La fougue de la jeunesse, un guitariste qui transpire le blues (et ce n'est pas qu'une image), une ballade digne du tout meilleur de Gary Moore |
Note globale |
Manque d'un ou deux titres pour parfaire l'orgasme, le guitariste rythmique qui patauge dans la semoule |
Editeur
: Eagle Vision
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Durée
totale : 0 h 54
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- - (PCM) Image PAL |
Le petit livret habituel que je commence à faire collection et j'espère vous aussi |
Pas mal du tout, même si le mauve est peu flatteur et le cadre étroit. La définition aurait mérité encore un peu mieux, notamment sur les manches de guitare, mais les noirs très profonds et la chaleur ambiante réussisent à faire passer un moment agréable. | ||
Encore une fois, Eagle fait des ravages avec un 5.1 un peu factice (double stéréo) mais terriblement chaud et précis. La stéréo n'est pas en reste avec une belle basse et toutes les nuances de guitare. Du bon boulot. | ||
Yeah, rock it baby ! Entre tubes, solos poignants et JoeCockerisation d'un gamin qui en a sous la pédale. Evidemment c'est un peu court, mais comme c'est pour l'instant le seul DVD du minot, on s'en contentera allègrement, comme disait Catherine. | ||
L'habituel livret. Dommage qu'il n'y ait jamais de vrais bonus dans cette collection, comme des interviews rétrospectives. En même temps, donner 10/10 tout le temps, ça deviendrait lassant. |
La valeur n'attend pas le nombre des avalées, disait l'adorable Brigitte Lahaie. A moins que ce ne soit Desproges... mais qu'est-ce qu'il y connaissait, lui ? La preuve quand la ménagère moyenne se pâme devant le talent incontestable et universal (sel ?) de Justin Beiber. Ou Bieber, je sais pas, il n'y avait pas option zoologie dans ma Terminale. Mais il y a certains domaines réservés où semble-t-il l'âge mûr soit un pré-requis. Comme le blues. Dans l'esprit collégial, un bluesman est un Noir fatigué, obèse, des flightcases sous les yeux, les tempes gris-gargouille, la barbe de trois jours, le vieux chien et ses Puces à ses pieds, gratouillant mollement une guitare plus grosse que lui en maugréant "ooohhh yeah". Et surtout, notre bon Noir doit être Vieux. Très Vieux. Plus il sera croûlant, plus son blues obtiendra une forme de légitimité intemporelle. Une image d'Epinal qui parfois peut être réelle, comme toute bonne image d'Epinal, mais ce serait oublier que le maître incontesté, le point de départ de tout ça, c'est Sir Robert Johnson. Il était Noir, il était pauvre, il avait le chien, les Puces, la guitare Maïté, et son blues était pur et tout ça de sa mère, mais une chose est sûre : il est mort trop jeune pour avoir été Vieux. | |
Entre
en scène la génération post-SRV. Lorsque ce tragique
soir de 1990 Stevie Ray Vaughan monte dans un hélicoptère
qui conduit les vacanciers directement au départ de la piste de
ski, il ne sait pas qu'il va engendrer toute une nouvelle génération
de bluesmen, qui tout en respectant les classiques sauront utiliser l'influence
de guitaristes bluesy à l'approche plus agressive, comme les Hendrix,
Joe Perry et autres Angus Young. Apparurent donc des Popa Chubby, des
Kenny Wayne Sheperd, et dans la catégorie jeune poussin, l'adolescent
Jonny Lang. Oubliez-la, l'image d'Epinal : rangers aux pieds, longs cheveux
blond filasse, blanc-bec de trente kilos, Lang transpirait le vrai blues
crasseux dès son tout premier album, le méconnu Smokin',
avant de péter les charts avec son excellent album Lie to Me,
et son single éponyme furieusement accrocheur. Le petit gars est
la preuve vivante que cette musique peut s'immiscer partout, chez tout
un chacun, et que la couleur de peau et la condition sociale n'ont aucune
importance : le "cafard", croyez-moi, même des top models
peuvent l'avoir. Même des footballeurs. Même des présidents.
Surtout des présidents.
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Et pour le prouver, le gamin n'a que 55 minutes chrono, devant le public exigeant de Montreux. Il est loin le temps où SRV s'était fait huer, Montreux a appris à se diversifier et accepter la différence. Et heureusement car lorsqu'il monte sur cette scène helvète, et alors qu'il profite de ses 18 printemps, Jonny Lang est en train d'opérer une mutation, une chrysalide. Il est en pleine Benharperisation. Son blues-rock pur, trois accords, douze mesures et bends à go-go est en train d'avaler goûlument de grandes rasades de funk, de gospel et de soul, tout en durcissant la rythmique presque hard-rock et en commençant les expérimentations de studio. Le concert de Montreux arrive donc pile au bon moment, où Jonny commence à trouver son identité tout en devant (setlist oblige) continuer de délivrer quelques pépites de ses premiers méfaits. C'aurait pu être un fiasco si le garçon n'avait pas un atout dans sa manche : ses albums sont tous bons, les blues et les autres. | |
Dès
la première note on est surpris de voir que malgré son très
jeune âge, il est épaulé par un groupe solide qui
le suit fidèlement tel les Puces du clébard ci-cité.
Un batteur parfait dans son genre, un clavier vintage bon esprit (qui
joue sur un Korg Trinity, le brave, brave homme), le bassiste le moins
expansif de tout l'univers (je crois qu'il bouge le coude gauche à
23m47), et un second guitariste rythmique qui, c'est
le défaut principal du concert, connaît de gros problèmes
de décalage rythmique (souci technique avec sa pédale d'effet
?). Au milieu, chantant, miaulant et vociférant, les grimaces de
Joe Cocker et la voix de Vieux Noir Pucé ®, Lang se montre
légitime dès la première phrase. A la guitare, il
s'amuse, balançant des plans courts, ponctuatifs à la BB
King, mais avec un son et une violence tout à fait thrash. Le résultat
est explosif en mode rock, mais curieusement plus encore dans les ballades.
Pour un gosse de 18 balais, A Quitter Never Wins a de quoi coller
des frissons de plaisir au plus endurci des bluesgeeks. Et c'est peut
dire que les 55 minutes passent vite.
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Car si ce DVD est pour le moment le seul témoignage live du père Lang, il n'en est pas moins chiche : aucun bonus à se mettre sous la dent. Juste une mini-heure de plaisir, de headbang (irrésistible), et de chaleur humaine. Pour faire passer la pilule, la technique est tout à fait satisfaisante : image en 4/3 mais claire et colorée (hélas il reste toujours ce mauve Montreux), et son clair, très clair, surtout dans un DTS explosif qui n'hésite pas à rajouter artificiellement de la présence sur les arrières, rendant le tout punchy et furieusement immersif. Difficile de faire la fine bouche, mais on ne peut s'empêcher de regretter que, Jonny ayant quitté le blues pur juste après, le concert n'ait pas été gratifié d'une ou deux autres reprises de classiques type Crossroads ou Dust My Broom, histoire de bien graver sur DVD tout ce que le jeunot avait dans les tripes en matière de feeling. Tant pis... on se contentera d'un excellent petit concert, et de la naissance d'un futur géant. Non, actuel. C'est pas évident de s'y mettre mais il faudra bien : à 18 ans, on peut déjà tuer. C'est con, c'est pile quand on peut commencer à aller en prison...
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7 juillet 1999 - Auditorium Stravinski, Festival de Montreux (Suisse) |
01.
Still rainin' |
Jonny
Lang - Chant, guitare
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Paul Diethelm - Guitare |
Billy
Thommes - Batterie
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Bruce McCabe - Claviers |
Doug
Nelson - Basse, choeurs
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