Concert plein de bonne humeur, avec une chanteuse craquante, des mélodies soul à plein nez et un bassiste à se flinguer par la fenêtre (si, c'est possibleuh !) |
Note globale |
Présentation un peu cheap, concert monté bien trop cut entre les chansons, manque d'un 5.1 qui ne demandait qu'à venir au monde |
Editeur
: Dreyfus Jazz
|
Durée
totale : 4 h 05 (!)
|
Image PAL |
Interventions
sous-titrées fr |
C'est gentil, sans faute de goût mais sans non plus d'éclat faramineux. Cependant l'image s'en sort pas mal vu qu'on a quand même 4 heures de film sur une seule galette. | ||
Un simple stéréo propre, avec de bonnes basses (encore heureux). Mais un point en moins pour avoir sous-mixé l'un des meilleurs publics qui m'ait été donné d'entendre. | ||
Idéal pour découvrir le bonhomme et le jazz en général : très soul, très mélodique, mais avec quelques moments de folie furibarde. Bassistes, voici une encyclopédie du bon goût. | ||
Un documentaire de presque deux heures, sous-titré, un peu lèche-bottes mais parfois très drôle. |
L'habit ne fait pas le moine. Ah oui, bravo, quelle introduction, la prochaine fois je débuterai par "le DVD est un disque mieux que le CD et que il faut pas le pirater c'est mal". Mais il faut dire que Dreyfus (vous savez, la maison de disques qui possède dans ses coffres une mine d'or mais refusent de lâcher... la belle affaire), Dreyfus donc ne m'a pas aidé sur ce coup-là. Jaquette moyenne, présentation bordélique, 4/3 stereo tout con, on se pose des questions. Arrive "la bête" sur scène et on se pose toujours des questions, mais pas les mêmes. Il parait que les hommes naissent libres et égaux en droits. Ah ouais. Ben j'aimerai que ma main droite soit libre et égale avec celle de Marcus. Parce que ce gars, il touche, que dis-je, il effleure une corde de basse, et le machin de vrombir tel un vibromasseur de l'enfer. Un mec pendant le très très très long reportage présent ici déclare "il y a un son Marcus Miller". C'est on ne peut plus vrai. Et le type de rajouter : "c'est le meilleur bassiste du monde". Et là, on sera partagés. Car le gusse qui dit toutes ces gentillesses, c'est Stanley Clarke. | |
Donc
en gros, ça pose les jalons : le musicien dont on va parler pendant
presque 4 heures est bassiste. Le reportage, et pas mal d'excellents extraits
dans le concert, se fatiguent à dire que Marcus Miller est un génie
multi-instrumentiste. Ce que le gars prouve vu qu'à la clarinette
basse, aux claviers (sacré groove), au chant, il épate tout
le monde (même Nicko McBrain ^^). Et c'est fabuleux qu'on puisse
faire un tel compliment à quelqu'un qui, de toutes façons,
et peu importe la technique folle qu'il montrera ailleurs, est et reste
vraiment LE bassiste qu'on aimerait tous être. Son slap est terrifiant
(pour en avoir le meilleur exemple, acheter "Zoolook" de Jean-Michel
Jarre, où il joue très peu de notes mais en atomisant tout
le studio), mais il peut tout aussi bien jouer "normalement",
et faire preuve d'un groove funk, presque rock, qui a la particularité
d'être toujours très mélodique. D'ailleurs si vous
voulez savoir comment on peut composer des chansons à la basse,
tant le concert qu'un excellent extrait du bonus vous le montrera.
|
|
Mais si le concert tout entier est vraiment passionnant et enthousiasmant, ce n'est pas que grâce à la technique, il y a aussi une alchimie formidable entre les musiciens, qui sont très hétéroclites mais ne servent pas seulement de tapis à Marcus (qui brille tout le temps, je rassure les fans et les curieux), mais l'entourent de façon simple mais efficace. Les souffleurs font un boulot à la fois funk/rythmique et jazz/solo de bon aloi, avec une mention particulière pour le solo de trompette sur Boomerang, excitant comme la double couture d'un bas de soie. Le guitariste est efficace et très discret, musicalement en tous cas, car sur scène c'est un sacré phénomène : la coupe Kurt Cobain, la lucidité d'un Jim Morrisson période terminale, les sauts de cabri de Pat Metheny, la tête d'Iggy Pop, le jeu de Robert Fripp, drôle de mélange... très drôle ! Et puis la chanteuse, à la voix suave et pleine à la fois, entre soul et pop, pleine de bonne humeur, et très très jolie ce qui ne gâche rien. | |
Deux
points noirs viennent un peu ternir ce ciel d'azur, des points qui n'en
sont que de détail, mais quand même : d'abord, le concert
est coupé, pas dans les morceaux certes, mais entre les morceaux
tout s'enchaîne de façon artificielle, voire avec un fade-out
moche sur certaines parties, ce qui est très dommage car on échappe
ainsi aux speeches de Marcus entre les chansons, ce qui aurait été
d'autant plus intéressant que le garçon a de l'humour à
revendre et se montre très décontract sur scène.
Ensuite, le public : il est fantastique, merveilleux, il sait reconnaître
et encourager les grands moments, fredonner, applaudir ou se taire quand
il faut, bref le public de rêve. Hélas, il est mixé
beaucoup trop bas par rapport à l'ambiance de fête du tonnerre
qui sévit sur ces deux heures de jazzouillis. Un tel public aurait
mérité du 5.1 précis et mixé bien haut, histoire
de se laisser totalement prendre par le gig. Tant pis, celà ne
retirera rien au génie d'un morceau comme Panther, groove infernal,
piano cubain, voix sensuelle, du délire sous acides comme on n'en
entend que trop peu.
|
|
En bonus donc, et quel bonus, une rétrospective de la carrière de Miller racontée par lui-même et ses amis. L'occasion d'entendre parler des gens passionnants : Clarke donc, génial, mais aussi la jolie Lalah Hataway (aussi mignonne et fraîche dans la vie qu'en scène et qu'en studio), ses compagnons de studio et de tournée, beaucoup de beau monde, toute la crème du jazz en fait qui ne tarit pas d'éloges sur le gars et sa main droite du diable, et on en profite pour regarder trois minutes de "backstage" qui, pour une fois, sont excellentes, et même à pleurer de rire devant tant de bonne humeur. Le tout est, bien évidemment, sous-titré, et sans horreurs indignes. Et se laisse regarder le sourire aux lèvres malgré la durée indécente, surtout quand on sait qu'un solide quart-d'heure est consacré à réécrire le dictionnaire des superlatifs et autres techniques de lèche-bottisme. Celà dit, comment parler de Miller autrement qu'en ces termes ? Et comment ne pas s'incliner devant tant de génie ? Malheureusement, l'écrin n'est pas à la hauteur du joyau, mais que vous vous y connaissiez ou pas, ce petit DVD est l'assurance d'un bon moment passé en merveilleuse compagnie. Un disque mineur, mais une bonne humeur en mode majeur. |
14 octobre 2002 - Knitting Factory (Hollywood, U.S.A.) |
01.
Power |
Marcus
Miller - Basse,
clarinette, sax, claviers, chant
|
Poogie Bell - Batterie |
Dean
Brown - Guitare
|
Roger Byam - Saxophone |
Bruce
Flowers - Claviers
|
Patches Stewart - Trompette |
Lalah
Hathaway, Raphael Saadiq - Chant
|