Technique guitaristique toujours hors-normes, setlist variée, belle voix et... jolies musiciennes ! (...et douées, évidemment) |
Note globale |
Concert un peu lisse, voire un peu ennuyeux, technique pas transcendante |
Editeur
: Delabel
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Durée
totale : 2 h 07
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Image PAL |
Clips
de Rhythm is love et Beautiful Emilie (7 min) |
Une caméra très vivace, qui capte au plus près tous les musiciens. Une définition correcte sans plus, une compression qui essaie de naviguer entre détails et fonds colorés sans trop faillir : du travail honnête. | ||
Stereo propre mais qui manque franchement d'un gros son et de basses. Et pourquoi pas de 5.1 ? Celà dit, ça se laisse écouter sans soucis majeurs. | ||
Tous les albums sont représentés, presque équitablement, avec bien sûr une préférence pour le dernier. Cependant, on a l'impression que l'ordre des morceaux n'a pas été correctement choisi. | ||
Deux clips, un récent et un classique, un making-of où Keziah apparaît décontract et simple (même s'il a un tout petit peu le melon, mais c'est compréhensible), et un documentaire aux racines de l'Afrique qui aurait mérité un développement plus profond, plus long et moins commercial. |
Keziah Jones est-il devenu un peu Français ? La question peut légitimement se poser (merde, j'ai l'impression d'avoir déjà utilisé cette intro avant... Tant pis, on va dire que cette chronique est un blues, c'est les fioritures qui comptent ;-). En effet, le père Jones a artistiquement grandi, mûri, explosé dans notre beau, pollué et voie-de-bus-déserté Paris, bien que son âme soit toujours restée à Lagos. Métro a donné boulot car lui jamais dodo. Bon, cette parenthèse étant ouverte, et vous l'aurez remarqué pas fermée, posons une autre question : Keziah Jones est-il HUMAIN ? Non parce que slapper comme un damné névrotique sur une basse, c'est alarmant ; le faire sur une guitare, c'est chelou ; le faire sur une sèche, c'est du masochisme aggravé. Et notre Jones de le faire tout le temps. Ce mec n'est pas un homme, c'est un concentré de funk à faire passer James Brown pour Klaus Schulze et Mark King pour Dead Can Dance. | |
Et
ce mélange de funk, de blues-rock, de gospel et de rock africain
n'appartient qu'à lui. Même s'il se réclame d'artistes
comme le grand Fela, il a créé un son que personne jusqu'à
présent n'a réussi à égaler, et pour cause
: qui peut se targuer d'avoir une main droite aussi agile, aussi expressive
à la guitare ? Véritable show-man, habitué aux concerts
de rue, il se suffit à lui-même et serait fort capable de
donner un gig entier tout seul. Il sera pourtant entouré pour ce
concert donné dans son "fief", à l'Elysée-Montmartre,
avec notamment deux adorables demoiselles, l'une au chant (miam) et l'autre
aux claviers (miam aussi, avec un bon goût prononcé pour
le clavinet), et évidemment un bassiste bien graisseux, bien slappeux,
qui ne fasse pas tâche à côté de ce maître.
La mise en place est très correcte, la guitare de Keziah alterne
entre plans en slap mélodique et jolies cocottes tandis que sa
voix est pratiquement parfaite, et ce dans tous les registres. Pourtant,
il manque quelque chose.
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Jones vient de la rue, on l'a vu, et à l'écoute de ce concert, on a l'impression qu'il s'y sentirait mieux. Il est pourtant devant "son" public, pour défendre un album qui lui tient à coeur (et dont plus de la moitié sera jouée ici), mais il y a un ingrédient dont l'absence est palpable tout du long du gig. Seraient-ce ses racines ? Est-ce justement le manque d'une expression brute, franche, d'une musique pour laquelle les doigts sont directement reliés au coeur sans passer par le cerveau ? En tous cas, dès la seconde chanson, on pourrait jurer qu'il manque soit du rock dans son funk, soit de l'Afrique dans son rock. Conscient que son message politique passera d'autant mieux que sa musique sera accessible, Keziah semble ne plus avoir le caractère d'urgence qui l'animait à ses débuts. Sa technique est toujours aussi impressionnante, mais il l'utilise de façon moins roots, moins foncièrement démonstrative - et donc moins immédiatement convaincante. A tel point que lorsqu'il plaisante en présentant les rappels comme "le début du concert, puisqu'on vient de se réveiller", on a un peu de mal à cerner le second degré (surtout que le concert est assez court, et semble même plus court que prévu). | |
Evidemment, celà ne ternira pas beaucoup sa légende. Quelques plans avec basse + mélodie en slap vont vous laisser scotchés. Il les livre seulement de façon beaucoup plus morcelée, loin de la débauche technique qui faisait les délices des amateurs au début des années 90. Et la setlist est assez variée pour présenter le nouvel opus sans oublier quelques classiques moins récents. Mais définitivement, il manque un élément. Heureusement, le DVD s'est permis d'aller chercher, tracer cet élément au coeur de l'Afrique, en présentant un Jones revenant au pays, sur la tombe de son grand-père, et nous expliquant les buts et espoirs placés en Black Orpheus, album cher à son coeur, album de transition aussi. C'est peut-être là la raison du manque de conviction dans le concert : une simple erreur de timing, un DVD filmé à un moment charnière qui momentanément opère des changements à l'artiste trop profonds pour être visibles sur une télé. En tous cas, on ne peut que dire bravo à l'artiste pour sa prise de risques qui lui fera gagner une reconnaissance sociale plus importante, mais peut-être aussi perdre la frange la plus frileuse de sa fanbase. Un concert moyen donc, mais un artiste à suivre de près dans son évolution qui a pris un nouvel élan.
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1 novembre 2003 - Elysée-Montmartre (Paris) |
01.
Colonial mentality |
Keziah
Jones - Chant,
guitare
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Richard Cassell - Batterie |
Otto
Williams - Basse, choeurs
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Zoe Rahman - Claviers |
Kevin
Haynes - Percussion,
saxophone, choeurs
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Tatiana Okou - Choeurs |