Quelques excellentes parties live, les premières parties, le Swap The Band, de la bonne humeur partout et tout le temps, les coin coin |
Note globale |
L'hétérogénéité technique, la setlist du DVD2 qui plombe un petit peu, l'interview piège inutile du journaliste qui n'a pas de Q |
Editeur
: Racket Records
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Durée
totale : 8 h 31
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(DVD 1 seulement) - Image PAL |
Interview
croisées (8 min non st) |
C'est une moyenne car le premier DVD vaut quasiment 9. Il y a des flous et un peu de couleurs baveuses mais c'est si sobre et si coulant qu'on se régale. Le reste est entre anecdotique et mignon. | ||
Pareil, une moyenne : les DVD stereo sont plus ou moins bons, parfois chaotiques. Mais le DVD 1 possède un mix surround totalement irréprochable. | ||
Des redites, des manques, mais un solide coffret qui vaut son pesant d'or pour les fans et qui permettra de découvrir des groupes que vous n'auriez jamais connus auparavant. | ||
Il manque hélas ! des sous-titres, mais on a pas mal de choses en stock (même des mauvaises). Et les menus animés sont très sympas, le premier étant un indispensable absolu d'une DVDthèque. |
Le statut de Marillion a des inconvénients, mais aussi beaucoup d'avantages : en devenant presque totalement indépendants, limite autarciques, ils peuvent se permettre un peu ce qu'ils veulent. Y compris de donner chair et âme à des idées loufoques; parfois pour le meilleur, parfois (de moins en moins souvent) pour le pire. Ici, le principal atout de ce coffret DVD, car il y a 4 DVDs, et pas mal remplis, est une de ces idées simples, qu'on a déjà tous eu, mais que personne n'avait encore eu les couilles de faire : un live avec les premières parties. Moins bien filmées, moins bien mixées, pas forcément complètes, mais elles sont là. Rien que pour ça, chapeau bas. Mesdames les majors, je sais que souvent les parties n'en font pas (partie), des mêmes maisons de disques. Mais quelques accords aideraient à donner naissance à des DVDs d'anthologie : qui n'aimerait pas avoir le live d'Aerosmith en 94 avec toute la première partie d'Extreme ? Qui refuserait d'avoir un bootleg du prochain Iron Maiden au Parc des Princes... avec DREAM THEATER EN PREMIERE PARTIE ?!? (bave, bave) | |
Bon,
restons dans le vif du sujet : ce coffret est le rendu plus ou moins fidèle,
mais bien garni, de deux conventions de fans données par Marillion
: en gros, 2 x deux jours et demie de détente, de camping, d'interviews
au coin du feu et de concerts dans la bonne humeur. Tout ça est
payant, et pas donné, mais faut pas déconner : c'est un
week-end entier avec logement et compagnie. Certains paieraient plus cher
pour UN concert d'UN soir qui risquerait en plus de capoter ou d'être
nul. Et puis tout au long de ce DVD, on sent que tout n'est que décontraction.
Ici, les Marillios n'ont absolument aucune prétention artistique,
mis à part le premier DVD. Ah ! Ce premier DVD ! Compagnon d'un
double CD live nommé "Popular music", il s'agit, encore
plus que pour Marbles on the road, d'un super best-of live pour atomiser
et conquérir le néophyte. Et, encore plus que pour Marbles
on the road, l'acquérir est stupidement difficile (Internet only,
cher, aucune couverture médiatique). Mais, moi qui avais déjà
bien encensé MotR pour sa technique à la hauteur et sa musique
plutôt flatteuse, imaginez que ce DVD 1 est la même chose
en mieux ! C'est un savant mélange de Live at Caracas, Piston Broke
et MotR, avec une image NTSCiesque dans l'âme mais globalement très
sympa, et un son classe, profond (dans les limites Marillionnesques hélas),
très spatialisé et propre à en déposer la
mayonnaise dessus. On regrettera l'absence absolue de Brave et Afraid
of Sunlight, les deux meilleurs albums, mais normal car ces deux perles
avaient été jouées dans leur intégralité
à ces week-ends (chronique un de ces jours j'espère). Mais
sinon, c'est effectivement à peu près ce qu'on attend de
mieux du groupe, et notamment un Strange Engine, que rhââââ
et un Script qui, comme toujours depuis 89, est parfaitement habité
par un Steve Hogarth qui n'a aucun mal à surpasser Fish sur ce
titre (techniquement, car émotionnellement la barre est très
très haute).
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Le DVD 2 est le moins intéressant mais ce n'est pas forcément de sa faute. J'explique : on va vite passer sur le set acoustique, on sait depuis 1998 que Marillion n'est pas fait du tout pour cet exercice (souvenez-vous de Beyond You, plus belle chanson jamais écrite par un groupe de rock, se terminant par un "tsoin tsoin pouet pouet" digne de Licence IV). J'éviterai donc par charité d'en parler, juste dire en quelques mots que le set est moins raté, plus révérencieux, mais encore plus chiant que le "live in CourtePaille" de 98. Le live de 2002, avec un format bâtard et une qualité d'image vraiment moyenne (c'avait été filmé pour passer en direct sur Internet, sur l'excellente web-tv Studio M), est plein de bonne humeur, de déconnade même (ça s'en ressent sur la musique mais c'est pas grave), et le pari est gonflé : mettre toutes les chansons dans un chapeau et les jouer comme elles sont tirées. Las ! la bonne idée tourne court car si on prend la setlist une fois dévoilée, on a droit à un concert hautement prévisible et ultra-fané. La faute à pas de bol ? En tous cas Hogarth s'en rend compte, mort de rire à chaque tirage au sort. Et du coup ce DVD 2 devient certes marrant, mais musicalement empêche le coffret de se hisser au panthéon du rock (pourtant il s'en fallait de peu). | |
Et
puis voici donc l'objet tant convoité, celui des premières
parties et groupes invités. Et là, malgré l'image
franchement moins bonne, malgré le son brouillon, malgré
quelques déceptions musicales (et malgré des groupes manquants,
ce dont Marillion s'excuse, alors là Palme d'Or du fair-play),
on a droit à un joli cheptel de groupes confidentiels donnant presque
tous dans une pop anglaise ouatée et classe, avec bonne humeur,
professionnalisme. Ils sont là pour se faire découvrir,
et se faire vendre, et ils ont bien raison : c'est à celà
que sert une première partie, il est regrettable d'attendre Marillion
et 2004 pour s'en rendre compte. M'enfin, les Aylesburyiens ont osé
le faire, et le résultat est là : sympa, sympa, sympa. Et
en plus, on échappe à John Wesley (ouf). Bien évidemment,
on a toujours les premiers de la classe qui se dégagent du lot,
et ici c'était couru d'avance. D'abord, Gazpacho (avec un nom pareil
déjà...). Pas si proche de M que ça, ils donnent
un mini-set convaincant, plein d'ambiances (beaucoup, beaucoup d'ambiances)
sans oublier le rythme, une sorte de Mars Volta mais sur trois minutes
au lieu de dix-sept. Une confirmation même si on sent encore derrière
une marge de progression. Et puis il y a le gros morceau, les dix minutes
les plus attendues du coffret, la raison pour laquelle j'ai ach... euh
non, j'l'ai pas dit : The Wishing Tree. Un groupe dont la musique est
si légère que le CD sort tout seul quand on ouvre la boîte.
Steve Rothery simple et avare de notes, Pete comme d'habitude bondissant,
l'autre sale fils de pute de Paul Craddick à la batterie (avec
un son épouvantable et son style de jeu à nul autre pareil),
et puis Hannah. La grâce personnifiée. Le visage de Claudia
Schiffer, le corps de euh... ben cf çi-citée, et la voix
d'un ange, un vrai, entre Sharon Den Adel, Juliane Moore et Valérie
Leuliot. Un sourire ultra-mutin, des yeux de biche, un léger ton
provocateur et acidulé dans la voix, des hanches à se jeter
par la fenêtre et une présence vocale extrêmement éthérée
malgré son bourrin de mari qui cogne derrière : elle est
simplement sublime. Elle n'a rien perdu depuis sa découverte en
1998 (déjà !!!). Et après deux petits titres mal
mixés, on n'a qu'une envie : Steve, par pitié, on t'en supplie,
on t'en conjure, à quand un second album ? (NDMoi : Et total
kudos à l'inventeur du jean taille basse)
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Je ne m'étendrai pas trop longtemps sur le dernier DVD, rempli à craquer de bonus. En effet, il est principalement axé sur les fans, et fait pour les fans par les fans. Et fan de Marillion de nos jours, faut avoir la foi. Donc vous avez presque trois heures d'interviews, du groupe, de fans et d'un journaliste. Concernant le groupe, c'est sympa, bien sûr on grince des dents quand on aborde le sujet de l'argent, de la médiatisation et autres, mais on apprend beaucoup de choses, on passe un moment agréable, et ce malgré le manque de sous-titres qui parfois fait mal (aie l'accent de H !). Côté fans, j'avais peur de me retrouver face à Indochine Paradize tour - me farder trois heures de piailleries déïfiques stridentes, non merci. Bienheureusement, on en est très loin : les fans, souvent en couple, racontent non seulement pourquoi ils aiment Marillion, mais surtout comment ils les ont découvert, et ce que leur musique a apporté dans leur vie. Très, très sympa, joli comme tout, avec du 50/50 vieux (Fish) et nouveaux (H) fans, bon j'ai pas vu d'anciens copains c'est dommage ;-) mais dans le style "j'aime ce groupe et je le hurle à la face du monde", c'est sans conteste un des meilleurs documentaires du genre (il faut dire aussi que malheureusement le niveau général de ce genre d'exercice est souvent dans les limbes). On a même droit, ça c'est extraordinaire, à des extraits du "Swap the band" où des amateurs prennent la place d'un des musiciens : c'est génial pour tout le monde, le groupe, les fans, les amateurs, c'est une super bonne idée, et vous pourrez entendre King joué par un gros boeuf plus bourrin que Portnoy sous acides (ça change de la phénoménale molesse de Ian Mo'slow...). | |
Et puis il y a la faute de goût. Les huit minutes inutiles, dérangeantes, une fausse bonne idée à gerber. L'interview sur le vif d'un journaliste de Q magazine, journal réputé pour être anti-Marillion primaire (comme chez nous des cons finis genre Rock'n'Fuck). Interview faite pour "donner la parole au camp adverse" (ah bon, on est en guerre ?), le mettre mal à l'aise (il est au beau milieu d'une horde de fans), tenter de le discréditer en argumentant et contre-argumentant. Et ces 8 minutes pénibles m'ont rappelé Internet (pas pour M, hein, je parle du Web de façon générale) : mais bordel, on n'a plus le droit d'avoir une opinion ?!? On a tort ? Il y a des contre-arguments ? Mais nom de Dieu, ce sont nos o-pi-nions !!! On a le droit de les avoir. On a le droit d'être de mauvaise foi, c'est même ce qui fait notre identité. Et on a le droit de ne pas répondre à des arguments imparables : s'ils sont imparables, pourquoi parer ? Ce n'est pas de la lâcheté, ce n'est pas une rédition non-dite, c'est mon choix, comme dirait l'autre brune, celle qui a été trépanée. Donner la parole à ce mec à propos de M est aussi pertinent que faire parler Philippe Manoeuvre de Green Carnation. Franchement, en regardant cette interview Mezrahiesque, on a l'impression que Marillion est devenu une entité à mi-chemin entre Picsou Magazine et Al-Qaïda. Mais oubliez ça. Oubliez cette Lucy Jordacherie (qui autre qu'elle aurait pu avoir une idée si magnifiquement merdique ?). Ca ne dure que huit minutes, mais ça ne vous fera pas oublier la presque dizaine d'heures qui ont précédé. Ca ne vous fera pas oublier la magie qui s'est échappée du premier concert - oui, Marillion est toujours un groupe magique, tenez-vous le pour dit. Les bonnes chansons n'ont pas vieilli d'un zlotzsky (la seule unité de mesure neutre), les nouvelles sont soit plus sympas, soit carrément en passe de devenir d'incontournables classiques (Quartz, qui m'a scotché au siège dès sa toute première écoute. Le plus probant étant qu'elle est devenue en deux ans non pas une bonne surprise, mais un immanquable moment fort). On a le sourire quasiment d'un bout à l'autre. Et puis il y a des signes qui ne trompent pas, parfois dès le tout premier contact on sait qu'un DVD sera bon : ici, j'ai complètement craqué sur les canards. Vous comprendrez. Et vous laisserez le menu en boucle. Et si vous aimez la bonne musique, croyez-moi, il n'y a pas que le menu qui va squatter votre écran. |
15 mars 2003
- Minehead (Royaume-Uni) |
2003 |
Steve
Hogarth - Chant,
claviers, guitare
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Steve Rothery - Guitare |
Ian
Mosley - Batterie
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Pete Trewavas - Basse, choeurs |
Mark
Kelly - Claviers, choeurs
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