Encore quelques raretés bien vues, l'entrée en scène géniale, des musiciens plus libérés qu'avant, et comme toujours vocalement un sacré tour de force |
Note globale |
Un concert cette fois vraiment trop long, une mise en scène particulièrement kitsch, et une mise en images du DVD totalement inutile |
Editeur
: Universal
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Durée
totale : 2 h 23
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- - (...pas PCM, encore une fois !) Image PAL |
Rien |
On prend les mêmes et on recommence : noirs poussiéreux qui cachent tout, rémanences et halos à foison, couleurs pâles comme la mort, et surtout, une réalisation qui oublie totalement les musiciens et le public. Le public, bon, on pardonnera. Les musiciens, excusez-moi, mais c'est pour ça qu'on paie le disque.... | ||
Pas jojo (ah ah), la voix est un peu noyée dans la réverb (une première dans l'histoire de la musique française !), la stéréo laisse place à de très belles spatialisations des musiciens, mais le spectre sonore est un peu réduit. Le 5.1 et le DTS sont purement anecdotiques. | ||
La première partie réussit à donner de beaux frissons aux fans, non sans quelques heurts. La seconde est sympatoche, mais fait trop doublon avec les lives antérieurs et s'éternise. Il y a donc de bonnes choses, mais pas assez pour que le novice en Hallyday se jette dessus. | ||
Ben rien évidemment. |
En 1984 sortait Spinal Tap. Un fim qui destabilisa durablement les fondations du hard rock, et par extension du rock'n'roll. Un film où beaucoup de situations semblaient trop grosses et trop débiles à ceux qui n'ont jamais été à un concert. Un film redoutable. Et surtout un film court. 1984, c'est aussi la dernière tournée rock'n'roll de Johnny, avant sa rencontre avec Michel Berger et sa métamorphose. Après le Palais des Sports, c'est donc l'excellente salle du Zénith qui accueille ce concert estampillé TF1. Date et salle mises à part, on se retrouve donc avec un postulat très similaire au DVD de 1982, qui si vous vous rappelez bien n'avait pas eu que des honneurs, notamment à cause du showcase Confiture Bonne Maman. Reprenant jusqu'au système de deux parties (chansons originales et souvent rares puis partie purement rock'n'roll), ce disque-ci se retrouve hélas avec la même note... mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. | |
Avant
tout, parlons des absents. Sinon on risque de les oublier. Les musiciens
: certes, Jojo a toujours su s'entourer, mais c'est la première
fois qu'il a un groupe aussi solide pour l'épauler. La rythmique
est béton, les guitares très acérées, le soliste
est définitivement plus Van Halen que Chuck Berry (même s'il
excelle dans les deux). Bizarrement, ce sont les mêmes musiciens,
ou peu s'en faut, qu'en 82 mais avec un son mieux défini et un
style plus débridé. Globalement (nous avons une affreuse
exception), ce sont donc des tueurs qui accompagnent un Johnny plutôt
en forme vocalement, et physiquement moins décati qu'en 1982. Comme
d'habitude, il délivre une prestation presque nickel deux heures
trente durant. Il en profite d'ailleurs pour balancer à tout va
ses fameux cris - on dirait Patrick Sébastien quand il l'imitait
à l'époque, et curieusement on ne s'en plaindra pas. S'aidant
la plupart du temps d'une guitare (débranchée bien comme
il faut), Jojo fait donc dans la course de fond... et c'est là
que le bât blesse.
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Certes, tout comme en 1982, la première partie réserve de jolies surprises et des titres que vous n'entendrez plus jamais. Dommage pour certaines qui passent allègrement la frontière du country rock, tant et si bien qu'on a l'impression par moments d'entendre Eddy Mitchell (surtout avec un tel harmonica). Heureusement pour d'autres, comme cette Drôle de Métier qui est une drôle de chanson, gagnant à grand peine le droit de s'appeler ainsi (elle fait très chanson de variété typée Mike Brant, ce qui ne colle pas vraiment). Les tubes sont comme souvent bien traités, avec un excellent Ma Gueule où Johnny se tape celle de Charles Bronson. Même la reprise de Jacques Brel pourra faire rire les plus méchants, à défaut de plaire aux amoureux du grand belge (je parle de Brel). Le premier problème, ce sont ces deux parties. Après le concert de 1982 et déjà 1 h 15 de chansons, se retaper 70 minutes de rock'n'roll est assez épuisant et même s'il y a de bonnes parties (dont un medley assez bien agencé), le concert finit par devenir interminable. | |
Si on rajoute que contrairement à son copain Schmoll, Hallyday n'a pas toujours réussi les adaptations françaises (je crois que je préfère encore Hendrix sur Hey Joe, c'est dire), on arrive à saturation. Ce ne serait pas un problème pour ceux qui ne possèdent pas encore de DVD de Johnny ; las ! il existe un second souci, et non des moindres. La mise en scène. Johnny a toujours eu le sens du grand spectacle, et avec une scène de la taille du Zénith, on se doutait qu'il pouvait arriver à concrétiser quelques projets fous. D'ailleurs ça part bien : notre Jojo arrive sur scène porté par un poing ganté géant, qui a dû faire un sacré effet au public. Impressionnant, mais dont la démesure rappelle de lointains souvenirs. |
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Et notre intuition sera bien confortée, à de multiples reprises : oui, en 1984, Johnny est bien notre Spinal Tap français. Si le gant fonctionne du feu de Dieu (je n'ose imaginer s'il était tombé en panne), le reste des idées de mise en scène navigue entre désuet et catastrophique. Une scène de bal populaire dès la quatrième chanson ? Cliché et pauvre, très pauvre. Renaud a déjà fait, et refera, tellement plus authentique dans le genre ! Une tribu de zoulous qui martyrisent un esclave blanc à poil et poseur comme pas deux, des odes au culturisme féminin, des grosses motos qui cancérisent le premier rang ? Au secours ! Johnny serait-il ami avec Manowar ? Montons d'un cran dans l'horreur avec la (par contre excellente) chanson Entre Violons et Violence : pitié, le coup du solo infâme avec le violon qui se met à fumer, on se met à chercher les nains de Stonehenge sur la scène. Mauvaise idée aggravée par le fait qu'à partir de là, et pendant l'intégralité du concert, ce putain de crincrin sera faux, de A à Z ! | |
Même
Gabrielle en souffre : l'idée des femmes de ménages partait
bien, avant que ça vire à... pffft, voilà, pffft.
Comme une envie de pfffter. Le comble est malheureusement atteint par
la transition entre les deux parties : "Ne tuez pas la liberté",
chanson (il me semble) écrite (il me semble) pour réussir
à surpasser en minabilitude (royale) le pompeux Poème sur
la Septième. Pari gagné et avec quel brio : non content
de beugler un texte politisé digne d'un émokid de 14 ans
sur une mélodie effroyable, Johnny recommence ses bêtises
de Target ; Renegade contre des Sélénites bourrés
de la veille, avant de piquer sa guillotine à Alice Cooper. Mirabeau
? Non, mirot bas. Danton intérêt, cher lecteur, passe cette
chanson à moins de vouloir te payer une bonne tranche de rire.
Devant ces grands moments de solitude, on ne pourra qu'applaudir le retour
du poing, très sympathique, ainsi que la dernière surprise
réservée aux gratteux - surprise qui adoucit nos moeurs
même si l'idée a été par ailleurs reprise par...
Dorothée.
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Bon, mais à part ces errances typiques de la première partie de carrière de Johnny, est-ce une raison suffisante pour rester encore une fois bloqué à 5/10 ? Le son serait-il si mauvais ? Non, il est normal pour l'époque, trop d'écho sur la voix et le public mixé et monté n'importe comment, l'habitude quoi. Non, le souci, c'est que la réalisation est encore pire qu'avant. Si l'on excepte l'intro, il faut attendre 1h32 pour voir le batteur, 1h50 (!) pour entrapercevoir le piano, et bien évidemment le très court solo de batterie est coulé à pic par un montage débile. Le reste, ce n'est QUE Johnny (pendant les ballades vous ne voyez AUCUN instrumentiste), les éléments les plus foireux de la mise en scène (franchement, la culturiste au fond de la scène, on s'en carre un peu les miches), et si, quand même, son guitariste soliste - histoire de faire bien rock'n'roll. Les autres ? Invisibles. Planqués dans la pénombre, rarement filmés, jamais montés. Du bien typique français, quoi. Et ça suffit à bannir à tout jamais ce DVD du dessus de la moyenne. Fort heureusement, ce sera le dernier concert conçu sur ce modèle. L'année suivante, la route de notre rocker national croisera celle du stylisé Michel Berger, et sa carrière en sera changée à jamais. Johnny n'était alors pas homme à se chercher ; et pourtant, miraculeusement, il se trouva.
PS : Les droits de duplication pour la vidéocassette sont interdits. C'est bien marqué dessus. Mais alors le DVD, je peux le copier, dites, hein, dites ? ;-) |
1984 - Le Zénith (Paris) |
01.
Poing coeur |
Jean-Philippe
Smet (c'est lui qui le dit) - Chant, guitare
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Marc Demelemester, Mick Bazzani - Guitare |
Jean-Louis
Mongin - Harmonica
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Harry J. Gibson - Basse |
Alain
Weiss - Batterie
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Jean Mora - Claviers |
Christian
Fourqueux - Trombone
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Jean-Jacques Evrard, P.N. Llinares - Violon |
Pierre
Louis, Jean-Pierre Audin - Violon
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Jean-Louis Hennequin - Percussions |
René
Morizur - Saxophone
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Jean-Pierre Ramirez - Sax, trompette |
Tracy
Collins, Julie Collins - Choeurs
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Eric Bamy - Choeurs |
Nick
Muir - Piano
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