Le son 5.1 assez sympa, la rigueur rythmique étonnante pour un groupe aussi amateur

Note globale


(Pour ceux qui aiment, 7 : pas parfait mais relativement soigné. Mais si vous aimez, quittez cette page)


La médiocrité de tout l'ensemble tend à prouver qu'Einstein avait raison : l'infini existe peut-être

Editeur : Virgin
Durée totale : 2 h 37

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Image        PAL

Clips de La France, Tu dis, Ma grand-mère, Respire (+ version st uk) et Yalil (21 min format respecté)
Roadmovie "Un été de canicule" (29 min)
Backstage avec Jackie Berroyer (13 min)
Réflexions post-concert (4 min, caché)

On regrettera le montage parfois pas terrible et des effets psychédéliques un peu pourraves, mais les couleurs sont chaleureuses, la définition plutôt bonne, ça ne sent pas le petit budget foireux mais un bon petit travail agréable.
Le public est très très bien mixé, toujours présent sans hurler, les synthés et effets sont de temps en temps un chouia sur l'arrière. Par contre la voix et les instruments, c'est un peu chiche et sans éclat. Préférez la piste 5.1 quelle que soit votre configuration, la stereo est ridicule.
Les fans donneront au moins 8, je ne peux pas mettre plus de zéro. Dans le doute, une moyenne, à la baisse à cause de ces foutues interviews qui plombent un rythme déjà complètement bringuebalant.
La présence des clips était une bonne idée, les clips eux ne le sont pas. Le roadmovie est nullissime et le backstage moyen, reste le bonus caché qui fera douter certains et rire grassement d'autres.

Catégoriser les choses est à la fois pratique et dangereux. Parfois même, c'est simplement embarassant. Demandez si Pink Floyd fait du progressif ou si Bruce Hornsby fait du jazz, vous comprendrez mieux la difficulté de tout mettre dans des cases. Alors au moment de critiquer ce DVD, est venu bien évidemment le moment de le placer dans sa petite catégorie bien proprette. Et sincèrement, j'ai tellement cru à une blague que vous avez bien failli trouver cette page dans la rubrique "Humour". Sauf qu'à bien y réfléchir, ce n'est pas drôle.

Mickey 3D est "la nouvelle vague du rock français". C'est ce que nous disent les fans, dans les vingt minutes d'interviews entrecoupant de façon gonflante (comme toujours) le concert qui du coup ne dure qu'une heure dix. Soixante dix minutes. Quatre mille deux cent secondes. Croyez-moi, c'est long. Car outre le fait que ce groupe soit à peu près aussi rock que Serge Lama, il faut comprendre que ce DVD est également une forme de documentaire vérité : oui, on peut sortir un DVD musical et vendre des centaines de milliers de disques sans avoir la moindre parcelle de talent musical.

Courtes, chiantes, très souvent plombées par des paroles affligeantes de démagogie puante et d'un flagrant manque de style, et parfois simplement de respect de l'auditeur, les "chansons" de Mickey 3D n'ont droit à cette appellation que grâce à quelques notes basiques et accords faméliques jetés ça et là en patûre à des gens dont la profession ou le goût, au choix non exclusif, semblent être de repousser les extrêmes limites de la déformation du mot "mélodie". Entendre des gens dire qu'ils aiment les titres de M3D pour leurs mélodies, c'est avouer que ce qu'on préfère dans la glace au chocolat, ce sont les morceaux d'escargot. Pendant une heure trente, votre pauvre chroniqueur s'est donc farci une suite sans queue ni tête de comptines pour enfants demeurés dont la sidérante pauvreté n'a eu de cesse de l'affliger, titre après titre, phrase après phrase, lieu commun après, dites-le avec moi, lieu commun (et ben en voilà un de plus, il sera noyé dans la masse). A part la grande cohésion rythmique du groupe (ils tournent très carré, le rythme déconne très rarement), il faut dire ce qui est : j'ai assisté à un total néant sur scène. Il faut attendre UNE HEURE pour avoir droit à une musique intéressante ("La peur" et sa progression d'accords rock/hard pas originale mais très efficace). Le final, c'est à se les mordre : une reprise "rock" du tube "J'ai demandé à la lune" (Nicola Sirkis doit être actuellement à l'hopital à force d'avoir ri devant une telle débauche de fausse rock'n'roll attitude à deux zlotys) et une reprise des Beatles. Déjà qu'en soit c'est une faute de goût ;-) mais vocalement c'est une pure catastrophe.
Niveau musique, c'est donc le pire du pire : guitares à la Brassens, accordéon, conneries faussement worldisantes, fausses chansons (La France a Peur, j'appelle pas ça une chanson, désolé). "Ah mais y'a les textes, c'est ça le plus important". Outre le fait que les "chanteurs à textes" devraient fermer leur gueule et écrire des poèmes plutôt que de nous casser les couilles à la radio, il faut avouer que les paroles de Mickael sont despérantes. Ouh là là, Sarkozy et le journal de 20 heures c'est pas bien ! Ouh là, les costards cravates c'est pas bien ! Yikes, écouter la radio c'est nul et has been ! (Surtout qu'on pourrait tomber sur Matador, hein !). Ah là là, rien ne vaut la liberté de pensée et le cannabis ! Aie aie, les connards qui prennent le métro c'est vraiment des burnes molles parfumées au vômi de chômeur, mais toi, ami auditeur, toi tu n'es pas pareil, parce que tu es différent, parce que tu es libre, parce que personne te prendra ce que t'as dans la tête, parce que t'écoutes du Mickey 3D. Oh putain, vé la critique sociale ! Et pour donner raison à tout ça, on le chante en live, parce que le public, il est plusieurs, et que plusieurs a toujours raison, sinon ils seraient pas plusieurs. Bon côté texte, c'est râpé aussi, qu'est-ce qu'il reste ? L'engouement du public ? Ah ben le public il est extraordinaire, ça c'est sûr. Le mixage 5.1 lui donne d'ailleurs une grande partie de l'espace sonore, à raison car il est chaleureux et dynamise un peu le tout. Restons dans la technique, le même 5.1 réussit carrément à donner de la spatialisation aux synthés de la mimi Najah. Et spatialiser des mélodies qui n'existent pas, celà, même François Mitterrand n'aurait pas osé le faire. M'enfin, Mickey 3D a réussi là où Anathema a échoué, c'est quand même con la vie...
Restons un peu avec ce charmant public. Pour vous donner une idée précise de son niveau intellectuel global, il vous suffit de vous taper, dans les bonus, "la minute de silence" lors d'un festival. C'est digne d'un stade de foot, endroit de plus en plus réputé pour être un vivier de matière grise en constante ébullition. D'ailleurs, entre deux séances d'écriture intense et soignée pour dénoncer les beaufs français moyens, Mickey est un fervent lecteur de l'Equipe. Je m'arrête là, je n'ai pas envie de faire dans l'amalgame facile. Je laisse ce soin aux chansons présentées ici. Où en étais-je ? Ah oui, les bonus. Alors nous avons un backstage avec Jackie Berroyer et des "stars" fans du groupe. Voilà, je ne dirai rien de plus. Je pense que le programme parle pour lui. Et nous avons aussi un roadmovie. Ne soyons pas gratuitement méchant avec le groupe : 90% de ce genre de bonus est de toutes façons entre le très anecdotique et le purement inutile. Là, outre un ennui insondable et une réelle pitié devant l'indigence de certaines conversations, un truc m'a carrément mis la puce à l'oreille : en trente minutes de documentaire, pas un boeuf, pas une répétition "réelle", pas une discussion sur une compo, pas une séance d'écriture, pas une reprise. D'où ma question : mais ils font de la musique, ces gens-là ?
En bonus supplémentaire, nous avons les clips. Seul le début de celui de Yalla est bien (quelques très jolis plans). 'Respire', outre qu'il s'agisse du tube français le plus insupportable depuis Le Lavabo, est présenté avec des sous-titres anglais. C'est typiquement français ça, suffit pas d'avoir des problèmes, faut que tout le monde les subissent en plus ! Et en bonus caché, on a l'aftershow immédiat, les premières réactions du groupe après le concert où globalement ils ne sont pas satisfaits de leur prestation. Dans ce cas on ne sort pas de DVD les mecs... mais c'est difficile de résister à la pression, pas vrai ? C'est vrai que se donner un genre rebelle libéré, c'est bien gentil, mais chanter "La France a peur" (ah oui, j'oubliais le clip de celle-là : une M*E*R*D*E comme j'ai jamais vu) et la chanson d'après enquiller avec "ma télé me manque", c'est sûr, ça la fout mal. Plus optimiste, mais aussi plus drôle, la phrase qui tue : "Les parties rock ça envoyait grave, le public l'a senti". Brave public, capable de sentir des choses qui n'existent même pas !

(C'est bête, mais cette photo, c'est une des plus belles de cette année. Pigs' pearls).

En bref comme en ajax, si possible qui raye pour que le DVD devienne illisible, nous avons un concentré d'exactement tout ce qui peut être haïssable dans la "nouvelle musique français contemporaine". Plus démago que Pagny et Noah, plus ultimement chiantissime que Raphaël, plus franchouille-la-baguette que Bénabar, plus vide que Carla Bruni, et vendant en France plus que Porcupine Tree et tout son catalogue dans le monde. C'est ce qu'on appelle "l'exception culturelle française" : c'est que quand c'est vraiment culturel, on est surpris tellement c'est exceptionnel. A ce titre, on ne pourra qu'être ébahi en découvrant la pochette intérieure de "Tu vas pas mourir de rire" (et pourtant en écoutant l'album, hein...). Un mur graffité par des racai... par des jeunes libérés qui pourraient écouter Mickey 3D, avec marqué en gros "MOZART ENCULER". Et Mickey de déclarer : "je trouvais ça marrant... puis non, ce qui m'a fait choisir le mur c'est surtout le graffiti pour l'équipe de foot". Voilà, ça résume toute une carrière. En attendant, si Wolfgang ne peut plus être sodomisé depuis belle lurette, il est plus certain que si, comme moi, vous êtes assez con pour payer ce DVD, inutile de demander qui l'aura dans le cul.

PS : Et qu'on ne me parle pas de manque d'humour, comme quoi "les chansons de Mickey 3D c'est rigolo". Une chanson drôle, c'est comme un coït triste : ca peut exister, bien sûr, mais ça ne devrait jamais devenir public.

11 octobre 2003 - Saint-Etienne (France)


01. Tu dis mais ne sais pas
02. Demain finira bien
03. Ca m'étonne pas
04. Les gens raisonnables
05. L'homme qui suivait les nuages
06. Ma grand-mère
07. Respire
08. Jeudi pop pop
09. Les enfants
10. Johnny Rep
11. Le grand Jacques
12. La France a peur
13. Là
14. La peur
15. Plus rien
16. Mimoun, fils de Harki
17. Amen
18. J'ai demandé à la lune
19. I saw her standing there


Mickey - Chant, guitare   
   Najah - Claviers, accordéon, choeurs
Aurélien - Batterie, basse, percussions   
   Grégory - Basse, guitare