Documentaire sur le vif, quelques passages saisissants, le changement de James, les bonus

Note globale


Le commentaire audio des pauvres rock stars, le manque de musique en tant que telle

Editeur : Paramount
Durée totale : 5 h 31

(film seulement)

Image        PAL

Sous-titres français absolument partout !
Menus intelligents (si si, ça existe)
Commentaire des réalisateurs (st fr)
"Commentaire" du groupe (st fr)
Deux bandes-annonces (7 min st fr)
Vidéoclip du film (4 min)
Scènes additionnelles (76 min st fr)
Interviews et festiv.. v... conférences de presse (41 min st fr)
Scènes supplémentaires, Joe Berlinger's director's cut (62 min st fr)
Commentaire des réalisateurs sur une dizaine des scènes additionnelles (st fr)
Biographie des réalisateurs

Image sur le vif, vidéo chaotique, mais ce sont ces faiblesses qui font la force : une bonne betacam à l'épaule fixe (relativement) sur Ulrich qui hurle sur Hetfield vaut tous les bullet time du monde...
L'unique piste 5.1 suffit largement : en configuration stereo vous entendrez très bien, et en surround, bien que tout soit sur l'avant, on a droit de temps à autres à quelques effets arrières délicieux. Et puis le caisson de basse, quand il se réveille, il ne fait pas semblant.
Le film en lui-même est vraiment très bon, bien construit, sans trop de longueurs, et comporte un sacré paquet de séquences mémorables. Je ne mets pas 9 ou 10 car on sent quand même un certain manque, mais je vous rassure, les bonus sont là pour compléter.
J'aurai dû mettre que 9 car il n'y a pas un atome de musique et ça manque, mais franchement, vu les heures passionnantes et sous-titrées que Paramount nous offre, hors de question de faire mon intéressant.

Il aura fait parler de lui, ce documentaire. D'abord gentille chronique video, le ton de cauchemar qu'il adopte à mesure des évènements en fait une oeuvre à sensation. Transféré sur pellicule pour passer dans les salles de cinéma, et de fait présenté dans quelques festiv... manifestations cinématographiques, il a simplement scotché pas mal de gens. Alors, est-il à la hauteur de sa réputation ? Oui. C'est aussi simple que ça. Ce n'est pas le meilleur, le plus incroyable rockumentaire de tous les temps, mais une chose est sûre : que vous aimiez Metallica ou pas (ou plus), vous vous ennuierez peu pendant les deux heures quinze (eh oui) qui retracent pas seulement le making-of du dernier album, mais aussi l'implosion par combustion spontanée du quartet.
D'ailleurs, on débute par ce qui sera le catalyseur : le départ de Jason Newsted. Adorable nounours à la John Illsey dans la vie, pur malade mental avec une gueule de tueur sur scène, ce pauvre homme a été bringueballé à hue et à dia par le tandem Ulrich / Hetfield jusqu'à craquer. Et il craque. Il est au bord des larmes tout le temps de son interview. D'où, dès les premières séquences, intérêt croissant pour le spectateur. J'étais loin de penser que presque tout le staff allait en passer par là. Hetfield, Hammett (l'Éponine du groupe), le psy, même Dave Mustaine dans une apparition extrêmement forte : tout le monde chiale, dans ce film. Même Ulrich, abyssal trou du cul patenté, craque. Et nous d'assister, les yeux ébahis, à un moment de télé-réalité aussi fort que surréalistement stupide.
Parce qu'engager un psy pour que deux musiciens se reparlent, faut être stupide, ou complètement au bout du rouleau, et en règle générale les deux à la fois. Le résultat final deux ans après, je ne vous le dis pas car ce serait spoiler une fin presque complètement épatante qui va vous accrocher à coup sûr. Tout ce que je peux dévoiler, c'est que cette hyène de Bob Rock maîtrise la langue de bois et le caressage de poil d'une façon hallucinante (Vaudantesque, dirait une copine). Question musique, vous n'entendrez presque rien, à part des bribes de St Anger. Mais question insultes et vacheries basses, là, c'est carnaval. Le pire étant donc ce pauvre Hammett, qui ne dit qu'une dizaine de phrases de tout le film, mais elles sont lourdes de sens, pensez : vingt ans de rancoeurs ! Le film n'a pas divisé, mais au contraire rassemblé les pros et cons Metallica grâce à ces ingrédients : la connerie ambiante, la haine globale et l'Ubuesque de la situation sont si forts que la musique n'a strictement plus aucun intérêt pour personne, ni le groupe, ni l'entourage, ni le public. Et si on peut faire un reproche ultime à St Anger, c'est bien justement cette dernière phrase.
Celà dit, si vous pensez que rien ne peut réhabiliter St Anger, jetez un oeil sur ce documentaire et peut-être que ledit album passera mieux - c'est ce qui s'est passé pour moi mais je ne garantis absolument pas que ça marchera pour tout le monde. Vous comprendrez au moins, si vous le trouvez mauvais, pourquoi il est ainsi : c'est un album fait de bric et de broc, complètement copié-collé sur Pro-Tools, voilà pourquoi il sonne mécanique (trop de répétitions) et trop long (facile de faire huit minutes en faisant pomme+v). Vous comprendrez aussi que l'album devait être fait coûte que coûte, quitte à le bâcler, pour la santé mentale de James. Et vous comprendrez bien d'autres choses car le DVD présenté ici n'est pas de la menue monnaie : il dure cinq heures et demie, dont plus de quatre heures de film ! Comprenons-nous bien : souvent, les scènes rajoutées des autres films sont entre l'anecdotique et le franchement embarassant; ici certaines scènes bonus sont carrément plus fortes et importantes que dans le film. Impossible une fois le film terminé de ne pas se jeter dessus, d'autant que tout, je dis bien : TOUT est sous-titré. Si vous n'en avez pas assez, vous avez droit à deux commentaires audio, l'un extrêmement intéressant des réalisateurs, l'autre complètement inintéressant des Metallica (qui ne redorent pas leur blason avec ces pets, ces moqueries gratuites envers Jason et ces longues minutes de silence).

Vous en voulez encore ? Pas de problème ! Joe Berlinger, un des réalisateurs, a sorti un livre sur le tournage du film, et il rajoute encore une heure de film par d'autres séquences supplémentaires qui correspondent un peu à son director's cut. Indispensable. Vous n'êtes toujours pas rassasié ? Le quart des scènes additionnelles est encore commentée par les réalisateurs ! Un petit dessert ? 40 minutes d'interviews et conférences de presse un peu moins intéressantes que le film mais pas loin. Un digestif ? Des bandes-annonces très bien fichues (mais surtout à ne regarder qu'après le film). Un regret ? Oui, un seul : si vous achetez cette galette pour la musique de Metallica, vous serez très déçu, il n'y a pas un morceau "complet" en tant que tel, pas un clip officiel, rien. Mais là n'est clairement pas le but de ce petit bijou que Paramount a vraiment choyé. Bravo à l'éditeur pour son entrée fracassante dans notre site et bonne soirée à ceux qui vont se taper l'intégrale du documentaire, les yeux hagards devant un spectacle désolant, navrant, triste mais qui ne laissera personne de marbre.

2001 - 2004