Deux concerts très complémentaires, inattendus, remplis de pépites rares et de bonne humeur, in-dis-pen-sable aux fans

Note globale


Le set 2 avec quelques défauts, l'image qui aurait pu être mieux, bootleg ou pas

Editeur : Racket Records
Durée totale : 2 h 39

Image        NTSC

Rien

16/9, coloré, gros plans sur Pete et Steve, et on ne voit pas Ian : le rêve. Hélas, les réalisateurs ont une fois plus switché en mode David Hamilton. C'est donc agréable, surtout pour un bootleg même officiel, mais définitivement... je trouve pas le mot juste ET pas vulgaire.
Bon, pas de 5.1, on ne va pas se plaindre. La stéréo est à peu près la même que d'habitude depuis que Marillion a "trouvé un son". C'est à dire clair mais un peu creux.
C'aurait mérité dix si une ou deux fautes de goût déjà répétées ailleurs ne s'étaient pas immiscées. De toutes façons, le choix artistique a le mérite d'être à la fois clair et couillu : c'était le concert qu'on attendait et qu'on n'attendait plus. Double en plus.
Que dalle. Celà dit, vu le côté bootleg et le prix, ça ne manque absolument pas.

Oh non, encore !!! vont se plaindre les fans de Marillion. Mais bon Dieu, pourquoi cet abruti de Baker s'acharne-t-il encore à baver et cracher sur les DVD de Marillion, alors qu'il ne les aime pas ? Ben voilà les raisons : d'abord, des DVD, Marillion en sort un vache de paquet. Ensuite, leurs "bootlegs" sont souvent autant, voire plus intéressants que les officiels. Enfin, où a-t-on vu que je n'aimais pas Marillion ? Je n'aime pas : leur batteur, les couinements du chanteur quand il le fait exprès, leur système marketing qui ressemble à de l'embrigadement décérébrant, et leur album Anorak. Mais le groupe dans l'ensemble, bien sûr que je l'aime. Vous aussi, certainement, qui me lisez. Et franchement, vous feriez mieux de changer de page Internet et aller commander sur le champ cette galette (en prime rare et pas chère). Pourquoi ? Une raison simple : pour la setlist. Pardon, pour les setlists. Pardon, pour LES setlists.
Parce que si niveau live Marillion se débrouille pas mal, avec quelques fluctuations, le principal problème c'était la setlist. Oui, là, on passe à LA setlist. Vous savez, celle qui ne changeait pas. Easter, King, Afraid of Sunlight, The Great Escape, 80 days, un petit Sugar Mice pour amadouer les anciens, et autour d'autres chansons dont on n'arrivait pas à apprécier la juste valeur tant les autres nous saôulaient. Attention, ne me prêtez pas de mauvaises intentions. Ce sont d'excellentes chansons. Parmi leurs toutes meilleures. Et par extension la crème du rock mélodique. Mais il en était de ces titres comme du Talisker 18 ans d'âge : buvez-en cinq verres dix soirs de suite, et le onzième matin vous vous surprendrez à vous retrouver à genoux à trois heures du matin en train d'essayer la plongée en apnée dans vos water closets. Le Talisker est-il un mauvais whisky pour autant ? Ici, c'était pareil. Et c'est là que les Marillios ont frappé très fort : sur ce double programme, vous ne trouverez AUCUNE de ces chansons ! A la place, ils ont concocté deux concerts spéciaux, l'un consacré uniquement à leurs chansons les plus rock, l'autre à un florilège de leurs titres les plus doux. Et de baptiser ce double évènement "Smoke and Mirrors", ce qui est croustillant quand on sait qu'il s'agit du même titre que le dernier live d'...Arena, le groupe de leur ancien batteur !
Et peu surprenamment, c'est dans la partie rock qu'ils se montrent le plus à l'aise. C'est un fait avéré : lorsqu'il s'agit de sortir les grosses guitares, Marillion ne convainc pratiquement jamais. Et du coup, cela fait des années qu'ils donnent des concerts certes intenses, mais mous. D'ailleurs, mous n'est pas tout à fait exact, le mot juste est : étriqués. Le premier set est donc l'occasion pour eux de se lâcher, de se deshiniber, d'exorciser cette retenue les empêchant de tout péter, et de ne jouer que des morceaux rock, en une ininterrompue succession, coûte que coûte. Alors dans l'absolu, ca ne rend pas les Holidays in Eden et autres Separated Out à pseudo-gros riffs plus légitimes (quoi qu'ils les jouent plus fort), mais c'est de l'enquillement non-stop que vient l'enthousiasme du spectateur. Même Ian Mosley, batteur transparent depuis bientôt dix ans, redevient opaque le temps de cette heure dix pour un résultat parfaitement honorable, meme si passé trente minutes on le sent concentré à la limite du malaise (le sent mais point ne le voit, puisque de tout le DVD vous le verrez deux minutes à peine).
Les deux meilleurs atouts sur cette partie, ce sont bien évidemment Steve Hogarth et Pete Trewavas. Le second fait ronronner sa basse jusqu'au rugissement, et on ne l'avait pas vu aussi heureux depuis Transatlantic. Quant au premier, il ne tient pas en place, un vrai gamin ! Taquin, décomplexé, revigoré, il assure le spectacle tout en faisant les poussières, pas un centimètre carré de la scène n'échappant à sa présence galopante (meme s'il devrait arrêter certaines mimiques et danses de scène qu'aucun chanteur au monde ne devrait tenter quand il a pris dix kilos en un an). Certains se plaignent que Marillion ne fasse pas plus de quinze minutes de rock par concert, ici ils en auront soixante-dix et pas du rock de papy ; c'était inattendu mais c'est, il faut l'avouer, le meilleur concert qu'ils aient donné depuis longtemps. Certes tout n'est pas parfait (If my Heart were Machin n'est pour moi toujours pas une vraie chanson, bien qu'en live elle passe déjà mieux), mais les 20 dernieres minutes valent tout l'or du monde. Ils se permettent même de finir sur deux pépites periode Fish, et avec le public ravi, qui aurait parié là-dessus ?
Mais Marillion, ce n'est pas qu'un groupe de rockers sales aux cheveux gras, c'est aussi une ambiance ouatée et des ballades éthérées. Comme ils le prouvent sur le second concert, lui réservé uniquement aux chansons douces que ne chantait pas ma maman. Et comme souvent dans ce genre de choix drastique, cette partie s'en tire un peu moins bien. Si j'avais un reproche musical à faire à Marillion depuis Strange Engine, c'est leur façon de profiter de leur aura de groupe culte côté frissons pour imposer des doses massives de spleen au kilomètre, dont l'impact diminue à chaque chanson, et qui donne l'impression qu'adhérer à une humeur lacrymale est indispensable et réservée à la seule élite capable de comprendre le groupe, mmmvoyeeeez ? Ce second volet des aventures Aylesburiennes sera donc plus mitigé, avec encore une fois un batteur totalement absent (jouer deux soirs de suite faut pas pousser non plus) et un chanteur qui va finir docker à force d'en faire des caisses.
Parfois c'est pour la bonne cause. Brave - la chanson - reste un sacré moment de... bravoure, avec son côté ultra-intimiste et à la limite du plaintif sans jamais s'y verser. Estonia passe toujours aussi bien. Et il faudra m'expliquer pourquoi A Collection, qui est une face B de 91, est toujours bien plus belle et intéressante que toutes les faces A de leur dernier album. De bien jolis titres donc, joués suavement. Mais vous avez aussi le lot de choses moins intéressantes auxquelles vous ne pouvez pas échapper : When I Meet God et sa seconde partie plus jetable qu'un rasoir (quoique très efficace pour raser l'auditeur), The Space en version reggae toujours aussi pathétique, Now She'll Never Know qui reste moyenne, Enlightened qui est bien mais n'aurait pas dû être jouée juste derrière le splendide House, et enfin ce sacré Faith qui va devenir peu à peu le prochain Easter, sous le prétexte que sa version définitive a pris des années de gestation (en effet, des années pour cet arrangement final, par le groupe qui a pondu Misplaced Childhood et Brave, y'a pas, c'est cohérent...).

La perfection n'est donc pas encore de mise, seulement voilà : pour une fois, on ne nous l'avait pas promise. Le DVD est à prix cassé, s'intitule de façon très claire "Bootleg", et le but premier était que le groupe se lâche pour faire plaisir aux fans : de ce côté, c'est réussi au-delà des espérances. Le son proposé est lui aussi bien supérieur à nos attentes : une simple stereo, mais où tous les instruments sont bien détâchés, surtout la guitare (ce Slainte a presque le son de Thieving Magpie !). C'est l'image qui va nous fâcher, non pas qu'elle soit mauvaise, mais elle n'est pas bonne. La nuance est simple à saisir : couleurs, angles, tout était très sympathique, jusqu'à ce que les monteurs s'amusent à faire du flou artistique. C'est ça ou leurs objectifs sont tous tombés en panne au même moment. C'est con, ça leur arrive à chaque concert depuis 1997. Du coup, pas de piqué égale couleurs qui bavent égale frustration. Ca y est, il gueule encore, le Baker. Et une critique ça sert à rien, et il est pas objectif, et vous devriez pas faire attention à ce qu'il dit. Mouais possible. Mais s'il faut retenir quelque chose de complètement, totalement et ouvertement subjectif, c'est que votre serviteur (et dans une très légèrement moindre mesure notre Kaworu national) a pris son pied devant ce concert, qui replace Marillion au rang des groupes proposant l'éventail de DVD musicaux le plus riche. Vous en faites ce que vous voulez. Tant que vous achetez ce disque, ça m'ira...


12-06-2007


12 & 13 mars 2005 - Minehead (Royaume-Uni)


01. Separated out
02. Under the sun
03. An accidental man
04. Holidays in Eden
05. If my heart were a ball it would roll uphill
06. Deserve
07. The answering machine
08. Rich
09. Between you and me
10. Memory of water (Big beat mix)
11. Slainte Mhath
12. Garden party

13. Born to run
14. A collection
15. Now she'll never know
16. The space
17. Brave
18. Faith
19. One fine day
20. House
21. Enlightened
22. Estonia
23. After me
24. When I meet God
25. A few words for the dead
26. Made again


Steve Hogarth - Chant, claviers, guitare   
   Steve Rothery - Guitare, basse
Pete Trewavas - Basse, guitare, choeurs   
   Mark Kelly - Claviers, choeurs
Ian 'Alonso' Mosley, F.B.I. - Batterie