Etape importante de l'histoire de l'informatique et de l'audiovisuel, DVD soigné à l'extrême, présence étonnante du 5.1 |
Note globale
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Quelques passages un peu trop démonstratifs et pas assez artistiques, mais pas beaucoup |
Editeur
: FuseCon
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Durée
totale : 3 h 47
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- Image PAL |
Livret
couleur explicatif 12 pages |
10, pas pour le résultat sur la télé (montrez ça à un fan de Blu-Ray et vous perdez un oeil). Mais pour le travail en amont et le rendu par rapport à la source. La fluidité et la compression font des miracles. Même la colorimétrie est fidèle. | ||
Certains passages sont un peu acides, un peu criards, pas la faute du pauvre mixeur, qui pour se faire pardonner a créé un mixage 5.1 de toutes pièces, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. | ||
Des démonstrations de force technique, mais aussi de beaux paysages, de l'art abstrait, des clips de djeunz, de la poésie, on trouve un peu tout. Une excellente introduction à l'art de la démo, qui couvre un peu tous les sous-genres. | ||
La featurette n'est pas passionnante mais tout le reste est fantastique. Mention spéciale au making-of qui en met plein la tronche sans un atome de vantardise. Et bravo pour les sous-titres ! |
Le marché du DVD étant ce qu'il est, à savoir dans un état de semi-déliquescence amplement mérité au vu de certains foutages de gueule, il devient de plus en plus rare de tomber sur des produits réellement choyés. Rareté faisant force de joie, c'est donc avec un optimisme naturel que nous avions entamé le visionnage, ou plutôt l'exploration de ce Mindcandy, second volet d'une collection visant à mettre sur support DVD le résultat final des meilleures démos existantes. Démo signifiant, pour les non-initiés, un court-métrage d'une ou plusieures scènes visant à repousser toujours plus loin les capacités de l'ordinateur sur lequel il tourne. Car c'est là le but du jeu : tout doit tenir dans l'espace mémoire d'un ordinateur, pas de trucage, pas de retouches, what you see is what you get. Finalité : impressionner, en mettre plein la face, et accessoirement faire une démo si concluante qu'elle se mette à tourner dans les devantures de magasins pour épater le badaud. De nos jours, vous avez peut-être l'impression d'en être gavés, d'en voir partout, mais à l'époque, une simple démo sur ordinateur pouvait faire craquer le bon père de famille. Et à voir certains résultats ci-présentés, on peut comprendre pourquoi. | |
Mais
avant de dévoiler le résultat, passons quelques lignes à
décortiquer le matériel. Nous sommes en 1986. La génération
8-bit des ordinateurs est en train de mourir (bien que le CPC d'Amstrad
continue alors une phénoménale percée). PC, Mac ?
Vous voulez rire, on parle de vrais ordinateurs là. A l'époque,
tant votre Intel Core Duo que votre MacBook Pro étaient réduits
à l'état de larves précaires. Du reste, le nombre
de fabricants, mais aussi de formats, continuait d'exploser. Une guerre
mit rapidement fin à cet espèce de voile miteux qui rendait
l'achat d'un ordinateur familial si compliqué : la bataille Atari
ST / Commodore Amiga. Deux monstres, deux géants si fantastiques
qu'à travers leurs améliorations, ils purent vivre presque
dix ans, le temps que le PC devienne quelque chose d'à peu près
correct, et pas une pile de merde à peine capable de faire tourner
Lotus 1-2-3.
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L'Atari ST était moins cher, possédait une logithèque assez impressionnante de variété, avec des jeux somme toute très beaux, un mode haute résolution lui permettant de se montrer professionnel, et surtout il fut le premier (le seul ?) ordinateur possédant d'origine deux prises MIDI. O joie ! Vous disposiez alors d'un ordinateur volubile ET d'un séquenceur vous permettant de piloter vos petits synthétiseurs chéris. Et ce n'était pas du flan : quelques musiciens peu connus et pas très portés sur la technologie, comme Jean-Michel Jarre ou Mike Oldfield, utilisèrent pendant quelque temps ce précieux allié, qui ne cessait de gagner en facilité d'utilisation. Même Tangerine Dream se permit un album entier piloté par Atari (hélas ça s'entend un peu...). Bref, pratique, pas cher. L'Amiga, lui, avait abandonné rapidement cette partie. Lui luttait pour l'excellence, la supériorité écrasante. Et il gagna. Tant au niveau image que son, Commodore avait dôté son poulain de capacités supérieures, plus difficiles à mettre en oeuvre, mais à l'effet immédiat. L'Atari avait une prise MIDI intégrée pour les musiciens ? L'Amiga ripostait avec une sortie vidéo semi-pro qui lui permettait de se transformer en banc-titre ! (NDBaker : Ce qu'on appelle aussi un synthétiseur d'ailleurs, mais là n'est pas le sujet !). La guerre fut impressionnante entre les fans des deux camps, une de ces guerres à la con où l'on préfère énumérer les défauts de l'ennemi plutôt que mettre en avant ses propres qualités (NDBaker : Promis je ne parlerai pas de l'UMPS. Damned...). Il est temps désormais de rétablir quelques vérités, et si votre serviteur est resté fidèle à son amour d'Atari ST pendant six longues années (dessus j'ai écrit deux romans, mis en page 18 fanzines et composé une cinquantaine de chansons), ce DVD ne laisse aucun doute. Pour un ordinateur familial lambda achetable à Conforama et branchable sur la télé de pépé, l'Amiga tuait sa race. | |
Vous
allez donc assister pendant trois grosses heures à des tours de
force visant à démontrer les capacités insoupçonnées
de la machine Commodore. De véritables petits clips, mais qui ont
toutes les chances de ne pas émerveiller ceux d'entre vous qui
ne connaissent pas les vieux ordinateurs - ou s'en fichent. Il faut alors
se rappeler que tout ceci tourne, pratiquement à qualité
égale, sur des machines qui datent de 1985 ! Même si l'on
prend un Amiga 4000, une bête de course, ça date quand même
de 1993 : 17 ans d'écart ! Alors que de nos jours le moindre lecteur
MP4 est dépassé en l'espace de six mois, regardez quelques
démos et rendez-vous compte que cela date d'il y a plus de quinze
ans... Certaines démos sont ainsi très impressionnantes
pour l'époque, comme 242 et sa vidéo plein écran,
l'hommage à Pixar adorable, ou Nexus7 qui convertit de façon
pure et directe les mathématiques en art concret. Et d'autres restent
impressionnantes tout court, en particulier Relic et ses scènes
d'holocauste nucléaire largement dignes de Terminator 2, toutes
proportions gardées. Et je rappelle que les proportions gardées,
c'est un ordinateur familial posé sur la table du salon, et dont
l'architecture de base ne date que de trois ans après le Zx Spectrum.
On rajoute que la musique est également calculée et jouée
dans son intégralité par la machine, sans MP3, et la course
aux gigas s'en prend un bon coup au moral.
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Et puis, parce qu'il faut bien trouver quelque chose d'emblématique qui justifie à lui seul l'achat du DVD, vous avez la démo State of the Art. De nos jours les programmeurs vous diront qu'elle n'est plus, loin s'en faut, la démo la plus spectaculaire au niveau du code et des effets... mais c'est artistiquement que State of the Art mérite bien son nom. Pendant quatre minutes, vous avez un vrai clip vidéo devant vous. Un vrai. Passez-le tel quel sur une grande chaîne philosophique genre NRJ 12, et le patron de chaîne n'y verra que du feu. Evidemment, il faut supporter la dance - pas gagné si vous arpentez ce site - et les effets Peter & Steven Ouiche Lorraine Approved, mais le résultat est là : sur écran géant, à l'époque, voila qui a dû provoquer des attaques cardiaques chez les programmeurs du dimanche, et la trique du siècle chez les revendeurs Rnac et autres Microgaga. Vous mettez cette démo sur un PC dans le Auchiant du coin, sur émulateur, vous laissez tourner, et je suis persuadé que certains vont croire à une démo PC haut de gamme, et acheter la bécane. Pari tenu. C'est d'ailleurs ce que les puristes ont reproché à l'Amiga sur sa fin : les démos se "PCisaient". D'où originalité moins flagrante. Certes, mais qu'en 1999/2000 la différence de qualité entre un PC de course et un bête Amiga 3000 soit si ténue, c'est un magnifique plaidoyer pour l'utilisation poussée des ressources, plutôt que la fuite en avant qui rend chaque matériel obsolète avant même sa sortie du carton. iPad ? iPud ! | |
Passons
maintenant au sujet du jour, de tous les jours par ici d'ailleurs : que
vaut ce DVD musical, car techniquement c'en est un ? C'est ici qu'on fait
la différence entre les amateurs et les professionnels. Et gare
à vous, les Universal, Sony Music et autres Warner Vision. Car
indubitablement, FuseCon se pose dans les rangs des professionnels. Tout
dans ce DVD fait montre d'un très grand soin, des menus animés
(mais rapides) au très beau livret en passant par le programme
principal. La qualité d'image et de son est stupéfiante.
Bien évidemment, ce n'est pas un disque de démo (sic),
la définition d'un Amiga restant ce qu'elle est, mais la précision
technique du DVD est impeccable de bout en bout. Tout en restant très
fidèle au matériau de source, Jim Leonard, concepteur du
disque, a multiplié les techniques de capture pour offrir un confort
d'écoute et de visionnage sans précédent. Le résultat
va bien au-delà d'un simple transfert Amiga-PC, et montre encore
des progrès par rapport à Mindcandy vol 1 qui était
déjà balèze dans son genre. Pire, Leonard a voulu
monter d'un cran et, de façon stupéfiante, propose un mixage
5.1 des musiques créées par l'Amiga. Et un vrai en plus
! Le résultat varie beaucoup d'un titre à l'autre, certains
restant quand même stéréo dans leur essence, mais
les meilleurs passages vous hérisseront les cheveux sur la tête.
Eh oh, ce que vous entendez a été fait sur une bécane
stéréo de 1985, wake up ! Et si des "amateurs"
l'ont fait avec une source stéréo, pourquoi certains n'y
arriveraient pas avec des multipistes ? Ouh hou Warner, je vous ai causé
!
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La honte étant un art consommé, il est nécessaire d'aller jusqu'au bout. Leonard et sa bande l'ont donc fait. Sans le faire exprès. Comme ça. Juste parce qu'ils ont une... ah merde, attendez, je reviens... ...Ouais c'est ça : une consiensse proffessionelle. Excusez les fautes, mais ça fait tellement longtemps qu'on n'utilise plus ce terme... Par exemple, les petits gars ont inséré un commentaire audio, passionnant pour les super-technicos et un peu moins pour les autres mais toujours drôle, rebondissant, varié. Et ils l'ont sous-titré en trois langues ! Bon, par moments le sous-titrage donne des résultats bizarres. "Je dois me moucher si j'ai été frappé au point d'avoir une fellation, OK ?" Euh... ben OK mec ! Mer enkuler de rire koa ! Ceci dit, je chipote, dans l'ensemble le sous-titrage est excellent. Et puis s'il n'était pas là, vous seriez vous. Ce n'est pas tout, d'autres bonus vous attendent : un outil de calibration de votre installation (outil que bien des professionnels seraient incapables de fournir), une featurette sur une démo-party pas essentielle mais sympathique, avec commentaire audio enjoué, et une galerie de photos qui est un réel making-of du DVD de 12 minutes, non sous-titré mais tout bonnement captivant. Une preuve en quelques minutes du travail colossal fourni par l'équipe Mindcandy. Et l'on ne peut qu'espérer la sortie d'autres titres. Digital Memories ayant laissé tomber son projet de DVD sur le Spectrum, à mon très grand regret, il faut espérer que cette chronique leur redonnera du courage. Certes, ce n'est pas monsieur tout-le-monde qui achètera ce disque. Mais, je me répète, il est justement scandaleux qu'un soin aussi réjouissant soit réservé à une bande de geeks en herbe. Mesdames les majors, la balle est dans votre camp. Ne vous la foutez pas dans le pied...
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Metaaaaaaaaaaal ! |
1989 / 2004 - D'un peu partout ! |
Red
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