Grand artiste généreux, très bon concert, son exceptionnel, bonus tous excellents

Note globale


Canard WC d'or 2005 du packaging le plus pourri, manque une ou deux chansons de la période synth-prog

Editeur : Universal
Durée totale : 3 h 51

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Image        PAL

Documentaire "La musique de l'intérieur" (20 min)
Documentaire "Americas" (52 min)

Le manque de lumière et l'étroitesse du 4/3 sont compensés par une inventivité constante des cadreurs. Il y a un grain vidéo un peu gênant pour les puristes, mais qui ajoute à la folie ambiante qui règne sur scène. Quant aux noirs, ils sont si profonds que l'image à côté de la setlist n'a PAS été détourée !
Le mixage le plus chaud de l'année, un DTS fabuleusement accrocheur, un 5.1 qui se défend très bien, la pêche en moins. Seul reproche : le caisson de basse qui vraiment se la pète à longueur de concert. Baissez-le un peu et régalez-vous.
Le concert est génial. Il faut admettre qu'on aurait aimé plus, toujours plus, et qu'on risque de ne jamais voir un DVD live de sa période 77/86, mais on voyage pendant deux heures, qui irait se plaindre ?
Splen-di-de ! Répétitions intéressantes, clips sympas comme tout, et documentaire digne d'éloges. Pour l'édition double évidemment.

Il l'annonce d'emblée, et bien dingue serait son détracteur : "c'est les voyages qui l'ont fait". Nanard Lavilliers, XX ans et toutes ses dents, XX albums et pas un mauvais, XX styles et tous concluants, XX lives et tous fabuleux... mais jamais en DVD. Bref, un talent XX...L, mais jamais capturé en images. Enfin, ce manque énorme est comblé par ce DVD qui, dans la version double chroniquée ici, est parfaitement digne des attentes abyssales que l'on misait sur ce grand bonhomme bonhomme (il y a un nom et un adjectif. Appelez-moi Bled Baker). Beaucoup d'entre vous risquent d'être un peu déçus, parce que ceci, because celà, warüm choucroute garnie, mais que vous adoriez, aimiez, haïssiez ou pointnecognoissiez Bernard Lavilliers, ce double DVD à travers cette divine et néanmoins essentielle chronique devrait remettre les pendules à l'heure. Et pour réhabiliter ce double, on va commencer par le simple.
Voyageur oblige, c'est une "escale" qu'il s'offre dans la splendide salle du Grand Rex. Il est accompagné de matelots mais aussi de quelques passagers du vent, venus de France, du Brésil ou d'ailleurs. Et à peine l'ancre posée, l'ambiance semble acquise : percussions, maîtrise instrumentale, ambiance de danse, lumières vives, l'invitation à la détente est alléchante. Rien que le premier titre est à même de soulever toutes les inquiétudes que les maussades sceptiques pouvaient avoir : le son est absolument impeccable, les musiciens tous très doués (et encore, on verra plus tard qu'ils sont aussi tous éclectiques), même si vous n'aimez pas la salsa il faut avouer que tomber sous le charme n'est pas bien difficile. La raison du souci latent, c'est que Lavilliers a toujours eu plusieurs facettes. Et c'est là que lui et ses zicos se montrent si doués.
Une très grande partie du concert est en effet consacrée aux chansons ensoleillées, venues d'Amérique du Sud, avec des percussions à rendre fou, des guitares acoustiques vigoureusement accrochées (accrocheuses aussi), des mélodies simples et évidentes caressant des harmonies antinomiques (ni simples ni évidentes). Mais les connaisseurs savent que Lavilliers, ce n'est pas que les rythmes sudaméricains. Ce fûrent aussi, pendant quelques anneés, des pages prestigieuses de la musique française dans ce qu'elle avait de plus extrême : chansons antimélodiques, synthétiseurs froids, textes brûlants récités, emprunts au funk américain mais du côté obscur. On en a peu, un pocco non troppo pour le fan d'ailleurs, pendant ces deux heures de concert endiablé, mais ces quelques passages achèvent de faire de ce DVD un grand moment : soudain, la lumière baisse, la voix se fait rocailleuse, le public se tait, l'oppression se fait reine. Et notre voyou préféré de conquérir encore plus de coeurs ! Même si c'est un peu timide à ce niveau, les incursions de Lavilliers dans les moiteurs de la poésie cynique et nihiliste entre deux danses endiablées font sacrément du bien aux esgourdes.
Concert excellent, donc. Mais mieux encore : l'enrobage. Déjà, on regrettera le manque de 16/9 car on se sent très à l'étroit : il n'y a pas que les musiciens qui se sentent à l'aise sur la scène, les cadreurs prennent aussi du bon temps. Vous ne louperez rien des pas de danse de Nanard, des cordes de basse slappées, des solos de Nordlead (beuark), des percussions folles, les compositions des cadrages sont souvent étonnantes, toujours efficaces, sans une seule seconde avoir un côté prétentieux et illisible que l'on rencontre souvent (non, pas d'exemples, restons dans le positif). Bref, une image qui aurait pu être un peu meilleure, c'est-à-dire qu'elle aurait été simplement parfaite. A propos de parfait, parlons du son. Ou plutôt, on ferme son clapet, on retire les doigts de son nez, et on savoure. La stéréo est aussi chaleureuse que sur les disques live, nombreux et géniaux, de Lavilliers, mais le DTS est simplement à tomber par terre. Le mixage du public est nickel (moins en 5.1 Dolby dont c'est quasiment la seule tare) et surtout les instruments, qui ressortent à merveille, passent très souvent sur les arrières pour notre plus grand bonheur - non, c'est plus intense que ça. Disons que même si vous haïssez Lavilliers de toutes vos forces, déjà vous devez bien souffrir depuis quatre paragraphes, et vous ne pourrez qu'admettre que la piste DTS de cette Escale au Grand Rex est un des meilleurs mixages live multicanal depuis la création du DVD.
En tant que version simple, c'aurait pu suffire tant le spectacle proposé est de toute beauté. On y rajoutera cependant un "making-of" de 20 minutes, en réalité les répétitions avant le concert - et pour une fois, c'est passionnant. On joue, on discute des arrangements, on re-joue, on plaisante, on écoute les autres, on s'entraîne, on se défie, on se positionne, on fusionne. Simplement excellent, bien plus réservé aux musiciens même amateurs qu'au "grand public", mais sachant que les making-of réservés à iceux sont parfois d'un intérêt moins que piètre, on tient enfin une sorte de mini-vengeance. En prime, les deux derniers clips du gars, très jolis, pleins de soleil, de couleurs, de filles et de sable. Edition simple géniale, donc. Mais quid d'une édition double ? Tenez-vous bien : c'est encore mieux. D'abord, huit clips supplémentaires. Aucun n'est mauvais. Même le très stylisé et un peu kitsch "Nightbird" s'avère plus qu'intéressant avec un Lavilliers pratiquement méconnaissable, à la fois macho, bon acteur (si !) et totalement dévoué à l'univers entre Alain Corneau et John Frankenheimer. Etonnant tout ça, je veux parler de la cohésion artistique et qualitative, pour un chanteur qui n'a pas toujours forcément misé exclusivement sur le scopitone.

Vous en voulez encore ? Mais vous êtes morfale ma parole ! Bon, prenez un verre de vin avant de passer au dessert, ou plutôt au gros pudding triple épaisseur : le documentaire "Americas". Il s'agit d'un 52 minutes sur la "mini-"tournée sud- et nord-Américaine de Bernard avec quelques musiciens et une équipe réduite. 52 minutes entre road-movie, extraits musicaux très représentatifs de chaque ville, et réflexions bon enfant sur ce continent que la fine équipe a traversé de long en large plusieurs fois. 52 minutes extraordinaires, surtout. Un documentaire chaleureux, drôle, extrêmement généreux, qui plaira à tous, amateurs de musique, de géographie, de sociologie, ou simplement nostalgiques des balades nocturnes en ville entre potes. Car c'est très exactement ce que devient Lavilliers pendant cette petite heure : un vieux copain avec qui on traîne. On visite des ambassades, on rencontre des prostituées sympas et des jongleurs de rue, on parle politique et architecture urbaine, on achète une guitare qui ne nous quittera plus, et accessoirement on manque de mourir écrasé par un wagon de fret. Et on rigole bien avec un panneau indiquant "Tonight : Bernard Lavilliers - Tomorrow : Deicide" (cherchez le rapport !). Du coup, entre le concert fabuleux et les bonus tous excellents sans exception, on ne peut que s'incliner. Deux petits nuages assombrissent un peu : un manque de deux ou trois chansons style "Pouvoirs" (la jouer dans ses 17 minutes intégrales aurait fait de ce DVD un ahurissant tour de force, on se console quand même avec La Peur), et un packaging moins pourrave que ces deux DVD posés l'un sur l'autre avec pour seule attache un bout de plastoc à qui on ne donnerait jamais l'adresse de Jean Moulin et toutes les chances du monde de voir le DVD du bas se fracasser la gueule sur le carrelage, explosant en mille morceaux. A part ces euh... même pas nuages, à peine deux gouttes d'eau, on ne souhaite qu'une chose à ce double programme : qu'effectivement il finisse explosé en mille morceaux. Mais dans votre lecteur et après 800 passages.


18-01-2007

11 et 12 mars 2005 - Grand Rex (Paris)


   Live
01. Voyageur
02. L'été
03. Elle chante
04. Noir et blanc
05. La mort du Che
06. Troisièmes couteaux
07. Traffic
08. On the raod again
09. Betty
10. O' gringo
11. Pigalle la blanche
12. Question de peau
13. Tonton d'America
14. Etat des lieux
15. La peur
16. Chanson Dada
17. Les mains d'or
18. La salsa
19. Le bal
20. Marin...
21. Stand the ghetto
22. Attention fragile
   Clips
01. L'été
02. Elle chante
03. Nightbird
04. Melody tempo harmony
05. Stand the ghetto (nouvelle version)
06. Le venin
07. Audit
08. Roméo Machado
09. Les mains d'or
10. L'or des fous


Bernard Lavilliers - Chant, guitare   
   Xavier Tribolet - Claviers, accordéon, choeurs
Vincent Faucher - Guitare, choeurs    
   Thierry Fanfant - Basse, contrebasse et choeurs
Gil Gimenez - Batterie, choeurs   
   David Donatien - Percussions, choeurs
Cesaria Evora, Tiken Jah Fakoly, Magyd Cherfi, Balbino Medellin - Chant