Un superbe concert avec de magnifiques orchestrations, bonus entre sympa et indispensable |
Note globale
|
Une image absolument immonde, pas assez pour éviter l'achat, mais assez pour pleurer des larmes de sang tout du long |
Editeur
: Sony / BMG
|
Durée
totale : 4 h 09
|
- (PCM) Image PAL |
Documentaire
: Indochine, un flirt sans fin (61 min) |
Vous êtes comme moi, vous êtes fan des émulateurs ? Alors voici un émulateur de magnétoscope VHS. Abîmé qui plus est. Heureusement que le montage est bon, et que la seconde moitié du concert est moins lamentable, sinon voici une image honteuse, et je reste poli. Pour l'instant. | ||
Le DTS (pas de Dolby Digital) est un peu chiche : le public rend bien, mais la spatialisation est décevante par rapport aux possibilités, seul le caisson de basse donne un plus indéniable. Par contre la piste stéréo est d'une infinie richesse, et propre qui plus est. | ||
La partie symphonique, trop courte (mais c'aurait étét l'intégrale du groupe que ç'aurait été encore trop court), cette partie donc est un total indispensable de votre DVDthèque. L'autre partie est évidemment moins géniale mais pour autant très enthousiasmante et réussie. | ||
Le documentaire aurait mérité un poil de resserement car loin d'être ennuyeux, il recèle plein d'excellents moments. Et puis vous avez le documentaire sur la carrière du groupe, et là, si vous vous intéressez un minimum à la Sirkis Connection, jetez-vous dessus extemporanément. |
Appelez Fox Mulder. D'urgence. Il se passe de drôles de choses en ce moment. Tout ce qu'on croyait savoir sur notre monde réel s'effrite par petits bouts. Déjà, on pensait qu'en France, le rock était définitivement mort. En tous cas, le rock mélodique, puissant et varié, pas l'espèce de gelée sonore avec du boumboum et des chanteurs de karaoké d'enterrement de vie de garçon bourrés au Martini Gin. Indochine depuis quelques années a tenté, et souvent réussi à prouver le contraire. Mieux encore, la fusion orchestre / rock semblait réservée à tous les pays du monde (Allemagne, Angleterre, Autriche, USA, Australie, Suède et j'en passe) sauf la France. Ben oui, je vous le répète : c'est l'exception culturelle Française. Et les orchestres symphoniques, ça ne fait pas de rap et ca ne se réclame pas de Brassens. Sauf donc pour nos Indochine qui se sont rendus à... Hanoï (patronyme de leur groupe oblige) pour y donner un concert exceptionnel mélangeant orchestre pompeux comme on les aime et groupe rock jouant plein pot. Bref, que des miracles. Mais attendez, ce n'est pas tout. La soi-disant technologie americano-japonaise, que l'on croyait invincible depuis le début des années 80, vient de se prendre un sérieux coup dans les dents avec la sortie de ce DVD. Car si nos chers pavillons ont pu découvrir dès 1983 les joies du magnétoscope V2000, figurez-vous qu'en 1954, l'Indochine possédait déjà des camescopes VHS. 16/9, en plus. Putain, on a les boules là, nous autres pauvres occidentaux minables. | |
C'est
effectivement la première chose qui va vous sauter aux yeux. Et
c'est la bonne expression. L'image. Dieu misécordieux, l'image.
Ou plutôt la bouillie de pixels dégueulant sur votre écran.
C'est très certainement, Fates Warning mis à part (mais
eux, leur DVD était gratuit), l'une des images les plus atrocément
immondes de tout ce site, passé, présent et j'espère
à venir. On a tout entendu sur les raisons de ce ratage, jusqu'à
des excuses genre "le groupe voulait recréer l'image des films
de l'époque coloniale", tendance Pierre Schoendorffer. Déjà,
en soi c'est une idée d'un passéisme qui confine aux abords
de la stupidité, et on se retrouve en plus avec le même dilemne
que pour le "now infamous" Porcupine Tree : si vous cochonnez
l'image "pour faire de l'Art paske toi Baker tu peux pas comprendre"
(ben non chuis trop con), pourquoi dans les deux cas proposer un son PCM
et pire, DTS bien propre comme il faut (bien qu'un poil décevant)
? Gros (mais alors très gros) problèmes techniques ou explosion
d'un égo artistique surdimensionné, une chose est sûre
: certains plans ont ete salopés, sabotés, exprès
pour tenter de donner de la cohérence (ce n'est même pas
réussi : pourquoi LadyBoy est-il désynchro alors que Pink
Water est presque correct tout du long ?). Et rajouter du grain vidéo
en 2007, en ces temps d'épizootie aviaire, ce n'est pas glorieux.
|
|
Mais là n'est pas le pire outrage : si on retrouve quelques-uns des défauts hideux du Porcupine Tree et du dernier Depeche Moche dans ce Hanoï, s'en greffent d'autres encore jamais atteints dans la course pourtant prospère vers les sommets himalayesques de la laideur. Par exemple des anamorphosages factices au milieu d'un plan (!). Ou des échos video. Ou de magnifiques pliures de bandes (qui ne pouvaient pas être évitées puisque, tout le monde le sait, le concept de montage n'existe pas, à la place on a fourni une Steadycam à Speedy Gonzales). Mais le pire, c'est que souvent, nous autres critiques avons recours à l'archi-éculée expression "c'est digne d'une VHS", sans bien sûr que ce soit parfaitement exact. Eh bien sur ce coup-là, c'est encore en-dessous de la vérité. Passe le fourmillement immonde (et donc la compression affreuse), passent les lumières baveuses et überlaides, passent les couleurs inexistantes ou tendant vers le verdâtre mucus ; mais la définition, elle, ça passe pas : c'est de la VRAIE VHS usée jusqu'à la corde, floue, criarde, avec de la rémanence et des halos à qui mieux-mieux. Oui, chers lecteurs, ce DVD mérite amplement son Lasse Hoile d'or 2007 (pire image de l'année), son prix Windwaker 2007 (pire idée à la con de l'année) et on lui décerne même le prix Pascal Sevran 2007 du DVD le plus rétrograde depuis l'invention du support, en 1996 je le rappelle. | |
Bon,
mais alors, une fois dépassée l'hideur de l'image (qui a
le mérite de rester presque constante dans l'effort, donc assimilable),
trouve-t-on de quoi se contenter ? Oui. Oui oui. Oh que oui. Le spectacle
principal se sépare en deux : une rock et une symphonique. La partie
rock, qui vient après (erreur stratégique ?), est extrêmement
énergique, avec Nico qui communie avec la foule comme pas un, des
guitares saturées en pagaille, une setlist intéressante.
Pour ceux qui n'arrivent pas à voir Indo comme un vrai groupe de
rock, ces quarante minutes devraient suffire à leur faire changer
d'avis. Mais c'est surtout la partie symphonique qui sera l'objet de toutes
les attentions. Nous n'avons pas ici affaire à des violonnades
de bas étage pour remplacer un quelconque synthé merdeux,
type Chimène Dion ou Mireille Léonard, mais à une
vraie osmose, un dialogue, voire par moments une bataille rangée
entre orchestre et rock (avantage à l'orchestre), dans la plus
pure lignée de Metallica, Scorpions ou Rage.
|
|
Et devinez quoi ? Dans ce style ô combien casse-gueule, Indochine se permet d'égaler les mastodontes précités, voire de les dépasser par moments ! Les orchestrations sont parfois d'une finesse extrême (on dirait le live symphonique de Dream Theater, mais bien joué), parfois d'une richesse incommensurable, les instruments ne sont jamais là pour faire de la figuration, et comme il se doit le groupe joue plein pot et hyper-carré. Ecrasé de trouille pendant cette première partie, Nicola chante comme si sa vie en dépendait et n'a probablement jamais aussi bien chanté de sa vie. Le résultat est une sorte de best-of du groupe, certes très réducteur (six/sept morceaux en plus n'auraient pas été de refus), mais avec un écrin fantastique. L'enthousiasme du chef Xavier Rist et du public, conquis dès les premières mesures (et comment ne pas l'être ?), achèvent de faire de cette toute minuscule heure un très grand moment de musique. En stereo, la puissance et la précision se montrent chacune redoutables, tandis que le DTS n'a pas la brillance et la spatialisation espérées, tout en restant assez ouvert et très honnête. Tant de génie ne pourra que vous faire pester encore plus fort, jusqu'à en oublier la bienséance acquise lors de votre éducation catholique, contre cette nom de Dieu d'image qui vient presque tout gâcher, comme si dépenser jusqu'à vingt-cinq euros ne suffisait pas et qu'il faille mériter encore plus ce concert. | |
Mais
les surprises ne viennent pas que d'un côté : l'edition collector
propose, outre un livret avec des photos aussi crades qu'à l'écran,
deux heures vingt de bonus. Nous rappellant du sinistre DVD bonus de 3.6.3,
on s'attendait à du rasoir jetable. Que nenni, pour reprendre le
cri de l'anesse honorée ! D'abord, vous avez droit au traditionnel
home movie, Bye Bye Vietnam. Un poil trop long, ce doc permet cependant
de faire d'une pierre trois coups en conçiliant conneries backstage
(NDBaker : Ouais, chuis content d'aller à
Hanoï !), préparatifs du concert sous TOUS les
angles (y compris la réalisation, qui permet de voir à travers
un moniteur que l'image de départ était propre), et la moins
habituelle interview, ici sous forme de conférence de presse. On
peut également voir Nicola (et le groupe entier) subir un trac
hallucinant avant l'entrée en scène, ce genre de poignées
de secondes qui rendent les musiciens bien plus humains qu'ils ne voudraient
l'être. Et puis, au travers de ces conférences habituellement
ennuyeuses et formatées, on apprend la genèse de certains
titres - où l'on se rend compte que Nicola Sirkis est un peu comme
Stephen King : une éponge d'influences qui donne du jus à
chaque fois qu'on le presse, sans tarir la source.
|
|
Mais le top, c'est encore l'autre bonus, délicieusement inattendu : une rétrospective d'une heure sur l'histoire du groupe. Un documentaire absolument passionnant, regorgeant d'interviews malicieuses, d'anecdotes délectables, d'archives entre émouvant et ridicule, le tout monté avec brio, le genre de bonus dont on aimerait étendre la durée comme on étend un chewing-gum. Certes, là aussi l'image subit quelques traitements fashion inutiles, mais il s'agit d'un reportage télévisuel (merchi Canal Plouche), et pas d'une uvre d'art comme peut l'être le concert. Car oui, c'est bien une oeuvre d'art, une pièce maîtresse dans l'histoire du rock Français. Qu'un vandale ait découpé la toile à grands coups de machette Jason-Vorhees-way-of-life, ne nous - et j'espère surtout VOUS empêchera pas d'apprécier tout le reste : le montage, les chansons, les orchestrations formidables - c'est bon de le répéter - en font un achat indispensable. malgré la note loin du 10/10 qui a sauvagement agressé votre rétine au premier coup d'oeil ; mais après tout, comme disait un grand philosophe, "c'est lui qu'a versé le premier sang, c'est pas moi".
|
6 & 7 juin 2006 - Opéra de Hanoï (Vietnam) |
01.
Le péril jaune 13.
Les portes du soir |
Nicola
Sirkis - Chant,
guitare
|
Oli de Sat - Guitare |
Boris
Jardel - Guitare,
choeurs
|
Mr Eliard - Basse, choeurs |
Mr Shoes
- Batterie
|
Matu - Claviers |
Xavier
Rist - Direction
|
Gérard Tempia-Bonda - Orchestrations (Ca mérite un crédit sur ce site !) |
Orchestre
Philharmonique d'Hanoi - Ben orchestre, kong !
|