Album parfait très bien joué, H en état de grâce, 45 minutes d'interviews

Note globale


Pas de 5.1, image pas vraiment à la hauteur

Editeur : Racket Records
Durée totale : 1 h 57

Image        NTSC

Interviews des membres du groupe en avril 2002 (44 min 16/9 non st)

Il y a du mieux chez les Boom Boom Boys, mais les couleurs bavent (c'est un peu normal) et surtout on ne voit rien la moitié du concert. Ce n'est pas le but du DVD à la base.
Ce n'est qu'en stéréo, mais c'est du solide. Les basses sont énormes et la batterie claque, mais surtout les synthés rendent très bien. Dommage que ce ne soit pas au moins en PCM !
Grand moment musical, grand-huit d'émotions fortes, émotion à fleur de peau : ce concert est un enchantement.
45 minutes d'interviews aussi diverses que complémentaires, hélas non sous-titrées et mixées un peu n'importe comment. Amis anglophones, courage, ça vaut le coup de tendre l'oreille.

Jouer l'intégralité d'un album culte pour faire plaisir aux fans est un acte de bravoure, un acte de foi, mais aussi quelque chose de souvent critiqué. Pour l'idée d'abord, le fait que la cohérence du concert soit destabilisée, le côté peut-être facile de la chose, ou encore une certaine surestimation dudit album au détriment des autres disques, et le plus souvent d'ailleurs lors de la promo d'un dernier album moins réussi que le précédent. Ensuite, pour la mise en application : on ne peut pas, ou peu souvent, retrouver sur scène la production, le son et l'atmosphère d'un disque fétiche, et donc les ultra-fans sortent parfois plus déçus qu'autre chose. Pour Brave, le cas est épineux. On pourrait avoir peur, d'une part vu que 2002 signifie célébration de la sortie d'Anoraknophobia (l'album moins réussi vu précédemment), mais également étant donné que Brave n'est absolument pas un album surestimé, mais au contraire un chef-d'oeuvre qui ne supporte pas la demi-mesure. Seulement, Brave n'est pas qu'un titre, c'est aussi un adjectif, et si le groupe Marillion ne l'est pas toujours, il l'a été sans discussion possible en 1994, jouant déjà l'album dans son intégralité. Langue pendante du fan.
Les petits gars ont donc déjà dans les pattes ce marathon progressif de 70 minutes, pas joué en intégralité depuis huit ans certes, mais au moins déjà rôdé. Les acquis sont d'autant plus enracinés que le disque a de toutes façons mis 15 mois à se faire, pas de la petite monnaie. Huit ans, ça paraît assez peu pour exhumer un disque, mais si les concerts de 1994 étaient d'une bouleversante intensité, leur qualité d'enregistrement ne leur rendait aucune justice. 2002 et la première convention du fan-club mondial était l'occasion d'offrir à un parterre tout acquis à sa cause un Brave mieux joué, avec les acquis technologiques (Kelly étant passé maître du sampler), et le tout pour en tirer un DVD qui comblerait un vide terrible : une vidéo de concert à mettre entre l'album et son pendant filmique.
Brave étant avant tout une suite de notes, parlons d'abord musique. La première chose qu'on regrettera en sortant la galette du boitier, c'est le cruel manque de 5.1. Le groupe s'y est récemment mis (et très bien qui plus est) mais il est rageant qu'une musique aussi riche ne soit toujours pas présentée en multicanal. Le son est cependant assez bon pour apprécier la performance, et celle-ci est franchement à la hauteur des espérances. Déjà, Pete se démène comme un damné sur sa pédale Taurus pour rajouter ces notes sombres, longues, qui entourent l'album d'un halo sinistre. Ensuite, H pouvait faire peur, surtout que chanter cet album d'un bout à l'autre est assez grâtiné : ne paniquez pas, il est magnifique. Totalement habité pendant Goodbye..., charmeur sur Alone, magnifique sur le difficile morceau Brave où il réussit à faire passer toutes les émotions, ne flanchant pas sur Great Escape, il fait le show et mérite une ovation. Le reste du groupe n'est pas en reste et, même s'il est parfois aux fraises, et même ratant totalement Paper Lies qui va trop vite pour lui, il faut souligner que Ian Mosley JOUE encore. Quant à Made Again, décidément, c'est le "petit titre minimaliste" le plus important de l'histoire des petits titres, on en chiale de bonheur, et le pire c'est qu'on chiale à chaque fois. Même quand on regarde le film... alors que le titre n'y est pas : c'est ça, le talent.
Le public est ravi bien sûr, mais pas de façon stupide : on sent quand un concert est réussi et ici, malgré l'extrême difficulté du set, c'est indubitablement le cas. Est-ce la version live définitive ? Sûrement, étant donné que ce concert est un excellent mélange entre un grand professionnalisme et les quelques erreurs inévitables. Les fans se doivent de posséder cette version rien qu'en audio. Parce que si musicalement on est effectivement proche DU Nirvana (et pas DE Nirvana), il subsiste un problème côté image. Les Boom Boom Boys se sont calmés niveau Pullicineries, mais les pauvres ne sont pas aidés par la configuration de la scène. Tout est très sombre, très dark, et ce n'est pas qu'une image (ah ah) : jusqu'à Alone Again, vous ne verrez presque RIEN. Juste quelques tâches de couleur qui ressemblent vaguement à un manche de guitare ou à une tignasse de chanteur. Si vous vouliez voir comment Rothery joue sa fameuse intro de Big Lie, si vous désiriez repérer les doigtés de Trewavas sur Mad, si vous étiez curieux d'apprendre les accords de Hollow Man, passez votre chemin, vous n'en verrez pas un gramme. Rageant. Surtout que le spectacle sur scène, bien que minimaliste, semble intense. Semble, et l'est certainement, mais amoindri par cette frustration qu'engendrent les très larges bandes d'images noires qui parsèment votre téléviseur, et les quelques rouges baveux qui font office de zicos. Ca s'améliore un peu par la suite mais, hélas, c'est trop tard : Brave le live c'est comme le film, le disque, l'histoire : c'est entier ou nul et non avenu.

Comme pour se faire pardonner, le groupe en profite aussi pour revenir, encore une fois, sur la genèse de cet album atypique, avec 45 minutes d'interviews, non sous-titrées et très mal mixées, mais à nouveau passionnantes. Complément idéal de l'excellent "Making of Brave" livré avec le film, moins à vif mais avec 8 ans de recul, il donne la parole à tous, notamment à un Pete Trewavas qui cite comme influences Robert Fripp et Tangerine Dream ! Le pire c'est qu'en réécoutant Mad, il est évident que ces 5 gusses ont écouté Exposure et Phaedra. Les interviews sont séparées, complémentaires, longues, et toutes intéressantes (avec un bémol pour Mark Kelly qui en plus donne l'interview dans sa bagnole, bonjour le bruit de fond). Ce retour vers le passé permet d'asseoir ce DVD, et par là même l'album qu'il défend plutôt très bien, comme un incontournable de l'histoire. Fans, arrachez-vous ce disque, même si vous serez forcément déçus par l'image; amateurs, vous avez bien sûr deux étapes à franchir avant (le disque puis le film), mais si vous tombez par hasard dessus, c'est sans crainte que vous pouvez plonger dans son inimitable onctuosité mélangée aux odeurs âcres de souffre que son histoire distille. Hhhhhhmmmm, quand un grand groupe joue un grand disque, y'a pas, même avec deux tâches de couleur qui se battent en duel sur l'écran, c'est dur de résister...

5 avril 2002 - Brean Sands (Royaume-Uni)


01. Bridge
02. Living with the big lie
03. Runaway girl
04. Goodbye to all that
05. Hard as love
06. The hollow man
07. Alone again in the lap of luxury
08. Paper lies
09. Brave
10. The great escape
11. Made again


Steve Hogarth - Chant, claviers, guitare   
   Steve Rothery - Guitare, choeurs
Pete Trewavas - Basse, choeurs   
   Mark Kelly - Claviers
Ian Mosley - Batterie