Genesis - Remasters


Une excellente idée, quelques bonus précieux, le format SACD (en Europe uniquement), des albums évidemment intouchables

Note globale


(9 si vous êtes un hérétique ne daignant écouter que la période Peter Gabriel)


Le son un peu trop froid et massif sur certains titres, un manque de bonus flagrant sur certaines périodes, et surtout AUCUN SOUS-TITRE, morbidiou !

Editeur : Virgin
Durée totale : Plein

 (96/24) -

Image        PAL

Voir ci-dessous. Bonne chance Jim.

Après Depeche Mode, Talking Heads, Björk et The Doors, et en attendant la complétion des Elton John et Moody Blues, c'est donc au tour de Genesis de sortir l'intégrale de ses albums (moins un) en 5.1. Une sortie en trois actes, trois coffrets qui pour de sombres raisons marketing ne sont pas sortis dans l'ordre chronologique. Sombres raisons marketing ? Mmmmouiiii... mais pour notamment un point bien spécifique. Maintenant que l'intégrale est sortie, oui, c'était bien un coup marketing assassin. Et oui, ça valait quand même le coup d'attendre !

Le contenu est simple : tous les albums en SACD et en DVD possédant une piste DD et une piste DTS (pas de stereo haute-résolution). En sachant que les coffrets vendus hors d'Europe ont les mêmes caractéristiques sauf qu'ils sont en NTSC et surtout... qu'ils n'ont pas le SACD ! (merci pour eux). Chaque album chroniqué ci-contre est également disponible à l'unité, sauf les disques de faces B qui sont réservés aux coffrets.

La qualité du son est excellente en stereo, Nick Davis a fait un travail de remaster assez remarquable. On perd de la chaleur sur certains morceaux, mais les amateurs de gros son seront aux anges. Quant au son surround, il partagera les avis : l'espace sonore est presque continuellement rempli, mais ce choix de mixage aura tendance à fatiguer l'oreille sur les morceaux les plus lourds, et les détails perdent du coup en dynamique et en spatialisation (qui est bien réelle, mais peut sembler noyée). C'est plus un mixage 5.1 "grand public" qu'un travail d'orfèvre, mais il mérite largement l'achat et surtout le réachat, d'autant que les parties plus calmes ou acoustiques bénéficient d'un soin maximal.

Chaque DVD possède les mêmes caractéristiques : menu animé super-classe entre chaque morceau (avec des animations des pochettes totalement éblouissantes), scan des programmes de tournée d'époque (un must pour les fans, hélas absent du premier coffret), interview des musiciens et clips. Nous ne reviendrons pas sur iceux car il s'agit exactement des mêmes présents sur la compil The Video Show. Les interviews sont relativement intéressantes (Collins ne déborde pas d'enthousiasme cela dit), mais on regrettera qu'elles soient uniquement séparées, ce qui les rend un poil froides, ça manque de fous rires et de confrontations d'idées. Mais le souci principal est qu'elles ne sont pas sous-titrées, ce qui est un peu honteux vu le prix, et est totalement rhédibitoire pour les non-anglophiles confirmés : Tony Banks parle comme un moulin à une vitesse effarante et bafouille souvent, Mike Rutherford est totalement inintelligible (rarement entendu un accent pareil). Même si vous parlez couramment rosbif, accrochez-vous.

Les trois coffrets sont enfin tous disponibles, et sans grande surprise, le paquet a été mis sur la période Peter Gabriel, le coffret 1970-1975 ayant fait l'objet non seulement d'un soin un poil plus poussé, mais également d'une promotion hors du commun pour ce qui reste tout de même un produit de luxe. Après écoute de cette intégrale, le défaut principal de cette collection s'avère être une certaine formule sonique mise au point par Nick Davis et dont il abuse quelque soit l'année de l'album remixé, avec pour conséquence une trop grande homogénéité des effets spatiaux, et une qualité du 5.1 divergente selon les titres. Ceux des classiques que vous attendiez au tournant n'auront peut-être pas la perfection attendue, tandis que vous risquez de redécouvrir sur un écrin de platine des joyaux jusqu'alors sous-estimés. Les fans de l'époque ont déjà eu l'occasion de hurler leur mécontentement face à certains choix de remixage ; quant aux bonus, il est vrai que certains semblent manquer.

Mais foin de critiques, le bilan dans l'ensemble, et après une sortie étalée sur deux ans, s'avère très positif. Si l'intégrale Genesis en 5.1 n'est pas la meilleure de son genre (rien que Depeche Mode leur ravit le trône sans efforts), elle n'en reste pas moins digne d'éloges, et la meilleure façon de faire (re)découvrir aux plus jeunes la fantastique discographie d'un groupe très souvent sous-estimé, voire conspué, souvent par des gens qui n'en ont pas écouté trois titres, et qui continue quarante ans après sa création d'influencer un nombre conséquent de musiciens à travers le monde. Et si des gens comme Radiohead ou Coldplay s'amusent encore à montrer du doigt Genesis comme étant l'archétype du groupe éléphantesque à décapiter sur la place publique, n'oubliez pas qu'il s'agit là aussi, et plus que jamais, d'une influence.


TRESPASS

Le disque : Pour de nombreux amateurs de musique, la décennie des années 70 débute curieusement en 1969. Précisément à la sortie de In The Court of the Crimson King, le premier album de King Crimson, définitivement un pas en avant, une rupture, une secousse qui ébranla pas mal de groupes en place, mais surtout impressionna les jeunes formations en apprentissage. Genesis fut de ceux qui débutèrent, comme Yes, par du folk pastoral aux relents de psychédélique et de r'n'b. Gentil, un peu niais il faut avouer, avec déjà de jolies bases mais rien qui leur permette d'accéder au niveau supérieur, d'autant que leur producteur Jonathan King n'avait profité pour rajouter ça et là de grandes louchées de violonnades à la Mike Brant. Il est donc pratiquement impossible qu'entre temps, le Crimson n'ait pas fait son effet ; car Trespass, bien loin d'un second album générique, se montra (et reste encore) un authentique chef-d'oeuvre.

Décrire la musique de Trespass est d'autant plus difficile que cet album est unique dans la carrière de Genesis. Il s'agit de chansons majoritairement longues, principalement acoustiques, extrêmement mélodiques, et bénéfiçiant d'un son qui évoque, de manière irrésistible, le Moyen-Age (la pochette n'y est pas étrangère). Tout y est d'une beauté simple, limpide, cristalline - que des lieux communs, mais à l'évidence indiscutables. Il s'agit sans doute possible d'un des disques les plus romantiques de toute discographie existante. Cependant, et c'est là le petit plus, derrière les cascades éthérées de guitares 12-cordes, omniprésentes, se cache à chaque seconde une colère sourde, une envie de briser plus que des barrières. Et après 5 titres d'une délicatesse angélique, nous trouvons The Knife, premier 'tube' du groupe qui aujourd'hui encore surprend par la violence de sa seconde partie. Un grand moment de progressif, dont Marillion saura se souvenir pour leur Forgotten Sons, mais qui ne doit pas éclipser le reste, car de la première phrase du très jeune mais déjà enroué Peter Gabriel, au dernier coup de cymbale, absolument rien n'est à jeter, et on a l'impression d'avoir trouvé là une formule magique.

Les miracles ne courant pas les rues, Trespass sera hélas l'unique représentant de son style. John Mayhew, le batteur, sera remercié et nombreux pensent qu'il n'avait pas le niveau. Et bien qu'il ait été remplacé par définitivement meilleur que lui, il est temps de lui rendre hommage : j'en connais des sacrés paquets qui ne sont pas capables de jouer un demi-morceau comme il l'a fait. L'autre perte sera plus sanglante : Ant Phillips, guitariste principal qui quitte le groupe aux grands regrets des fans, car il est plus que tout autre à la source du son magique de Trespass (heureusement, il reviendra à la musique avec un premier album solo divin, The Geese and the Ghost). Genesis doit donc, pour la deuxième fois en deux ans, se reconstruire... Mais restera gravé à jamais ce diamant brut. Certes, lui donner la note maximale relève de la plus pure subjectivité. Mais vous allez voir que la subjectivité est l'unique façon d'embrasser pleinement la carrière d'un groupe aussi extraordinaire que Genesis.

La technique : Dix en son peut paraître une bien grande note pour débuter un tel coffret. Mais si Trespass est un des albums dont on attendait le plus, le résultat n'en est pas moins enchanteur. Songez que cet album date de 1970, dôté d'un budget pas vraiment pharaonique, enregistré sur un vieux 8-pistes. Il est donc délectable, et presqu'inespéré, d'y entendre dès les premières notes ce qu'on était venu chercher, sans trop y croire : une spatialisation extrême qui rend parfaitement justice aux arrangements sophistiqués de l'album. Les enchevêtrements de guitares sont simplement magnifiques. Ecoutez donc Dusk, pourtant un titre "en-dessous" selon certains, membres du groupe compris : une pureté cristalline, ce petit carillon qui tinte derrière vous, on se croirait en pleine forêt de Brocéliande. Alors bien sûr, la note ne tient pas vraiment compte de la qualité stricto sensu de l'enregistrement : l'orgue de The Knife est toujours aussi craspec, il y a un incessant souffle, la batterie est parfois brouillonne, mais ce sont tous ces défauts qui font de Trespass ce qu'il est. Loin d'être spectaculaire (Foxtrot et The Lamb le seront assurément plus), ce premier album de Genesis en 5.1 serait plutôt une définition de ce qu'est le Plaisir, avec un grand P s'il vous plaît. N'allez donc aucunement chercher la perfection à la Depeche Mode : c'est dans les défauts que Trespass se montre le plus attachant.

Par contre, les bonus de ce coffret seront moins étendus que leurs benjamins, et ce n'est donc qu'une interview, seule, qui accompagne ce disque. Seulement, nous sommes loin du quart-d'heure des autres albums : nos compères en ont, à dire ! Ce sont donc par tranches de 45 minutes que les albums période Gabriel seront disséqués, avec toujours autant de bonne volonté, toujours autant d'accent, et toujours aucun sous-titre. La génèse de Genesis, tout le monde la connaît ; les anecdotes célèbres sont donc toujours présentes, mais la durée de l'interview permet d'appréhender d'autres éléments généralement passés à l'as, en particulier une réhabilitation par ses anciens camarades de feu John Mayhew. Ant, que l'on revoit en vidéo avec grand plaisir, insiste en particulier sur ces tricotages de guitares 12-cordes qui étaient leur marque de fabrique et qui sont si bien mis à l'honneur sur cet album. Si l'on pourrait se dire au départ qu'un tel bonus fait redondance, on est vite happés par la malice de Banks, la nostalgie de Rutherford, l'intelligence mesurée et humaniste de Gabriel, et si vous êtes tant fan que vous connaissez déjà par coeur tout ce qui concerne Trespass, de près ou de loin, au moins aurez-vous en sus la bonne surprise de voir nos compères redire les mêmes phrases... plus de 35 ans après. Mine de rien, ça fait une différence.

5.1 (42 min)

01. Looking for someone
02. White mountain
03. Visions of angels
04. Stagnation
05. Dusk
06. The knife

Interview (42 min non st)


NURSERY CRYME

Le disque : Nous parlions de miracles, le plus surprenant est sans doute celui survenu en 1971. Genesis a déjà marqué son coup, bien que Trespass n'ait pas été le hit de l'année. Mais le groupe n'existe virtuellement plus et se résigne à chercher des remplaçants par petites annonces. Ce n'est que rarement payant. Mais quand ça paie... Sont donc arrivés Phil Collins àla batterie, mélangeant jazz volubile et frappe de sourd, et Steve Hackett, un guitariste autodidacte dont le style fut une vraie révélation. En effet, si on attribue souvent la paternité du tapping à Van Halen, et les ensembles de feedback à Brian May, on retrouve tout cela, et même plus, chez Hackett qui développa principalement une sensibilité mélodique hors du commun, un goût prononcé pour les expérimentations à foison, et un son gras basé sur un sustain phénoménal. Collins et Hackett n'étant pas réfractaires aux innovations, ils purent donc avec leurs nouveaux amis verser dans le rock progressif le plus pur et théâtral possible. Trespass avait un charme fou et des titres à tiroirs ; la Genèse ouvrit un des tiroirs pour y fourrer une partie du charme, et en retirer à la place une grandiloquence vénéneuse.

Songez donc que nous sommes en 1971 lorsque surgit en ouverture le pantin de Musical Box. Une pièce monstrueuse changeant de rythme comme de chemise, et narrant une histoire. Un petit conte cruel. La narration en chansons était déjà rare (mais poussait fort) dans le monde du rock, mais jamais on n'avait lu des paroles comme en écrivait Peter Gabriel. A travers le prisme d'une poésie bucolique et surréaliste qui se veut évocatrice de Lewis Carroll ou C.S. Lewis, on peut trouver nombre d'entrelignes qui laissent poindre la fureur adolescente des collèges anglais. Gabriel parle de sexe, franchement, pleinement, goûlument, et bien des parents auraient dû se méfier en voyant leurs bambins ramener au foyer les trente centimètres d'un groupe portant le nom d'un passage biblique.

Mais la musique dans tout ça ? Elle tourbillonne, elle fusionne, se montre très technique mais rarement de façon gratuite, et se permet ce que très peu de groupes sont arrivés àcaser : de l'humour (Zappa, Spock's Beard, AC.T., Oldfield, et on a presque fait le tour). Le terme progressif s'applique bien sûr aux chansons de huit minutes qui présentent de somptueux enchevêtrements de thèmes (Fountain of Salmacis, un rêve dans le genre), mais aussi à l'album puisque d'adorables saynettes courtes, For Absent Friends ou Harlequin, aèrent le tout avec un franc succès. Seul le son, un peu sale, vieillot, empêche tout un chacun d'apprécier pleinement cet album phare, qui reste pour certains historiens le premier vrai album de Genesis, et dont vos parents, vos oncles, vous peut-être, avez mis des années àvous lasser, pardonnant tous ses défauts pour n'en conserver que l'immense culot.

La technique : Avant tout, avant même d'écouter le 5.1, c'est la stéréo de Nursery Cryme qui choque. L'album, assez poussérieux à l'origine, mais pas de cette fine poussière Arthurienne de Trespass, plutôt de cette boue vinylique des années 70, est ici boosté avec une force surprenante, voire trop. Si un album souffre du problème général de ce coffret, à savoir un "hot mastering" (volume global trop élevé), c'est bien Nursery Cryme. Ecoutez donc Musical Box : ô sacrilège, le "...and I touch" s'entend parfaitement, alors que ce n'était pas le but ! De même pour les cymbales de Phil Collins qui renaissent et rejaillissent, y compris là où on avait tendance à les oublier, noyées dans les craquements, et les redécouvrir ainsi est un peu dérangeant - cela donne un caractère rythmique à des passages dont ce n'est pas le propos. Une fois entré dans le son surround, le remixage de Nick Davis est bien plus convaincant, même si la spatialisation change beaucoup d'un titre à l'autre. Certains remixages sont catapultés par le 5.1, pour le meilleur (Harold possède désormais une vraie guitare) ou pour le pire (dans Harlequin, ladite guitare de Hackett est trop isolée, ce qui change l'ambiance du morceau). Syndrome de Dusk oblige, l'un des titres les plus convaincants est l'adorable For Absent Friends (malgré un grésillement généralisé). Mais, surprise finale qui fait oublier tous les travers, c'est l'habituellement étouffé Salmacis qui clôt l'album avec un son 5.1 à réveiller les morts, sa grandiloquence enfin déchaînée ! Un indice pour le futur Foxtrot ?

Tout comme Trespass, le pauvre Nursery Cryme ne possède comme bonus qu'une interview. Là encore, on sera partagés entre anecdotes obligatoires (ah ! on le saura, que Peter Gabriel a casté Phil Collins sur sa façon de s'asseoir !), et introspection plus fouillée, particulièrement concernant Steve Hackett, qui avec sa modestie légendaire n'ose que murmurer du bout des lèvres qu'il a peut-être contribué à l'histoire de la guitare... Un peu moins intéressant historiquement que le bonus précédent, Nursery Cryme - le making-of est à l'image de Nursery Cryme - l'album : les souvenirs sont un peu plus flous car le groupe, en devant se reconstruire, a dû perdre une partie des repères qu'il avait pourtant si dûrement et si chèrement construits.

5.1 (39 min)

01. The musical box
02. For absent friends
03. The return of the giant hogweed
04. Seven stones
05. Harold the barrel
06. Harlequin
07. The fountain of Salmacis

Interview (38 min non st)


FOXTROT

Le disque : Foxtrot est pour beaucoup de quarantenaires et cinquantenaires LE album de Genesis. A chaque rétrospective sur l'histoire du rock progressif (c'est à dire au moins une fois par an sur France 2... Meuarf, je deconne !), on peut être sûr que c'est soit lui, soit The Lamb qui sera présenté comme indispensable. Pourtant, tant le Renard que l'Agneau souffrent de quelques défauts absents de leurs moins illustres petits frères. Il n'empêche : Foxtrot, avec sa couverture emblématique et toute la malice qui l'habite (de cheval), est un symbole à lui tout seul du rock progressif dans son expression la plus pure : on retrouve tous les poncifs du genre, de l'ouverture au Mellotron à l'epic de 20 minutes en passant par la pièce acoustique en solo et les chansons aux rythmes compliqués, tout ce qui peut faire horreur à certains est condensé dans ces 45 minutes. Tout ce qui plait aussi.

Car ici, après un album où il tatonnait encore, le groupe a clairement trouvé et conservé son identité. Et ce sans livrer une redite de Nursery, ce qui est très fort. La batterie et la guitare se font toujours plus folles, la (les) voix de Peter Gabriel plus theâtrale(s), la basse de Mike prend plus de place, seuls les claviers conservent le romantisme majestueux assurant la cohérence du tout. Preuve en est cette intro d'album, pierre angulaire de la musique contemporaine, et piece maîtresse de l'instrument Mellotron - rigolo quand on sait que Banks n'aimait pas trop en jouer. Si l'on devait vraiment comparer Foxtrot aux albums précédents, son seul qualificatif valable serait : électrique. Exception faite de la délicate ballade Time Table (un Seven Stones 2, aussi adorable) et du sublime Horizons, une toute petite minute de guitare classique à tomber, on trouve plus de fureur, de rythmes syncopés et de saturation chez nos encore tous jeunes britons. Un melange de poésie et de (presque) violence qui fascinera les auditeurs de l'époque, même si de nos jours on pourra touver le mélange un peu trop décousu.

Le même principe s'applique à ce qui restera un morceau de chef du rock des seventies : Supper's Ready. Là aussi, Marillion s'en souviendra, mais il ne sera pas le seul groupe a s'en inspirer (IQ en tête). Supper deviendra le canevas, le manuel en six leçons du Parfait Epic Progressif, tellement copié de partout qu'on a du mal à trouver une chanson de vingt minutes ne suivant pas le même schéma. Prétexte à tous les délires scéniques, Gabriel chantant déguisé en fleur, victime en son sein d'une rebellion des instruments électriques préfigurant le math metal, trouvant son apogée dans un titre portant bien son nom (Apocalypse en 9/8) et offrant à Phil Collins sa carte de visite de super-batteur, Supper n'a pas forcement bien résisté aux attaques du temps, et le réécouter en 2009 n'a pas le même impact que naguère. C'est ce qui fait de Foxtrot un des rares Genesis non intemporels. Mais holy cow, quelle baffe pour l'époque !

La technique : Foxtrot était attendu lui aussi. Pour trois raisons : l'intro, le morceau phare, et le son, avant tout. De tous les albums des années 70, Foxtrot pouvait se vanter d'avoir l'un des sons les plus atrocement vieillots et délavés. Le vinyl d'origine en état neuf sonnait déjà comme un disque amateur de récital pour orgue d'église, ne parlons pas des premiers pressages CD. Même les remasters japonais de 1994, qui restent même après ce coffret les éditions définitives en stéréo, n'arrivaient pas à sortir Foxtrot de sa couche de toiles d'araignées. Ce disque-ci, et particulièrement le SACD, est donc une immense baffe et si les défauts habituels récurrent (volume trop saturé, sonorités un poil changées), on pardonnera volontiers à Nick Davis qui a su redonner un brillant inespéré à cet album. Ecoutez l'intro de Watcher : vous êtes dans le Mellotron. Quant à Supper's Ready, que dire sinon qu'au niveau spatialisation il se hisse sans aucun effort au niveau de titres progressifs datant d'il y a à peine un an. Le reste de l'album est plus ou moins bien remixé (Time Table ne bénéfiçiant pas de l'effet Dusk), mais cette fois les meilleurs passages vous feront oublier tout le reste. Un miracle de la technologie.

L'interview est principalement centrée sur un sentiment partagé et indéniable, celui d'une maturité certaine. Par ailleurs, les membres avouent à demi-mot qu'il ne faut pas se montrer chétif en abordant la composition d'une chanson de 23 minutes. Curieusement, une bonne partie de cette demi-heure est consacrée à l'étude de la pochette, pauvre petite pochette qui s'en prend plein les narines. On aura vite compris que le groupe ne l'aime pas, ce qui est d'autant plus curieux quand on pense après coup que la tête de renard est sûrement LE costume emblématique du rock progressif des années 70. Mais foin de moqueries, ce DVD est la première occasion pour Genesis de nous offrir des raretés vidéos. Ici, un live télé, en couleurs (passées), avec un son moins mauvais qu'on pût craindre, un groupe déjà très confiant sur un plateau, et deux très belles surprises : une version furibarde (instrumentalement) de Salmacis, et une version live complète de la belle et méconnue Twilight Alehouse. La réalisation ne tombe pas trop dans le kitsch psychédélique et l'ensemble se montre très agréable. Bien plus que des extraits quasi-volés dans un club Italien, où la laideur de l'image n'a d'égale que la médiocrité du son, sans parler des coupes franches. Seul intérêt ? Montrer que malgré son jeune âge, Genesis fait déjà un pur tabac chez le public type des étudiants. Une bonne augure pour la suite.

5.1 (51 min)

01. Watcher of the skies
02. Time table
03. Get 'em out by Friday
04. Can-utility and the coastliners
05. Horizons
06. Supper's ready

Live TV Belgique (29 min PCM)

01. The fountain of Salmacis
02. Twilight alehouse
03. The musical box
04. The return of the giant hogweed

Extraits du Piper Club, Italie 1972 (4 min PCM)

Interview (34 min non st)


SELLING ENGLAND BY THE POUND

Le disque : So british. L'excessive politesse, l'humour froid, la volonté d'aider son prochain tout en le tenant à distance, et puis cette forme de sobriété dans le kitsch... Selling est, malgré son titre vengeur, le plus britannique des albums de la genèse. Et l'un de ceux qui ont le plus de cet ingrédient qu'on appelle la classe. S'éloignant un temps de la fantaisie débridée de Foxtrot, il réussit le pari insensé de mélanger le moyen-âge Arthurien de Trespass et le ton le plus contemporain qu'il ait eu jusque là. Et si les chansons restent dans l'ensemble progressives dans la forme, elles le sont encore plus sur le fond, les ambiances n'hésitant plus à faire le grand écart.

A ce titre la mythique intro de l'album fait date, le groupe se reposant pour la première fois uniquement sur le charisme vocal de Peter Gabriel. Fausse piste : en son sein, le titre Selling England comporte aussi des vociférations Hackettiennes aux côtés desquelles les bouffées de chaleur de Musical Box sont déjà dépassées. The Battle of Epping Forest joue du même registre ironique, ce qui s'annonçait un epic grandiose étant miné par un piano bastringue inattendu qui désamorce toute velléité de grandiloquence. Première tentative de vrai single, I Know... mélange refrain simplet et couplets oniriques absolument pas dans le canon des tubes habituels.

Mais au-delà de ces égarements, Genesis n'oublie pas de donner à ses fans de grandes poignées de générosité mélodique comme à l'accoutumée. Le solo de synthé de Cinema Show, par exemple, est rapidement devenu un moment favori des concerts. Et que dire sur Firth of Fifth qui n'ait pas déjà été dit, ce monument Genesisien avec son intro classique incroyable et ce long pont instrumental dont la montée en puissance reste un cas d'école pour toute formation de rock qui se respecte ? Même si Selling innove moins que ses prédécesseurs avaient pu le faire en leur temps, il montre que le groupe disposait toujours d'une marge de manœuvre confortable ; pas évident lorsqu'on a sorti quatre superbes albums en quatre ans. Un rythme que Genesis aussi grand soit-il ne pourra plus tenir... Mais pour une fois la chute sera aussi passionnante que l'atterrissage.

La technique : Selling... en tant qu'album se rapproche un peu plus de Nursery que de Foxtrot, ne serait-ce qu'au niveau de l'équilibre entre morceaux courts et longs. Il est donc un peu décevant, mais pas curieux, de se rendre compte que le mixage 5.1 de Selling est tout aussi disparate que son homologue de 1971. La spatialisation diffère d'un titre à l'autre, et les titres les moins spatialisés se montrent en revanche plus clairs - jamais on ne croirait un tel disque enregistré en 1973. Le 5.1 apporte son lot de douceurs à certains titres, et pas d'autres, à l'image de ce Firth of Fifth au mixage multicanal mitigé, les passages plats cotoyant les folies furieuses, tout comme Cinema Show qui perd de la valeur dès que le groupe est au complet, alors même que les passages intimistes résonnaient dans toute votre pièce. Epping Forest est délibérément plus ridicule, ce qui n'est pas pour déranger (on a l'impression de vivre un "audiobook"), tandis que le moment le plus impressionnant se trouve pile là où on ne l'attendait pas : l'intro de I Know... Même si la valeur ajoutée au disque est indéniable, ce Selling montre au grand jour le côté un peu formaté, formulé, des remixages du sieur Davis, et ne sera pas le joyau de ce coffret.

Par contre, il ne saurait être un fan de Genesis digne de ce nom qui ne se rue pas sur ce disque extemporanément. Pour ses bonus. Oh certes, l'interview est déjà sympathique, et même cruciale puisque non seulement le disque est réhabilité par certains, et pas par d'autres, mais cette fracture ne s'étend pas qu'aux titres de Selling : ici pointe déjà la séparation fatale, ses racines fermement implantées. Plus intéressant encore, des extraits du live au Bataclan, avec un Peter Gabriel vraiment pas en forme vocalement mais - belle compensation - la fin de The Knife jouée avec toute la violence du monde. Les chansons sont toutes coupées, mais foin de chagrin, vous aurez droit à une sorte de rétrospective avec quelques petites interviews décalées et fortement intéressantes, en français s'il vous plait !

Mais tout ceci n'est rien, absolument rien, comparé à LE bonus, celui qui vaut l'achat du coffret tout comme le live 1976 valait celui du coffret 76-81, et tout comme celui de 1998 aurait dû valoir l'achat du 1983-1998 (un petit coup dans la gueule ne fait jamais de mal). Dans ce disque, vous avez rien de moins qu'un trésor : la réédition, effectuée par des amateurs fans mordus du groupe (qui l'avaient déjà soumise sur Internet), d'un demi-concert donné en Italie, et connu sous le nom de Shepperton 16mm. L'image est passée et granuleuse, le son un peu étouffé et mal équilibré, mais vous avez là ce qui ce rapproche le plus d'une version vidéo de l'album "Live". Une heure de grands classiques avec un groupe carré, Gabriel et ses costumes, les petites intros humoristiques, Tony-la-pieuvre, Hackett qui se donne à fond, bref un bonus indispensable, sans lequel les plus jeunes d'entre vous ne comprendront jamais totalement pourquoi ce groupe a fait autant d'émules depuis les années 70.

5.1 (53 min)

01. Dancing with the moonlit knight
02. I know what I like (in your wardrobe)
03. Firth of Fifth
04. More fool me
05. The battle of Epping Forest
06. After the ordeal
07. The cinema show
08. Aisle of plenty

Live Shepperton 16mm (60 min)

01. Watcher of the skies
02. Dancing with the moonlit knight
03. I know what I like (in your wardrobe)
04. The musical box
05. Supper's ready

Live au Bataclan + Interview (33 min)

01. The musical box (extrait)
02. Supper's ready (extrait)
03. The return of the giant hogweed (extrait)
04. The knife (extrait)

Interview (32 min non st)


THE LAMB LIES DOWN ON BROADWAY

Le disque : Cramé, Genesis ? Clair. Un enquillement album / tournée à donner le vertige, un recul sur la carrière leur donnant déjà le status de groupe culte, un chanteur au départ timide qui est devenu malgré lui le messie de toute une génération, le tout en 6 ans d'existence discographique. On en serait destabilisé àmoins. Un fossé commnce à se creuser entre Gabriel et le reste des musiciens, inévitable, le résultat en sera un album malade, un album de malades. Avec The Lamb, Genesis crie à la face du monde qu'il n'a plus peur ni de rien ni de personne.

Tout comme Supper's Ready fut l'épitome de l'epic progressif, The Lamb est celui du concept album. Et comme pour l'illustre dîner, Genesis n'a pas fait les choses à moitié. The Lamb est sans conteste l'album le plus complexe, le plus aride de leur carrière. L'un des plus inégaux aussi. Conte surréaliste sur les aventures phantasmagoriques d'un immigré rebelle perdu dans les souterrains d'un New-York déliquescent, The Lamb est essentiellement l'oeuvre d'un Peter Gabriel torturé, abusant des ramifications et des double-sens, et la mise en musique se devait d'être à la hauteur.

Las, la complexité de l'oeuvre et la volonté de coller au maximum à une 'visualisation en musique' fait de Lamb un album à double tranchant, partagé entre des chansons qui sont alors parmi les plus simples de leur répertoire, et de l'autre côté des plages minimalistes, voire bruitistes, principalement regroupées sur le deuxième disque à l'équilibre précaire. On ne pourra nier la fulgurante inventivité d'une production non seulement fouillée, mais en prime très difficile à réaliser : nous sommes en 1974, il y a 35 ans (j'en sais quelque chose), et une majeure partie des sons et effets utilisés ici n'étaient encore jamais apparus sur un album de rock. Mais il est compréhensible que certains fans habitués à la beauté pure de chansons célestes aient été désarçonnés, voire déçus. D'autres ont eu une révélation : rarement un groupe de rock n'aura alors été aussi loin dans la picturalisation auditive. Il faut remonter à l'école Berlinoise des 4 années précédentes pour obtenir des albums de musique aussi opaques, aussi expressionistes. A cette exception près, que Genesis n'a pas non plus oublié ses premières amours.

La compacité de l'ensemble n'empêchera donc pas Banks et Rutherford de redélivrer des parties mélodiques, certes plus rares qu'avant, certes parfois bien cachées, mais toujours délicieuses. La délicatesse de Cuckoo Cocoon, le final du trépidant In The Cage, la mélodie onirique, quasiment anti-climax au premier abord, de It, tout cela est distillé mais aucunement noyé. Hackett, principal bruiteur sur le disque, revient à son rôle d'émouvant soliste le temps d'un Hairless Heart criminellement sous-estimé. Les chansons plus pop, nécessaires pour relancer périodiquement la machine, bénéficient d'un début de savoir-faire chez le groupe, osant jusqu'au semi-parodique Counting Out Time. Si on y regarde de plus près, même le bucolisme britannique refait une fugace apparition, sur ce Carpet Crawlers qui, avec la sensibilité de Peter Gabriel (...et sans le rôt de Neal Morse), est vite devenu un classique.

Ambitieux, The Lamb l'est sûrement, c'est même cela qui le perdra, mais loin d'être un album mauvais, ou de transition, il reste avant tout la formidable expression d'une créativité bouillonnante qui cette fois ne s'était fixée aucune limite. Comment alors Peter Gabriel pouvait-il aller plus loin avec ses quatre amis ? Il ne le pouvait pas. Pas plus que les autres n'auraient pu suivre. S'ensuivit une déchirante mais nécessaire séparation (pour une fois qu'un groupe splitte sans se jeter des noms d'oiseaux) qui vit Gabriel continuer ses expériences sonores... Mais cela je l'espère sera peut-être une autre histoire dans nos colonnes. Quant à ceux qui se sont déjà montrés allergiques à l'hermétisme de The Lamb, il existe depuis quelque temps une autre porte d'entree avec le remake joué par Nick D'Virgilio, un peu plus accessible et organique, permettant de découvrir plus facilement les tonnes de diamants planqués dans cet album. A moins que... A moins qu'en restant dans notre coffret, nous trouvions une des 31 portes permettant d'y revenir sans effort ?

La technique : Malgré sa demi-réputation d'album maudit, et en partie à cause du culte quasi-divin que certains lui vouent, The Lamb était l'album le plus attendu de ce coffret, voire de toute la discographie de Genesis. Disque conceptuel, en partie atonal, en partie bruité, théâtral, "Enossifié", il se devait de tenir le haut du panier - tandis qu'on pouvait légitimement craindre pour la qualité sonore. Nick Davis n'a donc pas fait dans la demi-mesure. Le son surround de The Lamb est voué à diviser les fans : les grands adorateurs de la version originale qui auront du mal à avaler les quelques menus changements et choix de remixage impossibles à éviter, et les autres qui se pâmeront devant le résultat final. Certes, The Lamb n'a PAS le même charme en vinyl d'époque et en SACD 5.1 pouet pouet. Il est d'ailleurs difficile de croire qu'un album au son tellement étouffé au départ soit aussi brillant à l'arrivée.

Mais les faits sont là : même si le pilotage automatique est toujours enclenché sur certains titres, la majorité de The Lamb retrouve une jeunesse instantanée avec ce remixage qui s'est fait tant attendre - à raison. Mieux, le second disque était plus hermétique à cause de ses nombreux passages à vide, musicalement parlant - c'est typiquement là qu'un mixage multicanal redonne leur raison d'être aux parties bruitistes, et on se retrouve non pas avec un "creux" qui se relèverait pendant The Lamia, mais à une véritable progression de qualité. Résultat : même les anti-The Lamb risquent de se faire avoir et d'écouter l'album en entier, jusqu'à ce fameux It, sans voir le temps passer malgré le côté colossal de l'oeuvre. Mieux ! Il était dit que la réédition de cet album allait faire date, et outre un packaging plus soigné que les autres (magnifique triple digibook... qui raye les disques...), la version DVD-Video vous propose rien de moins que la recréation des rétroprojections diffusées pendant le show d'époque ! Oubliez le bootleg de 65 minutes recréé artificiellement voici quelques années, ici vous avez une qualité hallucinante et il y a fort à parier que les chanceux ayant pu assister aux concerts de 1975 vont verser leur petite larme en retrouvant les photos de Lamia, The Raven ou Counting Out (fuckin') Time. Pour résumer : le mixage est stupéfiant, l'album beaucoup moins voilé qu'avant (encore un petit poil), et la présentation est top.

Avec un tel cadeau, on en viendrait presque à oublier les bonus. La traditionnelle interview est pourtant indispensable car elle permet de mieux, beaucoup mieux comprendre pourquoi cet album n'a pas fait l'unanimité au sein du groupe, pourquoi ledit groupe n'a jamais refait une telle musique, pourquoi il avait éprouvé le besoin de s'y aventurer, et même pourquoi le mixage d'origine était si blafard. Le plus passionnant dans tout ça est évidemment Peter Gabriel, qui pour l'occasion oublie presque son légendaire humour, et si le ton adopté est plus noir que dans les autres interviews, il n'en reste pas moins que la séparation était une histoire forte méritant d'être contée (NDArthur : Une légende), ce que nos cinq mousquetaires font avec tact et sans retenue. Du coup, l'autre bonus fait pâle figure : un live de 30 minutes à la télé française, mais pas n'importe laquelle, celle des pétards et de l'art kitsch-Jack-Lang-bêêêêê, celle de J.C. Averty pété aux Champignons de Champignac, celle qui a dû bercer Gérard Pullicino dans son enfance, trop près du mur. On apercevra donc un groupe un poil fatigué mais qui ne semble pas vraiment à deux doigts du split, entre deux effets spéciaux labellisés Peter et Steven dont certains ne lassent pas de me laisser pantois. Le pire étant cette coupure à une minute de la fin de Supper's Ready : déjà à l'époque, les français ne savaient pas quand une chanson se termine ? Pas bien grave, le vrai bonus de The Lamb, c'est The Lamb.

5.1 (94 min)

01. The lamb lies down on Broadway
02. Fly on a windshield
03. Broadway melody of 1974
04. Cuckoo cockoon
05. In the cage
06. The grand parade of lifeless packaging
07. Back in N.Y.C.
08. Hairless heart
09. Counting out time
10. Carpet crawlers
11. The chamber of 32 doors
12. Lilywhite Lilith
13. The waiting room
14. Anyway
15. Here comes the supernatural anaesthetist
16. The lamia
17. Silent sorrow in empty boats
18. The colony of Slippermen
19. Ravine
20. The light dies down on Broadway
21. Riding the scree
22. In the rapids
23. It

Live TV française (30 min PCM)

01. I know what I like
02. Supper's ready (presque complet)

Interview (51 min non st)


1970-1975

Le disque : La période 70-75 fut certes prolifique, mais la contrepartie, c'est le manque cruel de faces B. Genesis n'étant pas un groupe à singles, du moins pas à l'époque, le constat est direct : seulement deux vraies faces B en tout et pour tout. Virgin/EMI ne pouvaient décemment pas faire un DVD bonus complet avec ça, ils ont donc incorporé d'autres douceurs. Mais avant, que valent ces deux petites choses toutes frêles qui n'ont pas la chance d'être couvées bien au chaud au sein d'un album culte ? Happy The Man ferait presque rire : c'est clairement une face B, et on la dirait sortie du premier album (le vrai premier album, celui absent de cette page) tant elle fait chanson scout catho. Agréable cependant. Twilight Alehouse, de son côté, est une chanson "pas assez bonne pour être sur album", et c'est parfaitement résumer la qualité globale du groupe : voilà un titre que bien des groupes actuels se damneraient pour la rajouter à leur crédit.

Pour grapiller quelques précieuses minutes, l'éditeur n'a pas eu d'autre choix que d'inclure 4 des démos et live radio déjà présents dans le magnifique (et toujours pas caduque) coffret Genesis Archive #1. Pas n'importe lesquelles : ces chansons-essais, épurées des sauces au kouglof concoctées par Jonathan King, montrent déjà une stupéfiante créativité. Rares étaient les groupes qui écrivaient des choses aussi fluides et aussi osées, et je parle de groupes connus (à part peut-être les Moody Blues et Procol Harum). Si vous n'avez pas encore le coffret Archive, en voici une sacrée pub. Mais ce n'est pas tout. Pour terminer (dans l'ordre chronologique d'achat) votre longue séance d'écoute, vous avez droit à un cadeau, un vrai cadeau. Genesis plays Jackson. Ou la fameuse démo de 14 minutes dont parlaient avec regret et nostalgie Gabriel et Banks voici encore peu de temps, et qui a été miraculeusement (sic) exhumée pour ce coffret 70-75. Une démo ? Non, mieux que ça. La naissance d'un géant, en direct live, sans fioritures. Un son horrible, quelques maladresses, la mise en place encore rampante, mais cette bande, point de départ de Nursery et dans une moindre mesure de The Lamb, possède une force nostalgique ahurissante. On redécouvre ça et là quelques idées, quelques bribes de plusieurs des futurs grands classiques du groupe, entremêlées d'idées abandonnées mais pas moins fabuleuses. Seuls les fans de Genesis, connaissant par coeur les albums, pourront apprécier ce petit quart-d'heure amateur. Mais si vous êtes arrivés jusqu'à ce paragraphe, vous avez vos chances, pas vrai ?

La technique : Il est marrant, ce DVD bonus. Moins quand on regarde le prix, mais marrant quand même. Les deux faces B officielles ont fait l'objet d'un soin tout particulier par Nick Davis qui nous refait le coup du coffret 83-98 : ces deux inédits ont un son meilleur, plus cohérent et plus spatialisé que certains grand titres des albums officiels. C'est génial, et c'est court. Car dès le titre 3, plus de miracle : on ne fait pas de surround à partir d'une source mono (NDBaker : Du moins pas si on veut encore se regarder dans la glace). Le reste ne bénéficie donc d'aucun traitement particulier, et c'est bien normal, on ne voit pas comment Davis aurait pu s'en sortir honorablement sans atrocement défigurer les harmoniques de l'enregistrement original.

Les bonus du DVD bonus sont plus anecdotiques qu'espéré, mais il faut avouer qu'on part quand même de très haut. D'abord, des interviews qui sont un hymne à Saint Davis, un peu redondants avec le coffret 83-98 certes, mais après tout, les acheteurs des deux coffrets n'étaient pas forcément les mêmes personnes (gagné, vu que le coffret vert s'est vendu plus que les deux autres). Ensuite deux titres live de 1973, à la qualité assez moyenne et qui font surtout office de complémentarité archivesque. Et d'ailleurs, en parlant d'archives, l'éditeur réussit le tour de force de rendre légitime l'inclusion d'extraits du coffret Archive #1 en rajoutant l'émission de la chaine VH1 consacrée à ce fameux coffret ! Hélas, la première demi-heure n'apporte rien au schmilblick puisque toutes les anecdotes qui y sont citées ont déjà été maintes fois répétées dans ce coffret comme dans les deux suivants. Seule la troisième partie s'attarde plus sur les spécificités dudit coffret - coffret qui d'ailleurs ne fait que manquer après ce visionnage. Au final, un DVD bonus qui mérite son nom, un peu anecdotique, mais qui ne fait pas tâche au milieu des chefs-d'oeuvre qu'il accompagne.

5.1 (46 min)

01. Happy the man
02. Twilight alehouse
03. Shepherd
04. Pacidy
05. Let us now make love
06. Going out to get you
07. Genesis plays Jackson

Live 1973 (15 min PCM)

01. Watcher of the skies
02. The musical box

VH1 Special - Genesis Archive I (44 min non st)

Interview (6 min non st)


A TRICK OF THE TAIL

Le disque : Lorsque Peter Gabriel quitta la Génèse, bien des critiques ne donnèrent pas cher de leur peau, aux Banks, Rutherford, Hackett et Collins. Et quand ce dernier décida de tenter sa chance au poste de chanteur, on pouvait légitimement avoir peur. Les ventes de ce Trick donnèrent raison au groupe : ce fut un beau succès, et les fans les plus intransigeants purent constater que "tout" ne s'était pas arrêté. Pourtant, avec le recul, cet album qui fut adulé souffre d'une certaine bancalité, et si la qualité globale est toujours là, et bien là, il n'empêche qu'on peut ressentir un déséquilibre lors de son écoute, comme une faille qui serait apparue entre nos pieds.

L'album comporte huit pistes. Donc 4 chiffres impairs et 4 chiffres pairs. C'est là que Genesis montre au grand jour une faiblesse, certes toute relative. Sur les chansons impaires, vous avez des titres assez rythmés, tenant plus sur le groove et les riffs que sur la mélodie, n'oubliant pas que dans rock progressif, il y a rock. D'où des chansons qui voudraient sonner plus agressives, plus cinglantes qu'elles ne le sont. Dance est un joli bordel, Squonk parait de nos jours trop lourd et roboratif, Robbery est rigolote mais sonne comme une (excellente) face B, Trick n'a pas de mélodie forte. En prime, Phil n'a pas encore trouvé sa voix et ne convainc pas lorsqu'il vocifère.

Et puis vous avez les titres pairs, où le génie mélodique de Hackett et surtout Banks se réveille à nouveau, où les guitares cristallines de Trespass se marient à la sobriété so british de Selling England : Entangled quasi-magique, Mad Man Moon et son intro qui a peur de faire du bruit, Ripples nostalgique comme une photo d'avant-divorce sont trois chefs-d'oeuvre du rock anglais des années 70. Seul Los Endos est un titre rock tombé sur un nombre non premier, et si en version studio elle aura désormais tendance à décevoir, il faut se rappeler quel grandiose moment de bravoure elle fût (et reste) en live. D'ailleurs, à tous ceux, je sais qu'ils seront nombreux, qui s'offusquent de la note de l'album, je tiens à signaler qu'à partir de 76, la qualité intrinsèque des chansons en concert passe à douze sur dix minimum.

La technique : Chronologiquement, Trick est donc le premier contact avec Genesis en 5.1 (à part la compil The Video Show dont il reprend quasiment le mixage). Et ce premier contact s'apparente à une baffe. Tout est fait pour charmer l'auditeur : la clarté parfaite du son, les fréquences hautes et basses souvent chahutées, le son partout. C'est d'ailleurs, on l'a vu en texte d'intro, le principal souci, ce côté "trop plein" qui rend l'écoute complète pas pénible (pas du tout même) mais un poil lourde. Le problème de grésillement sur la voix de Phil n'a pas été résolu, et souvent vous aurez l'impression que les synthés sont en double stereo et donc factices, alors qu'il s'agit plutôt d'un véritable mur du son plus mis en valeur que sur nos poussiéreux disques microsillons. Mais le pari principal de Nick Davis était de rendre ces enregistrements aussi actuels que possible, et de ce côté-là c'est réussi : on dirait que Trick a été enregistré et mixé en 2003. Par The Watch ;-)

La partie bonus elle aussi offre une première fournée fort délicate. Si l'interview n'a rien de fabuleux, c'est le live qui va en faire frémir plus d'un : un concert, hélas coupé de moitié, enregistré en 1976 et déjà disponible sur un rare LaserDisc japonais (pléonasme). Particularités ? Il a été tourné sur pellicule et au format scope, c'est le meilleur témoignage possible des débuts de Collins en tant que frontman (il se montre déjà assez doué), et c'est Bill Bruford qui tient la batterie. D'ailleurs il se montre relativement discret, marchant rigoureusement dans les pas de Collins, et comble du malheur vous ne le verrez presque pas (il avait d'ailleurs quitté Genesis parce qu'il s'ennuyait, on peut comprendre pourquoi). Vous ne manquerez en revanche rien des fameux duos de batterie, de la maestria de Hackett, Entangled est magnifique (avec Banks à la guitare... What a guy ! What a man !) et si Supper's Ready est coupé en deux (comme Cinema Show), c'est pour délivrer un Apocalypse in 9/8 d'une intensité jamais égalée. Le film est moins extraordinaire que dans nos beaux souvenirs, mais il est clairement évident que tout fan de Genesis se doit de le posséder.

5.1 (51 min)

01. Dance on a volcano
02. Entangled
03. Squonk
04. Mad man moon
05. Robbery, assault and battery
06. Ripples...
07. A trick of the tail
08. Los endos

Live (42 min PCM)

01. I know what I like
02. Fly on a windshield
03. Carpet crawlers
04. The cinema show
05. Entangled
06. Supper's ready (part 2)
07. Los endos

 

Clips (18 min DTS)

01. Robbery, assault and battery
02. Ripples...
03. A trick of the tail

 

'White rocks' Premiere programme 1977

Interview (14 min non st)


WIND AND WUTHERING

Le disque : Genesis en 1977, c'est un joli foutoir. Hackett commence à vouloir se barrer, Collins s'amuse en dilettante dans un groupe de fusion nommé Brand X, et Tony Banks commence à travailler sur un projet "en solo" d'arrache-pied sur son piano. Pourtant, dans la foulée de Trick, et pendant la naissance du courant punk qui quelques mois plus tard crachera sur la Reine, Genesis décide de mettre en commun tout ce qu'ils ont dans le ventre pour en sortir leur album le plus ouvertement romantique depuis Trespass, mais avec un son plus ample, plus... Banksien. Malgré les attentes, c'est à un chef-d'oeuvre qu'ils donnent naissance, et si la faiblesse de Trick résidait dans le manque d'unité, c'est justement ce qui fera la force de ce W&W.

Avouons cependant qu'en débutant un album avec deux titres pareils, ça met tout de suite l'auditeur dans la poche. Eleventh Earl of Mar, oppressant, onirique, arabisant, aux arrangements peaufinés, n'a aucun mal à convaincre que Tony Banks est bien un maître : il nous refait presque le coup du divin Fifth of Firth ! Phil Collins a fait des progrès en voix rock, sa batterie commence à sonner bien fort, et si les sons de synthé ne sont pas du meilleur goût, le choix de chaque note, lui, l'est. Puis arrive sans crier gare un deuxième titre, le fameux "projet" de Banks qui a nécessité un temps de travail plus que considérable, et là le "presque" Fifth of Firth se transforme en "tout à fait", avec ses couplets doux et évocateurs, ses couches de synthé superposées et sa partie centrale désormais mythique. Le reste, s'il n'est pas à la même hauteur, ne démérite pas : trois instrumentaux très Brand X justement, un conte sur les souris très croustillant (même si les paroles et la musique semblent mal coller) et un Blood on the Rooftops souvent mésestimé, voire inconnu du public, qui représente pourtant la quintessence de Genesis : texte beau, provocateur et actuel l'air de rien, refrain ultramélodique imparable, intro à la guitare classique avec un Steve Hackett en état de grâce. Ce petit chef-d'oeuvre s'achève sur Afterglow, chanson plus formatée "single" et qui en studio n'est "que" bonne, mais qui depuis offrit au groupe un climax émotionnel assuré-garanti-remboursé-carte-mère à chaque concert. Pas mal pour un groupe que les Sex Pistols et la critique voulaient enterrer vivant. La prochaine fois, assurez-vous que le cadavre est bien dans la tombe avant de remettre la terre.

La technique : En matière de 5.1, Wind faisait partie des Genesis les plus attendus, et le choix de mixage "pur poutre" de Trick se reporte évidemment ici : pas un centimètre carré de votre pièce (que dis-je, de votre baraque) qui ne soit pas envahi par le sieur Banks. Le son est donc énorme mais manque de dynamique, cette satanée dynamique qui rendait un titre comme Special Way si... spécial. Mais Nick Davis ne s'est heureusement pas laissé aller à la facilité et délivre le mix qu'on attendait sur la partie "battle" de One for The Vine : exit l'intro de Money des Pink Floyd, allez hop ! Retourne dans ta niche ! One... a ete conçue pour être jouée en 5.1 et ça s'entend, tandis que le multicanal de titres plus lourds soniquement comme Afterglow ou Mouse's Night apporte moins d'intérêt. Cependant, il est un élément qui passait inaperçu en 33t et qui ici explose dans tous les sens : Steve Hackett, qui est désormais partout. Une inattendue redécouverte.

L'interview s'attarde évidemment sur Tony Banks, qui avoue adorer l'album (normal, non ?), mais aussi sur le départ de Steve Hackett. Phil Collins nous raconte même une anecdote que je me sens obligé de vous narrer tant elle est essentielle pour les fans qui ne parlent pas (très couramment) anglais : Hackett avait tout fraîchement quitté le groupe, et Collins, qui ne le savait pas encore, l'aperçoit en train de marcher vers les studios pour aller mixer Seconds Out. Comme Collins est en voiture, il s'arrête et propose de l'emmener. Hackett refuse. Plus tard il confiera à Collins qu'il n'est pas monté avec lui... car il savait que s'il montait, Collins aurait trouvé les mots justes pour le faire rester dans Genesis.

Sympa comme anecdote, non ? Et d'ailleurs, toute l'interview est comme ça. Et bienheureusement, parce que le reste du DVD, mamma mia ! Il s'agit de bootlegs, à la qualité exceptionnellement pourrie, constitués de deux émissions de télé japonaise et américaine, où le groupe joue en playback. Et quel playback ! L'un des plus infâmes que j'aie eu l'horreur de voir dans ma carrière (et pourtant je me suis parfumé deux ans de Chanter La Vie). Aucun instrument n'est synchrone avec quoi que ce soit, et Collins, en plus de se couvrir de ridicule avec son "chant" totalement surréaliste, a l'air de se faire très méchamment chier, et tire une bobine de vingt pieds. Collins qui fait la tronche : rarrissime isn't it ? En tous cas, si vous avez un minimum de respect pour Genesis, ce n'est pas pour les bonus que vous devez acheter ce disque, oh que non.

5.1 (50 min)

01. Eleventh Earl of Mar
02. One for the vine
03. Your own special way
04. Wot gorilla ?
05. All in a mouse's night
06. Blood on the rooftops
07. Unquiet slumbers for the sleepers...
08. ...in that quiet Earth
09. Afterglow

Live (15 min PCM)

US Television
01. Your own special way
02. After glow

Japanese Television
03. Eleventh Earl of Mar
04. One for the vine
05. Your own special way

 

World tour programme 1977

Interview (14 min non st)


...AND THEN THERE WERE 3...

Le disque : Et si on s'était trompés ? Si nous étions, dès le début, partis sur de mauvaises bases ? Le pauvre And Then... a dans la discographie de Genesis une réputation tenace de vilain petit canard. Ecrasé entre le lyrisme de Wind... et le génie de Duke, handicapé par un format de chansons plus commercial propre à déplaire aux fans, fusillé par le départ de Steve Hackett, gangréné par le divorce imminent de Phil Collins, phagocyté par les velléités d'album solo de Banks et Rutherford, diminué par le besoin de recruter deux musiciens pour sa défense en concert, pratiquement mort-né de part sa sortie au plus mauvais moment (un an après l'année punk), cet album avait eu un accouchement très difficile et n'a dû sa césarienne qu'à la nécessité quasi-vitale de Collins de se changer les idées. Et pourtant, de nos jours, la réécoute de And Then... en 5.1, et au-delà en simple stéréo, sur un vinyl poussiéreux qui traînait entre un Cerrone et un vieux Blondie, permet de remettre la question sur le tapis de façon aussi posée que sérieuse.

Et si And Then... était un bon album ?

Réfléchissons : en réalité, ce qui plombe And Then, ce sont ses deux extrémités. Il débute par un Down and Out dont le rythmé hâché, à la Dance on a Volcano, l'a rendu trop vieillot (et encore, la ligne de synthé basse de Banks touche au génie), et il se termine par une purge, Follow You Follow Me, une petite horreur de trois minutes qui a fait un carton malgré un couplet 100% pur glucamate et un refrain roboratif au possible. La pire façon de finir un album, si vous voulez mon avis. Mais entre les deux ? On a tendance à l'oublier, mais il n'y a pratiquement que des bijoux, à 99% signés Banks qui en profitera pour mettre au point "son" son de piano électrique qui prédominera sur "A curious feeling", son premier et éblouissant album solo. Undertow est à pleurer de force et de beauté, Many too Many est une petite ballade ô combien sous-estimée, Burning Rope et The Lady Lies sont des Bankseries succulentes, et ledit Tony sublime la déjà très forte et souvent ignorée Snowbound. Bref on serait tenté de rebaptiser l'album "And Then There Were One", mais c'est pour le meilleur. Le succès a été mitigé mais suffisant pour passer l'étape suivante. C'est vrai que Follow You Follow Me qui donne l'impulsion nécessaire à l'accouchement de Duke, c'est difficile à avaler, mais en tous cas si ce remaster permet de réhabiliter une erreur de jugement aussi colossale (et partagée, y compris par votre serviteur, pendant 29 ans), aucun effort n'aura été vain.

La technique : De tous les Genesis de la période 76-82, And Then est incontestablement celui qui a subi le remastering le plus spectaculaire. C'est bien simple, rien qu'en stereo certains n'ont pas reconnu le disque ! (et pour cause, le son de batterie a été légèrement modifié). En 5.1, ce surround énorme presque étouffant donne encore plus de force à un disque primairement massif, tandis que les deux oasis que sont Undertow et Many Too Many sont spatialisées à leur juste valeur. Reste tout de même le cas d'école Say It's Alright Joe, dont le mixage 5.1 a été factice puisque de l'aveu du groupe, les bandes originales ont été perdues. Et bien il faut croire que la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle car contrairement à ce qu'on en a dit, ce titre est très bien mixé, je me demande même s'il ne sonne pas encore mieux que d'autres titres puisque le coté factice a obligé Nick Davis à en mettre un peu moins partout. De toutes les façons, on a ici un album qui possède une qualité sonore désormais équivalente à celle de Calling All Stations, et ça, c'est la surprise de l'année.

Le bonus proposé est un peu spécial, et il intéressera probablement nombre d'entre vous, tandis que d'autres s'y ennuieront ferme, particulièrement les anglophobes. Il s'agit d'un 52 minutes sur les dessous d'une tournée européenne, s'attardant sur les musiciens mais aussi les roadies, les chauffeurs de bus, les responsables de site, le côté administratif, comment soudoyer un douanier et j'en passe. Visiblement réalisé pour et par des gens qui ne connaissent strictement rien au rock, ce documentaire très marqué par son époque permet d'avoir une vision alternative, pertinente et souvent ignorée, de ce qu'est un groupe superstar en tournée. Les quelques bribes de live vous permettront en outre d'avoir une idée de la façon dont Genesis défendait alors And Then sur scène.

5.1 (53 min)

01. Down and out
02. Undertow
03. Ballad of Big
04. Snowbound
05. Burning rope
06. Deep in the motherlode
07. Many too many
08. Scenes from a night's dream
09. Say it's alright Joe
10. The lady lies
11. Follow you follow me

Clips (7 min DTS)

01. Many too many
02. Follow you follow me

Reportage (49 min non st)

Three dates with Genesis

 

Japanese tour programme 1978

Knebworth programme 1978

German festival programme 1978

Interview (13 min non st)


DUKE

Le disque : Duke sera l'album de tous les contraires : à la fois sombre et léger, minimaliste mais fourmillant d'idées, conceptuel mais rempli de tubes, œuvre collective avec de nombreuses chansons solo... Il y aurait eu de quoi s'inquiéter mais c'est sans compter que Genesis n'est jamais aussi bon que quand il est en danger. Pour Phil Collins, Duke a toujours été un album à deux facettes : d'abord, son divorce ici consumé qui lui permet de se découvrir un talent de compositeur, et en même temps de trouver enfin sa voix ; d'un autre côté, Duke est aussi le retour des jams folles avec les deux autres musiciens. Heureusement, cette tendance est corroborée par lesdits deux autres, et du reste Banks ne tarit pas d'éloges sur ce ducal vinyl qui reste son album préféré. Et comment ne pas être d'accord avec lui ?

Duke est un mélange de brit funk, de pop, de prog et de mélancolie au CP80 made in Dieu. Autrement dit, le meilleur de ce que l'année 1980 pouvait proposer : Blondie, Buggles, des bribes du futur King Crimson, Level 42, Mike 'Celt' Oldfield, le Yes de Drama, je me demande même s'ils n'écoutaient pas Balavoine. Mais sans qu'une seule note ne soit pas du 100% Genesis. Le résultat est déconcertant au départ, et bien qu'il soit très mélodique et accrocheur, cet album nécessite bien des écoutes avant d'en comprendre, et surtout d'en aimer son excellence. Contrairement à l'album suivant, le trio reste dans une tendance extrêmement mélodique, sans pour autant délaisser quelques expérimentations qui faisaient défaut au précédent (le minimalisme de Duchess et sa boite à rythme, le single Turn It On Again qui est en 13/8...). C'est au final ce mélange de classicisme, d'efficacité et de nouveauté ("fraîcheur" est plus exact) qui remporte l'adhésion, et fait de Duke un des grands albums incontournables de Genesis. Rajoutez un son bien plus gros qu'avant, des paroles toujours aussi bonnes mais cette fois plus personnelles, et vous comprendrez pourquoi Duke a fait rentrer la Genèse dans les années 80 de la meilleure façon qui soit.

La technique : Ce n'est plus une surprise depuis trois paragraphes : le côté bourrin des mixes 5.1 tant attendus a déconcerté la rédaction, voire l'a un poil déçue. Mais Duke, c'est autre chose. Duke, c'est avant tout un son type blockhaus nazi qui vous scotche au casque dès les premières secondes. C'est aussi quelques boites à rythmes savamment distillées qu'on imagine bien faire du ping-pong entre les enceintes. C'est enfin du CP 70 (ou 80) à la louche qu'on aimerait omniprésent derrière soi, comme si Tony Banks pouvait nous bercer. Vous aurez tout ça dans la version DTS de Duke (le 5.1 déjà moins performant sur les autres disques trouve là un adversaire trop costaud pour lui). La propreté du son n'est pas le point fort, mais Nick Davis a surmultiplié le coefficient d'étourdissement que procurait l'original, avec ce Duke's Travels tourbillonnant et sa reprise de Guide Vocal qui donne des frissons à tous les coups. Pour ne pas être en reste, l'interview est la plus longue de toutes (comme par hasard) et aussi la plus fournie en anecdotes d'écriture.

Mais le gros morceau du disque, c'est ce tiers de live enregistré en 1980 au Lyceum de Londres. A peine quarante minutes... mais de sacrées minutes ! L'image est somme toute bonne, le son assez clair (mais mal balancé puisque votre oreille droite sera deux fois plus sollicitée que la gauche), et le groupe donne un concert fantastique. Banks est plus techniquement impressionnant que jamais, Collins a l'air complètement hanté, Stuermer commence à trouver ses marques, et les enchaînements sont à tomber : la réaction de la foule sur le passage In the cage / Afterglow est à en verser des larmes, et si jouer d'une traite Volcano et Los Endos semble logique sur le papier, la façon de le faire rend l'entreprise mille fois plus attrayante encore. Il est vraiment dommage que le concert soit si charcuté, car il s'agit là d'un des plus grands moments de la Genèse. Si vous ne tenez pas à acheter le coffret, mais désirez quand même posséder quelques SACD de Genesis, inutile de vous dire que meilleur album + live d'enfer font de ce disque un incontournable.

5.1 (55 min)

01. Behind the lines
02. Duchess
03. Guide vocal
04. Man of our times
05. Misunderstanding
06. Heathaze
07. Turn it on again
08. Alone tonight
09. Cul-de-sac
10. Please don't ask
11. Duke's travels
12. Duke's end

Clips (11 min DTS)

01. Duchess - Misunderstanding - Turn it on again

 

Live (39 min PCM)

01. Behind the lines
02. Duchess
03. Guide vocal
04. In the cage
05. Afterglow
06. Dance on a volcano
07. Los endos

 

World tour programme 1980

Interview (18 min non st)

 

ABACAB

Le disque : Duke a eu l'immense avantage de totalement décomplexer le trio Banks Rutherford Collins. Chacun y avait trouvé de quoi briller, et Genesis s'était libéré de toutes les chaînes qui l'entouraient. D'un groupe de rock champêtre moyen-âgeux, ils étaient devenus une entité à part capable d'enfanter des hits, de jouer du funk, d'écrire sur le divorce ou les "people" décadents. Abacab fut donc conçu avec l'esprit aussi léger que celui d'un candidat à la Roue de la Fortune, la limite étant : pas de limites. Seulement, à force de vouloir tout repousser, Genesis a peut-être dans la foulée oublié ce qui avait toujours été son moteur : les chansons.

On ne pourra pas reprocher au groupe d'avoir fait du surplace : les sons triturés, les effets de production, les expériences rythmiques, même l'harmonisation, tout dans Abacab fait l'objet d'essais emplis autant de curiosité que de malice. Abacab est un drôle de tube bizarre, No Reply at All est une tentative de putsch de la carrière solo de Phil Collins sur son groupe, Dodo débute comme un magnifique inédit de Duke avant de s'achever par une ritournelle savamment ridicule. Et Man in the Corner, seconde tentative de single signée Collins, recèle des trésors. Mais Abacab n'est pas, et ne sera jamais, un vrai album plus qu'une collection de faces B rigolardes, de part le nombre de passages faibles, voire carrément oubliables - les deux derniers titres sont peut-être bien écrits et joués, mais n'ont pas la carrure d'un Undertow ; le célèbre Me and Sarah Jane est quand même très faible si on retire sa partie centrale, et que dire de l'immondissime Who Dunnit, qui une fois la première écoute passée devient LA chanson de Genesis à zapper ? Ca a beau être sous couvert d'une grosse rigolade, il faut avouer que passer de Heathaze à ça, le sens de l'humour de l'auditeur - pardon, de l'acheteur - doit être sacrément revu à la hausse. Seule expérimentation concluante, Keep it Dark est un pur exercice de style harmonique brillamment remporté par Tony Banks, qui saura s'en souvenir pour l'album suivant. Un "Genesis" éponyme comme si le groupe s'était retrouvé. Il faut avouer que vingt cinq ans après sa sortie, Abacab donne l'impression que la boussole changeait un peu trop souvent de nord.

La technique : On dira ce qu'on voudra, aimer Abacab pour son côté "labo scientifique", comme certains, ou le détester pour son côté... raté, comme moi, une chose mettra tout le monde d'accord : le 5.1 d'Abacab est un des plus réussis du coffret, car il met parfaitement en valeur l'approche expérimentale de la chose tout en restant fidèle à l'esprit des chansons. Ainsi, cette sacrée Who Dunnit passe de petite purge à maximerde, la boîte à rythmes de Man on the Corner envahit littéralement votre salon (comme l'influence de Collins envahissait le groupe ?) et Keep It Dark possède une spatialisation relative, voire décevante, comme pour appuyer le coté roboratif qui est le moteur de la pièce. Les amateurs de détails seront aux anges.

Coincidence ? Ce disque "maudit" est de très loin le plus pauvre en bonus. Juste une interview, les clips (on a déjà dit qu'on n'en parlerait pas) et les programmes. Pas un live, pas un passage télé, rien, juste donc les trois messieurs qui disent tous la même chose : "on a fait c'qu'on voulait !". Oui mais le résultat est là : coincidence, non, pas plus que le fait qu'Abacab soit le disque "période Collins" le moins représenté (pour ne pas dire "pas du tout") pendant leur récente tournée de réunion.

5.1 (47 min)

01. Abacab
02. No reply at all
03. Me and Sarah Jane
04. Keep it dark
05. Dodo / Lurker
06. Who dunnit ?
07. Man on the corner
08. Like it or not
09. Another record

Clips (16 min DTS)

01. Abacab
02. No reply at all
03. Keep it dark
04. Man on the corner

 

World tour programme 1981

Interview (14 min non st)


1976-1982

Le disque : Frustrations, expérimentations, début de la course aux singles : la periode 76-82 fut très prolifique pour Genesis en matière de faces B. Et curieusement, la qualité globale n'est pas en reste. Cette compilation le montre d'assez belle manière, même si le but énoncé dans le livret (donner une cohérence à la suite des morceaux) n'a pas été atteint. Les fans seront ravis de savoir que deux faces B qui avaient honteusement été écartées du coffret "Archive 2" sont de nouveau disponibles (vous avez donc l'intégralité du EP Spot the Pigeon, bien que pas dans l'ordre) et les curieux pourront se délecter de pépites en 5.1 comme leurs glorieux grands frères les albums.

Pépites évidemment c'est parfois beaucoup dire : une face B reste une face B, et quand l'inspiration n'est pas là, elle ne vient pas, point barre. Il n'y a qu'à écouter Me and Virgil, purge mineure mais réelle où même les claviers sautillants ne font pas d'effet (pourvu qu'ils n'écrivent jamais une chanson sur une partie à trois, ça donnerait Me and Virgil and Sarah Jane). Ou encore You Might Recall qui noie de bonnes idées dans un schéma trop FM pour être honnête. Mais heureusement, vous n'avez pas que ça : en face B, Genesis peut faire du Genesis. Comme sur Inside and Out, chant du cygne de Steve Hackett, tellement excellente que Virgin l'a incluse sur le dernier best-of (!), ou comme sur The Day The Light Went Out, sorte de super-Bankserie au final apocalyptique (au propre comme au figuré). Ou bien, Genesis fait tout sauf du Genesis : Pigeons et son rythme mi-génial mi-ridicule, ou les deux instrumentaux géniaux, Naminanu (qui aurait fait bonne figure à côté de Home by the Sea) ou l'étrange, hypnotisant, et impensablement nonchalant Submarine, l'une des pièces les plus atypiques et intéressantes du groupe. Au final, on ne s'ennuie pas et ces faces B, bien que méritant globalement leur statut, méritent d'être (re)découvertes, dépoussiérées, même si évidemment ça ne vaut pas le charme de sortir de sa collection un rare et vieux 45t et de le retourner l'espace de trois minutes...

La technique : Les faces B présentées ici étant très hétéroclites, il est naturel que la qualité du surround varie également. Pour un Paperlate dont les sections de cuivres vont vous scalper, vous avez des Me and Virgil ou des Vancouver dont la spatialisation ne sera qu'anecdotique. Pire, les trois titres de Spot the Pigeon souffrent d'un son assez sale, comme frié, un peu comme si le master provenait d'un vinyl d'époque. Mais dans l'ensemble, on ne peut qu'être satisfait de voir ces anciens titres eux aussi en surround, leur donnant un petit surplus de cohérence. Il y a cependant un titre particulier qui se détache du lot, c'est Submarine. Ce titre a été clairement conçu pour le 5.1 et ici, avec le caisson de basse au maximum, vous vous sentirez totalement immergé. Une grande réussite.

Ce SACD et DVD est donc livré uniquement dans le coffret, et il y a de quoi se poser des questions. Il est dans un magnifique digipack, alors que tous les autres DVD sont en simple boitier crystal : franchement, ça fait un peu rat. En prime il possède un livret assez intéressant, revenant sur tous les albums : les autres disques n'ont donc évidemment pas ces liner notes, et ça aussi c'est un peu dommage. M'enfin, on se dit que ce sont ce genre de détails qui poussent à depenser 110 euros pour la boite au lieu de 100 euros les albums séparés. Parce que question bonus, vous n'allez pas etre gâtés : il n'y a que la traditionnelle interview, et elle dure CINQ minutes, dont deux sur Paperlate et deux pour faire de la lèche à Nick Davis, qui a bien entendu "fait un travail admirable" (ils auraient dit "ce batard a salopé son boulot comme un goret", on aurait été étonnés). Quel dommage ! Car c'était l'occasion rêvée de revenir sur tous les morceaux et les expliquer en profondeur : d'où ils viennent, ce que les musiciens en pensent, pourquoi ont-ils été écartés des albums, etc... Opportunité ratée, mais il est vrai que la présence seule de Match of the Day et Me and Virgil rend l'achat du coffret indispensable aux collectionneurs. Le 5.1 est un vrai plus. Maintenant, reste à savoir ce qu'ils nous réservent pour le second coffret à venir. Suspens, non sans une certaine méfiance il faut l'avouer.

5.1 (59 min)

01. Paperlate
02. Evidence of autumn
03. Pigeons
04. You might recall
05. Naminanu
06. Inside and out
07. Vancouver
08. Me and Virgil
09. Its yourself
10. Match of the day
11. Open door
12. The day the light went out
13. Submarine

Clip (3 min DTS)

Paperlate

 

Interview (5 min non st)


GENESIS

Le disque : I... can see you Mama. C'est par cette phrase et un lancinant rythme de machine organique que les auditeurs découvrirent le nouveau Genesis. Et il s'agit bien d'un nouveau Genesis, et pas seulement le disque. La percée du marché américain, le succès du pourtant très controversé Abacab, les endorsements permettant à Collins et Banks d'être au top des boîtes à rythmes et synthétiseurs numériques, tout s'est réuni pour définitivement décomplexer la Génèse. Ils n'ont plus peur de créer de vraies chansons à partir de leurs célèbres jams, et savent désormais comment faire sonner le tout de façon énorme. En résultera cet album, sobrement éponyme, qui reste encore aujourd'hui le vivier des moments favoris de Banks comme des fans. A la fois longue, simple et d'une efficacité curieuse, comme venue d'ailleurs, Mama pose les jalons et reste (et restera toujours) un moment de grâce et l'exemple le plus précis de ce qu'est une réussite. Pour enfoncer le clou, le groupe laisse la pression s'évacuer avec That's All, petite comptine tubesque qui se rapproche de Misunderstanding. Puis, alors que seuls les fans de pur progressif auraient pu s'ennuyer, voilà qu'on découvre le diptyque Home by the Sea, une jam de fous restructurée pour créer un titre épique original et formidablement hypnotisant. Dès le premier contact, l'auditeur, qu'il soit occasionnel ou mordu, se met à accepter une certaine évidence : Genesis a encore pondu un chef-d'oeuvre. Ce serait au moins leur... quatrième ?

Mais dans la précipitation, on allait omettre un détail gênant. Un disque comporte deux faces. La face B de ce Genesis (également appelé Mama, ou Shapes) est l'exemple même de la raison pour laquelle retourner un vinyl pour écouter un album est un acte d'amour et de respect : après une écoute, bien peu de gens l'ont refait. Vous pouvez vérifier : allez dans des vide-greniers et regardez les 33 tours de cet album ; la face A est lisse comme un miroir alors que généralement la face B est restée vierge comme Sœur Sourire. Il y a pourtant une bien jolie chanson dessus : Taking it All Too Hard, bien produite et magnifiquement chantée. Mais le reste est réellement du sous-standard, à l'effigie de ce Silver Rainbow qui ne semble pas construite (avec un refrain dont les harmonies semblent collées à la UHU-Stick), ou de ce Job to Do un peu creux qui ne semble exister que pour son fameux "bang-bang" (totalement irrésistible il faut admettre). Et puis vous avez le cas Illegal Alien ! Elle fût et reste très largement considérée comme une des plus mauvaises du groupe. Pourtant, au-delà de sa vacuité (mais elle est en bonne compagnie sur cette face), elle affiche un côté parodique totalement revendiqué et surtout complètement iconoclaste (le détail qui plombera les chansons rigolardes de We Can't Dance). Le refrain est épouvantablement con mais participe à la folie ambiante, et en prime le pont se permet de laisser Banks exprimer son sens de l'humour encore plus que dans All In A Mouse's Night.

Curieux tout de même, la problématique qui se pose ici : doit-on villipender une chanson fatalement stupide et avouée comme telle, ou plutôt d'autres souvent bien plus défendues par les fans tout en se démarquant par un manque cruel d'intérêt musical ? Ca revient à faire le choix entre une chanson du Splendid et un inédit chiant de Pain of Salvation ! Bon, la vérité, c'est qu'on aurait surtout préféré 5 chansons (disons 4) de la même qualité que Mama et Home... Car notre groupe avait retrouvé une qualité mélodique que l'on n'avait pas connue depuis... Duke ! Trois ans avant. Et on se plaint. C'est qu'on deviendrait exigeants avec l'âge ! Simple impression ? Peut-être pas, car pour une frange non négligeable d'acheteurs, ce Genesis si intelligemment titré a sonné la fin du groupe qu'ils ont depuis totalement lâché. Le passage aux années FM leur a été intolérable. Pourtant dans ce domaine, on ne peut pas dire que la Collins Corporation ait été la plus mauvaise.

La technique : Le son. Ce fût le principal changement pendant la gestation de ce Genesis. C'est dire si on attendait beaucoup de ce remaster. Le premier contact sera rude, car Mama ne correspond pas parfaitement à nos attentes. La spatialisation se fait moins exubérante que prévu, se gardant pour la seconde moitié de la chanson, et le rythme mécanique n'est pas exploité de façon suffisamment saisissante. Certaines parties de l'album font même peur, comme ce That's All franchement stereo ou Silver Rainbow dont la spatialisation est au contraire trop bonne puisqu'elle ajoute au côté décousu du titre. Heureusement, vous avez la suite Home by the Sea. Elle rattrape tout le reste avec un son éblouissant - funky pendant la première partie, avec les cocottes de Mike parfaitement claires, froide comme une banquise pendant Second Home qui acquiert ici encore plus de génie - si tant est qu'elle en ait besoin. A noter que le remaster du CD est lui réussi, heureusement car il en avait salement besoin.

Comme nous passons rapidement sur les clips, il faut avouer que ce disque n'est pas bien riche en bonus. L'interview (où Tony dit que le groupe était confiant) passionnera les néophytes gourmands en anecdotes (les fans n'apprendront rien de nouveau), mais c'est surtout la partie live qui risque de décevoir : une répétition pour la tournée Mama, en conditions "réelles", filmée à partir d'un simple camescope fixe (quelques pâles zooms à l'occasion). Visuellement c'est extrêmement pauvre, et musicalement on passe un bon moment, en particulier lorsqu'on découvre Eleventh Earl of Mar, mais la qualité du son est trop piètre pour en jouir totalement. C'est une archive d'époque, c'est vrai, mais elle fait regretter que cet album phare n'ait été traité "que" bien.

5.1 (46 min)

01. Mama
02. That's all
03. Home by the sea
04. Second home by the sea
05. Illegal alien
06. Taking it all too hard
07. Just a job to do
08. Silver rainbow
09. It's gonna get better

Clips (25 min DTS)

01. Mama
02. That's all
03. Home by the sea / Second home by the sea
04. Illegal alien

 

Interview (17 min non st)

Live rehearsal (58 min)

01. Dodo
02. Carpet crawlers
03. That's all
04. Mama
05. Illegal alien
06. Eleventh Earl of Mar
07. Ripples
08. Squonk
09. Fifth of firth
10. Man on the corner
11. Who dunnit ?

 

Genesis tour programme 1982

Mama tour programme 1983/1984

Six of the best programme 1982


INVISIBLE TOUCH

Le disque : Mon estimé confrère Ben, chroniqueur musical à l'HHHHebdo (et sans qui je ne serais peut-être pas parmi vous... tout est donc de sa faute), avait déclaré aimer Invisible Touch, tout en spécifiant que désormais il était difficile de faire la différence entre un album du groupe et Phil Collins. Avec le recul, on se rend compte que justement, par rapport à Abacab (No Reply At All), et Genesis (Just a Job to Do, It's Gonna Get Better), cet Invisible Touch n'a rien à voir avec les albums du père Phil. A la rigueur, on peut rapprocher le premier titre d'un autre groupe dérivé : Mike and the Mechanics. Pour le reste, Invisible Touch est du pur Genesis, et pourtant il fût à l'époque copieusement dédaigné par certains lui reprochant un tournant pop trop prononcé. Pour tout dire, il reste encore dans la communauté Genesis comme "le" album de la rupture, bien plus que ses deux prédécesseurs, et indéniablement plus que We Can't Dance. Pourquoi ?

Parce qu'à vrai dire, les expérimentations sont toujours là. Le son est toujours un minimum dark, et puissant. Les refrains sont très radio-friendly, mais pas plus que Follow You Follow Me ! En prime, vous avez dans ce disque deux epics progressifs deux fois trop longs pour les radios, et ils ne sont pas là pour faire de la figuration ! Mieux, vous avez en clôture d'album un titre totalement instrumental : ça n'était pas arrivé depuis Duke ! C'est quand même extraordinaire ! Ils ont abattu un travail remarquable ! Et alors moi je fais quoi ? Qu'est-ce que je dois faire ?

...Excusez-moi, des fois je me prends pour un président. Oui donc, nous en étions à Invisible Touch. Et on était en train de se demander pourquoi tant d'anciens fans lui ont tourné le dos. Après mûre réflexion, et en mettant de côté l'excuse futile du son numérique de la batterie de Phil (Genesis est avec Saga et Peter Gabriel un des pionniers de tout ce qui se tape, frappe et tabasse numériquement), on peut trouver trois raisons. La première, évidente, c'est le fait que sur huit titres, six ont une durée tres orientée radio. C'est très clair et d'ailleurs totalement avoué par le groupe. Et c'était déjà le cas de cette fameuse face B de l'album précédent. Donc il ne nous reste que deux raisons. La seconde, assez évidente elle aussi, c'est la médiocrité de deux titres particulièrement détonnants : Anything She Does qui renvoie Illegal Alien vers les stratosphères d'une symphonie de Honegger, et le molasson Throwing It All Away, qui à l'exception d'une progression d'accords se montre aussi enthousiasmante qu'un concert de Doc Gynéco. Mais deux titres ratés, ça fait toujours moins que "Genesis" également. Reste donc la dernière raison, la seule que je voie de valable pour que des fans aient craché sur le disque : le succès. Genesis a, depuis 1971, connu un succès enviable et sans cesse croissant, mais Invisible Touch les a changé en groupe de stade. Finies les prestations presques intimes : les adorateurs de la période Gabriel virent soudain Banks et Rutherford monter sur la scène d'un Wembley plein comme un œuf 4 soirs de suite. La coupe était pleine, et le responsable ne pouvait être que ce disque maudit, traître, rempli de merdes de tubes pour radios FM.

Seulement il faudrait voir à ne pas confondre. Certes, Anything ne valait que par son clip. Certes, Throwing it All Away peut littéralement se traduire par "tout gerber". Mais quid du reste ? Quid de l'énergie studio palpable du morceau-titre, qui évite la catastrophe de ses deux compères grâce aux accords suaves typiques de Banks ? Quid de Land of Confusion, première protest-song de Mike Rutherford qui trouve le moyen de pondre un refrain intéressant ET un couplet ET un pont mémorables (chose rare à l'époque). Quid de In Too Deep, si délicate qu'avec un traitement moins années 80 elle aurait trouve sa place à côté de Please Don't Ask ? Et cet instrumental, n'est-il pas stupéfiant ? Quant aux deux epics, le temps leur aura rendu justice : ils sont excellents, le son est gigantesque, les différentes parties ne sont pas du copier/coller (n'est-ce pas Magellan ?), et pour les cinéphiles, la chanson Domino vous rappellera le film Miracle Mile (jusque dans le traitement de la séquence de basse qui fait ultra-Tangerine Dream !). En prime, ces deux fois dix minutes (grosso modo) ont subi en 5.1 un traitement de roi qui vous permettra de les apprécier à leur juste valeur.

On peut donc comprendre la fureur de certains, mais au final, Invisible Touch se classe dans la lignée des évolutions du groupe depuis 1977. Le traitement médiatique a pu biaiser les opinions, mais tout comme pour And Then..., il est désormais temps de réhabiliter un album trop souvent décrié. Proposant des chansons presque aussi bonnes que l'album Genesis (presque... faut dire que la barre est haute) mais plus consistant sur la durée que ce dernier, Invisible Touch aurait pu être un des plus grands chefs-d'oeuvre du groupe si les deux chansons sous-standard avaient été remplacées par deux faces B qui elles aussi faisaient preuve d'une vigueur et d'une inventivité proprement sidérantes pour un groupe "à moitié mort" selon certains. De nos jours, les graveurs de CD vous permettent de réparer l'affront. Aucune raison de faire la fine bouche.

La technique : Nick Davis a dû pas mal bricoler pour créer des remixes 5.1 à partir de bandes plus ou moins bien séparées, mais avec Invisible Touch, on arrive à l'ère du numérique et du matériau de base nickel-chrome. Et ça se sent. Le côté "double stereo" est toujours présent, mais il gêne moins car la batterie et les bruitages subissent un traitement plutôt glorieux qui rend l'écoute d'Invisible Touch submersive et très plaisante. Les parties rythmiques de Mike, noyées dans le mix originel, reprennent vie, mais surtout les deux chansons de dix minutes voient leurs nombreuses séquences de synthé catapultées aux quatre coins de votre installation. Domino en particulier est très impressionnante, et si vous la faites écouter en 5.1 à un ignare en Genesis, couplée à Second Home, il y a fort à parier que vous ferez un fan de plus.

Succès oblige, Invisible est livré avec beaucoup plus de bonus que son prédecesseur. Attention, quantité ne rime pas forcément avec qualité - ainsi, la présence d'un making-of du génial clip Land of Confusion se révèle moins percutante que prévu, et le documentaire de la tournée, très sympa, était déjà présent sur le DVD live à Wembley. Rassurez-vous, le reste est bon : à l'exemple de cette émission télé d'époque qui est une rétrospective de l'historique Genesienne par ses membres. Oui, je sais. Un de plus. Mais on s'en fout : c'est la xième fois qu'un DVD raconte la carrière de Genesis, ce sont toujours les mêmes anecdotes, et on n'arrive pas à se lasser. Peut-être parce qu'à force de penser qu'une telle carrière relève du miracle, on se rend compte que c'en est un. Quant à l'interview (où Tony répète que le groupe était confiant), elle n'élude pas la perte d'anciens fans qui a découle de leur passage en mode "dieux du stade".

A noter enfin un bug de pressage (incompréhensible d'ailleurs !) qui fait que les trois derniers titres de l'album en mode Dolby Digital ont perdu l'enceinte avant droit (?). Comment se sont-ils débrouillés, ça c'est un grand mystère (surtout que le SACD et le DTS sont nickels), mais surtout, j'espère pour vous que vous n'êtes pas obligé d'utiliser ce mode, le DTS étant tellement supérieur...

'Bécile !

5.1 (46 min)

01. Invisible touch
02. Tonight tonight tonight
03. Land of confusion
04. In too deep
05. Anything she does
06. Domino
07. Throwing it all away
08. The brazilian

Clips (26 min DTS)

01. Invisible touch
02. Tonight tonight tonight
03. Land of confusion
04. In too deep
05. Anything she does

 

Interview (19 min non st)

Documentaires (50 min non st)

01. Tour documentary : Visible Touch (16 min)
02. Making-of clip Land of Confusion (8 min)
03. OGWT : Rock around the clock 1986 (25 min)

 

Tour programme 1986


WE CAN'T DANCE

Le disque : Cinq ans se sont donc écoulés entre Invisible Touch et ce We Can't Dance, donc la traduction est "on ne sait pas danser", clin d'oeil appuyé à la mode des boys bands qui surgissaient de terre chaque fois qu'un producteur de disques allait pisser dans les rosiers du jardin. Entre temps, Phil Collins continuait sa conquête du monde à travers des tubes et encore des tubes, réussissant même à refaire un bon album (...But Seriously, autrement moins monolithique que le navrant No Jacket Required), Mike Rutherford réussissait son coup avec ses Mechanics de plus en plus appréciés, et Tony Banks se gaufrait avec un album très pop, Still, qui fit le désespoir des maisons de disques tout autant que le bonheur de ceux qui comme votre serviteur adorent les années 80 dans ce qu'elles ont de plus irrésistible. Cinq ans donc, jamais le hiatus n'avait été aussi long, et les rumeurs se propageaient... Genesis était-il mort ?

Et puis la machine médatique se remit en marche : un album, double s'il vous plait (enfin pour les gros chanceux qui l'ont attrapé en 33 tours à l'époque), et une tournée, que des stades évidemment. Les fans ? A genoux. La critique ? Unanime : Genesis est un groupe de merde, une bande de vieux cons passéistes dont le dernier album est bien entendu une ode à la médiocrité commerciale, écoutez plutôt Nirvana, ça c'est du rock. Le grand public ? Matraqué par cinq clips qui ont tourné en boucle pendant quasiment un an, sans parler des radios qui ne se privaient pas de passer Jesus... ou I Can't Dance à tour de bras (même RTL, la radio officielle de la sénilité de droite). Le recul aurait dû être nécessaire pour apprécier ce disque, mais en 91/92 il était tout simplement impossible de l'avoir, ce recul. En prime, la tournée (hyper-molle) prenait des airs de tournée d'adieu, ce qui se confirma d'ailleurs, et donc l'affaire était emballée : il y avait des gros tubes, il y avait trois epics, l'album etait donc génial, et hop ! compartimenté dans la case "avis à chaud et largement partagé qui ne bougera plus". Rigolo quand on pense que l'album précédent avait été conspué pour exactement les mêmes raisons... Sauf qu'il durait une demi-heure de moins !

Mais après plus de vingt ans de carrière, les renards de Genesis avaient accumulé des techniques d'approche du public bien rôdées. et ils savaient que la première des priorités était de prouver à tous qu'ils étaient toujours capables d'écrire de bonnes chansons. Leur meilleur mouvement fût donc de débuter l'album par un vrai chef-d'oeuvre : No Son Of Mine rassura tout un chacun par son ampleur émotionnelle, son clip tout simplement fabuleux, sa production parfaite et ses paroles poignantes (la chanson est censée raconter la nuit où un fils fugueur revient affronter son père abusif. J'ai toujours pensé que c'était en fait la nuit où il doit s'enfuir du domicile familial après avoir fait son coming-out. C'est drôle comment le cerveau fonctionne, hein ?). Avec ce bijou digne des Mama ou des Duchess, Banks et Cie balayaient tous leurs détracteurs, tous les doutes, et quelques larmes sur les joues en prime.

Mais voilà, une fois la chanson finie, il leur restait à délivrer un album complet. Et We Can't Dance, sorti à une époque où le vinyl fût crucifié par les maisons de disques (comment acheter ce qui n'est plus en vente ?) restera un des meilleurs exemples de la fameuse dérive qui oppose hommes des années 80 et hommes des années 90 : celle du remplissage de CD. Et là, le drame se noue : si on était déjà déçus par la face B de l'album Genesis, ou par les chansons "inachevées" d'Abacab, que dire alors de cet album qui propose plus de quarante minutes de chansons oscillant entre roboratives et mollassonnes, voire les deux le temps d'un Hold On My Heart qui en l'espace de cinq minutes donnera à l'auditeur l'impression pas particulièrement agréable qu'il est en train d'écouter une ballade de Phil Collins ? Assurément, défendre les chansons "obscures" de ce disque est un acte délicat, car si elles sont restées obscures c'est pour une bonne raison. De Tell Me Why (qu'on admettra volontiers posséder un riff sympa) à la fin de l'album, pas un titre pour rattraper l'autre, beaucoup de chansons vidées de leur substance, à part Living Forever et Fading Lights toutes deux sauvées par un final type "jam" qui réveille un peu l'auditeur et les musiciens par la même occasion. De même pour la voix de Phil qui a changé et qui est désormais celle... de Phil Collins, par opposition à celle du chanteur de Genesis. Sur cette horrible moitié d'album, il ne chante plus : il se plaint, il gémit. Les mélodies sont vite oubliables, les arrangements pros mais tournant à vide, bref on se croirait sur la (encore elle ?!?) face B de l'album de 1983 sauf que l'ennui dure plus de deux fois plus longtemps. Merci Tony pour ce solo divin au milieu de Fading Lights, qui à lui seul sauve tout l'album !

Bonne transition pour s'occuper de ce Fading Lights, qui aurait pu s'intituler Wuthering Lights tant sa partie lente est poussive. Pour une chanson d'adieu, cela sent le formol plus qu'une sincère déclaration aux fans, et on retirerait volontiers cette partie pour ne garder que le milieu instrumental. D'ailleurs, c'est le cas des trois chansosn épiques de l'album : malgré leurs qualités (et elles ont toutes trois de brillants moments), aucune des trois ne mérite réellement sa durée, et cela n'était jamais arrivé de toute la carrière de Genesis. Enfin, reste le cas des singles "rock" I Can't Dance et Jesus He Knows Me. Au-delà de leurs paroles censées fustiger deux maux du monde moderne, la surexposition médiatique, la légère impression de politiquement correct, la pauvreté mélodique de Dance et la frénésie inutile de Jesus, pourtant faites exprès puisque parodiques, en viennent à se retourner contre leurs créateurs.

A en croire cet article, on pourrait se dire que We Can't Dance est vraiment trop mauvais. Mais mauvais pour Genesis, c'est encore au-dessus du panier pour bien d'autres. Si on met de côté les problèmes de composition et de rythme, on ne peut pas dire que le disque ait été bâclé. La production est gigantesque et fourmille de détails, le son a été particulièrement bien traîté (les basses de Fading Lights sont tuantes), et chacun pourra trouver dans ce disque de quoi grignoter un peu. En se demandant ce qui serait advenu si Genesis avait continué ainsi. La durée des morceaux gnan-gnan aurait sûrement encore doublé, il n'y a donc pas de regrets à avoir : bien que finissant sur un cul-de-sac, le voyage de Genesis entre 1976 et 1992 a tout de même été constellé de grandes réussites, et si les esprits chagrins tendent à ne retenir de ce groupe que les rares mauvaises chansons, il faut en toute honnêteté reconnaître que cette discographie est bien supérieure à nombre d'autres confrères de leur époque. Une exceptionnelle longévité donc, qui tentera de battre son propre record.


La technique : C'est le dernier album avec Phil Collins, c'est aussi leur plus vendu, et pourtant l'interview (où Tony assure que le groupe était confiant) est la plus courte du coffret. Hasard ? Plus de la moitié des titres n'est pas développée pendant l'interview. Coïncidence ? Enfin, Phil Collins n'arrête pas de proclamer qu'il s'est investi dans cet album plus que dans n'importe quel autre... aveu ? Toujours est-il que We Can't Dance ne vaut pas par son interview. On trouvera bien plus intéressant le documentaire de quarante minutes montrant l'enregistrement de l'album. Les premières minutes font peur avec son ton putassier et ses synthés "exclusif" à la France Dimanche, mais on découvre au final un making-of passionnant, honnête, une sorte de "classic album" moins bon car manquant évidemment de recul, mais fourmillant de détails. A noter que Tony Banks avait baptisé un des gros tubes "Blue jeans", car selon lui la mélodie rappelait une pub pour des jeans. Ce qui est particulièrement croquignolet quand on sait qui sera le chanteur sur le prochain album.

Et le son ? We Can't Dance sera-t-il sauvé par le multicanal ? La réponse est oui, mais vous vous y attendiez, pas vrai ? Nick Davis bénéficie ici de l'âge encore jeune de l'album pour exploiter au maximum ses nombreux détails. Une fois encore, c'est Rutherford qui bénéficie du meilleur traitement, avec de nombreuses parties de guitare folk exhumées du passé, mais les autres ne sont pas en reste : claviers vaporeux et enveloppants pour Banks, batterie qui claque pour Collins, Genesis voit ici son potentiel en 5.1 éclater. L'impression de double stereo est toujours présente mais entre la qualité de son, la spatialisation à outrance des bruitages, les infrabasses vrombissantes (Fading Lights entre autres), tout est fait pour conquérir l'auditeur.

5.1 (71 min)

01. No son of mine
02. Jesus he knows me
03. Driving the last spike
04. I can't dance
05. Never a time
06. Dreaming while you sleep
07. Tell me why
08. Living forever
09. Hold on my heart
10. Way of the world
11. Since I lost you
12. Fading lights

Clips (26 min DTS)

01. No son of mine
02. Jesus he knows me
03. I can't dance
04. Tell me why
05. Hold on my heart

 

Interview (15 min non st)

Documentaire (46 min non st)

No admittance 1992

 

UK Tour programme 1992


...CALLING ALL STATIONS...

Le disque : Soyons sérieux : en 1996, qui aurait parié un kopeck sur un nouveau Genesis ? A travers des albums larmoyants à la saveur effroyablement fade, tous disques de platine, le malin Phil Collins en solo avait presque réussi à faire oublier l'existence du groupe. Mike peaufina ses Mechanics pour que le succès perdure, et Tony Banks se re-gaufra avec un album pourtant très bon mais passé totalement inaperçu (même pas signé sous son nom, mais celui de Strictly Inc). C'est pourquoi l'annonce d'une reformation sans Collins fit bien rire tout le monde, et tout particulièrement les journalistes (spécialisés rock ou pas). Le choix du chanteur se posa sur le jeune Ray Wilson, alors mondialement connu pour son groupe Stillskin et sa chanson utilisée dans une célèbre pub pour des blue-jeans. Deux vieux briscards sortant un disque avec un jeune freluquet issu de la génération Nirvana et starisé par des pubeux, voilà de quoi vômir ses quarante derniers petits-déjeuners, dans l'ordre et avec séparation céréales et fruits.

Septembre 1997 (une très grande année pour la musique), on met le nouveau Genesis dans le lecteur, hilare. Et de se prendre une monumentale baffe, une gamelle léthale, un camouflet de force Chuck Norris. Rythmique de plomb, longs accords aux pads de synthé, paroles poignantes, mélodie hyper-intense : ce n'est pas parce que nos doutes avaient décuplé depuis We Can't Dance que le duo Banks/Rutherford allait se priver de remettre les pendules à l'heure. Après Mama et No Son of Mine, Genesis montraient qu'ils étaient toujours capables de sortir le bijou qui va bien. Calling... est donc un chef-d'oeuvre de plus au compteur du groupe, et en prime, vous avez la voix de Wilson. Une voix rocailleuse, profonde, assez limitée en tessiture (comme l'était celle de Gabriel) mais indubitablement magnifique. Une voix qui colle à la chanson, au son, à l'esprit Genesis. Bref, cinq minutes magnifiques, qui n'ont en rien à rougir face à des Mama, des Earl of Mar ou des Musical Box. Et qui se terminent par un fade-out plutôt moche.

Puis vient un second titre, histoire de vérifier si la machine à tubes enclenchée en 1983 n'est pas rouillée. D'une impressionnante efficacité, Congo fout une seconde salade de phalanges en travers du museau : le nouveau batteur, Nir Z, martyrise sa caisse claire dans la grande tradition Collins, le refrain est totalement imparable, la voix à nouveau enchanteresse... Et la chanson se finit sur un fade-out, cette fois complètement con. Le fan absolu de la période Collins, après moins de dix minutes, a dû se sentir pâteux la première fois : et si c'était vrai ? Si Genesis, malgré tout (et tout ils eurent), était bien de retour ? Chanson dark, single, ils vont forcément se manger sur la traditionnelle ballade. Shipwrecked fût donc rapidement expédiée comme étant une mauvaise chanson. Sauf qu'à la réecouter, on peut lui trouver des similitudes avec Your Own Special Way (pas dans la mélodie mais dans l'esprit), que le son est géant, et que Wilson réussit à être largement plus brillant qu'un Collins pleurant Hold On My Heart. Damned, encore raté ! Heureusement pour les détracteurs, la chanson se finit sur un fade-out pourri (que le mix 5.1 achève complètement).

Tiens, nous voyons un epic se profiler à l'horizon ! Là, c'est sûr, ils ne peuvent que se planter... Eh bien bernique ! Invitant à la batterie un certain Nick D'Virgilio (grand fan de Genesis et désormais chanteur de Spock's Beard, passé au micro comme un certain Phil Collins), Alien Afternoon ne joue pas la carte de l'epic traditionnel mais plutôt celle de la "chanson longue" (comme les autres titres longs de l'album), évitant les passages à vide et les transitions hasardeuses. Il ne reste plus qu'à capituler : mélodies sublimes (If That's What You Need, le hautbois de Not About Us, le somptueux Uncertain Weather), solos de synthé totalement Banksiens (Dividing Line, There Must Be Some Other Way), gros son, tout y est. Calling All Stations n'est peut-être pas LE meilleur album de Genesis, et ses écoutes répétées (par dizaines) ont peut-être fait apparaître quelques légères faiblesses (dont ces foutus fade-outs parfois aux confins du ridicule). Mais vocalement, mélodiquement et tout simplement artistiquement, c'est un disque très fort, dont le but avoué et atteint était de mettre tout le monde KO à la première écoute.

Deux regrets viennent entacher ce disque, qui vous l'aurez compris est une véritable réussite (pas en tant qu'album de Genesis, c'est fort possible, mais en tant qu'album tout court). D'abord, si la tracklist n'est pas parfaite, elle aurait pu etre aérée avec une des nombreuses et très diverses faces B qui montraient une autre facette de Genesis. Ensuite, le sort réservé à Ray Wilson ne peut que laisser un goût amer à chaque écoute. Concerts bien moins importants, très froids, avec un chant chaotique, manque de succès aux USA, pas assez de singles vendus, presse sourdingue et acariâtre, Banks et Rutherford ont décidé de lâcher leur nouveau chanteur comme une serviette sale, et du coup le dernier titre de l'album, One Man's Fool ("on est tous le con de quelqu'un") prend des allures de prophétie. Le retour de Collins dans le groupe pour une tournée de stades fût le dernier clou dans le cercueil d'une formation mal-aimée, incomprise, boudée et sabotée de l'intérieur.

De façon curieuse, mais aussi quelque peu douteuse (à moins que ce ne soit de la flagornerie), le texte accompagnant le coffret vous invite, je cite texto, à "redonner une chance à cet album". Comme une faveur à lui accorder. Alors que dès la première écoute, vous pouviez apprécier le disque pour la même raison que ceux qui l'ont enregistré : le plaisir, tout simplement. Mais on ne leur en voudra pas, car le temps est un drôle de farceur : à l'epoque, beaucoup ont grincé des dents lorsque Ray Wilson a pris la place de Phil Collins, "vidant le groupe de sa substance". C'est rigolo comme jeu, tenez : maintenant, en 2007, que le contraire s'est produit, avec une tournée de stades à guichets fermés sans l'ombre d'une nouvelle chanson, qui vide quoi ? Et soyons plus méchant : quel disque "fait" plus album d'adieu, We Can't Dance ou Calling All Stations ? (NDBaker : C'est We Can't Dance. Parce que Calling aurait dû avoir une suite). Mais foin de vaines querelles, ce qui est fait est fait, et une fin triste ne doit pas vous faire oublier les merveilleux moments passés avec ce groupe culte qu'est Genesis. Des moments remplis à craquer de belles chansons. Calling n'en est qu'une grosse poignée de plus, et après trente ans de carrière, on n'en est même plus surpris : le génie ne meurt jamais. Tout au plus dort-il.

La technique : Contrairement aux attentes, le remaster de Calling n'a pas été traité par-dessus la jambe. Si vous aimez les productions lourdes, aux sons gras, vous allez vous régaler : rien que le premier titre est un concentré de puissance, avec des basses à la limite trop fortes. Une fois encore la spatialisation n'a rien d'éblouissant (sauf un Dividing Line à mourir de bonheur pour les amateurs de batterie folle), mais une fois encore ça n'empêche pas quelques détails de trouver enfin leur place (notamment une séquence de synthé sur le second couplet de la chanson-titre, déterrée des abysses du mix), et c'est encore Mike qui est le plus à l'honneur. Mais surtout, la centrale permet d'isoler la magnifique voix de Ray Wilson, qui ressort encore mieux. En revanche, ne vous faites aucune illusion : les fade-outs sont toujours aussi pourris. A bien y reflechir, ils seraient même empirés !

Dernier album... ô combien contesté... Les bonus allaient-ils suivre ? L'interview (où Tony prétend que le groupe était confiant) est d'une durée de 18 minutes, ce qui est déjà miraculeux, et vous avez des interviews de tout le monde : Collins, Wilson, Nir Z. Tout le monde ? Non, il manque Nick D'Virgilio. Mais ce n'est pas grave, car ce n'est pas lui l'absent le plus grave : cette palme revient incontestablement à l'Honnêteté, grande oubliée qui tente de se frayer un chemin au petit bonheur la chance. Collins se fait évasif et sa crédibilité chancelle, le beau Ray ne tient pas vraiment le discours qu'on a pu lire ailleurs, et les trois musiciens donnent chacun une raison différente d'avoir splitté, ce qui en dit long. Heureusement, il reste la musique, et si pas la moitié des chansons est abordée, au moins apprendrez-vous des choses. Et à ce propos, félicitations à l'equipe de tournage qui a (comme pour tous les autres albums) montré le disque sous sa forme 33 tours, et Dieu sait que celle de Calling All Stations est extrêmement rare.

Le reste des bonus est assez hétéroclite. Le EPK reprend basiquement ce qui a déjà été dit lors de l'interview, mais avec plus d'extraits. Sympa malgré la redite. Et puis vous avez trois morceaux live, et là ce n'est pas vraiment favorable à Ray. Sur un festival allemand, il nous chante Calling, pas très bien et cinq tons en-dessous. Puis vous avez deux extraits d'un live tourné par la télé polonaise. Pour les connaisseurs, ce n'est pas du tout le même concert que celui disponible en bootleg sous le nom "A deeper blue" - cela veut donc dire que Genesis a eu droit a DEUX concerts retransmis par la télé polonaise ! Ici, l'image est 16/9 et absolument sublime, Ray chante bien, mais a l'air complètement distant et n'adresse quasiment pas un regard aux musiciens. Intéressant, encore qu'il manque le medley acoustique qui était le grand moment des concerts, cette portion permet de se rendre compte des difficultés qu'a eu le groupe à retrouver une véritable identité sur scène. Sans nul doute, un second album aurait consolidé tout ça et donné une tournée où les chansons période Gabriel auraient été mises à l'honneur, mais ne rêvons pas trop : tout ça a été brisé. Nous ne dirons pas par qui, mais en rassemblant les pièces du puzzle, on pourrait presque affirmer qu'il ne faisait pas partie du groupe à ce moment-là (et ce bien qu'un musicien intra-muros ne soit pas non plus blanc comme neige). Pour finir le dernier coffret, je vous le concède, ça fait triste et mesquin, mais heureusement, ce n'est pas tout à fait la fin !

5.1 (68 min)

01. Calling all stations
02. Congo
03. Shipwrecked
04. Alien afternoon
05. Not about us
06. If that's what you need
07. The dividing line
08. Uncertain weather
09. Small talk
10. There must be some other way
11. One man's fool

Clips (12 min DTS)

01. Congo
02. Shipwrecked
03. Not abous us

 

Interview (18 min non st)

Live (27 min)

01. There must be some other way
02. The dividing line
03. Calling all stations

 

Album EPK (10 min non st)

World Tour programme 1998


EXTRA TRACKS 1983-1998

Le disque : Ca partait mal. Un CD misérablement pas plein. Pas vide, mais pas plein. L'ère Ray Wilson avait été si productive qu'on aurait pu en tirer un double album, et on a droit à moins de la moitié des faces B de la Wilson Connection. Si ça c'est pas de la mauvaise foi, je ne sais pas ce que c'est, parce que exit Banjo Man, OK, mais adios Phret, gné ? No comprendo. Un coffret Genesis Archive 2 avait déjà fait scandale car deux titres période Collins avaient été virés manu militari ; l'affront a été lavé avec ce coffret SACD qui est censé être le dernier, l'ultime, le définitif (sic(k)). Mais parce que Ge-nesis est ge-nereux, les fans comme moi seront heureux de se mettre sous la canine une nouvelle polémique : pas de coffret Genesis Archive 3 ! Et puis celui-là, le jour où il sort, je ressors avec mon ex ! (Note à Sandrine : fais-toi belle, Genesis a ses raisons que la raison ignore).

Donc, c'est la frustration qui s'empare du fan à la découverte de ce DVD qui ne tient pas ses promesses. Le fan. Mais l'auditeur ? Celui qui ECOUTE le disque ? Parce que ce n'est pas forcément la même personne, et ce même si l'enveloppe corporelle est similaire. Exemple avec votre serviteur... et je pense avec bien d'autres lecteurs, car ce "double EP" est tout simplement fantastique ! Il se divise en deux (Collins / Wilson) mais pour une fois, cette dualité est bénéfique. Les Philouteries, d'abord. 5 faces B... et aucune n'est mauvaise. Euphémisme. Les deux inédits de la période Invisible Touch sont extraordinaires. Feeding the Fire est une chanson intense et à la production insensée, et Do the Neurotic, titre "culte" au sens premier du terme, qui est une de ces fameuses jams Genesiennes (cf Home, Fading, Brazilian, Lurker, Travels, Tonight... que des merdes, pas vrai ?) avec en prime une énergie au 380 volt triphasé, tue. Même le sous-estimé I'd Rather Be You ressemble qualitativement à un tube soul des années 55/65 (c'est l'équivalent du Can't Hurry Love repris par Collins mais avec plus de brillance et moins d'autopilotage). La période We Can't Dance n'a pas à verdir de honte non plus, avec un très bon Hearts on Fire très années 80 (on la croirait sortie d'un film avec Eddie Murphy, du temps où il était drôle), et un magnifique On The Shoreline, lourd, puissant, superbement produit et définitivement supérieur à la grande majorité de l'album dont il a été exclus.

Les inédits avec Ray Wilson sont tout aussi intéressants, mais très différents : si certains n'hésitent pas à dire que Calling... ne ressemblait déjà pas à du Genesis, ces chansons n'ont carrément rien à voir avec Calling ! C'est comme si un nouveau groupe s'était formé, un groupe à suivre, entre la pop des Mechanics et une approche plus jeune à la Stillskin : Anything Now moderne avec du pur solo-de-Banks au milieu, Sign Your Life Away qui ressemble presque à ce que fait Spock's Beard de nos jours (coïncidence ? en tous cas c'est D'Virgilio à la batterie), et un Run Out of Time mélancolique, avec une intro de faux sax pour laquelle Tony Banks a dû puiser dans la musique du jeu Dune Spice Opera, pas possible autrement : même son, même ambiance, même mode harmonique ! (Bravo à l'excellent Stéphane Picq qui l'avait fait cinq ans avant). Bref, de quoi faire rugir quelques fans purs et durs, mais aussi de quoi en intriguer, voire passionner d'autres.

On regrettera donc les manques, mais si on retire l'inévitable bancalité entre les deux parties, il faut avouer que ce "Extra Tracks 1983-1998" est tout simplement un des meilleurs albums de Genesis ! Et ça en dit long sur sa qualité.


La technique : Comme pour le coffret 1976-1982, ce n'est pas exagérer que de dire que le son 5.1 des faces B est encore meilleur que les albums. Non seulement la qualité de son est superbe (magnifiques médiums, propreté indéniable), mais la spatialisation fait vraiment du zèle. Particulièrement Run out of Time, qui est un délice du genre. Le reste ne l'est pas (en reste) et Nick Davis semble vraiment s'être éclaté : ce Do The Neurotic par exemple, fidèle à sa réputation et qui soniquement n'a pas à rougir devant Domino. Si certains albums paraissaient trop factices, on ne peut nier que ce voyage en Genesie finit sur une bonne note.

Plus étrange, ce disque joue la carte des bonus. Trois pour être précis (on passera par charité l'interview, qui n'en est pas une mais une hagiographie de Nick Davis en même temps qu'un congrès de VRP pour l'extension du 5.1 dans les foyers cibles 30-50 caucasien enfant unique assimilé cadre). Trois bonus ? Chouette ! Sauf que déjà l'un d'eux est le EPK du coffret... Archives Vol 2. Chouette ? C'est toujours bien de l'avoir inclus, il y a des choses intéressantes dedans, mais on remarquera que le père Collins semble avoir signé un pacte avec le diable et se montre bien plus renfrogné qu'a l'accoutumée. Regrets ? Amertume ? Levé du pied de la charley ?

L'autre est un live. Chouette. De 1992 selon les manifestants et 1993 selon la police. Même tournée que The Way We Walk donc. Mais cette fois au Knebworth, festival bruyant que Genesis a déjà arpenté. Le concert n'est pas entier, il n'y a que trois titres, mais quels titres : Old Medley, Home by the Sea (seul !) et Domino. de la pure bombe, et du coup ce concert est moins lisse et ennuyeux que The Way..., d'autant que le public est un poil meilleur et le groupe plus détendu. De quoi nous réconcilier avec cette période live ? Pas tout à fait : le collage des chansons a été fait n'importe comment et les coupures sont parfaitement hideuses. Les gars, le crossfade, c'est pas fait pour les chiens ! Une honte audiovisuelle.

Dernier bonus, le mini-gig acoustique donné en 2000 (avec Collins donc). L'occasion d'entendre du Genesis en unplugged, et donc l'occasion d'aérer les chansons. L'occasion aussi de nous rendre compte que cette formule ne fonctionne pas vraiment bien, et que le tout tourne un peu à vide (surtout que la setlist tape un peu à côté). Si Daryl Stuermer s'amuse, les autres ont les volts qui les demangent. Bonus post-Ray, premier du genre, et un sentiment de mini-vide. Aucun bonus livré ici n'est inintéressant, mais, un peu à cause de la façon dont cette histoire s'est terminée (jusqu'en 2007), aucun n'est vraiment indispensable non plus. Et à force de se dire chouette, à la fin, le consommateur, y bout. Oui, tout ça pour en arriver là, quelle mauvaise blague, pas vrai ? Eh, je parlais de ma vanne pourrie, hein ! Qu'est-ce que vous avez cru au juste ? Défauts ou pas, Genesis reste un immense groupe, et croyez-moi, ce n'est pas un prix exhorbitant ou des bonus moins bons que d'autres qui vous empêcheront d'apprécier ces coffrets. L'addition des deux, peut-être, mais je laisse à votre jugement cette délicate balance entre l'argent et l'art, gens.

5.1 (45 min)

01. On the shoreline
02. Hearts on fire
03. Do the neurotic
04. Feeding the fire
05. I'd rather be you
06. Anything now
07. Sign your life away
08. Run out of time

Archive vol 2 EPK (18 min non st)

Interview (3 min non st)

Acoustic live 2000 (20 min)

01. Invisible touch
02. Follow you follow me
03. I can't dance
04. Turn it on again

 

Live Knebworth 1993 (41 min non st)

01. Medley (Dance/Lamb/Musical/Fifth/Wardrobe)
02. Home by the sea
03. Domino

 

World Tour programme 1998


Au fait... Vous ne trouvez pas que notre cher Tony Banks ressemble de plus en plus à François Mitterrand ?    'Bécile !

 

 

...avec quelques corrections extérieures bienvenues !