Très belle idée réalisée en toute simplicité, son surround qui sert vraiment à quelque chose, quelques choix de reprises magnifiques |
Note globale |
Les imperfections et flottements inhérents au style, mais surtout aucun sous-titre ce qui condamne le DVD derechef |
Editeur
: Fruit of the Boom
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Durée
totale : 4 h 10
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- Image NTSC |
Interview
: Talking Naturally (48 min 16/9 non st) |
Evidemment ce n'est pas spectaculaire, mais c'est exactement le contraire qu'on demandait, et ça tombe bien, le tout donne dans le feutré de bon goût, à l'image de la pochette signée Fabien Mahaut. A vrai dire il aurait même mérité 8 s'il n'y avait pas encore une fois ce faux-flou constant qui n'a jamais servi et ne servira jamais à rien du tout. Ah si, à un truc : faire baisser d'un point les notes dans D.D.S. | ||
Notre lectorat s'est toujours partagé entre auditeurs occasionnels et "audiiophiles", et j'ai toujours été clair sur ce point : la seconde catégorie ne trouvera pas son bonheur ici. C'est à nouveau le cas sur ce mixage 5.1 grésillant et plein de bruit de fond, mais dont la chaleur et la pertinence méritent amplement cette note. | ||
Musicalement ça ne vaut "que" 7, ce qui est déjà beau, mais si vous parlez anglais et aimez les digressions philosophiques de Hogarth, vous allez passer un excellent moment, qui plus est absolument pas rébarbatif. Une idée culotée, et un joli résultat : les deux n'étaient pas garantis. | ||
L'interview est tellement un complément du concert qu'elle semble à postériori totalement indispensable. A la limite, regardez-la avant le concert. Dans un cas comme dans l'autre, le manque de sous-titres fait cruellement baisser cette note. Tiens, j'ai passé toute la partie technique à causer notes. Ca tombe bien, c'est là qu'on les écrit. |
On peut aimer Marillion, l'avoir aimé, ne plus l'aimer, le réaimer. On peut apprécier leurs derniers albums pour leur diaphanéisme, ou les trouver simplement mous. On peut juger leurs tentatives marketing intéressantes, secondaires, ou pathétiques. On peut même ne pas supporter la voix de Steve Hogarth, second et bien parti pout être aussi dernier chanteur de la formation. Mais chacun ne pourra que tirer son chapeau devant l'idée que Steve H a mis ici en pratique. Certes la forme n'est pas nouvelle : se produire en piano/voix seul, des William Sheller et Elton John en ont fait leur pain quotidien. C'est plutôt le fond qui est gonflé : H ne donne pas ici un récital, mais partage une expérience émotionnelle avec un public, discute, vit, raconte des anecdotes, exprime des regrets, boit un petit coup. Il se trouve simplement qu'il fait tout ça à côté d'un piano. | |
N'allez
donc pas chercher dans ce DVD un concert acoustique, bien préparé,
avec des enchaînements travaillés et une mise en scène.
Le but d'Hogarth lorsqu'il entama cette mini-tournée en solitaire
était de tenter une expérience live inédite et éphémère,
et c'est exactement ce que vous trouverez ici. Si vous êtes prêt
à oublier tout formatage habituel d'un concert, et ce malgré
une durée de 2h30 et la présence sur le papier d'une setlist,
vous allez vivre en direct un moment qui ressemble tout autant à
une confession intime qu'à un juxe-box nostalgique joué
par un vieux copain pianiste à ses heures. On découvre un
H direct en intraveineuse, naturel, pas coupé. Il parle, beaucoup,
presqu'une heure entière, abordant des sujets comme son père,
ses mauvaises expériences en groupe, le 11 septembre et Donald
Campbell... Un mélange d'anecdotes, d'extraits de son fameux journal
intime et de réflexions plus ou moins graves qui ne fait pas que
rendre le personnage sympathique (il l'était déjà)
: certaines des chansons qu'il a exhumées prennent un sens plus
profond, plus large, sans pour autant donner dans le pathos.
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Les chansons, origine première de ce rassemblement d'âmes. Car une fois au piano, H joue et chante. Et il le fait bien. Les nombreux pains et hésitations ne retirent rien au fait qu'il possède toujours une voix inimitable (enfin... si !) et surtout un niveau au piano qu'on ne lui connaissait pas. Hogarth meilleur que Kelly ? Les paris sont ouverts. Toujours est-il que la principale caractéristique de ce "live" est qu'il a été improvisé y compris dans sa set-list, c'est donc au gré de son humeur que Steve choisit ses reprises. Evidemment, certains titres ne passent pas toujours très bien dans la configuration piano/voix, mais l'essentiel est d'avoir essayé. Le tout ne coule pas sans heurts non plus : à force d'improviser, il était naturel que la plantade sur All The Young Dudes arrive. Mais entre ces pépins bien humains et les parties émotionnelles, il arrive aussi que la musique, tout simplement, reprenne ses droits, comme sur cette reprise d'Easter - oui, encore une fois - où l'ambiance se fait pour le moins étrange, presque communiante... et pas désagréable ! | |
L'autre
grande qualité de ce gig, c'est qu'il ressort des placards quelques
bijoux que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaîtreuh. Du
grand art : Leonard Cohen, Mike Scott, Jimmy Webb. L'interprétation
y est entre bonne et touchante, mais c'est surtout la simple présence
de ces vieilles pépites qui fait plaisir. Alors on pourra toujours
penser que les reprises de Marillion ne sont pas assez nombreuses ni culottées,
mais en tout état de cause, ce n'était pas du tout le sujet
principal. A la rigueur, la présence de Better Dreams en bonus,
joyau orchestral du sieur Hogarth ici un peu amoindri, est autrement plus
significative. H a fait tout cela pour s'amuser, pour amuser, et pour
exorciser quelques problèmes (il est alors dans la tourmente d'un
divorce). Le public, lui, ne savait pas à quoi s'attendre. Les
chansons non plus, si elles pouvaient parler. C'est cette perpétuelle
hésitation du temps et des émotions qui rend H - Natural
si attachant, qu'on soit d'ailleurs amateur de Marillion ou pas (les fans
de, justement, Elton John peuvent très bien acquérir ce
disque tant qu'ils laissent l'intégralité de leurs préjugés
au placard). Côté concert (même si, rappelons-le, ce
n'en est pas un), tout se passe donc bien. Mais comment ce joyeux bazar
tranquille rend-il en DVD ?
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Bien. Très bien. Pas parfaitement. Et son principal défaut sera celui de ses acolytes de Marillion : le manque cruel, désespérant, de sous-titres. Rarement iceux auront été aussi indispensables pour vraiment entrer dans l'atmosphère d'un concert. Que nos amis anglosaxons loupent les blagues juteuses de Bill Sheller quand il introduit avec malice chaque titre, c'est un peu dommage, mais ce n'est rien comparé à l'amateur de musique - et occasionnellement de Marillion - qui ne comprendra rien, ou qu'une mauvaise moitié, lorsque H passe presque 15 minutes non-stop à expliquer le sens des paroles de This Strange Engine, ou à raconter sa soirée beuverie du 11 septembre 2001, ou encore faire une déclaration d'amour rétrospective à son confrère Phil Oakey et sa coupe de cheveux irrationnelle. Et même en admettant que traduire les paroles n'ait pas été indispensable, ce qui reste à prouver sur certains morceaux comme Games in Germany ou Fantastic Place, il est vraiment rageant de devoir ghettoiser ce si sympathique DVD à un public exclusivement anglophile (qui plus est dôté d'une bonne oreille sur certains passages). Bottom line : have fucking subtitles, damnit ! (Angry DDS Nerd inside) | |
Cette
erreur stratégique mise à part, tout le reste du DVD se
situe dans la lignée du concert : simple, sans fioritures, mais
hautement agréable pour peu que l'on ne s'attende à rien
de préconçu. L'image est très sobre, jamais trop,
tout comme le montage est lent mais jamais mou : le rythme pictural est
totalement absent de ce disque, et c'est une très bonne chose,
c'est ainsi que l'on peut mieux se sentir au milieu de la pièce.
La qualité d'image est correcte avec toujours ce léger flou
mais comparé aux autres DVD du fleuve de Tolkien, c'est peanuts.
Le son, lui, est particulier. La stéréo est très
correcte, bien balancée, mais il est inconcevable de ne pas regarder
ce concert en 5.1. Bien évidemment la musique n'est pas spatialisée.
Seul le public l'est, et avec lui un bruit de fond rendant ce DVD pas
vraiment propre, le premier que j'entende ainsi depuis des lustres. Mais
le fait d'entendre le public derrière soi, et surtout à
ses côtés, est un plus indispensable, garantissant une immersion
qui n'a rien de spectaculaire, masi tout d'authentique. Mine de rien,
alors que musicalement le tout est à la limite du mono, ce Natural
est une des meilleures preuves qu'un DVD musical en 5.1 n'est pas qu'un
gadget.
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Les bonus continuent sur cette lancée. Les trois titres bootleggés à Paris sont de plus mauvaise qualité, mais sont diablement intéressants, ne serait-ce que par l'utilisation par H d'un vrai piano en lieu et place de sa workstation habituelle. Le bonus de soundcheck est un peu moins flatteur, et réservé plutôt à ceux qui n'ont pas été rassasiés de ces deux heures trente et veulent continuer de rester à côté de Steve - la faute principalement au son grésillant. Mais c'est une excellente façon de voir comment H appréhende ses répétitions, cherche ses marques, tâtonne pour trouver l'accord parfait. Bien plus fédératrice sera l'interview du gars, 50 minutes de franchise et de simplicité qui font un délicieux écho aux soliloques du concert. On y apprend beaucoup de choses, très complémentaires, notamment que H a choisi de reprendre Cloudbusting car il la jouait déjà en enregistrant Brave (comme quoi quand on écoute quelque chose de bien, on produit quelque chose de bien). Hélas ! Cette interview elle aussi sera trahie par le manque de sous-titres. Et c'est vraiment dommage car rarement un DVD de concert aura comporté aussi peu de musique... et jamais on ne s'en était aussi peu plaint ! Reste que, fort du succès populaire de cette confession sur canapé en douze notes, Steve Hogarth a remis le couvert et même sorti un second DVD en solo. Bientôt chroniqué ici avec le même sourire satisfait ? N'y comptez pas. Pour qu'ils soient réussis, je pense que des moments pareils se doivent aussi d'être rares.
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2 mars 2006 - The Hubs (Sheffield, Royaume-Uni) |
01.
You're gone (Marillion) NDBaker : Je vais être franc, merci Wikipedia. |
Steve
Hogarth - Piano, chant
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