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Le 5.1 en Dolby n'est qu'une ouverture, tres généreuse, avec claviers et cymbales un peu sur l'arrière, mais lapidée par la qualité de son. Alors bien sûr, quand on sait ça, le DTS ne peut que dégager les bronches façon intraveineuse de Vicks ! C'est la piste sonore idéale pour apprécier pleinement le concert : un peu de spatialisation, un peu de reverb, pas mal de grosses basses, beaucoup de chaleur. Rien d'éblouissant mais parmi les pistes les plus soignées de la collection Montreux. Et quelle collection ! Qui peut s'enorgueillir d'avoir trouvé ici un de ses pinnacles. Après ça, comment vous quitter par une pirouette ? "Vous aussi, plongez dans la Moore du blues" ? Ce serait ringard. Pas besoin de chichis : ce quintuple programme ne s'encombre d'aucune fioriture, à vous de faire de même. On se secoue et on achète !
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1990, 1995, 1997, 1999 et 2001 - Festival de Montreux (Suisse) |
1990 1995 1997 1999 2001 |
Gary
Moore, Albert Collins - Chant, guitare
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Don Airey, Tommy Eyre, Magnus Fiennes, Vic Martin - Claviers |
Andy
Pyle, Guy Pratt, Pete Rees
- Basse
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Graham Walker, Gary Husband, Darrin Mooney - Batterie |
Frank
Mead, Nick Payne - Saxophone, harmonica
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Nick Pentelow - Saxophone |
Martin
Drover - Trompette
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