De belles mais très rares magnifiques versions avec les meilleurs solos de guitare de la carrière de Goldman, intégrale des VHS

Note globale


Tout est beaucoup trop décousu, très peu de chansons complètes, image entre vieille et laide

Editeur : Sony Music
Durée totale : 4 h 51

Image        PAL

Menus gonflants...
Interviews de 1984 (6 min)

Même en étant indulgent, il faut admettre que tant la définition que les couleurs, le montage, le grain, bref que tout est réuni pour nous faire passer un sale moment (Rouge un peu exclus). Et l'avertissement concernant New Morning est caduque : ce n'est pas le grain qui nous gêne, c'est l'inintérêt absolu de l'image.
Très varié, le son est parfois difficile à comprendre (les interviews) mais jouit d'une belle présence dans les graves pour les chansons.
Pour les adorateurs de JJG, il y aura forcément des choses à prendre tant ses lives regorgent de bons moments. Mais les coupures intempestives et le ton global risquent de rapidement lasser même ceux chez qui les souvenirs seront ravivés.

Juste les parties "interviews" de JJG en accès direct : c'est très intéressant, mais c'est doublon et ça fait 6 minutes.

Si certains groupes ont désormais honte des home vidéos spectaculairement hideuses et nombrilistes sorties en VHS dans les années 80, il se trouve que d'autres osent les sortir. Bon, ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas honte non plus, peut-être simplement qu'ils veulent gagner encore des sous sur le dos des fans, mais au moins on ne peut pas se plaindre du caractère inédit et introuvable de ces morceaux de lives volés, de pétards dans les chiottes et autres fans hystériques vômissant de la bile avant de s'évanouir dès la seconde chanson, ce qui leur permet de hurler le lendemain : "c'était trop top super géniââl !". Pour JJG, qui n'a jamais été très enclin à se mettre dans le moule, mais qui n'a jamais non plus refusé qu'on sorte des vidéos sur lui, on a droit à un double-mix-combo : quatre vidéos sorties séparément et chères, regroupées dans un coffret 2 DVDs. Cher. Ah oui, les valeurs traditionnelles ne se perdent jamais. Voyons, 4 vidéos... 4 paragraphes ? C'est tentant hein ? Hmmmmh... Allez, laissons-nous tomber dans la facilité le temps d'une page.
Carnet de routes. 1984 / 1987. Goldman est passé d'ex-chanteur et guitariste de Tai Phong (il y a pire comme début de carrière, je dirai même qu'il y a rarement mieux) à chanteur "chébran" pour midinettes. C'est la presse qui le dit. Et elle est pas contente la presse. Car JJG se fout de sa gueule de façon intensive et ininterrompue. D'ailleurs, ce cynisme rigolard et pédant (sans animosité aucune) est la seule chose que vous connaîtrez du gamin, vu qu'il parle en tout et pour tout 6 minutes. Dans ce programme. Soit presque la moitié du coffret complet. Oui, Goldo n'a jamais été loquace et ça devient de pire en pire, aussi profitez bien des rares bribes d'intelligence détachée qu'il nous livre ici. Parce que pour le reste, on souffle le chaud et le froid : si vous aviez adoré les premiers clips si ravageurs, si foncièrement radicaux, et si essentiels dans l'histoire de la prog pop, et bien souriez, vous allez vous les reparfumer in extenso. Enfin pas tout à fait puisque vous aurez de rarissimes bouts de making-of (ah ! les loumas d'époque, formidable ! 120 kilos d'acier grinçant, que du bonheur), des bouts de live ayant servi au génial live 86 (mais très chiches, les bouts), et le seul clip inédit : celui des Restos du Coeur, le premier clip culinaire (Coffe ayant paraît-il gueulé parce qu'on y montre des fruits qui ne sont pas de saison). En tous cas, outre le fait qu'on voie Nono Krief carrément adoubé "guitar hero" (ça fait plaisir), on est sûr que deux choses n'auront pas survécu aux années 80 : le transfert vidéo, et les coupes de cheveux (sauf hélas chez Claude Le Péron qui continue malicieusement de défendre la coupe "Caniche Héroïnomane Stuck-in-the-80s" coûte que coûte).
Restons dans la dope ultra-vitaminée : "Traces", au départ carnet de bord de la tournée "américaine" de Goldman (en réalité une tournée mondiale, mais mini), se transforme en hallucinante expérience télévisuelle. Si on peut parfaitement croire que Goldman n'a jamais touché à la drogue, on pourrait décemment se poser des questions quant aux gens ayant pondu ce programme. A mi-chemin entre Stacy Keach (pour l'enquête policière) et Babar l'Elephant (pour les hallucinations), cette vidéo a une grande qualité : vous avez droit à une version (entière) de "A quoi tu sers ?" complète et totalement démente. Vous avez aussi Michel Denisot qui se lamente sur un terrain de foot. Ou comment jouer les prophètes. En bonus, vous avez Michel Elias en voix-off à péter de rire jusqu'aux larmes. Enfin, il n'est pas crédité, mais si ce n'est pas Michel Elias, je me la coupe et je me la mange (merci d'écrire à la rédaction pour vérifier la traçabilité de la viande). Le principal intérêt pour les amoureux de la six-cordes, c'est un "Peur de rien" ralenti avec deux solos éblouissants, le premier de Michael Jones véritable hommage à David Gilmour, et l'autre de Jean-Jacques empruntant beaucoup à Steve Lukather (Pink Floyd + Toto, le rêve quoi, et deux des plus grosses influences Goldmaniennes). A part ça, on est morts de rire et de honte, et heureusement que le spectre du second degré plâne partout sans ambiguïté aucune.
On passe d'une carrière solo au trio Fredericks Goldman Jones, le pic créatif pour pas mal de fans, et au mythique live au New Morning. Enfin mythique, ça c'était sur le CD. En film, la jaquette fait franchement bien de nous dire que "la qualité d'image n'est pas un défaut mais une volonté du réalisateur". C'est fort ça, oser avouer qu'on a cochonné son travail ! Qui plus est, ledit boulot n'était pas vraiment dur : on plaçait 5 caméras, et on attendait que la magie s'en empare. Au lieu de ça, si on a plus de chansons entières que dans tout le reste du coffret réuni, on regrette le côté très cut (certaines chansons étaient carrément coupées net avant la fin), et surtout l'immonde image, baveuse comme un petit pot Gerbé, très souvent pas synchrone, et disons-le carrément : ce devait être le film le plus intéressant des quatre, le résultat est tout autre. Jusqu'ici, pas de quoi en rêver la nuit, vous ne trouvez pas ?
Et on termine avec la tournée Rouge, ou encore une fois le film de la tournée. D'abord, si le concept est toujours aussi frustrant, on pourra franchement se marrer pendant les reportages. Le Péron gagne le Titof d'or de la blague la plus minable de l'année (et haut la main), quant au coup du journal, c'est à hurler de rire en se tapant les cuisses tellement c'est gros et naturel. Musicalement, la seule chanson qu'on se tape en entier deux fois dans le coffret est 'Un deux trois', soit la plus mauvaise chanson de JJG à mon goût (et quand ses chansons sont mauvaises, c'est rare mais c'est effrayant). Les autres sont plus ou moins complètes, mais jamais à 100%, l'image est vraiment laide pour un live de 1995, et on regrette très, TRES amèrement de ne pas avoir l'intégrale bien filmée de ce qui est un concert purement magique. Vous aurez cependant une sorte de best-of de tous les grands moments de ce qui a été un spectacle entier, surprenant, féérique. Et quand un chanteur russe dit que Goldman fait, pour lui, "du hard rock", on ne peut que le croire : la sueur dégouline lors de solos hard-blues féroces, et la section rythmique ne faillit jamais. Malgré le montage qui fait tout pour destructurer l'émotion.

C'est un beau geste que d'avoir osé regrouper toutes ces vieilleries dans un unique coffret, car vous l'avez vu en direct et sans coupures, le bilan final n'est vraiment pas brillant - sur toutes les tournées à succès de Goldman depuis 1984, aucune n'aura été filmée et montée correctement. Mais c'aurait été impardonnable de garder loin des fans des moments musicaux et humains qu'ils ont pour la plupart connu et adoré à l'époque. Le plus regrettable est le manque de simplicité, cette volonté de ne jamais montrer tout benoîtement les concerts entiers. D'un autre côté, si on ne peut vraiment prétendre que ce coffret est indispensable, il faut avouer que ceux, nombreux, n'ayant pas connu le contenu de la tournée 95, auront ici l'unique moyen de rattraper leur ignorance. On rit pas mal, on tape du pied mais avec de nombreuses pauses, on s'ennuie aussi sur de longues périodes, et on fait la moue devant certaines images d'une qualité médiocre. Nostalgiques, vous pouvez vous payer un voyage en amnésie ; novices, des parties de ce coffret vous sont totalement indispensables, alors même que sa vision est loin d'être passionnante. Comme quoi, il faut toujours faire les choses bien du premier coup, qu'on soit pas emmerdés après.

1981 - 1995