Techniquement, une référence; musicalement, très spécial mais drôle et culte |
Note globale |
Une froideur et un manque d'humanité qui confinent à l'endoctrinement |
Editeur
: EMI
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Durée
totale : 2 h 06
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- (PCM) Image PAL |
Rien |
Je suis circonspect : la définition est absolument fabuleuse et la compression totalement inexistante, mais la réalisation est d'une mollesse rarement vue, les effets synthé kitschissimes et de toutes façons le spectacle est peu vivant. De plus les couleurs sont à la limite de la bavure. | ||
PCM explosif et DTS d'un propre absolu. On n'en attendait pas moins du groupe le plus tatillon du monde question sonorité (et qui accepte quand même la sortie de ses disques en 33 tours... n'est-ce pas !). Seul bémol : le public, très présent en stéréo, l'est un peu moins en DTS. | ||
Un best-of suivi d'un brillant exercice de DJing. Les amateurs du groupe apprécieront avoir un best-of en DTS, les férus de musique électronique tiennent ici un monstre, un livre d'histoire vivant. | ||
A part un titre joué pour MTV, strictement rien du tout. Ca vous donne envie d'acheter le quadruple vinyl à 80 euros, vous ? Non, hein ? |
C'est un sacré traquenard que de parler de Kraftwerk, surtout concernant ce qu'on attendait depuis très longtemps : un live. Malgré une ligne de conduite qui confine à l'endoctrinement (et les ventes leur ont donné raison), et malgré l'incroyable aplomb avec lequel lors de leurs rares interviews ils prônent leur absolue supériorité sur le monde de l'électro, les teutons de Kraftwerk se sont toujours défendus en live. Ils n'aiment pas la scène ? Ils envoient des robots à leur place ! Mais ils aiment, en revanche, les réactions du public et la possibilité de proposer un spectacle audiovisuel du même coup. Le DVD présenté ici, presque totalement bare bones, et d'une sidérante sobriété extérieure ET intérieure, est un panorama de la carrière du groupe à travers sa tournée mondiale (à guichets fermés) de 2004. Une bonne occasion de réviser vos classiques du prog-electro-pop ou de découvrir les fondations de la techno, tout en profitant du spectacle. | |
Avant
tout, et contrairement à ce qu'on aurait pu le craindre, Kraftwerk
n'a pas eu peur de laisser s'exprimer son public. Rien de plus normal
pour un live me direz-vous, sauf qu'on a déjà connu des
gens sabordant exprès la prise son du public. Ici, non. On entend
les gens s'éclater, on en voit même au premier rang qui ne
pensent qu'à pogotter ! Soulagement. Deuxième motif de contentement
: le mixage DTS. Il est quasiment parfait, comme on était en droit
de s'y attendre. Vous serez sans cesse entouré d'une foultitude
de petits détails synthétiques bondissants. La brillance
de la qualité sonore est pratiquement digne d'un disque de démo.
Troisième bon point, mais là c'est plus délicat :
au final, ce DVD est un très fidèle rendu dans votre salon
d'un concert de ce groupe. C'est à dire visuel, précis,
beau... et froid.
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Car les 4 musiciens auront beau être épaulés par trois écrans géants d'une qualité absolument hallucinante (imaginez trois télés HD de 4 mètres de haut), on ne peut pas dire qu'ils donnent dans le spectaculaire. Pour être plus précis, on ne peut pas dire que Kraftwerk donne des concerts : il s'agit plutôt de happenings techno, de DJing. D'ailleurs la construction même du show vous le prouvera : pendant le premier DVD (la première partie), le groupe "joue" (arrange et mixe en même temps) un nombre impressionnant de tubes, dont le morceau de bravoure est clairement le grandiose, sinistre et menaçant Radioactivity (dont vous ne soupçonniez peut-être pas la noirceur). Les Model, TEE et autres Autobahn (gros succès public) sont donc interprétés avec bonne humeur dans la salle, les voix trafiquées résonnent clairement (si vous ne saviez pas ce qu'était un "vocoder", eh bien voilà, vous pourrez désormais briller en société)... Et rétroprojections complètement nunuches, qui ne sont là que pour mettre l'accent sur la simplicité des images et thèmes abordés. Oui, c'est aussi un concept chez eux : des mots, des photos, des objets les plus simples possibles, compréhensibles par un maximum de gens dans la langue la plus appropriée. Comme le Français par exemple, dans Tour de France. Ahhhh ! Les deux clips sont un enchantement si vous aimez la vie et l'oeuvre de Robert Chapatte. Le plus marrant (merci Kaworu pour l'idée), c'est que, ne manquant pas d'humour noir, les teutons ont inclus la chanson "Vitamin" entre les deux "Tour de France" !!!! Le public en est ravi, mais ça doit être à l'insu de leur plein gré. Mais chut ! Chut à l'arrière, puisqu'on est en 5.1. Oui, je sors. | |
Et
pendant ce premier disque, on retrouve ce qui fait la légende du
quartet : leur inimitable jeu de scène, la flamboyance de leurs
prestations, le feu sacré qui embrase les planches, le dynamisme
hétéroclite de leurs fringantes chorégraphies. Bref,
de temps en temps, quand il chante, Ralf Hütter lève la main.
Même Chantal Goya fait mieux, elle, elle lève les deux !
A part ça, sachant que la compression de l'image sur un DVD dépend
beaucoup de la complexité des différents objets en mouvement,
on peut dire que votre lecteur n'aura pas trop à se fouler. Ah
ça, en les regardant jouer Tour de France, on est sûrs qu'il
y en a au moins quatre qui ne sont pas dopés ! Mais trève
de plaisanteries, car malgré l'humour omniprésent, le but
final des garçons est un peu plus pernicieux et la seconde partie
est là pour vous le prouver. Radicalement plus techno, moins mélodique
et plus expérimental, ce second set gargouille de rythmes modernes,
d'infrabasses, de paroles scandées sans mélodie ou presque
(c'est Dentaku, le "presque"), et surtout, surtout, car celà
fait partie intégrante du concept Kraftwerkien, on assiste à
une métamorphose du groupe. Fini les pingouins, ils se décident
à laisser leur place à leurs fameux robots qui "jouent"
à leur place (bonjour la répet, bonjour la répet
!), avant de revenir en tant que clones type Tron. C'est glacial, mais
c'est aussi glaçant. Car celà a des airs de prophétie.
Florian Schneider avait déclaré que la musique pouvait se
passer de musiciens. Même si le second disque est largement moins
fédérateur que son pendant pop, il faut avouer que la preuve
par l'exemple de cette effrayante déclaration laisse un goût
amer dans la bouche.
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Bizarre, jusqu'au boutiste, même dans son packaging (pas une fioriture de trop), ce double DVD souffle le chaud (le public, surtout en stéréo) et le froid. Dans l'absolu, le manque total de spectacle, de bonus (alors que la rubrique Michel Chevalet serait très intéressante chez eux), d'humanité serait un sacré handicap, mais d'une part il faut bien comprendre que c'est un concept, et pas un simple groupe, d'autre part, consolez-vous : si vous pensez avoir été berné, dites-vous qu'il vous reste un best-of très léché de Kraftwerk en DTS. Et là, difficile de faire la fine bouche, pas vrai ? Donc avis mitigé mais c'était fait exprès, et bilan de carrière classieux, bien fichu, et totalement en accord avec ses idées. Compromis ? Dentonku. , Ruquier d'Or 2006 trois coudées devant Baron Zilord ! |
2004 - Partout dans le monde |
01.
The man-machine 11.
Numbers |
Ralf
Hütter, Florian Schneider, Fritz Hilpert, Henning Schmitz - Synthés,
vocoders, programmation, DJing
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