Set list extrêmement intéressante pour les fans de Johnny, sacrée mise en scène |
Note globale |
Monstrueusement kitsch et technique mauvaise à souhait |
Editeur
: Universal
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Durée
totale : 1 h 44
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- - (avec un magnifique oubli de PCM) Image PAL |
Rien |
Mauvaise, passée, l'image est techniquement très en-deçà des attentes, mais en prime la réalisation c'est moi moi moi et re-moi et re-re-moi et je suis et je remets 15 et même pas je bluffe. | ||
Un mono relativement criard (pas insoutenable non plus) avec trois formats sonores tous aussi affligeants les uns que les autres. Le DTS tente d'apporter de l'oxygène, mais du genre apnée. Indigne de Johnny. | ||
La moitié des chansons n'avait jamais, ou ne sera plus jamais chantée par Johnny sur scène, peu ou prou, et les versions enterrent ce que vous en connaissiez. L'autre moitié est un medley rock'n'roll ultra-archi-rabâché, mais avec bonne humeur et un rythme d'enfer. Seul bémol : les épisodes de Connard le Barbant en vo non sous-titrée. | ||
Comme chantait Caroline Loeb : what ? |
Difficile de s'en construire une, il est encore moins aisé de s'en défaire : la réputation est déjà une chose peu aisée à maîtriser chez un être humain. Alors pensez, sur cette pauvre petite chose qu'est un DVD musical, la réputation peut devenir le pic dans le cur, le coup de guillotine. Nous sommes en 1982, Johnny Hallyday a entamé une petite traversée du désert : son public est toujours aussi grand, mais question disques ça n'est pas toujours brillant, surtout que la new wave et le metal à l'européenne ont eu vite fait de le faire taxer, pour la première fois de sa carrière, de ringard. Il envahit néanmoins le Palais des Sports pour un spectacle qu'il promet grandiose, et c'est là que notre amie la réputation entre en scène : rien que l'affiche, c'est que du bonheur. Entre Mad Max et Heavy Metal, Hallyday semble vouloir conquérir un public de jeunes, cuir clouté et grosses guitares à l'appui. Bref, ça puait le navet. | |
Et
ça commence très fort. Très très fort. Scène
baroque, apocalyptique, avec décors à la fois gigantesques
et ridicules (merci le carton-pâte), barbares d'un futur post-nuke
qui errent à quatre pattes, et puis... Un narrateur, pinté
à l'Armagnac Vermouth, qui déclâme son texte de la
pire façon qui puisse exister. A côté, Plus Belle
la Vie ressemble à un affrontement entre Kenneth Branagh et Laurence
Olivier. Et surtout, à côté, Johnny s'exprime avec
l'aisance de Bernard Tapie, c'est dire. Tiens, Johnny, justement. Il apparaît
tel un héros, blond peroxydé à bouclettes, yeux plus
maquillés qu'un tapin du dixième, il lève la main
sentencieusement et deux hommes prennent feu sur scène. C'est à
la parfaite frontière entre l'impressionnant et le kitsch terminal.
Débute enfin le concert, où pour être tout à
fait franc, à ce moment précis on préfèrerait
être ailleurs : sur le Titanic, à un meeting d'Arnaud Montebourg,
dans un sauna avec Magloire, à un concert de Vincent Delerm. Tant
qu'on échappe à ce qui s'annonce un supplice.
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Damnée réputation, elle aurait bien failli saborder la carrière entière de notre Coin-Coin (ex-futur-ex) national ! Parce qu'il y avait certaines choses que vous ne saviez pas sur ce concert. D'abord, que malgré les apparences, Johnny n'a pas eu la prétention de faire du metal. Même si ses deux guitaristes sont relativement acérés, ils restent dans une tradition plus Angus et Malcom Young, soit plus proches du hard rock'n'roll que des hurlements à la tierce genre Judas Priest. Ensuite, le concert est divisé en deux parties, et ça relève de l'inattendu. Une moitié donc leather'n'guts, et une autre où Johnny revêt un costume normal, retire les décors et fait du pur rock'n'roll. La première partie donne la part belle à une setlist très surprenante, remplie de chansons que vous n'aurez pas souvent l'occasion d'entendre de sitôt sur scène, et dont les versions live passent mille fois mieux que certaines versions studio à la limite de l'affligeant. | |
Affligeant
comme par exemple ce combat au bout de trente minutes qui est un summum
du comique. Armés de haches en papier alu, quelques vils gredins
veulent scalper Johnny. Au rythme d'une chorégraphie X-Or, ponctuée
par les haches qui s'entrechoquent au bruit de deux fourchettes clinquantes,
Ah Que effectue des simples saltos avant que même Pierre Fulla a
déjà vu mieux, massacre les pestillentiels furoncles, puis
est capturé par un noir balèze qui lui entaille les biceps
à coups de gelée de groseille. Poussant un dernier râle
(ça donne à peu près : "meuaaaaaaah" mais
je ne garantis pas qu'il n'y ait qu'un seul h), Johnny, la choucroute
garnie teintée à la sueur véritable, le rimmel dégoulinant,
le torse maculé de confiote, s'en va chanter une ballade (signée
Nicolas Peyrac) en hommage à Nathalie Baye. C'est comme si en plein
film d'Albert Pyun, Jean-Claude Van Damme chantait du Pascal Obispo
(donc moins bien que Peyrac). Pas mieux pour la reprise du... second
mouvement de la 7ème de Beethoven ! Sacrilège ! Pardon,
c'est Johnny : sacrilèèèègeuh ! Quitte à
citer Ludwig, soyons honnête : on est plus proche du pathétique.
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Mais lorsque 45 minutes passées, le rideau de carton-imitation-fer se referme, une sensation étrange et venue d'ailleurs (voir figure 1) s'empare du spectateur : déjà ? Car on était balancé entre les rires gras et la bonne surprise d'entendre des choses nouvelles, qui le restent encore 25 ans après (arrangements cheap exclus). La seconde moitié du show sera bien plus consensuelle, mais malgré tout intéressante aussi car elle est uniquement consacrée à la période rock'n'roll de Johnny. Et je parle bien de rock'n'roll, le vrai, celui de papa, avec cheveux gominés, guitare Gibson au manche épais comme un baobab, (jeu à la) contrebasse, choristes qui font "wowouuuhh" et tutti frutti. Un domaine que Jojo connaît bien, et dans lequel il se montre évidemment à l'aise, bon accent anglais inclus (l'aurait-il perdu avec l'âge ?), avec quelques solos rockabilly bien sentis et même un souci technique avec une sangle qui réconfortera les apprentis gratteux. Oh évidemment, ça ne va pas être du goût de tout le monde : tout ça a salement vieilli, et plus les chansons s'éloignent du r'n'b de Booker T pour verser dans le rock'n'roll blanc type Elvis, moins ça risque d'intéresser la jeune génération. Cependant on ne peut nier qu'on a droit ici à une des toutes meilleures versions du Pénitencier et de Johnny B Goode - ça aussi, c'était pas gagné en ouvrant la boîte. Sans compter qu'une heure de r'n'r pur de suite, quasi sans interruption, voila qui deviendra très rare chez Smet. | |
Reste
un autre problème qui vient noircir le tableau : il n'y a pas que
les barbares de mes deux et les chansons de tonton Georges qui aient vieilli.
La technique a aussi très méchamment morflé. Passons
rapidement sur le fait que le concert ait été filmé
pour une célèbre chaîne de télévision
de droite, et donc que certaines transitions soient faites à la
hache (réelle, elle). L'image est une vidéo qui a plus passé
que Zara Whites dans sa jeunesse : il n'y a aucune vraie couleur, la définition
est risible, Guy Job a essayé d'en faire un bon (...allez, cherchez...)
mais parfois se prend pour Gérard Capuccino (le roi des montages
bien corsés), et surtout encore une fois on a droit à un
simulacre de réalisation, avec un mot d'ordre : Johnny est un dieu,
le reste ne sont que cafards puants (même s'ils s'appellent Mort
Shuman ou Gilbert Montagné, qui encore une fois ne pourra pas se
voir dans le poste ! ;-) Donc il vous faut attendre QUINZE MINUTES (je
vous jure que c'est vrai) pour avoir le premier plan taille (pas un seul
gros plan de musicien en deux heures) d'un zicos autre que Johnny. Vous
ne verrez jamais le batteur, le bassiste est caché, c'est une horreur.
Quant aux claviéristes, on a l'impression qu'ils ont la lèpre,
tu sais... On voit beaucoup plus le public, dont un gros plan (là
oui, hélas) de trente secondes d'un jeune homme qui se fait plus
que méchamment chier et qui fera rire les plus sarcastiques d'entre
vous.
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Le son n'est pas mieux : étouffé à un point qu'on se demande si William Leymergie n'est pas derrière, il est en quasi-mono, et seule la voix ressort à peu près proprement (ça t'épate Pat ?). On a un 5.1 inexistant, et un DTS qui est toujours ce même petit mono ridicule avec un atome de poil de chouia de réverb factice sur l'arrière qui rend le tout un peu plus écoutable. C'est d'autant plus dommage, cette technique catastrophique, que côté mise en scène c'était assez impressionnant pour mériter une plus belle postérité (ridicule et mégalo ne comptent pas), et que la setlist nécessitait mieux que cette bouillie qui rend le concert soniquement plat comme une limande. L'acheteur pourra donc se sentir légitimement frustré : certes, il se sera bien poilé, mais il y avait bien plus que de la merde en barres dans ce show, et il ne pourra pas en profiter. Et la mauvaise réputation de ce DVD de continuer son petit bonhomme de chemin, un peu égratignée, mais pas tout à fait morte. A peine de la gelée de groseilles à la commissure des lèvres. ,
qui a un peu déconné sur la longueur de la chronique, non
? |
1982 - Palais des Sports (Paris) |
01.
Fantasmes |
Johnny
Hallyday - Chant,
guitare
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Rocky, Bruno Victoire - Guitare, choeurs |
Alain
"Doudou" Weiss
- Batterie
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Roberto - Basse, choeurs |
Lu-Lu
Di Napoli, Jean Mora, Barney, Taoby, Jean Renard - Claviers
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Mort Shuman, Gilbert Montagné - Piano Ah Que |
Pierre
Billon - Percussions
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Erick
Bamy, Jacques Ploquin, Pierrette Bargoin, Deborah Davis, Joniece Danison
- Choeurs
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Jean
Costa, Nicolas Payn, Michel Gaucher (yes !), Alain
Athot, Kako Bessot, André Laidli, Christian Fourquet, Claude Thirifays,
Jacques Hendrix - Cuivres
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