L'humour de Meat Loaf, les souvenirs attachants, un album improbable au milieu de la mode punk

Note globale


Peu d'extraits "à la console", taux de "revisionnage" un peu moins grand que d'habitude, technique tout juste

Editeur : Eagle Vision
Durée totale : 0 h 57
(et pas 1 h 03)

Image        PAL

Sous-titres fr (et plein d'autres mais pas uk)
Discographie complètement ridicule

Eh ben ça arrive à la moyenne ric-rac. Les archives sont laides, c'est normal, mais les images actuelles sont bien en-dessous du niveau des autres Classic Albums : pas de 16/9, définition très vidéo avec unedéfinition perfectible.
Les interviews sont assez discernables mais souffrent de quelques baisses de volume, et les extraits sonores sont assez criards, mais finalement pas plus que sur votre bon vieux vinyl qui commence à tomber en morceaux.
Sympathique, et surtout important historiquement. Vous risquez de ne pas le regarder souvent, mais la première vision est assez "choc", surtout si vous êtes fan exclusif de Nirvana et des Sex Pistols.
Rien de rien. A part une discographie que je passerai sous silence histoire de me fâcher avec personne, et six minutes d'écran noir venus d'on ne sait où. Peut-être d'Hervé Bourges.

La collection Classic Albums présente des disques qui ont fait date, des "milestones" comme on dit en portugais, mais c'est extrêmement rare qu'il s'agisse d'un premier album. C'est donc que ledit album a été un choc immense, ou un succès planétaire, et plus souvent les deux. Album phare d'un renouveau stylistique ? Nan, pas du tout du tout du tout. Cet album, débuté en 1975, est sorti en 1977, au milieu du punk, un peu comme Dream Theater a sorti son gros obus en pleine période Nirvana, ou U2 a explosé sans synthés au milieu des Depeche Mode / XTC / Visage / OMD / Heaven 17-et-j'arrête-là. Car ce reportage ne se prive pas de répéter à satiété, et ce sans qu'on se lasse, que le succès mondial de Bat Out Of Hell a eu lieu, en 1977 donc, avec un album comportant des chansons de 8 minutes, chantés par un "gros lard" glam totalement hors-normes, avec une musique mélangeant comédie musicale pure et dure, rock-semi-prog "larger than life" à la Springsteen (la présence de Roy Bittan et Max Weinberg n'y étant pas étrangère) et piano rock'n'roll hérité des groupes à chanteuses Noires des années 62/64. Bref, le bâtard d'Alan Menken et Phil Spector. En 77, on peut difficilement faire plus has-been. Ca tombe bien, la présence de ce minuscule albumaillon dans cette collection prouve, genre pan-in-zeu-dents, re-prouve et re-re-prouve à quel point c'était "has-been".
Contrairement à pas mal d'albums chroniqués dans cette collection, nous n'avons pas un titre-par-titre mais une fragmentation des tenants et aboutissants de l'album (et de la double carrière de Meat Loaf et Jim Steinman) via des interviews croisées des deux complices. Si on pourra difficilement pardonner le look de Jim Steinman (imaginez un croisement entre Steevy, Cher et Val Kilmer dans Top Gun), on ne pourra qu'être ravi de constater que l'homme aime toujours jouer du piano avec sa brillance habituelle (et son style à la théâtralité très prononcée). Meat Loaf, lui, s'est coupé les cheveux, a perdu du poids, et reste le bonhomme drôle, brillant et adorable qu'on connaît depuis ses tous débuts. Alternant anecdotes véritables et disgressions auto-parodiques, il est sans conteste possible la star de ce DVD. Curieusement, il est loin d'être le musicien le plus causeur du disque : section rythmique et choeurs tentent de lui voler la vedette. Mais tous reconnaissent la même chose - la difficulté de sortir un tel disque à une époque où tout était chamboulé.
Il y a cependant un petit problème avec ce disque, et d'ailleurs la plupart des albums écrits par Jim Steinman : une certaine redondance dans le style qui fait que titre après titre, l'auditeur peut sentir une certaine lassitude (notamment lors des premières écoutes, lorsque les nombreux détours rythmiques ne sont pas encore appréciables à leur juste valeur). Faire un titre-par-titre chronologique de l'album aurait donc été du suicide, et comme on l'a vu ce n'est pas la voie qu'ont suivi les concepteurs de cette émission. Au contraire, ils préfèrent laisser Meat Loaf et le producteur Todd Rundgren (le Saint-Josse du hard rock) tripatouiller la console de mixage un peu au hasard, retrouvant bruitages et prises alternatives oubliées depuis longtemps, sans s'éterniser sur l'identité de chaque titre - ils laissent cet honneur à Steinman qui réussit à ne pas être ennuyeux ni répétitif dans ses explications. Pas de miracle cependant : vous apprendrez certaines choses musicalement, mais relativement peu car l'essentiel du reportage possède un fond social, une histoire d'amitié forte qui sont les fondations de ce DVD et du disque... et d'ailleurs de tout le courant musical s'y rapportant. Ne jamais sous-estimer la part de Boss dans le Loaf, de Bittan dans le Steinman, et de rock'n'roll dans votre coeur.

Côté DVD pur je ne vais pas terminer par quatre paragraphes vantant les mérites du showscan associé au Prologic II. Vous avez un transfert d'émission sur Betacam, point barre. Des sous-titres, encore heureux vu le prix, et comme toujours une ou deux erreurs de traduction marrantes (que deviendrait le DVDvore solitaire sans les erreurs de trad' à faire pisser de rire ?), sans dénigrer le travail globalement excellent de nos amis traducteurs et sous-titreurs. Surtout quand on sait le prix qu'on les paie. Et dire que certains éditeurs n'ont pas les moyens de les payer... A propos de moyens, Eagle a fait très fort puisqu'il nous offre sur ce programme 5 bonnes minutes d'écran noir gratuites, planquées à la fin du programme et définitivement inutiles. Faut dire qu'un écran noir avec du silence, quand on regarde la télé, parfois on prie Dieu, Satan, Allah et Jupiter réunis pour qu'on y ait droit. Vous n'aurez rien d'autre, même pas les outtakes inhérents à cette collection, mais vous aurez du concentré de Meat Loaf - et Dieu (...et ses copains) sait que ce type est adorable. Donc une note moyenne car le facteur de revisionnage est assez pauvre, mais que ça ne vous empêche pas de vous offrir ce voyage en soixante-quinzie. Et pour les vrais fans, vous aurez un live inédit de 1994 sur la chanson 'Heaven can wait' : c'était le moment où Meat avait perdu presque toute sa voix, et donc vous avez ce qu'on peut considérer comme "le pire" de cet artiste. Eh ben c'est vrai que ce n'est pas transcendant, mais les frissons de cette version, si petits qu'ils soient, vous démontreront à quel point on avait raison de miser sur ce poulain. Car quand il est en forme, c'est tuant. Un chanteur génial, surpuissant, complètement Bath. Out of hell.


22-08-2006