Des musiciens formidables, des moments de bravoure, une technique agréable |
Note globale |
Très hermétique et parfois flottant |
Editeur
: Eagle Vision
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Durée
totale : 2 h 14
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- (4.1) - On cherche encore la piste stéréo Image PAL |
Rien |
On voit tout le monde, c'est très fluide, les couleurs sont belles et ne bavent presque pas, on peut juste regretter deux-trois caméras à l'ouest au milieu du show, sinon c'est simplement agréable comme on aimerait toujours voir. | ||
Un son très chaud et très bien balancé. Le 5.1 grésille un peu sur les arrières, la faute à la compression mais il s'en sort plus qu'honorablement; le DTS est lui excellent. Hélas, la piste stéréo annoncée sur la jaquette est inexistante. Côté spatialisation, ce n'est que de la réverb naturelle, mais de la meilleure. | ||
Bancal, à la fois extrêmement intéressant et fortement hermétique, ce concert, comme on s'y attendait, ne passionnera à 100% qu'une petite poignée de fans, tout en faisant dresser l'oreille aux novices. | ||
Donc, n'est-ce pas, merci. |
Ca fait belle lurette que Pat Metheny ne fait plus de jazz. Même pas de fusion. Il fait du Pat Metheny. C'est à dire un mélange de tout et de n'importe quoi, tant que ça fasse avancer le schmilblick. On l'a connu époustouflant virtuose des notes, il est désormais virtuose des effets. Jouant n'importe comment avec n'importe quoi, il invite ses petits copains à faire de même, d'autant plus que ça fait bien 25 ans que son meilleur ami Lyle Mays a quitté le piano acoustique pour triturer, pardon, torturer ses synthés et tenter de battre le record du plus grand nombre de pads utilisés au cours d'une carrière. A chaque nouvel album, on se prend à croire que le gars va revenir à de la mélodie et des notes par trilliouzes, et chaque fois, on se laisse piéger. Mais là où Metheny est très fort, c'est qu'en bon jazzman, il va défendre sur la scène ses compos, dans l'immuable tradition. Et si vous aimez le style, vous vous rendrez compte que ça marche. | |
C'est
donc devant un public à la fois exigeant et chaleureux, le public
japonais, que la bande à Pa(r)t va défendre Speaking of
Now, comme ils l'avaient fait quelque temps plus tôt pour l'extraordinairement
hermétique et complexe Imaginary Day. Utilisant à satiété
les percussions douces et les voix, bidouillées grenouillées,
Speaking ne pouvait passer le test qu'avec des musiciens d'exception,
là on a l'habitude, mais également très versatiles.
Et si pendant trente minutes Mays ne touche pas une seconde à ses
synthés, vous entendrez pourtant un sacré nombre de sons
étranges venus d'on ne sait où. A part le batteur Antonio
Sanchez, jouant aux baguettes avec une subtilité incroyable, tous
les autres s'amusent avec un tas de choses allant de la basse à
la trompette en passant par le xylophone, les castagnettes, la pédale
d'effets, le sampler et j'en passe.
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Au milieu, Metheny n'est pas dupe. Il sent bien que, aussi réceptif soit-il, le public ne sera pas content tant qu'il n'aura pas eu son saoûl de déluge chromatique, et se permet donc quelques fusionneries absolument ahurissantes. Si en acoustique il n'évite pas une certaine lassitude (et débute d'ailleurs le concert avec une musique aussi belle que bancale), il se permet en électrique des vômissures spontanées de génie excentrique, avec son jeu typique du Petit Cabri Sautillant, et notamment sur ce qui est promu à devenir son "tube", l'excellent et fédérateur "As It Is" où il se permet de faire une démonstration de guitare-synthé à vous donner envie de vous acheter cet instrument barbare. Et pour les mordus absolus, il ressort sa guitare Pikasso, qui décidément porte bien son nom : à la fois hideuse et très belle, très chère pour peu d'utilisation, et qui semble incroyablement facile à jouer alors que bonjour la maîtrise (42 cordes, du foutoir partout). Bref au niveau des solos jazz pur, vous ne serez pas comblé mais aurez un os assez gros pour mâchouiller pendant deux heures, et bénir l'inventeur du DVD qui a inclus la fonction de ralenti image par image - même si Pat joue parfois si vite que 25 images/secondes ne suffisent pas ! | |
Mais
si vous voulez vraiment être éblouis par du talent et de
la maîtrise, regardez plutôt du côté de Richard
Bona. Au début, on peut se demander à quoi il sert, surtout
si vous êtes un farouche militant anti-nouveau-Metheny (et ce DVD
n'est dans ce cas pas trop pour vous, vous l'aurez compris). Mais au fur
et à mesure, on se rend compte que Bona s'amuse à tout faire
: instruments bariolés et barbares, chants africains murmurés
dans un sampler trafiqué en direct à plus-qu'en-jouit, contre-chant
avec Cuong Vu, leçon de scat, son ombre plâne sur tout le
concert, jusqu'au final où il empoigne une basse, et attention,
le petit gars ne plaisante plus. Il nous délivre un des meilleurs
solos de basse de ces dernières années, simple, mélodique,
groovy, ultra-flambeur par moments, un festival d'étincelles de
génie. Il vole la vedette à Metheny et Mays, et ça
fait du bien, car quitte à se mettre tout le cosmos jazz à
dos, Meth' le fait jusqu'au bout et les Bona et Vu ne sont pas là
pour faire de la figuration : si ça s'intitule Pat Metheny GROUP,
c'est que c'en est un.
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Maintenant, soyons réalistes : on aura beau se pâmer devant le culot incroyable des musiciens présents ici, il faut avouer que très peu de gens seront à même d'apprécier les deux heures complètes et intégrales présentées ici. A part Metheny, personne ne sourit, en particulier Lyle Mays, qui de plus en plus arbore une ressemblance physique peu flatteuse avec Rick Wakeman (d'où l'expression "le cochon est dans le Mays"... je sors et honteusement en plus !). Et à part The Roots qui sonne heavy metal et As It Is (le dernier standard de jazz en date ?), vous baillerez sûrement si vous n'êtes pas fan transi des expérimentations de labo du sieur. N'empêche, l'image très sobre et le son ultra-immersif aident à tenir debout et à "patienter" entre les morceaux de pur génie. Quant à savoir si Pat aurait mieux fait de faire dans l'alimentaire (je resors), dites-vous bien qu'un gâchis de talent est toujours relatif, surtout quand le génie suspecté a choisi un sentier qu'aucun explorateur n'avait osé passer à la machette. Doctor Metheny, I presume ? |
19 & 20 septembre 2002 - NHK Hall (Tokyo, Japon) |
01.
Last train home |
Pat
Metheny - Guitares, claviers
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Lyle Mays - Claviers, guitare |
Steve
Rodby - Basse
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Richard Bona - Chant, percussions, guitare, basse |
Cuong
Vu - Trompette, chant, percussions, guitare
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Antonio Sanchez - Batterie |