Conditions du concert uniques pour un DVD de Hallyday, Krief & Paganotti power, bon Johnny et public sympa |
Note globale |
Image affreuse, et manque un peu de la patate ultime qu'on aurait fantasmé sur un tel concert |
Editeur
: Eagle Vision
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Durée
totale : 1 h 34
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- - (PCM) Image PAL |
Livret en anglais avec une photo intérieure très classe |
C'est évidemment mieux que les concerts d'avant, mais ça reste catastrophique : aucune caméra n'est mobile, le montage est un peu mou (moins que prévu), les couleurs sont... je ne sais pas où (pas sur l'écran en tous cas), et la définition déjà mauvaise est constamment pillonnée par les halos de blanc brûlé. Pour de la vidéo de 1988, on va donner 4, mais c'est bien parce que c'est Johnny. | ||
Stéréo, Dolby, DTS : même combat. Un peu plat, avec un mixage inadapté des claviers, mais assez agréable, et des guitares moins chétives qu'on eusse pû craindre. Pardon, j'ai dit : même combat ? Biffez-moi : le Dolby est deux tons en-dessous de ses acolytes. | ||
Des musiciens de haute encolure, une première incursion dans le mélange variété / rock'n'roll au lieu de tout séparer, du tube, une belle voix, une ambiance chaude mais pas stupide, et une petite scène avec un concert court : très différent de tous les autres concerts de Johnny, et ça fait plaisir. Mérite une sortie internationale ? Avec Nono et Pagano ça peut le faire. | ||
Le livret habituel de Montreux, cette fois plus intéressant que d'habitude car c'est un livret en anglais sur Johnny (donc international, ça fait plaisir), et une chanson bonus chantée par... un choriste ! Très bonne idée, sympa et généreuse. Dommage que ç'ait été filmé avec le genou gauche. |
On dit que le rock est une musique pour jeunes. Pour ados. On dit même que ceux qui en font sont restés des grands ados attardés. Dès lors, on peut affirmer que Michel Berger est l'homme qui a fait passer Johnny dans le monde des adultes. Question : peut-il alors continuer à faire du rock ? Réponse : oui, puisque les on-dits sont d'une stupidité à toute épreuve. Mais parce que dans toute ineptie il règne une part de vrai, Hallyday s'est effectivement retrouvé coincé entre deux mondes. Pour faire simple, on parlera de variété, même si la définition restera à jamais contestable. Et contestée. Toujours est-il que jusqu'à présent, Johnny en live, c'était velu : des shows interminables avec 35 chansons, 50 danseurs, des effets spéciaux discutables, deux parties, du vieux rock'n'roll, des expérimentations parlées d'une suffisance Keith Jarrettienne... Retrouver Johnny à Montreux était donc la dernière chose à laquelle on aurait pensé, et si ses deux albums avec Berger puis Jean-Jacques Goldman ne vous l'avaient pas fait comprendre, ce DVD marquera au fer rouge la dernière preuve : Johnny a changé. | |
C'est
donc sur une petite scène et devant un parterre deux ou trois fois
moins nombreux qu'habituellement que Jojo chante 17 chansons. Pas une
de plus. Ca nous fait le concert pointé à 90 minutes chrono.
Du coup, finies les deux parties et Hallyday est obligé de mélanger
rock'n'roll et chansons pour plus-de-trentenaires. Le résultat
est physiquement comme émotionnellement plus intimiste, et donc
plus vrai, que tout ce que l'on connaissait du bluesman millionnaire.
Il faudra attendre le concert à la Cigale 18 ans plus tard pour
retrouver une telle atmosphère entre l'idole et son public. En
attendant, Johnny à Montreux, c'est donc du non-jazz dans ce festival
de jazz, et vous connaissez la traditionnelle malédiction Pnakotique
de Montreux. Johnny de son côté a dû téléphoner
à August Delerth pour se rencarder, et il a mis quelques atouts
de côté. D'abord, les musiciens. On trouve à la basse
le toujours exceptionnel Bernard Paganotti, ici plus sobre que d'habitude
(c'est dire le niveau), et à la guitare, excusez du peu, Monsieur
Norbert Krief. Soit la légendaire machine à riff qui pendant
plusieurs années a été l'unique raison de ne pas
définitivement génocider l'ensemble de tout ce qui jouait
d'un instrument avec une carte d'identité française dans
la poche (NDBesson : C'et ça,
l'identité nationale). Le garçon, un peu moins
metal que prévu, est malgré tout d'une classe folle, en
rythmique comme en solo. Il est juste rock'n'roll et pas sauvage comme
avec son Bernie fétiche. Mais ce n'est pas une tare : il a su parfaitement
s'intégrer à la galaxie Johnny, et, cadeau Bonux, son compère
Hugo Ripoli se montre parfaitement à la hauteur. Johnny étant
en voix - comme d'habitude ai-je envie de dire - et le reste des musiciens
bien calés, on ne se retrouve déjà pas dans un film
catastrophe du style MouDuGenou Productions ou Gagaland in Montreux.
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Quelques rock'n'rolls assez bien fichus, réhaussés par des duos de gratte pas Maidenesques mais pas très loin, de sublimes chansons sans les modifications inéluctables que le temps allait leur infliger, un public complètement fou sur un Je Te Promets beaucoup plus émouvant que sur disque, et ce côté urgent et essentiel, on tiendrait le concert idéal pour découvrir, ou aduler Hallyday ? Pas tout à fait. Il ne faut pas rêver, non plus. D'abord, on voit ici la différence essentielle entre Michel Berger et Jean-Jacques Goldman. Le premier écrivait surtout pour les autres. Le second garde ses chefs-d'oeuvre pour lui et refile ses résidus. Si l'on excepte ce toujours extraordinaire L'Envie (eh, le break instrumental avec les grattes à la tierce et Nono aux commandes, ça beute sa daronne), ce concert montre un fossé, un gouffre entre la classe de Rock'n'roll attitude et cette petite poubelle de poche intitulée Je T'attends (s'il parle de l'intérêt musical, effectivement il peut amener un bouquin). Cela dit, jouer les fonds de tiroir de Goldman, Nono est habitué. (NDBaker : En plus j'en pense pas un mot, mais un peu de provoc gratuite, ça réveille, ça évite de végéter). | |
D'autres problèmes ? Pas de problème ! D'abord, un regret, un gros. Tennessee en... clôture de concert, c'est parfait, c'est une idée impeccable, et si c'est bien Johnny qui l'a eue, qu'on n'aille plus jamais me dire que ce gusse n'est pas musicien. (NDKaworu : Et si c'est pas lui, tu te retires définitivement de la vie politique ?). Mais ledit Tennessee manque d'une énorme guitare rythmique, de couilles à vrai dire. Il y a pourtant deux claviéristes, l'un aurait pu jouer le fameux arpège, pendant que nos six-cordeux auraient fait germer de monstrueux accords lents et chauds... Autre problème : dites, les gars, pourquoi ne jamais filmer les musiciens pendant les ballades ? Ils jouent dessus aussi, vous savez ! Et tant qu'on en est aux soucis, une petite pensée pour la mise en images qui n'est pas toute rose. Non, non, ne m'encouragez pas ! En plus quand vous verrez le résultat vous n'aurez plus envie de rire : l'image est simplement mauvaise. Pas hideuse... mais pas loin. Le son rattrape le coup, tout en étant éloigné des canons habituels de live à Montreux. Peu de bonus, rien d'exceptionnel... mais pourquoi autant s'acharner sur les points négatifs ? Simplement parce que le reste est bon. Presque très bon. Et qu'il n'y a que finalement peu à dire dessus : Johnny a toujours été un pro, le voir ici dans un DVD très différent des autres ne sert qu'à le confirmer. C'est uné étape de plus, importante certes, intriguante aussi, mais juste une étape vers ce live au Parc des Princes qui fera l'objet d'une prochaine chronique. En attendant, Johnny rejoint la très prestigieuse collection de Live at Montreux, et si ça c'est pas une consécration, je me fais appeler Arthur. Et j'aime pas les insultes.
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6 juillet 1988 - Casino de Montreux (Montreux, Suisse) |
01.
Rock'n'roll attitude |
Johnny
Hallyday - Chant, guitare
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Norbert Krief, Hugo Ripoli - Guitare, choeurs |
Bernard
Paganotti - Basse
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Bruno Fontaine, Bertrand Lajudie - Claviers |
Yves
Sanna - Batterie
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Patrick Bourgoin - Saxophone |
Shandi
SInnamon, Lorraine Serra - Choeurs
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Erick Bamy - Chant, choeurs |