L'une des dix meilleures pièces de théâtre de l'histoire, haut la main (bon, je suis pas bien placé pour le dire, mais qui va me contredire ?)

Note globale


La technique abominissimâble

Editeur : TF1 Vidéo
Durée totale : 1 h 26

Image        PAL

Image striée, couleurs très fades, définition trouble, réalisation souvent aux pâquerettes... Ce n'est pas le point fort du spectacle.

Filmographies et scénographies complètes
CD audio du spectacle
Sous-titres pour malentendants (bien !)

Un mono (ça c'est pas grave) criard (ça c'est grave). Il vous faudra pousser le volume sans craindre les excès soudains. Par contre les rires du public, pour l'époque, sont assez bien rendus.
Désolé, mais on n'a quasiment jamais fait mieux depuis. C'est un bordel intégral et parfaitement cohérent, mélangeant le meilleur du vaudeville (jeu des portes) et de l'humour noir Desprogiens.
Déjà, il y a des sous-titres, ce qui est excellent ; ensuite, le CD audio du spectacle est très appréciable. Quant aux filmographies, elles sont très complètes, ça change. Donc pas grand-chose, mais bien fait.
C'est en revoyant le film, bien plus connu et apprécié, que je me suis rendu compte que le Pere Noel n'était pas présent sur ce site. Et rarement ailleurs. Et en prime, que malgré la baisse de prix (je l'ai payé 33 euros, une honte, il est récemment passé à 12), peu de gens l'achetaient. Pourquoi ? Mais bon Dieu, pourquoi ? Enquête, tout de suite, avec Julien Courbet. Non je déconne, revenez. Asseyez-vous. Et respirez un bon coup. Bon, voilà : la pièce de 1979, présentée ici, est hallucinamment meilleure que le célèbrissime film qui en a été tiré. Et pourquoi est-ce qu'est-elle meilleure, la pièce ? Parce que le film n'est pas drôle. Limite sinistre. J'entends plus de la moitié de nos chers lecteurs qui sont en train de s'étouffer de rage et d'incompréhension, eux qui ont vu le film trente fois, le connaissent par coeur et rient à gorge déployée à chaque passage télé. Et je suppute que ceux-là n'ont justement jamais vu la pièce. Alors je répète, calmement. Le film n'est pas drôle. Limite sinistre. Voilà, maintenant vous comprenez pourquoi il faut vous procurer ce DVD de toute urgence.
Déjà, j'ai horreur de débuter un paragraphe par déjà. Ensuite, le rythme, putain, mais le rythme enfin quoi ! A partir du moment où on entre dans le quotidien de Pierre et Thérèse, deux coincés pathétiques dont le métier est de redonner aux gens le goût de la vie, la pièce part en freestyle et ne s'arrête jamais. C'est ultra-frénétique. Toujours quelqu'un pour relancer : quand ce n'est pas Christian Clavier, qui n'a jamais été aussi bon, c'est Jugnot avec son personnage largement mieux cerné que dans le film. Quand c'est au tour de Mr Preskovitch, ce n'est pas par hasard si le personnage est d'un lourdingue totalement cliché, de même pour les placements des acteurs (Lhermitte en tête) : rien n'est laissé au hasard, il existe là une mécanique du rire parfaitement huilée qui entraîne tout sur son passage. Le meilleur étant qu'un mélange subtil d'écriture identitaire et d'énormités choquantes permet de raccrocher au wagon jusqu'aux plus réticents. Cette pièce, c'est de l'or en barres, et nous fait d'autant plus regretter que l'équipe du Splendid ait préféré se consacrer au cinéma, car dans l'urgence d'un spectacle vivant, ils se surpassaient chaque seconde.
Bon mais alors, est-ce qu'on retrouve tout du film ? La pièce dure moins longtemps, et il manque Balasko, des choses doivent avoir sauté, non ? Evidemment. Mais on échangera volontiers n'importe quel gag supplémentaire du film contre les petites touches, les détails de la pièce. La seule chose qui nous manque vraiment, c'est la réplique culte de Jacques François, "...mais qu'est-ce que c'est que cette matière ? mais c'est... c'est de la merde !". Sinon, je troque sans hésitation la trompette de Mme Musquin contre le regard de Jugnot quand il avale la schlotky avec toute la conscience du monde. On oubliera bien vite le réveil au zoo de Vincennes (j'ai cru voir Drucker d'ailleurs, pas vous ?) pour se remémorrer le "coup du révolver" de Clavier, genre de tout petit détail qui ne manque jamais de faire crever de rire. Le même Clavier qui voulait nous faire sourire en chantant "Un petit poisson, un petit oiseau" sans jamais y parvenir, et qui ici réussit à plier une salle en deux alors qu'il va se suicider. Même les gags sensés être les mêmes sont plombés dans le film par le côté faussement cradingue et le montage parfois désespérant. Ici, pas de montage foireux... puisque pas de montage ! Juste une heure quinze sans aucune interruption de fabuleux numéros s'emboîtant comme Pierre dans la Mère Noel. Bref, si vous n'avez pas encore vu la pièce, ce sera pour vous comme une renaissance.

Pièce de théâtre oblige, ce DVD a été l'objet de bien moins d'attentions que son homologue ciné, lequel s'appuyait sur une image totalement éblouissante. Là, c'est du brut de Fabergé : l'image est hideuse, catastrophique, la réalisation fait ce qu'elle peu(t), et le son est désespéremment plat et nasillard. Autrement dit, l'apparât n'est point flatteur. Les caméramen de l'époque, un peu frileux, filment à l'arrache et l'image est souvent prise de gite infâme (Quai Branly). C'est sûr, vous n'avez pas les paillettes, les couleurs, le côté joli-tout-plein de l'oeuvre (je reste poli) de Jean-Marie Poiré (c'est dur, de rester poli !), mais vous aurez ici un rire franc, gras, massif, glaireux, pas un rire de politesse parce que vous avez payé 35 balles l'entrée et que d'autres autour de vous rigolent aussi. Le DVD est livré aussi avec un CD audio de la pièce, auquel il ne manque quasiment rien : du bon boulot, et écoutable en boucle. Non, franchement, ce qu'il manque à cette pièce, à part des bonus, c'est une qualité technique un peu plus évoluée qu'une VHS de Pierre Sabbagh piquée dans un vidéoclub albanais qui a subi une inondation. Lesdits bonus, vous les trouverez certes dans le coffret... du film. Mais pour entendre Jean-Marie Poiré dire qu'il trouvait la fin nulle et certains passages pas drôles, lui le réalisateur des Visiteurs 2 et 3, de Ma Femme s'appelle Maurice, des Anges Gardiens et de Twist Again à Moscou, franchement, il vaut mieux entendre ça que d'être sourd. Bref, un DVD bare-bones, avec une technique tout simplement affligeante, mais in-dis-pen-sable. Ceux qui n'ont pas encore vu le film, jetez-vous sur cette pièce, vite. Ceux qui l'ont vu, jetez-vous sur cette pièce, TRES vite.


23-10-2006