Excellente idée, groupes tous intéressants et en plus diversifiés, premier live d'un groupe culte qu'on aimerait revoir plus souvent |
Note globale |
La technique ne rend absolument pas justice au talent des musiciens présents, rendant le DVD presque austère |
Editeur
: Holy Records
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Durée
totale : 4 h 15
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Image PAL |
5
inédits (à l'époque) audio de 5 groupes (23
min) |
Ils ont fait ce qu'ils ont pu avec ce qu'ils avaient, mais le résultat n'est pas très probant : définition, couleurs, tout part à l'eau. Un rendu très VHS, et un tel festival méritait bien mieux. | ||
Il règne un côté un peu fouillis et presque mono (alors que ce n'est pas du tout le cas), mais étant donné la configuration de la Loco, on n'aurait pas pu faire grand-chose de plus. Les divers styles sont correctement représentés et c'est bien là l'essentiel. | ||
Un très joli panel de ce que le metal Français peut proposer, un peu réducteur certes mais déjà bien supérieur à d'autres compiles du même genre. Le live de Supuration est de toutes façons collector, et Misanthrope ne donne qu'une envie : un autre DVD, et vite. | ||
A l'époque les inédits audio étaient géniaux, de nos jours un peu moins mais c'est un bon moyen de découvrir d'autres groupes ou de s'en mettre plein les oreilles. Et profitez-en bien. Parce que le backstage ne viendra pas panser vos plaies. Au mieux il versera du sel dessus. |
Même mal exécutée, une idée généreuse, si elle est originale voire unique, reste toujours bonne à prendre. Et même louable. C'est tout particulièrement le cas de ce double DVD qui sert à la fois d'énorme encart publicitaire pour la maison de disques Seine-et-Marnaise Holy Records, et de témoignage d'époque (...et encore de nos jours) de la relative vitalité de la scène metal française. Car oui, avant l'explosion de Gojira et après qu'on ait essayé de nous vendre comme "metal" tout ce qui avait les cheveux longs et ne se lavait pas, la scène française existait, existe toujours, est bien moins réputée que ses acolytes allemande, suédoise, britannique - même les japonais commencent à nous dépasser - mais pas moins intéressante, et encore moins diversifiée. Fort de son indépendance et de son catalogue étoffé, Holy a donc donné un mini-festival dans la défunte salle de la la Loco, à l'instar de ce que peuvent faire d'autres maisons de disques comme Roadrunner, et si le DVD en résultant est loin d'être parfait, au moins aurez-vous droit à un programme aussi copieux que panaché. | |
Qui
dit DVD multi-artistes dit chronique barbante avec grosse check-list,
et dans l'ordre s'il vous plait. Impossible d'y couper. Cependant, avant
de voir ce que renferme le boitier, il serait bon de développer
pourquoi cette idée a été, dès la première
phrase, qualifiée de mal exécutée. Ne tournons pas
autour du pot : malgré leurs excellentes intentions, Holy Records
n'a pas le budget d'Universal et la Loco est une scène légèrement
moins sexy à filmer que le Radio City Music Hall. D'où un
DVD qui pêche énormément de par ses carences techniques.
Si le son reste plus que correct étant donné les conditions,
et surtout les différences de styles, c'est l'image qui morfle
: peu de caméras, aucune couleur, définition très
défaillante, plans flous, cadrages souvent faits à l'arrache,
et histoire d'empirer les choses - ou de tenter de les cacher - chaque
groupe possèdera sa propre "identité visuelle",
ratée à chaque fois (techniquement parlant).
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Et c'est bien dommage car sur les cinq groupes présentés ici, deux n'ont jamais eu de live en DVD, deux uniquement en bonus d'un CD, et le dernier a présenté un DVD "live" particulièrement discutable - et discuté. C'est donc dès le départ un certain regret qui s'empare du metalmaniaque francophone ; mais très vite, si l'on s'en tient au bon vieil adage qui veuille que l'on doive se contenter de ce qu'on a, c'est la curiosité qui prime. Alors dans l'ordre et en exclusivité (VOD disponible en haut débit), voici ce qui vous attend. Et pour bien prouver qu'on est ici pour headbanger, et pas fumer des joints en écoutant un sous-Cobain chanter en français "j'suis mauche", on débute par Trepalium. Et ça plaisante pas. Je ne suis pas le fan le plus ultime du style, ou DES styles tant le groupe balance constamment entre le death technique et de la graisse plus thrash, mais Trepalium n'a pas à rougir face à des Annihillator de tous les coins du monde (qui est rond). Si le son global du DVD est particulièrement cruel avec ce groupe, toutes les fréquences étant impitoyablement étriquées, on passe une demi-heure fort plaisante, entre plans techniques de fous et bonne humeur ambiante (avec un public de Beavis ! (NDUltra Vomit : Y'a d'la bière ? Rho-ho-ho !)). Le pauvre batteur (qui joue avec une cymbale cassée, ou alors c'est la lumière) porte le monde entier sur ses épaules, mais il s'en sort parfaitement et Trepalium fait finalement office d'excellent groupe de début, tant et si bien qu'on se demande même pourquoi un groupe aussi bon débute les hostilités, et ce que le futur nous réserve. | |
En
fait, contrairement à beaucoup de festivals du même genre,
l'ordre des groupes ne semble pas être mû par le talent ni
les ventes, mais par la volonté de mélanger les genres au
mieux. La preuve avec Division Alpha, le second groupe, absolument
pas moins doué que Trepalium, et pas vraiment plus doué
non plus, juste... si différent ! Si Trepa malgré leurs
prouesses techniques restait dans un metal organique, D.A. au contraire
propose des compos beaucoup plus simples mais un style autrement plus
futuriste et technologique. L'intro est assez intriguante, les
premières minutes assez décevantes (renforcées par
une identité visuelle très marquée), mais assez vite
on rentre dans cet univers pas si éloigné d'un Samael, voire
d'un Carbon 12. Là aussi, le son ne leur rend pas justice, et l'image
est désastreuse (on ne sait même pas à quoi ressemblent
les musiciens), mais ce groupe possède de nombreuses qualités,
et avant tout a le courage de se présenter au public sans batteur.
Evidemment la moindre erreur ne pardonne pas (cf Regeneration),
mais ce jusqu'au-boutisme artistique finit par payer.
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Troisième groupe, et trosième style. Garwall, jeune groupe alors débutant et déjà très côté, donne dans un black metal assez symphonique et technique, qui fait presque penser à ce qu'aurait fait Rhapsody si leur projet Rhapsody in Black avait vu le jour. La guitare solo est omniprésente, et sa tonalité un peu trop propre pour du black, d'où possibilité d'en être saoûlé. En outre, dans ce style la batterie doit être parfaite à tout moment, ce qui ici n'est pas tout à fait le cas. Mais pour une jeune formation, Garwall montre les crocs (ah ah) et prouve qu'Anorexia Nervosa n'a(vait) pas le monopole du black français. Evidemment on ne comprend pas un mot des textes, bien que ce soit en bon vieux François, mais c'est la règle du jeu ! Approximations oui, présence scénique encore en rôdage certes, mais Garwall est une très bonne surprise au sein d'un DVD dont on pensait de prime abord qu'il serait dispensé de black. | |
Surprise
signée Holy, l'un de leurs fleurons S.U.P., reformé sous
le patronyme ô combien mythique de Supuration. Plus viscéralement
death et moins futuriste que S.U.P., cette reformation éclair permet
aux frangins Loez de ressusciter l'album The Cube et de présenter
de nouvelles compos dans le même esprit. Evidemment côté
carré ça tourne toujours rond (sic),
nos nordistes faisant honneur à leur réputation. Les titres
s'enquillent donc au gré de leurs riffs tranchants et de leurs
breaks impromptus (resic). Le rendu scénique
est presque aussi mécanique que leur célèbre To
Live Alone, mais cette fois la présence d'un public fait toute
la différence. Las ! Au niveau image, ça continue de dégringoler,
avec une tendance rouge Chiroubles peu avenante. Décidément
Sup(uration) est peut-être un peu trop identitaire pour figurer
sur un DVD qui ne lui permette pas les moyens de ses ambitions artistiques.
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Enfin, et c'est évidemment avant tout pour ça que votre petit chroniqueur chéri a acquis cette double galette, le gros morceau, le groupe phare de Holy Records - et pour cause -, les Franciliens de Misanthrope. Une heure et demie pour être exact, et enfin, oui enfin, ce groupe culte sur DVD. Pour ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas, décrire Misanthrope est un peu difficile. A tiers-chemin entre le black, le death et le progressif pur, Misanthrope est un groupe unique, porté par des riffs aux larges influences de la scène scandinave, des claviers pompeux comme on les aime, un chant très caractéristique, parfois pleuré, et une basse volubile à moins. Si le résultat sur scène est moins bouillonnant que sur disque, l'absence d'un vrai clavier sur scène y étant pour beaucoup, le quartet donne quand même une belle prestation qui achèvera de convaincre les plus sceptiques : oui, on peut faire du bon metal chanté en français. | |
Son
Altesse Sérénissime de l'Argilière ne ménage
pas ses efforts pour relancer le public, et ses acolytes bûcheronnent
cmme des malades. Il faut dire qu'il n'y a pas de place pour les secondes
zones ici tant la musique de Misanthrope est exigeante. Ultra-concentré
et prisonnier des samples, Gaël Féret abat sa batterie comme
s'il voulait lui donner la mort, Anthony Scemama n'a pas une seconde de
repos, le pauvre qui aurait parfois besoin d'un second gratteux pour l'épauler
et élargir le spectre sonore ; mais la vraie vedette, notre fierté
nationale, c'est bien sûr, encore et toujours, l'immense Jean-Jacques
Moréac, une fois encore impérial à la basse, passionnant
à regarder comme à écouter, inventif, sans peur,
fabuleux de bout en bout. Même le mixage l'a bien compris, lui qui
le met tant en valeur. Lui, zeu french accent of misteur SAS et ces compos
si étonnantes font de Misanthrope live un très bon moment
à passer, avec quelques belles surprises, et se concluant sur un
Tranchées 1914 à tomber par terre.
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Plus que le plaisir pur de la vision, c'est donc surtout au niveau archives que ce DVD se montre intéressant. Car au-delà du simple panel publicitaire, il montre toute l'étendue du savoir-faire en matière de metal français (et encore manquent le heavy classique de Manigance, le prog racé de Hyskal, les petits nouveaux DXS ou Wolfspring, le metal sympho de Whyzdom, et j'en passe). Malheureusement, comme on l'a déjà vu (mais j'aime bien me répéter (NDKaworu : Tu sais que t'es pas payé au mot ?)), la technique et tout particulièrement l'image réservent ce programme à un public de connaisseurs, car je vois mal quelqu'un craquer sur Misanthrope ou Division Alpha uniquement en regardant ce DVD. Holy oblige, le packaging est soigné, et ce même si côté bonus vous n'aurez pas grand-chose, à peine dix minutes de backstage qui comptent sûrement parmi les plus inutiles de l'histoire du Disque Versatile Digital. Malgré la déception de base, il faut quand même tirer notre chapeau à Holy pour avoir osé à leur niveau tenter cette compil maison, et disons-le franchement, on ne serait pas contre un remake de ce DVD avec de plus gros moyens, et de nouveaux groupes à découvrir. Allez, chiche ?
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16 janvier 2005 - La Locomotive (Paris, France) |
Trepalium |
Un
peu trop à énumérer !
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